XX
Élentir n'avait pas aussi bien dormit depuis longtemps. Elle était reconnaissante envers Gwindor, consciente que sans lui, elle n'irait pas aussi bien. Elle rejoint ses compagnons qui comme elle était prête pour le départ. Le jour se levant à peine, peu de villageois vinrent leur faire un dernier au revoir.
Avant de partir, les paroles du prêtre revinrent à Élentir. Alors, juste pour prendre plus de précaution, elle usa d'une magie que des chamans lui avaient enseigné leur de son apprentissage. Cette magie ne nécessitait pas forcément de mot, ce qui était rare pour une magie draconnique. En réalité, on lui avait appris à lire les flux de magies pour pouvoir prédire le temps. Élentir ne le faisait pas souvent, cela demandait beaucoup de concentration et bien que cela ne demandait aucune puissance magique, elle en ressortait toujours avec un mal de tête. Son mentor lui avait fréquemment reproché de trop se reposer sur ses grandes facilitées et de trop vite abandonner quand cela devenait un peu plus compliqué.
Et de nouveau, elle dut reconnaître que son maître avait raison. Il lui fallut bien une demi-heure d'effort fastidieux et une bonne migraine avant parvenir à décrypter les flux magiques. Si elle s'était plus souvent entrainée, elle n'aurait pas autant souffert.
Quand elle rouvrit les yeux, elle comprenait enfin pourquoi le prêtre était inquiet. L'une des plus grandes tempête de sable qui lui avait été donné de voir se diriger droit sur leur chemin. S'il continuait sur cet itinéraire, la tempête sera sur eux dans deux ou trois jours, cela ne leur laissait pas le temps d'atteindre leur prochaine étape à cinq jours de là.
Élentir en parla aussitôt à ses compagnons, il n’était pas encore trop tard pour faire demi-tour. Et, elle ne pouvait pas prendre seule la décision de continuer. Elle ne s'était pas imaginée que le prêtre les prévenait d'un si grand danger. Aller à la rencontre d'une telle tempête pouvait signifier la mort s'ils ne trouvaient pas d'abri à temps.
Cependant, la décision de la troupe ne changea pas. Maintenant, ils savaient ce qu'ils devaient affronter, et ils pourraient l'éviter. La montagne restait une inconnue bien plus dangereuse. Sachant où se situait la tempête, les compagnons espéraient pouvoir la contourner. Et ils partirent sans plus attendre sous le regard inquiet des villageois.
Ils avancèrent rapidement sous le lourd soleil du désert. Leur long vêtement couvrant tout leur corps avaient reçu un sort leur permettant de mieux supporter cette chaleur et de mieux les protéger du soleil. Pourtant, les gens des plaines n'étaient pas habitués à une telle chaleur. Cette matinée fut bien plus chaude que tous les autres jours de leur voyage. Et ceux qui souffraient le plus de ces conditions infernales, c'étaient leurs montures qui s'épuisaient plus rapidement.
Mais, leurs malheurs ne s'arrêtèrent pas là. Alors qu'ils reprenaient la route après une courte pause, Élentir fut la première à le remarquer. Quelque chose n'allait pas. Sa monture était bien trop nerveuse, tout comme toutes les autres. Son regard se porta d'abord sur le ciel, puis sur sa boussole. Un frisson l'a parcouru, l'aiguille tournoyait, ne trouvant plus le nord. Fermant les yeux, elle n'eut pas besoin d'une longue analyse pour confirmer :
— Nous sommes en zone abandonnée...
Elle n'avait pas parlé fort, mais tous s'arrêtèrent. Narmacile prit le temps de vérifier avant de confirmer à son tour. L'inquiétude se lisait sur leur visage. La situation devenait critique.
— Le ciel est dégagé, nous marcherons grâce au soleil, il faut que nous avancions.
Palantir avait parlé d'un ton ferme, cachant comme il pouvait sa propre inquiétude. Marcher grâce au soleil était bien moins précis qu'utiliser les étoiles, mais ils n'avaient pas le choix. Ils reprirent donc la route avec un silence encore plus pesant. Leur rythme était bien moins rapide. Ils ne firent pas de pause, leurs espoirs étaient de sortir de ce piège avant la tombée de la nuit. Mais, la pénombre de Nuxys arriva et ils n'en étaient pas sortis.
Après une nouvelle courte pause, durant laquelle ne parla si ce n'est pour parler de stratégie, ils prirent la dure décision de continuer à avancer tant qu'ils n'étaient pas sortis de la zone abandonnée. Pour ne pas plus fatiguer leur monture, ils marchèrent à côté, leur pas ralenti par le sable. Gwindor se retrouva vite en difficulté, ayant bien moins d'endurance que ses camarades. À chaque dune qu'ils devaient escalader, il devenait plus pâle et essoufflé. Ce fut le seul à devoir remonter sur un cheval.
Ils se servaient du ciel étoilé pour guider leur pas, ne profitant même pas de la beauté de la voute céleste. Bien qu'étant à pied, ils se déplacèrent plus vite que la journée, leur mouvement étant moins hésitant. Et, quand vint l’aube, ils étaient enfin sortis de la zone. Sortit, mais totalement lessivé. Leurs jambes tremblaient, leur souffle était court. Il n'avait même pas la force de remonter sur leur monture. Seule Élentir qui avait toujours eu une force physique hors du commun semblait aller bien. Elle s'assurait la sécurité de celui qui était le plus mal au point, Gwindor qui, même s'il avait voyagé pratiquement tout le temps sur une monture, était au bord de l'évanouissement.
Avec un tel niveau de fatigue, la décision de prendre une pause ne pouvait être ignorée. Une grande tente fut rapidement installée, étant au beau milieu du désert, on laissa quelques alarmes magiques, mais personne prit de tour de garde. Durant quelques heures, il n’y eut plus aucun bruit hormis quelques ronflements.
Malheureusement, cette accalmie fut de courte durée, s’ils voulaient contourner la tempête, ils devaient reprendre la route au plus vite. En effet, étant sortie de la zone, Élentir put de nouveau la détecter et ce qu'elle découvrit l'effraya. Leur chemin avait dévié et les menait droits sur la tempête. Il y avait bien peu de chance qu'ils parviennent à l'éviter...
Gwindor prit tout de même le temps, malgré sa propre fatigue, de s’assurer que tout le monde était en bonne santé et de leur faire boire une tisane très amère qu'il tenait de Niniel, avant qu’ils ne reprennent le voyage.
Plus personne ne parlait. Il fallait juste avancer. Mais, malgré tout leur effort, la tempête arrivait inexorablement sur eux. Comme s’il ne pouvait en être autrement. Comme si Grys en avait décidé ainsi. Alors, sentant qu’elle était trop proche pour l’éviter, ils se réfugièrent sous un énorme rocher qu'ils trouvèrent et, Narmacile et Élentir mirent en place une barrière pour les protéger, eux et leurs montures.
Ce fut fait de justesse. La tempête, violente et dévastatrice, se leva dès elles eurent fini. Ils l’entendirent d’abord arriver puis un gargantuesque nuage leur apparut, tourbillon de sable avançant vers eux inexorablement. Le spectacle avait quelques chose de fascinant, presque magnifique.
Bien qu’elle l’attendît, Élentir ne put que sursauter quand la puissance du vent rencontra la barrière qu’elle devait alimenter et garder en place. À partir de là commença un combat entre la jeune et prometteuse chevalière et la nature vieille et toute-puissante. Durant près d’une heure, Élentir résista, protégeant ses compagnons contre le vent et le sable. Puis Narmacile repris le relais. L’intraitable chevalière ne broncha pas devant la violence de la nature. Elle n’avait cependant moins de force qu’Élentir et dut passer plus rapidement le relais au prince qui, moins expérimenté, avait au moins autant de volonté que les deux chevaliers. Quand il fut à son tour à bout de force, il sortit Élentir de sa transe pour qu’elle prenne de nouveau le relais.
Impuissant, Dael et Gwindor ne pouvaient que soutenir moralement leur compagnon. Les pouvoirs de Dael n’était pas encore assez stable pour que l'on prenne le risque de lui confier la barrière et Gwindor devait conserver ses forces pour la dure, mais probable éventualité qu’il y est des blessés.
Finalement, la tempête ne retomba qu’à la nuit tombée, laissant le froid glacial remplacer le vent violent. Les compagnons à bout de force, déshydraté et frigorifier n’avait plus de force pour monter une tente. Dael et Gwindor réussirent cependant à envoyer à signal dans le ciel bien connu de tout chevaucheur. Quiconque voit ce signal se doit d’aller porter secours.
Ils furent retrouvés une heure plus tard part des habitants de l’oasis le plus proches. Ils leur donnèrent au plus vite les premiers soins tout en installant un campement. Les compagnons purent ainsi se reposer jusqu’au petit matin sous bonne protection.
Au lever du jour, ils prirent la route vers l’oasis. Et la surprise fut grande à leur arrivée. Ils n’étaient pas les seuls voyageurs à faire une halte à l’oasis. Un certain nombre de chevaucheurs des plaines avait trouvé refuge dans le désert. L’ambiance dans le village était beaucoup moins joyeuse que dans la précédente. On ressentait bien plus l’invasion. Plusieurs personnes portaient un cache-œil montrant qu’ils étaient en deuil.
Pourtant, on les accueillit avec joie et sans retenue. Ils purent se restaurer encore et repartir dès le midi.
Ils mirent finalement deux semaines de plus pour sortir du désert. Finalement, ils ne croisèrent que deux autres zones abandonnées et ils n'eurent aucun mal à en sortir malgré quelques bestioles affamé et possédant des fois des pouvoirs. Plus ils se rapprochaient de la fin du désert, plus il y avait des réfugiés dans les villes oasis. Mais, ils furent toujours accueillis à bras ouvert et ils reçurent toujours un ravitaillement nécessaire. En échange de toutes les informations qu’on leur portait des plaines et du comportement des zhikerhotes, ils expliquaient comment se rendre aux vieillies ruines et inciter les gens à s'y rendre.
Le voyage dans le désert prenait alors fin, mais ce n’était que le début des difficultés, mais regardons plutôt ailleurs dans le royaume.
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