De la perception

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La réaction sensible aux stimuli forme la liaison entre l'être et le réel dont il compose une représentation approximative et changeante. C'est du même coup le marqueur de leur séparation : ce que je perçois n'est pas ce que je suis. Dès lors, "je" est avant tout un réceptacle, et après, tout juste après, un architecte. Il reçoit du réel le matériau qui le fait exister dans un monde fondu sur le relief de ses perceptions.

Cet appareil est d'une grande fiabilité, à l'unique condition que la conscience, qui traite l'information en la pensant, n'en néglige pas le moindre détail : c'est la sensibilité qui permet d'effectuer ce travail, lequel précède l'interaction.

Plus les perceptions sont nombreuses et cohérentes, plus l'appareil-monde est complexe, et le sont d'autant plus encore, en conséquence, nos interactions avec le réel qui lui donne forme. Ces innombrables liens entre l'être et le réel qui ont tissé entre eux deux l'élégante toile de l'appareil-monde, rendent la mort redoutable, pour ce qu'elle semble trancher cette connexion. Nous postulons que cette crainte est avérée, mais pas sans admettre que couper l'ensemble des perceptions annule en même temps la séparation qui persistait entre l'agent-percepteur et le réel.

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