Chapitre 3

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Je me réveille dans une sorte de malle en métal avec une fenêtre sur le dessus qui me permet d’observer la pièce. Je ne comprends pas ce que c'est, ni pourquoi je m'y trouve. Paniquée, je tente de l'ouvrir en appuyant partout et en poussant vers le haut jusqu’à trouver un bouton sur lequel j’appuie. La boîte s'ouvre.

Où est-ce que je suis ? Que m'est-il arrivé ?

Éblouie, je cligne plusieurs fois des yeux pour les habituer à la forte luminosité de la pièce dans laquelle je me trouve. Je scanne celle-ci et découvre que tout est blanc. Du sol au plafond en passant même par la lumière. Je m'assois sur le rebord de la « boîte » et observe mon environnement. Je remarque que celle-ci est très étroite et que seule une chaise est présente avec un tas de vêtements également blancs. Je continue ma rapide inspection et observe deux portes. L'une située en face de moi et l'autre à ma gauche. Je me lève et me dirige vers celle qui me fait face.

Quand soudain, j'entends des talons claquer derrière l'issue. Je panique et cherche quelque chose qui pourrait me servir d'arme, mais je ne trouve rien. Je décide alors de me mettre en position de défense. Les pas se rapprochent et la poignée s'abaisse.

Une femme entre dans la pièce, regarde la boîte vide puis tourne la tête vers moi.

— Je vois que vous êtes réveillée, Mademoiselle. Veuillez-vous rasseoir au bord de la boîte cryogénique, je vous prie, me demande-t-elle indifférente. Je dois procéder à un bilan médical bien que vos constantes soient déjà bonnes.

Prise de court par son attitude, je ne bouge pas tout de suite.

— Où suis-je ? Pourquoi n'ai-je plus aucun souvenir ? Pourquoi est-ce que je ne me souviens que de mon nom, mon prénom et mon âge ? Qui m'a emmené ici et pour quelle raison ? demandé-je en me dirigeant vers ce « coffret cryogénique ». Comment connaissez-vous mes constantes alors que vous ne les avez pas encore prises ?

— Je ne peux répondre à vos questions, Mademoiselle Eliona. Maintenant, si vous voulez bien vous asseoir que je puisse commencer.

Je m'exécute abasourdi par son détournement. Je la vois prendre sa tablette et la passer devant moi comme pour me scanner. Je me dandine mal à l'aise.

Que fait-elle ?

— La seule question à laquelle je peux vous répondre concerne la prise des constantes. Je les reçois grâce aux nanobots dans votre sang qui sont reliés à ma tablette, m'explique-t-elle C’est en vous scannant que je les reçois. Je vais également devoir vous les extraire et les remplacer par ce bracelet qui aura les mêmes fonctionnalités.

Elle me montre le fameux bijou et me l'attache. Il est large, en plastique blanc. Aucun motif. Aucune perle ou autre. Juste une sorte de barre souple.

— Ensuite, vous pourrez commencer votre formation, reprend-elle.

Une formation ? Et… comment ces nanobots peuvent-ils envoyer mes constantes ? Je ne comprends pas.

— Action de former quelqu'un intel...

— STOP ! Je sais ce que veut dire formation, dis-je.

Il faut que j'arrête de penser tout haut.

Elle s'arrête de parler et sort une seringue remplie d'un liquide bleuâtre.

— Vous n'aviez pas dit que vous alliez me les extraire ? la questionné-je.

— Si bien sûr. C'est ce que je suis en train de faire, me répond-t-elle.

— Alors pourquoi ce liquide bleu ? continué-je.

Elle m'insère la seringue et injecte le liquide. Je le sens dans mes veines. Cette sensation est bizarre et désagréable.

— Cela fonctionne en deux étapes, m'explique-t-elle. Tout d'abord, je dois injecter ce liquide bleu, comme vous dites, ce qui déconnectera les nanobots et les détruirons. Vous les éjecterez de vous-même quand vous irez aux toilettes. Maintenant, détendez-vous. Vous allez recevoir une petite décharge électrique qui sera désagréable.

En effet, je reçois une décharge électrique qui rend mon corps tendu et crispé.

Aïe ! Je n'aurais pas dû faire ça !

En attendant que les nanobots se déconnectent, j'observe cette infirmière. Plus je l'observe, plus elle me paraît impassible. Aucun sentiment, aucun sourire ne transparaissent. Même ses yeux ne reflètent rien. Du vide. Du néant.

— Nous avons terminé. Tenez, votre bracelet. Ne l'enlevez jamais, m'ordonne-t-elle. Vous pouvez vous changer avec ces vêtements posés sur la chaise.

À ces mots, je remarque enfin que je ne suis vêtue que d'une simple blouse d'hôpital. Je m'empresse donc d'aller chercher ces habits et part m'enfermer dans la salle de bain attenante à ma chambre.

Je me déshabille et me retourne pour saisir la première fringue à portée de main, quand je me vois dans la glace au-dessus du lavabo. Mes cheveux longs, blonds et lisses sont emmêlés et gras. Des cernes creusent le dessous de mes yeux bleus fatigués. Mes lèvres sont gercées et pâles. J'aperçois, sur mon cou, une marque violacée qui entoure une minuscule croûte, comme après une piqûre. Je trouve ça étrange, mais je poserai la question à l'infirmière une fois changée. Je continue mon observation et descends mon regard sur mon corps. Mes omoplates sont plus saillantes que d'habitude, ainsi que mes côtes. Mes muscles sont bien moins visibles qu'à l'origine. Je bloque, un instant, sur la tache de naissance en forme de croissant de lune se trouvant entre mes seins puis je poursuis remarquant mes jambes autant amincies.

Je reprends finalement mes esprits puis continue de m'habiller.

J'enfile la tenue complètement blanche, qui se compose de la veste en cuir par-dessus le crop-top bandeau en plus du pantalon qui tombe sur les bottines à talons.

Pourquoi des talons d'ailleurs ? Sérieux ? Elle veut que je participe à une formation avec des talons. Comment veut-elle que je fasse ? Je déteste les talons, je ne sais pas marcher avec.

Je sors comme je peux de la mini-salle de bain, tentant de ne pas tomber avec ses foutues godasses. Quand je relève la tête, à la place de l'infirmière, se trouvent deux hommes. L'un est très grand et gras, avec de longs cheveux bruns relevés en queue-de-cheval, tandis que l'autre est fin et court sur pattes malgré ses muscles que l'on devine sous sa veste. Ses cheveux sont coupés ras et si ses yeux contenaient des lasers alors je serais déjà morte.

— Mademoiselle, veuillez nous suivre, je vous prie, ordonne-t-il en ouvrant la marche.

Je le suis et son compagnon ferme la marche. Nous avançons dans des couloirs encore blancs. Plein de portes s'y trouvent, mais nous n'empruntons aucune d'elles. J'essaie tant bien que mal de ne pas me laisser distancer mais ces talons me compliquent la vie.

Heureusement que ce ne sont pas des escarpins.

— Sommes-nous bientôt arrivés ? demandé-je. Je commence à avoir mal aux pieds.

— La salle où nous nous rendons se trouve au bout du couloir, me répond le premier.

J'acquiesce et continue d'avancer me concentrant sur autre chose que ma douleur.

Je vais avoir une ampoule si ça continue.

D'un seul coup, le premier homme s'arrête, je me tords la cheville et tombe au sol.

— Nous sommes arrivés. Je vous prie de vous relever et d'aller rejoindre le reste du groupe, dit le second.

— Le reste du groupe ? demandé-je, me mettant debout.

Une fois debout, mon escorte n'est déjà plus là. C'est étrange. J'aurais dû les entendre partir. Je ne me pose pas plus de questions et ouvre la porte. Lorsque je touche la poignée, un coup d'électricité me parcourt, comme pour me prévenir de quelque chose.

De l'autre côté de la porte, je découvre une grande salle, encore et toujours blanche, avec d'un côté, des tableaux de commandes surveillés par de nombreuses personnes. À l'opposé, se situe une longue table ovale et blanche avec des chaises transparentes autour. Huit jeunes, d'environ mon âge, sont attablés à cette dernière ainsi qu'un homme renvoyant une forte impression de pouvoir, assis en bout de table. Une femme menue se trouve à sa droite tenant dans ses mains fines une tablette, comme celle que portait l'infirmière.

Visiblement, ils m'attendaient.

— Bien ! Nous vous attendions, s'exprime l'homme confirmant mon entendement. Allez-y ! Je vous en prie, prenez place Mademoiselle que nous puissions commencer.

Mettant de côté ma raison, je m'assois à côté d'une jeune fille plutôt posée.

Je remarque, par ailleurs, qu'ils sont tous vêtus de blanc. Exactement les mêmes vêtements que je porte.

De ce que je vois, en tout cas.

L'homme interrompt mes pensées et prend la parole :

— Tout d'abord, bonjour à tous et bienvenue au centre de contrôle. Je m'appelle Charles Bowers et je suis le commandant de l'endroit où nous nous trouvons, sourit-il. Avant que vous ne posiez trop de questions, voici la raison pour laquelle vous êtes ici. Vous avez été choisi pour être stagiaires, avec nous, au Centre de Contrôle de la Vie Extérieure. Chacun a été sélectionné à la suite de vos actes passés. Sans cela, vous ne seriez pas présents. Il nous regarde tour à tour, captant notre regard.

— Chaque jour, vous en apprendrez un peu plus sur le déroulement du contrôle de la vie. Vous serez séparés. Chacun sera réparti dans différentes zones pour vous apprendre à la contrôler. Chaque lundi matin, jour où vous changerez de Bloc, vous trouverez, dans une enveloppe à votre nom, une question à laquelle vous devrez répondre le samedi soir suivant. À chaque arrivée dans une nouvelle section du bâtiment, vous devrez extrêmement bien suivre les règles qui vous seront données un peu plus tard aujourd'hui. Si vous enfreignez ne serait-ce que l'une d'entre elles, des sanctions seront mises en place pour que vous réfléchissiez à vos actes. Ces sanctions vous seront également données avec les règles. Maintenant, Carol va vous emmener dans vos quartiers, je dois absolument y aller, annonce-t-il en se levant.

Nous le regardons se diriger vers la sortie jusqu'à ce qu'il se retourne et ajoute :

— Bien évidemment, nous voulons voir si vous avez un bon sens de l'orientation donc nous ne vous ferons aucune visite et vous devrez vous repérer seuls pour arriver à l'heure à chaque rassemblement.

Carol, l'assistante, acquiesce et nous incite à la suivre.

— Si vous voulez bien me suivre, amorce-t-elle. Je vais vous montrer l'endroit où vous passerez vos nuits.

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