Chapitre 35 - Rêve éveillé
Elizabeth
Le bruit strident du réveil me fait sursauter. Le professeur me serre plus fort contre lui puis dépose un baiser sur mon front.
- Bonjour Elizabeth, dit-il d’une voix ensommeillée.
J’ai oublié que j’ai cours aujourd’hui avec l’homme qui partage ce lit. Je n’ai pas prévu de dormir ici cette nuit et je n’ai pas de sous-vêtements propres.
- Il faudrait que nous prenions une douche, commente Timothy. Il y a des serviettes propres sous le lavabo.
Je repousse les draps et me dirige vers une porte entrouverte que j’ai deviné être la salle de bain personnelle du professeur. Il reste dans le lit pour me regarder traverser complètement nue la vaste chambre.
Comme le salon, elle est vraiment minimaliste. Un grand dressing gris recouvre tout un mur, le lit est accompagné de deux tables de chevet et un fauteuil traine dans un coin, au-dessus d’une immense photo en noir et blanc.
Tout comme le reste des pièces que j’ai pu voir, la salle de bain est simple. Dans des tons bleu foncé et blanc, elle comporte une douche, une baignoire, des étagères à moitié vide ainsi que deux doubles vasques avec un grand miroir.
Je prends une serviette sous le lavabo que je pose sur le bord de la baignoire. Ensuite, j’utilise la douche moderne de Timothy. Je m’amuse quelques minutes avec les jets d’eau masseur puis j’utilise le gel douche du professeur. Ce n’est pas une odeur féminine mais au moins je porterais sur moi son effluve.
Je me dépêche de sortir après avoir regardé l’heure. Je fouille dans le placard pour emprunter un peigne à Timothy. Je ne veux pas être en retard en cours car je ne supporte pas ça. Ensuite, je revêts les vêtements de la veille sans aucun remord. Je les porterais deux fois si cela pouvait me permettre de passer toutes les nuits avec mon professeur.
Je retrouve Timothy torse nu dans la cuisine. Il a préparé des œufs au bacon et sorti du placard des brioches. Je m’assois sur le tabouret pour me servir. Une tasse de thé fumante m’attend également sur la table. Le professeur se pose près de moi en souriant avec une tasse de café à la main.
- Je pensais que tu étais du genre à prendre du thé, je commente surprise.
- J’ai passé un an aux Etats-Unis et ils ne jurent que par le café. Il faut croire qu’ils m’ont contaminé. De plus, c’est compliqué de trouver du bon thé là-bas.
Je souris avant de reporter mon attention sur mon petit déjeuner. Je suis aux anges depuis hier soir et je ne veux pas que ce moment s’arrête.
- Je file à la douche avant que nous soyons en retard, déclare-t-il en terminant sa tasse d’une traite.
Il quitte la cuisine précipitamment après avoir déposé un bisou sur ma joue. Pour ma part, je termine mon petit déjeuner tranquille.
Une fois terminé, je récupère mes affaires personnelles dans l’entrée en attendant mon professeur. Il arrive quelques minutes plus tard, les cheveux laqués et le costume parfaitement lisse. Ensuite, nous quittons l’appartement sans perdre de temps.
- Je te déposerais à quelques mètres de l’université puis j’irais me garer comme d’habitude, expose-t-il une fois dans le véhicule. Comme tu le sais, nous ne pouvons pas prendre le risque qu’on nous voit ensemble.
- Bien sûr, notre relation doit rester secrète.
La nuit joue en notre faveur et il est presque impossible de nous reconnaitre. Timothy me dépose à une centaine de mètres de l’université dans une petite rue étroite. Je salue l’homme que j’aime d’un signe de la main puis je marche dans le froid glacial. Je vais le retrouver dans quelques minutes dans la salle.
Timothy est plus rapide que moi et j’arrive en classe au moment où les étudiants s’installent. Je prends place à côté de Cassidy qui me dévisage en plissant les yeux.
- Alerte rouge, pourquoi tu portes la même tenue que la veille ? questionne-t-elle. Ça ne te ressemble absolument pas même si ce look est sublime.
Evidemment, question style rien n’échappe à ma meilleure amie.
- Je n’étais pas chez moi hier soir, j’explique de façon implicite.
- Ça explique pourquoi le professeur iceberg est d’excellente humeur ce matin, chuchote-t-elle. C’est la première fois que je le vois comme ça et les autres semblent aussi surpris que moi.
Je lui donne un coup de coude de peur que quelqu’un nous entende. J’écris sur un papier ce qu’il s’est vraiment passé : Faut croire que le sexe le rend de meilleure humeur. Je glisse ensuite le bout de feuille vers mon amie.
- Non, tu déconnes ! s’exclame Cassidy à voix haute.
Plusieurs étudiants se retournent dans sa direction et le professeur lève les yeux vers nous. Ma meilleure amie pose ensuite une main sur sa bouche en s’excusant. Timothy se plante devant notre table puis prend le papier.
Cassidy me jette un coup d’œil inquiet avant de reporter son attention sur l’enseignant. Il retourne à son bureau pour lire le message. Je perçois un léger sourire amusé avant de se tourner vers mon amie :
- Mademoiselle Hope Frayser, je ne vous pensais pas si prude pour réagir de cette manière.
Les étudiants nous regardent sans comprendre mais cela n’empêche pas mon amie de rougir et de baisser les yeux sur ses feuilles. Je soupire intérieurement en le remerciant d’avoir pris ce message à la rigolade.
- Je veux les détails, murmure-t-elle lorsque le professeur se tourne vers le tableau.
A la fin du cours, les étudiants sont de très bonnes humeurs. Ils semblent visiblement tous enchantés par le comportement sympathique et souriant de Timothy. Lorsque nous sortons pour nous rendre à la bibliothèque, mon amie m’indique qu’elle veut discuter.
- Si le professeur iceberg devient aussi cool quand il tire un coup alors je veux que tu couches avec lui à la veille de chaque cours que nous aurons avec lui, s’exclame Cassidy une fois que nous sommes seules.
- Je ne pense pas pouvoir faire ça aussi souvent. Nous devons être discret et limiter nos rendez-vous.
- Ça risque d’être difficile maintenant que tu as découvert ce que ça faisait de coucher avec une personne. Surtout que Grayson semble être une bête au lit, je me trompe ?
Je ne réponds pas et mon amie prend ça pour un oui.
- Et toi, comment ça se passe avec le mec du club ? je demande pour détourner la conversation.
- Après mon accident, il est parti voir ailleurs, réponds-t-elle l’air sombre. De toute façon ce n’était que sexuel, il n’y avait rien de plus entre nous et il était marié.
Je passe une main compatissante sur le dos de mon amie. Je me doutais que cet homme était frivole et qu’il allait finir par la laisser tomber.
Après avoir fait un petit détour nous entrons dans la bibliothèque. Cassidy reste concentrée dans son travail car il lui reste encore des cours à rattraper. Pour ma part, je ne peux m’empêcher de dériver dans le lit de Timothy Grayson.
Je n’oublierais jamais cette nuit de rêve passée en sa compagnie. Cassidy avait raison en disant que ce n’était qu’une question de temps avant que je saute le pas avec lui. Depuis notre rencontre au club, il y a une connexion entre nous. Chacun de notre côté nous avons essayé de la brisé sans jamais réussir.
Je ne travaille pas beaucoup ce matin-là et ma meilleure amie le remarque. Elle semble réellement heureuse pour moi et me pose quelques questions lors du déjeuner sur les marches de la bibliothèque. Je lui décris l’appartement du professeur ainsi que son comportement de gentleman.
La journée passe très lentement et j’ai vraiment hâte de retrouver Timothy même si je ne travaille pas dans son bureau aujourd’hui. Je lui ai envoyé un message pour le retrouver quand il aura terminé sa journée. Il viendra me chercher à dix-huit heures dans la rue où il m’a déposé ce matin.
En l’attendant impatiemment, je termine la journée à la bibliothèque. Je parviens à boucler le dossier de science de l’ingénieur.
La nuit est tombée et les lampadaires éclairent mon chemin. Je suis tellement heureuse que je ne sens même pas le vent glacial glisser sur mes joues. La petite rue est déserte et je patiente sur le trottoir en frottant les gants l’un contre l’autre pour me réchauffer.
Des phares blancs pointent au bout de la rue et je reconnais la Mercedes de Timothy. Il s’arrête à ma hauteur en me souriant. J’ouvre la portière pour me réfugier dans l’habitacle chaud. Je dépose un baiser sur sa bouche puis je me redresse sur mon siège le sourire aux lèvres.
Mon sourire s’efface immédiatement lorsque je vois une silhouette mal éclairée à l’écart des lampadaires. En forçant la vue, je reconnais Jason le visage crispé et ses cheveux blond dans le vent. A ce moment-là, je comprends que notre secret vole en éclat.
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