De la douleur
La première de nos inspirations est, la plupart du temps, expulsée dans un cri de douleur. Nous naissons ainsi, et ne sommes reconnus vivant qu'une fois retentie la preuve que nos poumons sont ouverts. La douleur est une information ; la douleur est un repère.
C'est la marque de l'expérience, qui infiltre la mémoire et modifie sans qu'on ne le veuille notre comportement : voilà comment est générée la crainte. La douleur devient alors une barrière, une barricade, une impossibilité.
L'expérience et la crainte amènent à l'anticipation, et l'on parvient à visualiser les douleurs qui paveront notre trajectoire. La douleur se change donc en question, en choix, en épreuve.
Enfin, la douleur se manifeste dans des situations hasardeuses, des événements ponctuels, des accidents. Elle n'a aucune fonction dans ce cas. Elle n'est plus que débordement, blessure, amoindrissement. Elle sera donc re-baptisée "souffrance", qui fait pleurer ses témoins, lesquels, s'ils ne la nient pas ni ne l'oublient, s'échineront, tant que faire se peut, à la faire avorter.
Annotations
Versions