I
De nouveau en haut de sa tour, Élédhwen regardait le campement. Cette tour de garde était devenue son refuge, son lieu de solitude et de méditation. Assise, les pieds dans le vide, elle pouvait observer les évolutions du camp et laisser vagabonder son esprit vers sa fratrie et ses amis. En trois mois, le campement avait bien changé et, pour elle, c'était la dernière fois qu'elle pouvait observer cette vue. Demain, ce serait à son tour de partir. Il ne restait déjà plus beaucoup de combattant et presque tous ceux qui étaient attendus à la confrérie avait déjà plié bagage. Le campement ne ressemblait maintenant guère plus qu’à un camp de réfugié où enfant et vieillard était la population principale. Malgré les nombreux départs, le nombre de personnes sur le campement n'avait cessé d'augmenter. Beaucoup était arrivé, cherchant un refuge, fuyant les exactions toujours plus horribles de l’envahisseur. Les réfugier avait progressivement remplacé l’armée.
La jeune femme espérait que ses gens, ne cherchant qu’à vivre, serait en sécurité dans ses ruines. Malheureusement, les nouvelles n'allaient pas dans ce sens. Depuis peu, l'empire avait enfin mis les pieds dans le désert. Si aucune cité-oasis n'était encore tombée entre leurs mains, ce n'était qu'une question de temps. Et, malgré les bouclier et protection mis en place au long de ces trois mois, la jeune femme craignait qu'il ne reste plus assez de combattant pour protéger la cité.
Elle qui avait tant souhaité partir avec la garde, elle qui s'était attristé d'être éloigné de l'action, elle-même regrettait de devoir partir dès le lendemain. Elle s'était tant impliqué dans la survit de ce petit campement…
Trois mois plus tôt, après le départ de ses amis, le conseil, avec une quasi-unanimité, avait décidé que, hormis la garde princière et quelques autres légions, le reste de l’armée serait emmené grâce aux cercles de téléportation. Ces cercles d'un temps anciens étaient difficiles à maîtriser et personne n'était plus en capacité de les reproduire. Heureusement, il en existait dans les ruines de l'ancienne capitale et un au cœur de la confrérie. L'on racontait de ces cercles qu'ils étaient un alliage de magie draconnique et de magie nannique. Toutefois, si personne ne serait en reproduire, l'on savait encore comment les activer. Un cercle ne permettait que de voyager vers un autre de ces cercles, et c'était là leur seule limite, en dehors, bien sûr, de la puissance des mages qui l'activé. Ainsi, avec le bon nombre de mages, aidés ou non d'une gemme et d'autre ingrédient, l'on pouvait envoyer un grand nombre de personnes en même temps, bien que cela demandait un grand nombre de ressources, humaines comme matériels. Ils avaient donc fait le choix de ne faire voyager qu'entre dix et vingt personnes par jour en faisant tourner les mages qui servait à l'activation et usant le moins possible d'aide matériel. Il leur faudrait économiser leur force en prévision du siège de la confrérie. Il leur aura fallu ces trois longs mois pour finir d’exporter la totalité de l’armée et des volontaires. Juste à temps, les dernières nouvelles données par Ellyne prévenaient que l’empire était en pleine préparation pour le siège.
Élédhwen aurait bien fait le voyage par ses propres moyens, mais on le lui avait refusé. Le conseil ne souhaitait pas que le dernier membre de la famille royale disparaisse à son tour. Pour beaucoup de chevaucheur, elle était le symbole de l'unité et de la résistance du pays. Elle n'avait donc pas insisté. Même si cela ne lui plaisait pas d’avoir ce rôle, elle en comprenait l’intérêt. C'était donc de bon cœur qu’elle s’était investie dans la vie du campement. Elle avait pris en main, la rénovation de certaine maison, permettant de loger les familles les moins superstitieuses. Elle avait aidé à la mise en place d’un système de circulation d’eau, permettant au réfugié de n’être plus obligé de monter jusqu’à l’oasis ou à des puits au milieu de l’ancienne capitale. Elle avait aidé les conteurs, les prêtres et les scribes à donner des cours aux enfants. Bref, elle n’avait pas eu beaucoup de temps pour penser.
Maintenant, elle était dans le doute. Elle avait trouvé un rôle qui lui semblait essentiel. Jamais jusqu’à présent, elle avait eu l’impression d’avoir trouvé une voie qui lui importait. Elle avait enfin l'impression d'avoir trouvé un sens à sa vie, un sens à sa jeunesse passée à l’abri, à se remplir de connaissance. Ce qu’elle avait appris jusqu’alors, elle avait enfin pu le mettre en application, non à travers la garde princière, mais de ses propres mains. Si trois mois plus tôt, elle était convaincue qu’il lui fallait absolument se rendre en personne à la confrérie, que c'était sa place comme tous ses compagnons, désormais, elle se demandait si elle y serait vraiment si utile. Ne serait-elle pas plus utile ici que sur un champ de bataille dont on lui interdirait l’accès. Même s’il était sûr qu’elle attendait avec impatience de retrouver la garde princière, ses amis et la seule famille qui lui restait avec son petit frère et sa petite sœur.
Toute la garde avait quitté le campement rapidement, la laissant seule. Égilon avait même fait partie du premier groupe à passer le portail de téléportation pour aider à la mise en place des opérations de l’autre côté. Au bout d'une semaine, ces plus proches amis étaient tous partis, la laissant seule pour souffrir de sa première vraie séparation avec son jumeau.
Cela faisait maintenant bien longtemps qu’elle n’avait pas eu de nouvel de ce dernier et d'Élentir. Bien qu’inquiète de ce silence, elle avait conscience qui leur était difficile de communiquer et il était sans nul doute rassurant que les espions n’est plus entendu parler d’eux par l’empire depuis longtemps. Mais Élédhwen se sentait bien seule.
Elle n’avait plus ni son frère ni son petit frère ni sa petite sœur. D’eux non plus, elle n’avait pas beaucoup de nouvelle. Pour l’instant, aucun espion ne pouvait entrer dans le palais impérial, là où avait été emmené Lalwendë et Lancelin. Mais, aux dernières nouvelles, les deux étaient en forme et bien traité. En pensant à eux, Élédhwen ne pouvait s’empêcher de se sentir triste. Contrairement à Palantir, elle avait toujours montré que peu d’affection pour ses deux garnements qui avait tendance à l’exaspérer. Maintenant, elle le regrettait et espérait pouvoir rattraper tout ce temps perdu.
Un bruit de pas sortit la princesse de sa nostalgie. Un coup d’œil l'informa que Pauwau, l’apprenti chamane, montait la rejoindre :
— Il faut que tu descendes, les festivités vont commencer, se serait dommage si le personnage principal de la soirée soit absent…
— Ce n’est pas mon départ que l’on fête, c’est le départ des derniers volontaires, la coupa Élédhwen sans faire signe de vouloir bouger.
Elle aurait voulu ajouter que fêter le départ pour la guerre et son lot de tristesse et de mort n’était pas vraiment ce qu’elle souhaitait. Cependant, elle s’abstint, son humeur morose ne devait pas gâcher les adieux. Pauwau comprenait l’état d’esprit de la jeune femme, elle ne la pressa donc pas plus et la laissa venir à son rythme, l’accompagnant silencieusement. Il fallut une certaine patience pour qu'Élédhwen capitule et descende de son perchoir.
Pauwau avait une certaine influence sur la princesse et ses rares sautes d'humeur. Élédhwen n'était pas du genre à se laisser prendre par ses émotions, pourtant quand cela arrivait, elle perdait tout son bon sens. Et Pauwau avait su presque autant que son jumeau ou Élentir la préserver de cela. Si le sens d’observation et savoir s’adapter aux humeurs de tous pour les conseiller correctement faisait partie de qualité inculquer à chaque apprenti chamane, Pauwau n’en rester pas moins sincère et le faisait bien plus par amitié que par devoir.
Trois mois plus tôt, alors qu'Égilon était parti pour la confrérie en compagnie de sir Léothéric et dame Astal et que toute la garde avait quitté le campement, Élédhwen s’était sentie abandonnée. Bien évidemment, elle connaissait quelques chevaliers toujours présents et quelques membres important de l’armée, mais elle n’avait plus personne de proche à qui se confier. Plus personne avec qui elle pouvait sans problème être entière et oublier son rang.
De son côté, Pauwau s’était vu confié la mission de rester auprès de la princesse pour la conseiller et l'assister. Ce qui n'avait guère plus à la princesse qui se sentait surveillée. Elle avait d'abord vu l'apprentie chamane comme un chaperon agaçant. Dans son humeur morose, elle avait tout fait pour garder éloigné cette nouvelle conseillère. Bien évidemment, elle écoutait les conseils qui s’avéraient toujours utiles et opportuns, mais elle ne voyait en la future chamane qu’une bonne allier et non une amie.
Pauwau le devina rapidement, bien que la méfiance de l’héritière fût toujours cachée par un masque de jovialité qui trompé beaucoup de monde. Pourtant, la nomade ne pouvait que s’attristait de voir Élédhwen se renfermer et s’isoler toujours plus derrière sa carapace de bonhomie. Et c'est avec sincérité qu’elle choisit de fissurer ce masque pour soulager le fardeau de l’héritière. Oubliant sa mission qui après quelque temps lui avait presque paru ridicule, Élédhwen n'ayant nul besoin d'être conseillé, elle chercha à la faire s'ouvrir. Ce ne fut pas une tâche aisée, néanmoins au bout de seulement un mois, les deux femmes s’était rapproché au point que le masque d’Élédhwen ne fut pas le seul à tomber.
Élédhwen découvrit en Pauwau une femme plus solitaire qu’elle ne l’aurait voulu. Pauwau était devenu très jeune une apprentie chamane. Chez les nomades, le statut de chaman était sacré. Le respect qu'ils leur vouaient était sûrement encore plus grand que celui qu'il portait au chef de tribu ou aux doyens et doyenne. Les chamanes avaient à la fois le rôle de mage, de guérisseurs, de prêtre, et de conteur. La culture des nomades était essentiellement orale et les chamans possédaient toutes les connaissances de la tribu, il n'était pas rare d'entendre dire d'eux qu'ils étaient les envoyés de Grys, Conscience de la connaissance. Pour être sûr de ne pas perdre le savoir, chaque tribu possédait deux chamanes et deux apprenties. Les apprenties étaient choisies très tôt dans leurs enfances, avant même leurs dix ans. Ils étaient choisis pour leur prédisposition à la magie, mais également pour leur capacité de réflexion et de leur mémoire.
Ainsi, Pauwau avait été choisie à l’âge de cinq ans, dès lors, elle n’avait plus été considérée comme une enfant, mais comme une future chamane. Les seules adultes à lui parler en toute franchise et à l’élever comme une enfant était les chamanes et Tahki la cheffe de la tribu. Même ses parents biologiques lui parlait avec déférence et respect. Du fait de ce traitement étrange, les autres enfants de sa tribu ne s’approchaient pas d’elle et la considéraient différemment d’une enfant. Et, le seul qui aurait pu la comprendre et la soutenir, le deuxième apprenti chamane, était déjà adulte.
Cette tradition remontait à bien des générations, nul ne savait réellement quand cela avait commencé, si cela avait été différent un jour. Finalement, chaque chaman avait vécu cette enfance étrange et solitaire, mais tous étaient persuadés que c’était ce qui faisait d’eux de bon chamane. Pourtant, pour certain cela restait une blessure profonde.
Élédhwen revoyait un peu sa propre enfance à travers celle de Pauwau. Sans Palantir et puis plus tard Élentir, elle se serait sentie seul. Les enfants qu’elle avait côtoyés étaient, pour la plupart, d’ascendance noble et avait appris depuis très jeune la différence entre eux et elle. Même s’il lui était arrivé de jouer avec d’autre enfant, ces derniers n’avaient jamais été sincères et avaient toujours craint son rang.
Les deux femmes étaient finalement devenues bien plus proches qu’elles ne l’avaient espéré. Et, c'étaient ensemble qu’elles se rendaient à la fête d’adieux. C'étaient des adieux pour elles aussi, puisque si Élédhwen passerait le lendemain dans le portail menant à la confrérie, Pauwau faisait partie de ceux qui restaient pour aider les réfugiés qui ne cessaient d’arriver.
La fête avait lieu aux abords des ruines pour que les plus superstitieux puissent être à l'aise. Le nombre de ces derniers diminuait fortement et souvent seuls les derniers arrivants craignaient de se rendre dans les ruines. Et cela était heureux. En effet, pour des raisons pratiques, il avait été décidé de construire les remparts en s’appuyant sur ceux restant de l’ancienne capitale. Les murs étant encore partiellement protégés par des sortilèges, les chamans, les chevaliers et les mages avaient travaillé ensemble pour les reconstruire. Le but étant d’être capable de défendre un siège et de pouvoir survivre si l’empire se décider à venir ici. Mais, en reconstruisant les murs des remparts, les réfugier avait également commencer à vivre dans les maisons les mieux conservés. Restant cependant dans le même quartier, au plus loin du palais royal et de l’oasis.
En trois mois, le confort des habitats avait bien augmenté. Seuls les nouveaux arrivants vivaient encore dans des tentes en attente qu’une nouvelle maison soit retapée ou par peur des mythes entourant l'ancienne citée. Des règles avaient cependant été établies, car même parmi les plus érudits, la crainte des rumeurs ne pouvait être oubliée. Le palais royal était donc une zone interdite comme tous les autres bâtiments qui n’avaient pas souffert du temps. Nul ne pouvait se balader dans les ruines seuls. Aucun objet, même le plus anodin, devait être emporté.
On espérait ainsi qu’aucun évènement étrange si souvent relaté quand l’on parlait de l’ancienne capitale ne survienne. Bien évidemment, c’était sans compter la curiosité humaine. Ainsi, un groupe que jeunes gens d’une vingtaine d’années avait bravé l’interdit et avait ouvert les portes du palais. Ils n’avaient qu’à peine passé la porte qu’un autre groupe qui s’était aperçu de leur étrange comportement les avait arrêtés et les avait fait faire demi-tour. Après quelques remontrances et une légère punition et comme rien n’était arrivé, l’on pensa l’évènement clos. Pourtant, le lendemain et les jours qui suivirent, les compagnons tombèrent un à un dans un état de semi-folie. Persuadé d’entendre une voix qui les appelait du palais. Sans une surveillance accrue, ils y seraient retournés. Chaman, guérisseur et mage les auscultèrent, mais aucune malédiction, aucun sort bon ou mauvais et aucun problème psychologique ne fut trouvé. Devant cette situation, les membres du conseil furent désemparés, ils avaient tout fait pour qu’aucune rumeur ne circule pour ne pas affoler les gens, mais ils étaient compliqués de gérer les compagnons de plus en plus torturés. Il fut alors choisi de les éloigner en les envoyant dans l’oasis le plus proche. Espérant que les écarter loin de la source de leurs maux les apaiseraient. Par chance, c'est ce qui se produit. Une fois loin, la voix s’estompa et ils reprirent tous leurs esprits. La surveillance du palais se fit plus forte et régulièrement les consigne était rappelée. Il n’y eut aucun autre problème et finalement, hormis le palais, les ruines ne semblaient pas cacher d’autre danger que de se perdre.
Élédhwen et Pauwau arrivèrent ensemble la fête qui avait déjà bien commencé. En les voyant arriver, la foule se mit à applaudir et à les acclamer. Tout cela restait cependant très amical et festif. Quelque personne vint à leur rencontre pour les accueillir dans de grandes accolades. Visiblement, l'alcool avait déjà bien coulé à flot. Élédhwen perdit rapidement sa morosité et se laissa aller aux festivités. Il fallait qu’elle en profite pour dire en revoir à tous ses nouveaux amis. Et la tâche était d’autant plus ardue que tout le monde cherchait à lui dire en revoir.
Elle réussit cependant à attraper Theron au vol, l’entrainant dans une danse endiablée. L’homme s’esclaffa et accepta volontiers la danse. Il venait d’une ferme isolée et n’avait fait que s’occuper difficilement de champs toute sa vie, étouffant toute autre envie. Ce n'était qu'en arrivant dans le campement qu’il avait pu développer son véritable talent et s’était montré être un architecte de génie. C’était en grande partie grâce à lui que le système de circulation d’eau imaginé par le conseil avait pu devenir une réalité. Se rendant vite compte que son talent naturel était limité par son manque de connaissance et ses difficultés de calcul, il avait rejoint d’abord honteux les cours proposés par différents prêtres, scribe et autre savant. Par hasard, son premier cours fut donné par Élédhwen qui l'avait toujours épaulé par la suite.
Finalement, les deux chevaucheurs s’étaient rapprochés, l'homme étant le seul a réellement écouté les idées, parfois farfelues, de la princesse. Il faisait toujours tout pour essayer de les mettre en œuvre. Et, même si des fois, il tombait d’accord avec l’avis de ses collègues sur l’impossibilité de les réaliser, il lui expliquait toujours correctement. Inversement, quand lui rencontrer un problème pour ses plans ou ses calculs, il la trouvait toujours de bons conseils.
Après cette danse endiablée et pleine de joie, Élédhwen rejoint Æluria une jeune prêtresse de Grys, Conscience du désert et de la connaissance, qui avait pratiquement pris à elle seule la charge de l’éducation de campement. Elle avait su rapidement recruter des savants et des enseignants, elle avait su convaincre tout le campement de l’importance de continuer à transmettre le savoir même en temps de crise et peut-être surtout en temps de crise. Bien sûr, tout prêtre de Grys a pour devoir de transmettre leur culture et leurs enseignements, pour transmettre au mieux les valeurs de leur Conscience. Mais Æluria n’était qu’une novice et pourtant elle s’était vite montrée indispensable. Contrairement à la plupart des prêtres et prêtresses, elle ne possédait pas de pouvoir magique, cependant, elle possédait un grand et vaste savoir et était très pédagogue. Élédhwen avait passé de longues journées avec elle. Grâce à la prêtresse, elle avait découvert la joie de transmettre ses connaissances.
La princesse se dirigea vers le groupe qui entouré son ami, jouant joyeusement à essayer de trouver un sujet inconnu à la prêtresse. À tour de rôle, un membre de la foule posé une question, si Æluria connaissait la réponse, elle développait le sujet, le rendant intéressant et compréhensible à tous. Dans le cas contraire qui arrivé rarement, si elle ne connaissait pas le sujet, elle donnait une bénédiction au gagnant. Enfin, le vieux prêtre qui l'avait pris sous son aile donnait les bénédictions. En effet, les bénédictions étaient une forme de magie et la novice dépourvue de pouvoir ne pourrait donc jamais en donner. Bien sûr, faire d'une bénédiction une récompense faisait râler quelques prêtres pour qui ce n’était pas tolérable de brader des bénédictions, mais à part cela tout se passer dans la joie. Élédhwen resta aux abords de la foule, ne participant pas, mais écoutant avec intérêt. Tous les sujets abordés, elle les connaissait. Pourtant, conter par la savante, elle voyait ses sujets d'un œil nouveau. Quand l'enseignante se rendit compte de la présence de son amie, elle mit fin au jeu et la foule se dispersa :
— Alors, tu essaies de gagner une bénédiction ?
— Je n’arriverais pas à te poser une colle, argua en rigolant son amie.
— Flatteuse et menteuse. Cela ne te ressemble pas.
Elles rigolèrent ensemble en s’éloignant un peu pour être au calme.
— Je ne sais pas si ça se fait que j’emprunte la reine de la soirée.
— On s’en fout, de toute manière la plupart ne verront même pas la différence.
— Il est rare que tu sois aussi rabat-joie. Où est celle qui entraine tout le monde sur la piste ? Qui initie tous les duels de boisson ? Et qui finit par chanter des chansons qui écorcheraient les oreilles de nos petites têtes blondes ?
— Je ne suis pas sûr que tu parles d’une personne réelle. En tout cas ce n’est pas de moi.
— Menteuse !
Élédhwen sourit de plus belle. Il est vrai que bien souvent, elle apprécie de tout son cœur et son corps les fêtes et bien que son amie exagérée légèrement, elle n’était pas si loin de la réalité.
— En plus, à cause de toi, je perds une de mes meilleures enseignantes. Bien que je ne sois pas sûr de savoir ce que tu enseignais. Ce qui va compliquer encore plus la tâche de te trouver en remplaçant. Maintenant, il ne va plus rester que dame Cléophée parmi les chevaliers, heureusement, Pauwau ne m'abandonne pas, elle !
— Tu en oublies plein, je suis sûre que tu te débrouilleras très bien sans moi. Assure-toi juste de toujours te faire écouter. Si tu es doué avec tes élèves, les vieux du conseil ne peuvent pas s’empêcher de mépriser la jeunesse. Je ne serais plus là pour s’assurer que l'on te respecte.
— Tu exagères toujours. Ils sont un peu têtus, mais pas sourd. Ne t’inquiète pas pour moi. Je suis bien plus en sécurité que tu vas l’être. Tu feras bien attention à toi.
Élédhwen sourit puis détourna le sujet de la conversation. Elles discutèrent quelque temps avant de rejoindre la fête. Après le conseil de Æluria, elle profita pleinement de la fête. Bien qu’elle se méfiât tout de même des boissons. La journée du lendemain allait être bien rempli.
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