XXII

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 Le désert pouvait être considéré comme l'une des régions les plus hostiles du petit royaume et il était dangereux pour qui n’y était pas préparé de la traverser. Beaucoup de voyageur trop sûr d’eux n’en ressortent jamais. Entre le temps peu favorable tout au long de l’année, les zones abandonnées, les animaux dangereux, c’est un endroit qui peut paraître inhospitalier, voire hostile. Pourtant, pour la petite équipe, les plaines allaient devenir bien plus inhospitalières. Si la nature était le danger dans le désert, dans les plaines c’étaient les humains leurs ennemis.

 Durant tout le temps qu'ils avaient passé dans le désert, le climat entre les zhikerhotes et les chevaucheurs avait évolué. La troupe ne mit pas longtemps à le constater. Les ordres avaient changé. Si depuis leur arrivée, les soldats avaient reçu pour ordre de montrer un certain respect et cacher leur mépris envers les chevaucheurs, ce n’était plus le cas. Ils n’hésitaient plus à se montrer agressif et méprisant, dans une certaine limite tout de même, chercher la moindre raison pour punir les pauvres gens. Ils n’hésitaient pas à pousser un pauvre porteur, lui faisant renverser toute sa marchandise, de se moquer, voire d’agresser les femmes. Cependant, les punitions qu’ils infligeaient restait moins sévère que ce que craignait Élentir. Elle savait que dans l'empire, ils n’hésitaient pas à condamner à mort, le plus souvent par le bûcher. Pourtant, les plus lourdes punitions qu'ils aperçurent furent des sections de membre. Ce qui en soi était déjà bien horrible, surtout si l'on considérait qu'un simple mot de travers pouvait entrainer la perte de la langue ou un regard de travers la perte d'un œil.

 Tout comme elle, Palantir n’arrivait plus à comprendre la logique de l’empire. Après le discourt sur la grande place, il avait compris que l’empire cherchait à faire croire à ses bonnes intensions. Ce n’était donc pas étonnant qu’ils aient imposés à leur soldat une conduite exemplaire. Et, connaissant les règles strictes dans l’armée Zhikerhote, peu de soldat ne devait avoir envie d’aller contre les ordres malgré le mépris et la haine qu’ils portaient aux chevaucheurs. Bien sûr, le prince savait dès le début que ce ne serait pas une stratégie payante, l'empire ne s'attirerait jamais la sympathie des chevaucheurs ainsi. Tout d’abord, les chevaucheurs n’étaient pas crédules et pour eux ce que faisaient les souverains du pays ne les intéressait pas, hormis si leurs actions avaient un impact direct sur leur vie. C’est pour cela que diabolisée le défunt roi n’avait aucun effet, les chevaucheurs n’avaient jamais vraiment eu besoin de gouvernement. De plus, les secrets draconniques sont des précieux héritages de famille, l’une des rares choses qu’un chevaucheur ne voudra pas partager avec quelqu’un qui ne soit pas de sa famille, à peu d’exception près. Il y avait peu de chance qu’un individue ne réponde à l’appel de l’empire. L’indépendance de tous rendait leur coopération impossible. Palantir n’était donc pas étonné que l’empire abandonne vite cette approche, mais pour quelle raison laisser les soldats se défouler, augmentant la défiance du peuple, sans mettre un système de répression et de sanction fort ?

 La seule chose qu’avaient comprise nos compagnons, c'était que l’atmosphère était remplie de crainte. Peu de chevaucheur voyageait encore la tête haute.

 La troupe avait beaucoup de mal à progresser dans les plaines. Ne pouvant pas facilement se réapprovisionner. Chaque village étant solidement gardé. Ils voyagèrent même plusieurs jours sans pouvoir changé d’équipement, le leur n’étant plus adapté et sans pouvoir récupérer de la lourde fatigue de leur voyage dans le désert.

 L’automne avait bien avancé. Le temps était froid, les plantes rares, tous comme le gibier. Et, part malheur, pas une goutte d’eau n’était tombée. L’épuisement se faisant sentir, ils avaient du mal à se réchauffer dans leurs vêtements prévus pour le désert. Dans ces conditions, Gleen pourtant grand gaillard énergique, tomba malade. Gwindor devant l’état de son patient dû demander une pause. Pause qui aurait le mérite de remettre tout le monde sur pied. Car si Gleen était le seul à souffrir de fièvre et à rejeter tout ce qui rentrait par la bouche, tous étaient fatigués, en seulement trois jours dans les plaines, ils étaient plus fatigués qu’en une semaine dans le désert.

Élentir essayait de cacher son inquiétude tandis qu’elle montait la tente. Palantir la sortit de sa rêverie :

— Nous n’arriverons jamais au pays des dragons avant l’hiver.

 Élentir tourna son regard inquiet vers lui :

— C’est en effet ce que je ne disais. Regarde-nous, nous sommes encore en terrain connu, pourtant nous avons du mal à progresser. Je ne pensais pas que l’empire enverrait autant de troupe aussi loin vers le nord.

— Il est vrai qu’ils sont partout, mais je ne te vois pas abandonné.

— Moi non, mais je sais parfaitement le danger des montagnes l’hiver.

 L'idée de se rendre au-delà des montagnes venait d'Élentir, et elle se sentait coupable de mettre ses amis en danger. Elle qui avait toujours était sûre d'elle, n'arrivait plus à savoir si elle prenait les bonnes décisions. Elle ne voulait pas entrainer ces compagnons à la mort pour avoir voulu suivre son instinct.

— Nos compagnons ne nous abandonneront pas malgré la difficulté, répliqua doucement Palantir.

— Ça, c'est sûr, s’exclama Gleen qui malgré la fièvre, c'était trainait jusqu’à eux.

— Toi, tu ne partiras nulle part tant que je ne te l’aurais pas dit ! gronda Gwindor. Retourne dans ta couche.

 Élentir fit un léger sourire devant le ton autoritaire du médecin. Tous les deux avait beaucoup discuté, et cela avait grandement aider la jeune femme à faire une partie de son deuil. Certes, Gwindor était déjà l'un de ses compagnons le plus proche avant ce voyage. Il faisait partie des rares à connaître sa marque et il était le plus présent puisqu'il n'avait que peu de mission. Cependant, durant longtemps, la chevalière l'avait juste considéré comme un timide jeune homme, bien trop gentils. Au fils de leur conversation durant ce voyage, elle commençait à voir en lui bien plus de profondeur. Alors le voir rabrouer leur gigantesque compagnon avec tant de force que ce dernier n'avait d'autre choix que de se courber, cela la faisait étrangement rire.

 De son côté, Gleen, maugréant, retourna dans sa couche. Tout le monde le suivit dans la tente où un feu les réchauffait. Dael préparait le diner dans le silence, sous les gémissements et les plaintes de leur ami. La joie et l'espoir n'étaient pas au rendez-vous, la maladie de leur ami les rendait moroses.

— Si nous ne pouvons atteindre les montagnes avant l’hiver, peut-être devrions-nous envisager d’attendre le printemps avant de les franchir, suggéra alors doucement Narmacile.

 La proposition ne plaisait pas. Cela voudrait dire renoncer à apporter de l’aide à la confrérie durant une saison complète. Et, aucune de leur prévision ne leur assuré que la confrérie tienne aussi longtemps. Pourtant, reporter leur voyage devait être une possibilité à envisager. Devaient-ils risquer leur vie pour un espoir vint ? Celui de retrouver des dragons qui avaient depuis longtemps disparu, et celui qu'il accepte de leur venir en aide après si longtemps. Élentir, bien qu'elle n'y crût pas, devait également envisager que les dragons, invisible depuis cinq siècles, n'étaient qu'un mythe, une invention. Mais, autant croire en des consciences omnipotentes et omniscientes lui semblait aberrant, autant elle ne doutait pas un instant de l'existence des dragons comme à celle de toutes les autres être anciens tels les elfes et les nains. Bien que ce ne soit pas autant rationnel qu'elle ne le voudrait, elle avait l'intime conviction qu'elle trouverait les dragons et qu'il lui apporterait l'aide dont ils avaient tant besoin.

 Après un instant de réflexion, Élentir déclara :

— Je ne pourrais faire ce choix. Je sais que tous les avis compte, cependant, quoi que vous choisissiez, je continuerais. Je sais que je fais peut-être la même erreur qu’à la capitale. Une erreur que je m’étais promis de ne pas répéter, mais dans notre situation le choix est impossible. Si nous attendons trop, la confrérie tombera et même avec l’aide des dragons et dans le meilleur des cas des insulaires, le pays finira aussi par tomber. C’est pourquoi je ne peux me permettre d’attendre. J’irai seule s’il le faut.

 Personne n’osa prendre la parole après le discours de la jeune commandante. Tous savaient qu’il lui en coutait beaucoup de reprendre ce genre de décision.

— Moi, je te suivrai dans les flammes les plus chaudes de Rarlys, Dans l’obscurité la plus profonde de Nuxys, ou dans le froid le plus glacial de Lilosys !

 L’exclamation à moitié délirante de l’ancien forgeron détendit un peu l’atmosphère. Gwindor posa cependant une main apaisante sur le front du malade qui plongea dans un profond sommeil réparateur.

— Je suis plutôt d’accord avec Glenn, remarqua-t-il cependant. Élentir, je te suivrais dans les montagnes, non pas par loyauté, mais parce que je ne me vois pas resté sans rien faire pendant que le pays sombre. Et que si je peux apporter mon aide leur dans ce voyage, alors je le ferais.

 La conviction de Gwindor rendit le sourire à la jeune femme.

— Je suis bien d’accord ! s’exclama Dael avec une faveur toute particulière. Si je ne fais rien, je ne pourrai plus prétendre donner le meilleur avenir à Aalis.

 Étrangement, tout le monde s'était détendu et même Narmacile, qui était la moins volontaire pour traverser la montagne en hiver, souriait. Elle suivrait sa cheffe, elle aussi. Quoi qu’il arrive, un chevalier devait tout faire pour réussir sa mission.

— Bon, très bien, déclara Gwindor, Il est grand temps que tout le monde se repose. Demain, nous ne bougerons pas, il faut absolument que Gleen se repose. Il faudra également que quelqu’un parte nous réapprovisionner !

 Le lendemain, alors que Gleen était encore souffrant, Palantir et Dael se décidèrent à prendre le risque partit chercher des approvisionnements, laissant aux deux femmes la responsabilité de la protection du malade et de son médecin. Il leur fallait être prudents, car le prince était toujours activement recherché. Cependant, la fatigue du voyage, le fait qu'ils n'avaient pas pu se laver depuis longtemps aider à le camoufler autant que son cache-œil à présent élimé. Il avait toujours un peu honte d'user d'un objet de deuil pour se protéger, mais il savait que ni ses parents ni Coclys ne lui en tiendrait rigueur. À présent, il ne ressemblait en rien au jeune homme fringant qui n'était jamais sorti de son palais. Habillait dans ses vêtements du désert usé, il ressemblait bien plus à un habitant du désert venu faire du commerce avec les gens des plaines.

 Dael qui l'accompagnait ressemblait à son ainé l'accompagnant, il avait un physique moins impressionnant, on ne pouvait se douter que cela faisait plus de quinze ans qu'il était un homme d'arme. Mais, Palantir était heureux de partir avec Dael, pour une tout autre raison que sa discrétion. Le regard bleu perçant du garde leur permit d'éviter à de nombreuse reprise d'être remarqué sur la route. S'il ne voyait pas aussi loin que Moyra, son regard analytique détectait avec justesse du mouvement suspect.

 Les deux hommes chevauchés côte à côte, silencieusement. Non, qu’ils ne s’apprécient pas, mais plus parce que le temps n’était pas à la parole. Chacun plongé dans ses pensées. Des pensées assez semblables par ailleurs. Tous deux pensant à leur sœur. Le plus âgé, Dael, s’inquiéter beaucoup pour sa sœur restée à la capitale auprès d’Hoel. Non qu’il ne fasse pas confiance à son compagnon, cependant la capitale était sûrement l’endroit le moins sûr pour une personne de la famille d’un garde princier. Et, cela faisait bien trop longtemps qu’il ne l’avait pas vu. Avant tout ça, il lui avait acheté un cadeau pour lui offrir à son retour, une jolie pince à cheveux qu’il gardait toujours précieusement dans sa poche. C’était une manière pour lui de se rappeler qui la reverrait un jour.

 Palantir, lui, pensait également à sa sœur, cela faisait déjà longtemps, presque un mois depuis qu’ils s’étaient quittés. Il n’avait pas le souvenir de l’avoir un jour quitté pour une si longue période. La présence de sa sœur, toujours de bonne humeur, plein de caractère lui manquer. Pour lui, elle était un peu un porte-parole. Il avait du mal à exprimer ses sentiments, là où sa sœur disait souvent leur pensée à tous les deux.

 Alors que les deux cavaliers avançaient doucement, Dael releva la tête. Son regard perçant ayant aperçu une chose. La colère enflamma ses yeux et il partit au galop, laissant son jeune compagnon à l'arrière.

 Sofilya était effrayé. Des larmes coulaient de ses joues. Elle aurait voulu pleurer, crié. Mais, cela n’aurait fait qu’empiraient les choses. Un des hommes essaya de lui caresser la joue, elle recula, son dos toucha la poitrine d’un autre. Des rires, des moqueries dans une langue qu’elle ne comprenait pas. Ça lui semblait être si fort que cela l’assourdissait. Son monde n’était plus rempli que par ses bruits assourdissants, ces odeurs horribles, ses yeux et sourires monstrueux et de ses mains sales qui la caressait lascivement. Elle aurait voulu se débattre. Mais, une griffure sur l'un de ces agresseurs et elle pourrait mourir. Elle et sa famille. Elle sentit qu’on lui remontait sa lourde jupe. Elle était tétanisée. Elle n’aurait pas dû désobéir à ses parents. Tout était sa faute…

 Soudain, la pression qui la retenait disparue. Elle s’écroula couverte de sang, le bras qui la retenait sur ses genoux. Un cavalier tenant une courte épée venait de renverser ces agresseurs. Un deuxième arriva aux galops, portant un cache-œil, signe de deuil, quelque chose devenu courant.

— Je me demandais pourquoi tu étais parti si vite, maintenant, je comprends, puis-je t'aider ? demanda le dernier arrivant avec un ton calme, mais menaçant.

— Comme vous voulez, majesté, mais je peux les massacrer tout seul s’il le faut !

 Celui qui venait de parler n’était pas bien grand, la peau un peu claire, mais ce qu’elle remarqua surtout, c'est son regard. Un regard d’un bleu translucide, un regard qui voyait tout, un regard qui transperçait. Elle ne comprenait pas la grande colère qu’elle pouvait lire en lui. Pourquoi se mettre dans un tel état pour une inconnue ? Pourquoi risquait-il leur vie pour elle ?

— Vous savoir qui nous être ? Tonna le chef de ces agresseurs qui ne semblait pas avoir compris la puissance de ses opposants.

— Je m’en fous de qui t’ai, répondit avec froideur l’homme au regard vif. Je vais juste d’apprendre comment se comportent les gens civilisés.

 Le chef des soldats voulut dégainer. Un couteau se planta dans son poignet, laissant la main inerte. Ce fut le signal du départ, tous les hommes se lancèrent sur les cavaliers pour protéger leur chef. Sofilya ne comprit pas grand-chose à la suite. Tout se passa trop vite. Mais, à la fin, il ne resta que les cavaliers debout, couverts de sang, à peine fatigué.

 L’homme aux regards vif se tourna vers elle. Son regard avait changé, il était devenu doux, protecteur et inquiet. Il s’approcha d’elle doucement en se baissant légèrement, comme l’on s’approche d’un animal blessé.

— Je suis désolé.

 Sa voix était grave, réconfortante. Il lui faisait penser à son grand frère. Pourtant, physiquement, il n’y avait pas de ressemblance. Elle fit un léger sourire. L’homme s’accroupit à ses côtés. D’un geste étrangement naturel, il repoussa le bras qui était toujours sûr ses genoux. Puis, il lui épongea le sang qui lui maculait la joue. Alors, les larmes reprirent de plus belle. Elle cria. L’homme la prit dans ses bras tendrement :

— Voilà, tout est fini. Vas-y, pleure, crie, soulage-toi. Tu es en sécurité maintenant.

 Le temps s’arrêta de nouveau. Elle pleurait, mais c’était étrangement réparateur. Quand, enfin, elle se sentit mieux que les larmes se tarir. Elle se redressa et se leva encore tremblante.

— Je ne sais comment vous remercier, chuchota-t-elle, puis soudain, elle releva la tête. Venez chez moi pour vous reposer et vous nettoyer. Vous ne pouvez pas reprendre la route comme cela.

 L’homme aux regards perçant se tourna vers son compagnon resté auprès de leur monture. Ce dernier sourit en hochant la tête.

— Je me nomme Sofilya, la ferme de mes parents se trouve pas loin.

— Merci Sofilya, je suis Dael et voici…

— Pal, enchanté, le coupa l'homme au cache-œil.

 La jeune fille fut surprise, elle avait imaginé l’homme au cache-œil plus vieux, mais à présent qu’elle le regardait de plus près, il ne devait pas avoir plus de vingt ans.

 Palantir avait accepté de suivre la jeune fille plus pour soulager son compagnon. L’homme avait vu sa sœur en Sofilya et il serait inquiet tant que la jeune fille ne serait pas rentrée chez elle. Il réfléchissait donc comment se réapprovisionner malgré le contre-temps.

 Il fut sorti de sa réflexion quand ils arrivèrent. La ferme, éloignée de toute cité ou village, semblait n’avoir pas subi les mêmes sévices qu’ailleurs. Trois enfants courraient dans la cour jouant avec les animaux, un plus âgé aider sa mère dans les travaux de ferme. Les bâtiments en terre avaient quelques choses de réconfortant, de chaleureux. Palantir oublia alors un instant toutes ses préoccupations, tous ses soucis.

— Sofie ! Où étais-tu encore passé ?

 Celui qui devait être le père de la jeune fille s’approchait à grande enjambée, le visage renfrogné. Cependant, quand il aperçut les sangs sur les jupes de sa fille et les deux cavaliers qui l’accompagnaient, son visage se couvrit d’inquiétude et il courut la prendre dans ses bras :

— Sofie ! ça va ?

 Le cri inquiet du père rameta toute la famille. La mère prit à son tour sa fille dans ses bras :

— Que t'es-t-il arriver ? Viens t’asseoir !

 La jeune fille fondit en larme, mais elle parvint à articuler :

— Je vais bien maman... Grâce à Dael et Pal...

 La mère leur jeta un regard noir, ne comprenant pas l'état de détresse de son enfant. N'en prenant pas rigueur, les deux hommes saluèrent poliment.

— Je suis heureux que tu sois en sécurité maintenant. Je ne veux pas vous déranger plus longtemps.

 L’accent de Pal avait quelques choses d’étrange.

— Non, protesta Sofilya essaya d'arrêter ses larmes.

 Le père de cette dernière observa les deux inconnues. Leurs tenues usées étaient pleines de sang, il aurait pu en avoir peur, mais au vu de la réaction de sa fille, il devina qu'ils l'avaient sauvé d'un grand danger. Que ce soit de l'empire ou de loup, il leur en était reconnaissant et il ne pouvait pas les laisser repartir ainsi :

— Ah non, je ne peux pas laisser repartir comme ça ceux qui ont sauvé ma petite Lya. Venez au moins vous restaurer et vous toiletter un peu.

 Les deux hommes furent entrainés dans la pièce de vie où un jeune agneau dormait près de l'âtre. On les installa sur un banc et tandis que Sofilya raconter courageusement ce qui lui était arrivé, les deux hommes se virent débarrassés de leur vêtement. Étrangement, après le long récit de la jeune fille et quelques embrassades réconfortantes, les hôtes cachèrent leurs malheurs familiaux pour s’occuper de leur invité avec toute l’hospitalité des chevaucheurs. On leur apporta une bassine d’eau.

 Palantir pour pouvoir mieux se rincer retira son cache-œil, par pudeur les hôtes détournèrent le regard. La tradition voulait de ne pas regarder le visage complet d’une personne en deuil pour respecter sa tristesse. Palantir sourit devant la prévenance de la famille :

— C’est bon, vous pouvait me regarder. J’ai honte de le dire, mais je m’en serre seulement de déguisement.

 En effet, sans le besoin de dissimuler son regard unique, il aurait déjà laissé son bandeau. Non, qu'il n'était pas triste de la perte de ses parents, il ressentirait toujours un manque à leur égard, mais son deuil avait évolué, et il ne ressentait plus le besoin de le porter. Tous le regardèrent alors. Tandis que les deux hommes se rinçaient et frottaient avec vigueur le sang rester sur leur peau, Sofilya chercher la raison de cet étrange sentiment. Comme si elle devait connaitre cet homme. Puis, elle se souvient :

— Votre majesté ! Dael vous a appelé votre majesté.

 L’homme redressa la tête et longea ses yeux vairons dans les siens. Il y avait de l’amusement et de la tristesse :

— Vous êtes vive. Je suis désolé, nous nous sommes mal présentés. Je suis Palantir d’Ailegrande, et voici Dael, garde princier. Je ne souhaite cependant pas que vous changiez de comportement. Si cela ne vous dérange pas, appelez-moi Pal.

 Il fallut un instant pour la petite famille digèrent ce qu’ils venaient d’attendre avant de retrouver leur sourire.

— C’est presque comme moi, s’écria un petit garçon qui ne comprenait pas vraiment ce qui se passait. Moi, c'est Cal !

— C’est un très beau nom. Un des plus grands chevaliers porte le même diminutif. Je suis sûr que tu seras très courageux !

 Dael sourit. Le spectacle était beau, le prince en sous-vêtement un train de rire tendrement avec le jeune garçon.

— Et toi Dael ? demanda Sofilya. Tu es un chevalier ?

 Dael se tourna vers elle. Elle avait été plus vite pour se changer. Elle portait maintenant une simple tunique sur un pantalon de coton usée. Elle devait avoir le même âge qu’Aalis, à part ça la ressemblance s’arrêtait là. Cependant, il ne pouvait s’empêcher de penser à sa sœur en la voyant :

— Non, je suis seulement un garde princier.

— Comment ça seulement ? taquina le Prince.

— Tenez, interrompit soudainement le père. Je vous ai trouvé des vêtements qui devraient vous convenir et qui serons bien plus adapté aux plaines.

— Je vous remercie, mais cela ne va-t-il pas vous manquez ? Demanda sincèrement inquiet Palantir.

— Hélas non, ce sont des habits de notre ainé. Il a voulu se rendre à l’ancienne capitale. J’espère qu’il y arrivera sain et sauf.

— Est-ce que c’est vrai, qu’il y a là-bas une grande armée qui chassera les méchants ?

 La fillette qui venait de parler devait avoir un peu moins qu’une dizaine d’années et semblait effrayé rien qu'en énonçant l’empire.

— Comment tu t’appelles jeune fille ?

— Hotys.

— Eh bien, Hotys, je peux t’assurer que ton frère trouvera l’armée à l’ancienne capitale.

— Tu es sûre ?

— Certain, j’en viens.

 La fillette lui fit un grand sourire. Une fois les deux hommes habillait, ils eurent le droit à un repas familial. Les éclats de rire volé autour de la table. Les enfants réclamaient des histoires. Palantir n’avait jamais vu Dael aussi bavard. Dael raconter avec plaisir ces missions de garde. Palantir voyait très bien le grand frère en lui. Il est vrai que lui-même ne pouvait s’empêcher de pensée à sa famille. Jamais ils n’avaient pu avoir de repas comme cela. Mais, il s’inquiétait aussi pour son jeune frère et sa petite sœur. Ils étaient retenus en otage par l’empire. Leur vie avait suffisamment de valeur pour qu’il ne leur arrive rien. Du moins il l’espérait. Son petit frère et sa petite sœur étaient tellement fragiles…

— Et toi, tu as des histoires à nous raconter ?

 Hotys lui tirait la manche avec un regard pétillant de curiosité.

— Oh, tu sais, les histoires de Dael son bien plus intéressantes que les miennes. La vie au palais est bien trop ennuyeuse.

— Il ment, retourna Dael. A à peine quinze ans, il a négocié farouchement avec les pirates de l’ouest.

 Palantir fut ainsi forcé de devenir conteur à son tour. Puis, il fut grand temps de retourner auprès de leur compagnon.

— Vous nous avez dit que vous alliez chercher du ravitaillement ? Demanda soudain la mère de famille.

— Oui, mais l’on se débrouillera, vous savez où l’on peut trouver une source d’eau dans les parages ?

— Pas la peine de chercher. Prenez de l’eau dans notre puits. L’automne à était sec, mais notre puits est loin d’être tari.

— Je ne sais comment vous remerciez, dit Palantir avec gratitude.

— Faîtes le en nous débarrassant de ses monstres, retourna fermement le père. Nous allons également vous donner des vêtements pour vos compagnons. Dîtes nous, combien sont-ils ?

— Ils sont quatre. Si possible pour Gleen, il faudrait plutôt des vêtements large et grand.

— Très bien, Dael, venez avec moi, nous allons choisir ce qu’il faut, proposa le mari.

— Pal, je vais vous donner un peu de nourriture, ce n’est pas grand-chose, mais j’espère que cela vous aidera.

 Le jeune homme aurait préféré refuser. Cette famille leur avait déjà tant donné. Mais, il savait aussi qu’ils n’étaient pas en mesure de refuser tout aide. Il fit cependant bien attention d’empêcher la femme de lui en donner trop, l’hiver ne tarderait pas et avec une si grande famille, il valait mieux avoir une bonne réserve.

— Il vaut mieux que ce ne soit entre vos mains qu’entre les leurs, marmonna la femme sans insister cependant.

 Quand il fut enfin près pour le départ, leurs montures plus chargées que jamais, tout le monde les serra dans leur bras :

— Que Coclys veille sur vous et que Stelasys guide vos pas.

— Je vous remercie que Médys vous soit favorable et qu’elle veille sur vos cultures.

 Soudain Sofilya se jeta dans les bras de Dael :

— Merci de m’avoir sauvé, je ne remercierais jamais assez Stelasys d’avoir guidé vos pas jusqu’à moi. Merci…

— Je suis heureux d’avoir pu te sauver. Prend garde à toi, mais cesse de culpabiliser. Tu avais le droit d’être sur cette route. Eux n’avaient en aucun droit de faire ce qu’ils ont fait. Je ne peux cependant que te conseiller d’apprendre à te défendre. Mais, n'oublie surtout pas d’apprendre à fuir.

 La jeune fille sourit. Elle ne se rendit que tardivement compte que le garde lui avait mis une magnifique pince à cheveux dans les mains :

— Mais...

— J’ai lancé un charme protection avec l’aide de Pal, il ne tiendra pas longtemps, mais c’est ce temps de gagner pour que tu apprennes à te défendre.

 Sur ces paroles, les deux hommes montèrent en selle et partirent sous le regard reconnaissant de toute la famille. Sofilya ne les quitta pas des yeux jusqu’à ce qu’il disparaisse à l’horizon, serrant de toutes ses forces la barrette.

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