Feu, il n'est plus
Ce matin, quand je me suis réveillée,
J’ai cherché le pays où je suis née ?
Je n’ai rien, absolument rien trouvé,
Juste un désert totalement invertébré.
Ce matin, quand je me suis levée,
J’ai cherché la fierté d’appartenir ?
Je n’ai trouvé que l’envie de partir,
Ce pays n’avait plus rien à dire !
Ce matin, sur mes toilettes assise,
J’ai cherché les valeurs transmises ?
Je n’ai trouvé que viles méprises,
Rien que traîtrises et roublardises !
Ce matin, en regardant le papier,
J’ai cherché que d’autre essuyer ?
Je n’ai trouvé que le proche passé,
Puis ces bien-pensants illuminés !
Ce matin, au le fond de mon verre d’eau,
J’ai cherché comment remuer ces agneaux ?
Je n’ai trouvé que de sordides bourreaux,
Esclaves des idées de leurs maquereaux !
Ce matin, en écoutant les actualités,
J’ai cherché si le soleil allait se lever ?
Je n’ai trouvé qu’un jaune bien crotté,
Mais qu’ont-ils fait de nos belles journées !
Ce matin, en buvant mon bol de thé,
J’ai cherché le goût de la réalité ?
Je n’ai trouvé que la mienne émiettée,
Brisée par des mots si enfiévrés !
Ce matin, croquant ma tartine confiturée,
J’ai cherché mon pays, saveur si sucrée ?
Je n’ai trouvé qu’une grimace d’acidité,
Ce goût perdu pourra-il être retrouvé !
Ce matin, sous la chaleur de ma douche,
J’ai cherché si encore ce pays était farouche ?
Je n’ai trouvé que des habitants très louches,
Cachés dès la moindre petite escarmouche !
Ce matin, remontant et agrafant ma lingerie,
J’ai cherché le rire des gens, de ceux qui rient ?
Je n’ai trouvé que des lèvres en asymétries,
Et toute étaient trop, vraiment trop jaunies !
Ce matin, tout en lissant ces noirs collants,
J’ai cherché la pourriture et ses affluents ?
Je n’ai trouvé que la haute se compromettant,
Et sur l’autel du pouvoir se masturbant.
Ce matin, en passant mon beau tailleur vert,
J’ai cherché ce pays dont j’étais si fière ?
Je n’ai trouvé que les dires bien pervers,
De ceux dont la parole crée cette atmosphère.
Ce matin, terminant de me maquiller,
J’ai cherché si existait encore l’égalité ?
Je n’ai trouvé qu’à certains elle appartenait,
Que s’en prévaloir, eux seuls pouvaient !
Ce matin, chaussant mes escarpins violets,
J’ai cherché si existait encore la fraternité ?
Je n’ai trouvé que des communautés,
Hurlants ce mot de sens désormais dénué !
Ce matin, fermant ma porte d’entrée,
J’ai cherché si existait encore la liberté ?
Je n’ai trouvé que celle des autres si près,
Que ma bouche reste désormais fermée !
Ce matin, regardant l’horizon de lumière éthérée,
J’ai cherché si mon pays pouvait se relever ?
Je n’ai trouvé que la terre du fossoyeur bêchée,
Prête à recevoir deux ailes d’éternité coupées.
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