XXI
De leur côté, Calywen et Ode avaient également quitté le désert. Le chevalier ne pouvait s’empêcher d’être heureux de voyager de nouveau avec l’ancienne nomade. Ils n’avaient mis qu’une seule semaine pour sortir du désert, là où lui, chevalier chevronné, il en mettrait au moins le double tout seul. De plus, le voyage était agréable, aussi étonnant que cela puisse paraître dans le désert. Ode savait parfaitement lire les signes du désert, elle savait où et quand s’arrêter. Même si le jour n’était pas encore tombé, elle pouvait déclarer qu’il était temps de s’arrêter sous l’ombre et la protection d’un rocher. Calywen ne discutait pas, il lui faisait confiance. Et il n’avait jusqu’à présent pas eu à le regretter.
Mais, tout bon guide sait trouver le meilleur des chemins, cela ne suffit pas pour rendre le voyage agréable. Calywen apprécier voyager avec Ode pour sa personnalité. La jeune fille discrète au premier abord était toujours franche et honnête. De plus, jamais, elle n’avait cherché à se mettre en avant ou à se vanter de ces qualités. Quand Calywen cherchait à comprendre l’une de ses décisions, elle lui expliquait simplement d’égale à égale. En échange, elle se montrait curieuse de tout ce qu’il pouvait lui apprendre. Il avait été surpris à quelle vitesse elle pouvait comprendre la magie.
Mais si leur conversation était des plus passionnantes, Calywen aimait aussi les longs moments de silence qu’il pouvait avoir entre les deux. Des silences qui n’avaient rien de gênant. Chacun respectant le monde de l’autre.
En fait, si les circonstances auraient été différentes, il aurait parfaitement apprécié le voyage. Mais, à partir du moment où ils avaient mis un pied dans les plaines, tout leur rappelait l’urgence de la situation. Les gens voyagaient de nuit pour plus de discrétion vers le désert. Le regard sombre des chevaucheurs, le silence des enfants, les patrouilles contrôlant constamment tous les voyageurs…
Les chevaucheurs, habituellement toujours joviaux et bon bavard, étaient devenus taiseux. Il devenait difficile de leur parler. Pourtant, les deux compagnons partaient constamment à la pêche aux informations. Même pour eux qui n’avaient habituellement peu de mal à tirer des informations, ils n’arrivaient pas à avoir de nouvel de la tribu d’Ode.
Plus ils se rapprochaient, plus un sentiment de malaise se formait. Quand, enfin, ils apprirent quelques choses. Mais, cela ne les réjouit pas, les nouvelles n'étaient pas bonnes. Ils apprirent que les nomades ne bénéficiaient du même traitement que le reste des chevaucheurs. Si les sédentaires des plaines était pour l’instant presque en sécurité tant qu’il ne s’opposait pas directement à l’Empire, les nomades était considéré comme des sauvages que l’on devait soumettre ou éliminer.
La nouvelle ne fit que raffermir la détermination d’Ode qui choisit d’accélérer le pas. L’automne étant particulièrement sec cette année, Calywen doutait pour la première fois de la décision d’Ode. S’il épuisait trop vite leur monture, ils ne pourraient plus arriver à temps nulle part. Il connaissait cependant bien sa camarade pour savoir qu’il ne la ferait pas changer d’avis. Et il savait qu’elle garderait toujours un peu de lucidité malgré son impulsivité.
Pour aller plus vite, la jeune femme ne suivait même plus les chemins, pour autant ils ne croisèrent aucune zone abandonnée.
Il ne leur fallut seulement une semaine de plus pour rejoindre le dernier emplacement connu des nomades.
Alors qu’il leur restait encore une centaine de mètres à parcourir, le sang du chevalier se glaça. Le regard expert du vétéran remarqua aussitôt les nombreux détails dérangeants. Il connaissait bien les nomades pour avoir à de nombreuse reprise voyagé à leur côté. Il avait toujours admiré leur respect pour la nature et leur manière de toujours voyager sans laisser aucune trace de leur passage. Pourtant, le paysage qui s’offrait à eux ne pouvait pas être le lieu d’un campement de nomade. Avant même de voir le reste, le chevalier remarqua les bosquets éventrés, les arbustes cassés, les trace de galop à travers la bruyère. Même les chevaucheurs sédentaires ne pas laisser autant de trace de leur passage.
Il n’eut pas le temps de trouver comment l’annoncer à Ode que l’horreur, la colère et l'inquiétude tordit le visage sur le visage de l’ancienne nomade. Il ne lui avait fallu qu’un instant de plus pour comprendre ce qui était arrivé. Sa tribu avait été attaquée.
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