XIV

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 Les six compagnons sortirent de la tente pour se diriger vers les lieux de l'assemblée. Ce lieu avait été préparé légèrement à l'écart du campement et en dehors des ruines. En effet, comme le voulait la tradition, des estrades avaient été mises en place suffisamment grande pour que l'entièreté du campement puisse assister. C'était une ancienne tradition encore respectée dans une grande majorité des villes et villages du royaume ainsi que par les tribus nomades. Elle voulait que quand des décisions importantes pour la communauté devaient être prises, elles ne pouvaient être prises que devant la communauté et que toutes les voix étaient importantes. En pratique, les représentant de la communauté, généralement élue par leurs paires et représentant d'une partie de la communauté comme les artisans ou les commerçants, se rassemblait au centre d'une place, ou d'un amphithéâtre pour les villes les plus riches pour débattre, étant entendu par tous et toutes et tous spectateurs pouvant participer. Pour intervenir, il fallait juste être adulte et vivre dans la ville, parmi la communauté, peu importe la classe sociale ou tes origines. Le temps imposé était la seule véritable contrainte. Si seuls les membres du conseil votaient pour la décision à prendre, chaque spectateur avait un droit de véto. Si un quart de l'assemblée déposait son droit de véto, toute la communauté participait aux votes.

 Seuls les conseils d'ordres militaires pouvaient se déroger à cette tradition. Le conseil vers lequel se diriger les compagnons était bien d'ordre militaire, ils allaient discuter de la stratégie à mettre en place pour répondre à la menace de l'empire, pourtant, il avait été décidé que la tradition serait suivie. En effet, il fallait considérer que le campement était une communauté et non une armée. Surtout que si des décisions militaires allaient être prises, cela influencerait la vie de toute la communauté.

 Quand nos six compagnons arrivèrent sur place, une bonne partie des tribunes était déjà pleine alors qu'aucun représentant n'était encore arrivé. Ils allèrent tout de même s'installer sur des tapis disposés en cercle pour accueillir les conseillers. À leur arrivée, le silence se fit vite suivi par des chuchotements. Peu à peu, l'assemblée se compléta.

 Le conseil était composé d'une quinzaine de personnes. Bien évidemment, Palantir et Éledhwen étaient présents en tant qu'héritier. Élentir et Égilon étaient là pour représenter la garde princière. Sir Léothéric et Dame Cléophée avaient été choisis pour représenter les chevaliers. L'armée était représentée par le vice-général Galen et sir Ciryandil, si ce dernier était en réalité un chevalier, il avait toujours travaillé en étroite collaboration avec l'armée, contrairement à ses camarades de son ordre, il n'était donc pas étonnant de le voir représenter l'armée. Il y avait trois représentants qui avaient été élus par les civils. Enfin, les deux tribus nomades qui avaient déjà rejoint le campement étaient représentées par leurs différents chefs et un de leur chamane.

 Il n'était pas étonnant de voir que les nomades avait rejoint les sédentaires aux ruines. Pour les chevaucheurs, les nomades étaient une part entière de leur peuple. Contrairement à beaucoup, parmi les chevaucheurs sédentaires, il existait un grand respect pour les nomades qui était ce qui avait su au mieux conserver les traditions et les croyances de ce peuple. Personne n'avait oublié que nomade et sédentaire venait du même peuple dans des temps immémoriaux. Ainsi, les nomades étaient toujours bien accueillis dans toutes les villes du royaume, et l'on aimait leur demander conseil.

 Alors que tous les représentants étaient enfin installés, les tribunes étaient pleines. Élentir était heureuse d'être là où elle était plutôt qu'être au milieu d'une telle foule. Elle aperçut ses compagnons de la garde installés au premier rang. Les chevaliers étaient éparpillés dans le public formé en grande partie des civils, nomade comme sédentaire, attendant avec inquiétude et impatience de savoir ce qui allait se passer. Un peu à l'écart se tenaient les gradés de l'armée. Le reste étant chargé de s'assurer de la sécurité et du bon fonctionnement du campement durant l'assemblée qui occuperait une grande partie des volontaires hommes et femme.

Quand le conseil fut complet, Pauwau, la jeune assistante des chamans de la tribu de Miigwan s'avança. Ce serait à elle de présider le conseil. La tradition voulait que ce soit un membre de la communauté tiré au hasard qui préside le conseil. Cependant, pour des raisons de praticité, la jeune assistante avait été choisie, car étant une future chamane, elle connaissait déjà la plupart des thèmes qui allaient être abordés, cependant grâce à sa jeunesse et sa position, elle ne faisait pas figure d'autorité, ce qui garantissait un minimum d'influence sur le public, mais surtout, elle avait été choisie pour ses capacités magiques.

 La jeune femme dont la voix était magiquement amplifiée demanda le silence. Aussitôt le conseil et l'assemblée se turent. Un silence solennel dura quelques secondes avant que la présidente ne commence :

— Je déclare l'ouverture de cette assemblée. Cependant, avant toute chose, pour des raisons évidentes de sécurité, laissez-moi vous prévenir que je vais lancer dans quelques instants un sceau magique. Quiconque se trouvant dans cette assemblée ne pourra répéter ce qui y sera révélé qu'à des personnes faisant officiellement partie de ce campement. Le sceau sera également apposé à vos souvenirs de sorte qu'aucun mage ne puisse observer vos souvenirs de cette assemblée. Bien évidemment, si vous ne souhaitez pas recevoir ce sceau, vous pouvez dès à présent vous retirer. Soyez cependant avertie que si vous-même, vous entendez par un membre de l'assemblée ce qui a été dit, alors le sceau vous sera tout de même apposé. Je vous laisse quelques minutes avant de commencer le rituel.

 La jeune femme se tut, commençant à rassembler le matériel nécessaire au rituel. Élentir remarqua les glyphes écrits un peu partout. Elle fut impressionnée par le niveau de sophistication du sortilège. Le draconique utilisé était presque parfait. Les mots formés une très belle poésie, elle sentait déjà leur puissance. La jeune assistante aurait-elle suffisamment de puissance pour les dominer ? alors que le rituel semblait être sur le point de commencer, que personne n'avait quitté l'assemblée, l'assistante sortit une gemme. La plus grosse qu'Élentir n'avait jamais vu. Pour la charger, il avait sûrement fallu des centaines d'années et des mages et chamanes puissants. Élentir connaissait la rareté des gemmes dans le royaume. Il y existait trop peu de mines et de gisement, la plupart se trouvant dans les pays de l'extrême sud et sur l'île de Fëanor. La magie draconique ne se servait que très peu de ces réservoirs de magie, surtout utiliser par les insulaires dans la fabrication d'artefact. La valeur de ce caillou dépassait même tout système monétaire.

 Pauwau commença donc le rituel. Peu de personne furent en mesure de comprendre le moindre mot, la moindre logique de ce long rituel. Toutefois, tous sentir un léger frissonnement avant que la voix de la future chamane ne s'estompe. Après avoir bu et reprit son souffle. La présidente s'adressa à l'assemblée comme si elle ne venait pas de faire un véritable miracle.

— À partir de maintenant, tout ce qui sera dit ici ne pourra sortir du campement. Nous pouvons alors commencer cette grande assemblée qui a pour but de déterminer les mesures et les actions à mettre en place pour contrer l'avancée de l'empire. Il sera également questions des mesures à mettre en place pour protéger ceux qui ne sont ici que pour trouver refuge. Nous verrons comment organiser le campement pour que chaque réfugié et chaque volontaire se sente en sécurité et à l'aise. Cependant, avant de commencer les débats, Dame Élentir Blanchepré, chevalière de l'ordre des dragons et commandante de la garde Princière, souhaite prendre la parole.

 Élentir se leva et recula d'un pas pour mieux voir le conseil comme l'assemblée. Et, elle prit la parole d'une voix forte :

— Je souhaite demander pardon devant tout le monde. Car par mes actions, je sais que j'ai trahi bien plus que la garde. Je suis sûre que vous avez déjà tous entendu parler de mon escapade au palais. Je sais bien que cet acte égoïste aurait pu mettre en grand danger bien plus que ma seule personne, bien plus que leurs Altesses. Cet acte aurait pu mettre en péril la résistance tout entière. Alors que je suis commandante de la garde princière, j'ai agi contre l'avis des héritiers et celui de mes compagnons. Même si j'ai pu m'échapper et que finalement la résistance n'a que peu souffert de mes actes irréfléchis, cela reste impardonnable, car par mes actions un grand homme est mort...

 Sa voix se brisa, elle reprit cependant vite contenance et baissa bas la tête :

— Je vous prie cependant de croire que mes regrets sont sincères. Je suis prête à prendre toutes mes responsabilités. Même si cela veut dire perdre le commandement de la garde princière ou devoir remettre en jeu mon titre de chevalière. Je souhaite juste pouvoir assister mes amies durant ces temps sombres.

 Le silence suivit le discours d'Élentir. Elle redressa doucement la tête. Elle pouvait voir que la grande majorité de l'assemblée l'a regardé avec compassion, beaucoup avait entendu parler du lien qu'elle avait avec le gardien du savoir. Seuls les membre du conseil et quelques soldats la regardaient avec sévérité. Elle pouvait sentir que de nombreux messages télépathiques circulé. Elle n'aurait eu aucun mal à suivre ces conversations silencieuses, mais elle s'y abstint.

 Enfin, la présidente hocha la tête et déclara :

— Sire Égilon souhaite prendre la parole.

 Ce dernier se leva et regarda Élentir avec un peu moins de sévérité :

— Dame Élentir, je vais prendre la parole au nom de toute la garde. Nous te connaissons très bien. Cela fait maintenant cinq ans que nous sommes sous ta protection et que nous t'avons choisie comme cheffe malgré ta jeunesse et ton inexpérience. Et, c'est également la première fois en cinq ans que tu nous déçois réellement. Tu as bien conscience de ton erreur et nous ne diminuerons pas son importance. Toutefois, aucun d'entre nous ne souhaite que tu quittes ton poste. En te connaissant, toi et ta confiance, nous savions à quoi nous nous exposons, néanmoins nous avons plus à gagner en te gardant parmi nous. Donc si tu souhaites réellement te rattraper, nous ne te laissons pas d'autre choix de le faire en te comportant comme une chevalière et une commandante digne de ce nom. Guide-nous pour que l'on puisse rendre le royaume au chevaucheur.

 Durant tout le discours, les deux chevaliers ne s'étaient pas quitté des yeux, se partageant leur sentiment. Élentir acceptait avec gratitude le jugement de ses camarades et Égilon était fière de retrouver son amie comme il l'aimait. Finalement, l'osmose prit fin quand Pauwau repris la parole :

— Vous avez tous entendu le verdict des gardes princiers. Si quelqu'un s'y oppose ou veut ajouter quelques choses, qu'il se lève et parle.

 Ceux qui avaient la capacité de transmettre leur émotion partagèrent leur assentiment. Cependant, une frêle silhouette se leva. La présidente invita le jeune garçon qui devait avoir tout juste l'âge de pouvoir intervenir à prendre la parole.

— Je... hésita-t-il. Je ne sais pas si c'est vraiment le moment de poser la question... Mais, est-il vrai que dame Élentir est une enfant de dragon ?

 Un souffle de murmure vint soutenir cette interrogation. Élentir ne s'attendait pas à ce qu'elle apparaisse si tôt dans les discutions. Son regard croisa celui sévère de sir Léothéric. Elle hocha la tête et signala à la présidente sa prise de parole.

— Dame Élentir souhaite répondre à la question.

De nouveau debout, mais avec un peu moins d'assurance, Élentir n'en laissa rien paraitre.

— Jeune homme, ta question est sûrement aux lèvres de toute l'assemblée et il n'y a malheureusement pas de bon moment pour l'aborder. Je dis malheureusement parce que tout ce que je vous révèlerais ne pourra pas vous apporter une véritable certitude . Pour que vous compreniez ce que je vais dire, il faut que je vous montre quelque chose.

 Avec douceur, elle enleva le bandeau de sa mère, se sentant soudain en position de faiblesse. Pourtant, la marque qui prenait l'entièreté de son front et ressemblait à un diadème écarlate lui donnait une aura de puissance. Il y a quelques années, cette marque était moins impressionnante. Quand elle avait été recueillie par Hylde, sa marque était seulement composée d'une écaille turquoise incrustée dans son front, entourée de deux traits écarlate. Mais, suite à ces différentes crises qui correspondaient le plus souvent à l'apparition de pouvoir dont elle n'aurait pas dû pouvoir se servir sans un long apprentissage, les traits écarlates s'étaient élargis. Suite à sa dernière perte de conscience, des boucles écarlates étaient apparues sur ces tempes, terminant le diadème.

 Sans son bandeau, cette chevaucheuse au physique banal devint presque une apparition divine. Même ce qui ne possédait pas de magie pouvait ressentir la puissance qui se dégageait du front de la jeune femme. Devant le spectacle, la foule ne sut réagir. Élentir n'attendit pas pour continuer.

— Je ne vous montre pas cette marque comme une affirmation. Et, j'espère que vous comprendrez après mes explications. Il y a environs quinze ans, dans une plaine du nord, feu sa majesté Daïna m'a trouvée seule et m'a ramené au château où j'ai eu la chance d'être élevé par Hylde. Ce fut elle qui découvrit mon amnésie et ma marque frontale. Si je vous raconte cela, c'est pour vous dire que personne ne sait d'où elle provient, surtout que depuis tout ce temps, je l'ai caché sous le conseil de ma mère d'adoption. Très peu sont au courant de cette marque. Mais, Sir Léothéric, ici présent, m'a demandé de vous la révéler aujourd'hui en réponse aux rumeurs qui circule estimant que cela ressemble au diadème des légendes. Ce n'est cependant pas mon avis. Il ne reste qu'à vous de vous faire votre opinion.

 Elle se rassit dès son récit terminé, laissant une assemblée figée. Même la présidente dut digérer les informations avant de reprendre.

— Euh oui, excusez- moi, je laisse la parole au chaman Ahanu.

— Je regrette d'apprendre une information aussi importante de cette manière. Nous ne pouvons, en effet, pas faire de conclusion hâtive. Cependant, je propose qu'on lève le sceau sur cette information. Il ne serait pas dérangeant qu'elle vole au-delà de notre campement

 Sans de longue délibération, le conseil accepta la proposition par un vote unanime et comme personne dans l'assemblée ne posa de véto, la présidente murmura des mots.

 Quand le scellé sur le secret d'Élentir fut levé, Pauwau lança le nouveau sujet :

— Bien, passons au premier sujet demandé par Sir Léothéric et Dame Élentir. Nous devons statuer sur l'envoi de troupe vers La confrérie. Sir Léothéric, veuillez clarifier votre demande devant le conseil.

– Je reviens tout juste de la confrérie des dragons. Je m'y étais rendue sur les ordres de notre défunt roi en compagnie de sir Ciryandil et trois autres compagnons qui sont eux rester sur places. Après nous être assurée de la sécurité temporaire des lieux, Sir Ciryandil et moi nous sommes empressés de vous rejoindre pour demander de l'aide. Il n'est pas besoin de vous rappeler l'importance de la confrérie. Ce lieu est la bibliothèque de tous nos secrets ancestraux. Je sais que beaucoup d'entre vous ont des aprioris envers les frères et la confrérie, je vous demande de les mettre de côté. L'empire sera déçu du manque d'information qu'il trouvera à Premil. Sir Lómelindi ayant réussi à mettre la bibliothèque sous-sceller. Malheureusement, le roi et son épouse sont morts emportant avec eux nombre de connaissances, Leurs altesses Lalwendë et Lancelin sont encore trop jeunes pour en connaître. Et Salmar, la mage de la cour, est mort. Ils doivent cependant connaître l'existence de la confrérie, et même s'ils ne peuvent pas la trouver facilement, ils finiront par le faire. Il ne faut pas que cela arrive. Cela signerait notre perte. Pour cela, nous demandons l'envoi de toute personne prête à se battre. Si l'on arrive à conserver ce bastion, alors nous pourrons reprendre le pays à partir de là.

 Des murmures mécontents parcoururent la foule. La confrérie était peu aimée. Si un frère ou une sœur passait dans un village et qu'il trouvait un talent, il n'hésitait pas à le faire rejoindre la confrérie. Bien sûr, en temps de si grande famine, il valait mieux que son enfant devienne à son tour frère ou sœur. Mais, cela voulait dire ne plus jamais le revoir. En effet, quand on rentre dans la confrérie, on doit se couper totalement du monde extérieur pour ne plus dépendre d'attache matérielle qui pourrait faire faillir un frère ou une sœur.

Mais, une grande partie de la haine venait également du fait que personne ne doutait que dans la confrérie, il y avait suffisamment de savoir pour mettre fin à la famine et aux souffrances des chevaucheurs et que la confrérie ne faisait rien pour venir en aide au peuple.

 En effet, la confrérie avait été mise en place bien des siècles plus tôt, quand les dragons volaient encore dans le ciel du royaume, par le sage roi Nómin pour l'aider dans la tâche de protéger le savoir draconnique. Toutefois, la confrérie avait tellement pris son rôle de protection du savoir au sérieux, qu'aucun savoir rentrant entre ses murs n'en ressortait jamais.

 Il fallut donc de long débat, non pour convaincre le conseil qui avait compris l'importance de la bataille qui se profilait, mais pour convaincre la foule. Cependant, au-delà de la haine, tous voulaient mettre fin au mal qu'était l'empire et la raison les pousser malgré tout à défendre le dernier fort défendable du royaume.

 Au bout de longue délibération, il fut décidé que l'armée, ainsi que les volontaires qui le souhaitaient, rejoindrait la confrérie principalement par un cercle de téléportation présent dans l'ancienne capitale.

 Élentir et Égilon annoncèrent cependant que si la garde princière participerait bien à la bataille, elle s'y rendrait par les routes. Et, surtout, que tous les gardes ne participerait pas à la défense. La garde aura d'autre mission et Élentir les présenta :

— Je souhaite indiquer que la garde va, si vous l'autorisez, partir à la recherche d'allier extérieur. Trois d'entre nous partiront vers l'ouest pour négocier avec les peuples insulaires...

 Élentir fut obligée de se taire. Elle n'avait pas fini ses déclarations, mais la contestation était trop grande. Ce n'était pas étonnant. Elle venait de leur apprendre qu'ils voulaient chercher de l'aide auprès d'ennemi sûrement plus haï encore que l'empire. Le peuple des archipels de l'ouest qui se faisait également nommer les amis des dragons, était plus couramment appelé par les chevaucheurs les pirates de l'ouest. Cela faisait depuis tant de génération qu'ils harcelaient les côtes de l'ouest, semant la désolation derrière eux, que beaucoup avait oublié que ce peuple avait les mêmes origines qu'eux.

 Ce fut Palantir qui se leva pour mettre fin aux protestations :

— Nous entendons votre colère, et nous savons les souffrances que ce peuple à fait à beaucoup de nos familles. Cependant, vous aurez tort de penser que tous les insulaires sont des pirates. Au contraire, ils sont une minorité. Ils sont peut-être pour nous le visage des insulaires. Pourtant, il n'en est rien. Ce peuple n'est pas un peuple de barbare, ils sont pour la plupart comme nous. Ils parlent un dialecte très semblable au nôtre, ils ont la même religion, les mêmes histoires, la même culture. Vouloir définir ce peuple par les pirates, cela reviendrait à définir notre peuple par ceux qui aident les marchants d'esclave. Il existe, mais ne sont ni la majorité ni même la norme de notre peuple. Et, surtout, tout comme nous, ils n'aiment pas l'empire et souhaitent protéger les dragons et leurs savoirs.

 Sa tirade avait calmé la foule, sans pour autant convaincre. Une rancune née depuis de si longue génération ne pouvait être calmée si facilement. Ce fut autour d'Éledhwen de prendre la parole :

— La décision d'aller chercher leur soutient ne vient pas de nulle part. Depuis cinq ans, des missions diplomatiques sont menées par la garde pour rétablir une entente. Si cette entente était encore loin d'être réalisée, le contact est déjà établi. Et, surtout, ne nous leurrons pas, si nous voulons avoir une chance de repousser l'empire, il nous faut des alliés. Malheureusement, notre terre est isolée de tout.

— Cependant, répliqua l'une des représentantes des civils, pourra-t-on leur faire confiance sur un champ de bataille ? Vous nous proposez de prendre nos anciens ennemis comme allié. Je ne vois pas dans quel monde cela est possible. Je suis certaine que la défiance que nous ressentons pour eux est réciproque.

 Malheureusement, elle n'avait pas tort. Si Palantir et Éledhwen aidés de la garde n'avaient jamais réussi de s'approcher d'une entente en cinq ans, c'était que la haine envers les continentaux était bien ancrée dans la culture des insulaires. Cependant, ils ne pouvaient pas se permettre d'ignorer que les insulaires pouvaient parfaitement redevenir des alliés.

 Les discussions se seraient poursuivies longtemps, si chaque représentant d'un corps de combat, soldat comme chevalier, n'avaient pas plaidé pour que la mission diplomatique ait bien lieu. Les nomades étaient moins enthousiasme, mais rejoindre vite le camp de la garde, ne pouvant nier l'intérêt stratégique.

 Au moment des votes, une partie du public usa tout de même de son droit de veto. Il fallut s'y reprendre à plusieurs reprises pour compter, les contestataires n'était pas loin de ce qu'il fallait pour demander un vote général. Pourtant, ils ne furent pas assez nombreux et la mission vers les îles allait bien avoir lieu :

— Nous remercions Aramis, Lôrindel et Morya qui se rendront sur les îles pour chercher des alliés. Que Lilosys et Stelasys veillent sur eux. Cependant, ce n'est pas la seule mission que la garde souhaite entreprendre. Je laisse de nouveau la parole à Dame Élentir.

— Une autre équipe partira vers le nord. Il est grand temps d'aller à la recherche de nos grands allier. Je dirigerais l'expédition avec Palantir pour essayer de rentrer en contact avec les dragons.

 À l'inverse de l'annonce précédente, la foule était enthousiaste, contrairement aux autres membres du conseil.

— L'hiver arrive à grands pas, remarqua simplement l'un des chamans avec calme. Il vous sera impossible de traverser les montagnes.

— Et nous ne pouvons pas nous permettre de vous perdre ni l'un ni l'autre, fini le vice commandant.

 Élédhwen se leva à son tour. On pouvait voir sur son visage que cela lui coutait de prendre la défense de cette expédition.

— Vous savez comme nous que sans intervention des dragons, même dans le cas où nos camarades reviennent avec les insulaires, une victoire contre l'empire est forte improbable. Malheureusement, nous ne pouvons retarder le départ de l'expédition à après l'hiver, le sort de la confrérie sera scellé d'ici là. Le choix de la garde pour cette mission n'est pas anodin. Vous voulez que mon frère et moi, reprenons le rôle de nos ancêtres. Très bien, il faut donc que ce soit l'un de nous qui négocie cette nouvelle alliance avec les dragons, puisque c'est ce que jadis l'on attendait de la famille royale. Et puis, au début de ce conseil, nous avons pu constater certaine particularité d'Élentir, si l'hypothèse qu'elle est une enfant se vérifie, nous ne pourrons négocier sans elle. Enfin, pour les accompagner, ils auront des camarades qui se battent à leur côté depuis près de cinq ans et qui ont fait à mainte reprise leur preuve. Nous ne pourrons espérer meilleur équipe. À part bien sûr si vous voulez que je remplace mon frère, ne pus s'empêcher de rajouter Élédhwen.

 L'argumentation de la princesse était convaincante. Le plus dur était d'admettre qu'il faille se risquer à mettre en jeu autant de talent pour une mission qui avait de fortes chances d'échouer. Pourtant, il leur fallut bien moins de temps pour convaincre tout le monde de la nécessité de cette mission. Si le vote ne fut pas unanime, il ne faisait pas de doute que la majorité du conseil et de l'assemblée soutenait la garde.

 Après autant de parole militaire, l'assemblée se poursuivit sur des sujets plus pratiques et organisationnels. Certes, depuis les semaines que le campement prenait forme, beaucoup de règles et d'organisation avait déjà été mis en place. Mais, une communauté était toujours vivante et devait sans cesse évoluer.

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