Chapitre 6

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Je me réveille en entendant un bruit d'eau. J'ouvre les yeux et me remémore les souvenirs d'hier. Mon réveil dans l'infirmerie, la brève explication de Monsieur Bowers, la lettre, les nouvelles explications en vidéo et, enfin, les présentations. Je regarde mon bracelet qui, en plus de prendre les constantes, affiche l'heure. Je me lève après avoir lu 5h47, trébuchant sur un tas de vêtements blancs proche des bottines d'hier. Je comprends que ce sont mes vêtements de la journée quand je remarque que Brook porte les mêmes. Elle me sourit timidement, me faisant un signe de la main.

— Salut, ose-t-elle. Tu ne te réveillais pas alors j'allais venir le faire. Finalement, tu as été plus rapide.

— Merci. La prochaine fois tu devras peut-être prendre les devants, rigolé-je en attrapant mes affaires et me dirigeant vers elle. Je te propose que l'on compte l'une sur l'autre pour se réveiller. Si l'une ne se lève pas alors l'autre la réveille. Qu'est-ce que tu en penses ?

— Je suis d'accord. Alors marché conclu, affirme-t-elle en me tendant sa main.

Je la serre et pars à la douche rapidement.

Quand j'arrive dans la pièce du fond, je remarque que Montana s'y trouve déjà. Je vais pour opérer un demi-tour, comptant prendre ma douche un peu plus tard mais ma montre affiche maintenant 5h51.

Je ne dois pas perdre une minute de plus, déjà que je ne sais pas où se trouve le réfectoire, si j'arrive en retard le premier jour, je vais être mal vue et surtout privée de nourriture. Et ça, c'est hors de question, parce que la bouffe, c'est la vie d'accord.

Je me retourne et prends la douche la plus éloignée pour que les autres ne me voient pas. Je me déshabille en me cachant le plus possible bien qu'il n'y ait que Montana.

Je me trouve face au mur et appuie sur le bouton qui déclenche le pommeau de douche. L'eau froide coule sur mes cheveux avant de descendre sur mes épaules et le reste de mon corps. Je penche la tête en arrière pour apprécier un peu plus la sensation qui dénoue les nœuds de mon corps. Je finis par prendre conscience que je ne dois pas perdre plus de temps et appuie sur le distributeur de gel douche. Je me savonne, me rince et entre dans la boîte de séchage.

J’ai dû chercher avant de comprendre à quoi elle servait mais finalement c’est plutôt simple et efficace. On rentre dans une boîte, on ferme la porte puis on appuie sur le bouton qui nous souffle de l'air chaud. Enfin, je devrais dire partiellement.

Quand j'en sors, je m'habille de vêtements identiques à ceux d’hier et retourne dans le dortoir. Je me dirige vers mon lit quand une voix me surprend.

— Tu es une vraie marmotte Bunny, rigole le Looser. Tu veux te faire sanctionner dès le début, dis donc.

Je continue mon chemin en lui répondant :

— Toi aussi apparemment. Pourquoi tu n'es pas encore là-bas ? Nous ne savons même pas où se trouve le réfectoire et toi, tu restes planté là.

Je tombe sur une enveloppe à mon nom sur ma table de chevet.

— Tu devrais l'ouvrir rapidement pour que l'on puisse y aller, s'exprime Aloïse que je remarque adossée contre le mur proche de son lit.

Je lève la tête et remarque qu'en plus de ces deux-là, Liam et Brook sont restés.

— Noah voulait absolument que l'on t'attende pour ne pas que tu te perdes en cherchant le réfectoire, Brook était d'accord avec lui, affirmant que l'on devait rester groupé pour le moment, m'explique Liam avec un sourire. Alec est parti repérer la cantoche, Montana s'est cassée sans rien dire avec cet air vulgaire et Raphaël, je crois, qu'il est parti discrètement. C'est un timide lui.

— Bon laissez-la lire sa question que l'on puisse y aller avant que l'on soit en retard, il est déjà 6h04, on doit se dépêcher si on veut trouver à temps le réfectoire, me vient en aide Brook.

Ils se taisent tous et me laissent ouvrir mon enveloppe. Je tire la lettre et lit son contenu :

« Comment choisit-on la personnalité de l'enfant ? »

— Ok. C'est bon, on peut y aller, lançai-je en me levant de mon lit.

Je me dirige vers la sortie de la chambrée, suivie des autres, pour passer la porte du salon qui nous mène dans le couloir.

— Génial. Où va-t-on maintenant ? demande Aloïse.

— On ne peut aller nulle part sans passer par le passage qui mène à l'ascenseur. Je propose donc que l'on avance et on y réfléchira en chemin, lance Brook.

— Je suis d'accord avec elle, renchérit Liam. Surtout qu'il est déjà 6h08.

Nous commençons donc à avancer dans le seul corridor qu'il y a et nous distinguons, au bout d'un moment, l'ascenseur de la veille.

— Attendez ! m'écrié-je. Mais oui, c'est ça !

Les autres me regardent interrogatifs mais je ne leur réponds pas.

— Venez avec moi, je sais où nous devons aller pour nous rendre au réfectoire, lancé-je en me mettant à courir.

Je les entends me suivre et quand nous arrivons devant l'ascenseur, je martèle le bouton d'ouverture.

— Mais qu'est-ce qu'il y a ? Explique-nous au lieu de partir comme une furie, m'interroge Noah.

L'ascenseur s'ouvre à ses mots. Nous entrons dedans et je leur explique finalement.

— Regardez, dis-je en montrant un bouton où est inscrit le mot réfectoire.

Noah se met à rigoler tandis que Brook pouffe. Aloïse sourit et Liam croise les bras résolus à se détendre.

C'est bon, on est dans les temps. Je ne sais pas si nous montons ou au contraire si nous descendons, mais ce trajet me parait long.

D'un seul coup, l'ascenseur émet un bruit et les portes s'ouvrent nous offrant une vue sur une salle blanche contenant plusieurs longues tables où de nombreuses personnes sont attablées. Nous entrons à l'intérieur et apercevons Alec nous faisant de grands signes. Nous marchons dans sa direction, slalomant entre des hommes et des femmes. Certains sont tatoués tandis que d'autres n'ont aucun dessin sur le corps. Quelques-uns nous dévisagent à notre avancée et d'autres ne nous prêtent aucune attention. Et tant mieux.

Nous arrivons au niveau de la table où se trouve Alec. Montana et Raphaël s'y trouvent également ainsi que deux autres gars.

Nous nous asseyons sur les bancs lorsque Monsieur Bowers entre dans la pièce, ce qui fait taire la salle entière. Plus aucun son n'est audible. Le brouhaha a cessé et à ce moment-là, on peut entendre une mouche voler.

L'homme se met à chercher quelque chose des yeux quand nos regards se croisent, il se détourne et acquiesce, signe que nous pouvons reprendre nos conversations. Quand je me retourne vers la tablée, je m'aperçois que les deux gars que je ne connais pas se trouvent à ma droite, l'un en face de l'autre.

— Pour des nouveaux, vous avez trouvé drôlement vite le réfectoire, lance le gars à ma droite.

— C'est grâce à Eliona, rétorque Liam. C'est elle qui a remarqué qu'il y avait un bouton réfectoire dans l'ascenseur.

— Eliona... ? s'interroge l'autre. Enchantée ! Moi, c'est Tora et lui, c'est... AÏE ! Mais qu'est-ce que tu fais ?

— Je peux très bien me présenter tout seul donc tu la fermes, s'énerve l'autre.

Tora se retient de rire la main devant sa bouche. Il est grand, avec des cheveux de jais et ses yeux sont d'un bleu profond presque noir. Je suis coupée dans ma contemplation quand son ami s'exprime :

— Salut, moi c'est Anton. Vous êtes tous prêts à débuter cette formation ?

— Alors personnellement, je me casse dès que je peux, je ne resterai pas une éternité avec ceux-là et encore moins si je dois me mettre à poil devant eux chaque jour, balance Montana. Mais euhh... sinon j'm'appelle Montana. Salut.

Ohh... Mon Dieu, mais ce n'est pas vrai. Sérieux, quoi. Elle ne peut pas arrêter de dramatiser et de draguer dès le premier jour, c'est abusé.

— Euhh... Ouais. Salut, répondent Tora et Anton coordonnés.

— Vous êtes ici depuis longtemps ? Vous faites quoi ? Comment peut-on sortir d'ici ? Vous avez une petite am...

— Montana ! la coupe Alec. Stop. Arrête.

— Mais j'ai bien le droit de leur poser des questions et tu n'es pas mon père alors tu te tais.

Le balafré ignore la pique et se retourne pour parler avec Aloïse.

Un silence gênant s'installe à la table. Il est coupé par Monsieur Bowers qui s'avance jusqu'à nous. Il demande le silence et ajoute :

— S'il vous plaît tout le monde ? Je vous prie de bien vouloir accueillir comme il se doit nos nouveaux arrivants. Comme la plupart d'entre vous, ils sont avec nous pour découvrir le fonctionnement du Centre de Contrôle de la Vie Extérieure ou comme j'aime l'appeler, le CCVE, annonce-t-il. Je compte sur chacun d'entre vous pour les accompagner dans leur apprentissage. Regagner vos places pour que le petit-déjeuner puisse être servi ainsi que l'attribution des zones pour nos stagiaires.

Il s'assoit à notre table tout sourire lorsque des sortes de gros drones sortent du plafond pour nous apporter notre repas. Au menu, il y a une salade de fruits, deux viennoiseries, un jus de fruit et une tasse de chocolat chaud.

Nous commençons à manger dans un silence pesant. Je bois une gorgée de mon jus de fruit, ce qui m'arrache une mimique de dégoût. Mon Dieu, ce jus est immonde ! Comment Anton et Tora font-ils pour boire ce truc. Ahh ! Je fais comme si de rien n'était et repose mon verre. Je constate que le monde autour de nous discute tellement fort que je commence à en avoir mal à la tête.

C'est alors que les drones nous ayant servis reviennent se poster au-dessus de nos têtes, changeant de formes pour laisser place à des écrans plats tenus par des hélices. Ces derniers s'allument et nous révèlent notre zone de la semaine : Alec au Bloc Technique – Bloc T, Aloïse en Bloc Principal – Bloc P, Brook chargé du Bloc de Défense – Bloc D, Liam attaché au Bloc de Contrôle de la Mort – Bloc CM, Montana au Bloc d'Entraînement au Combat – Bloc EC, pour Noah le Bloc Infirmerie – Bloc I, Raphaël ira au Bloc Scientifique – Bloc S, tandis que moi, je dois me rendre au Bloc de Contrôle de la Vie donc le Bloc CV.

— Pardon ?! s'exclame la garce outrée. Il est hors de question que j'aille dans le Bloc d'Entraînement au Combat, je vais me casser un ongle et me faire mal quelque part. Surtout que je voulais vous demander de me ramener chez moi, Charles. S'il...

— Mademoiselle ! la coupe le concerné. Tout d'abord, vous devez m'appeler Monsieur Bowers ou simplement Monsieur ou encore Chef d'État-major des Armées mais sûrement pas Charles. Ensuite, vous ne pouvez pas partir avant la fin de la formation. Enfin, si vous tentez de vous enfuir, vous savez ce qui vous attend donc je vous conseille de rester à votre place et d'aller vous préparer.

— Mais...

— Il n'y a pas de mais, la fait taire le chef. Maintenant, filez !

Montana se lève ainsi que Raphaël, Brook et Liam. Je regarde mon bracelet cherchant l'heure constatant qu'il est déjà 6h46. Je devrais me dépêcher. Je commence à me lever pour me rendre dans ma zone quand Aloïse pose une question qui me taraude également, ce qui me fait m'arrêter pour écouter :

— Monsieur Bowers ? Si ce n'est pas indiscret, ose-t-elle. Pourquoi ces sanctions si ce n'est qu'une simple formation ?

— Je comprends votre question, Mademoiselle, commence-t-il. Tout d'abord, nous avons eu un accident il y a quelques années, un des stagiaires s'est enfui et nous l'avons retrouvé mort des semaines plus tard. Le gouvernement nous est tombé dessus et nous a privés des matériaux nécessaires pour vivre. À cause de ce jeune, nous avons perdu un grand nombre de personnes qui vivaient ici, nous ne souhaitons, en aucun cas, que cela ne se reproduise. Nous avons mis en place un vote pour mettre en place des sanctions. Le tiers de la population était pour, tandis que les autres trouvaient ces punitions trop strictes et trop sanglantes. Nous avons donc convenu qu'elles seraient uniquement rappelées pour faire peur aux stagiaires et qu'ils ne reproduisent pas la même erreur.

Je voyais sur le visage d'Aloïse et dans les yeux de Noah et d'Alec qu'ils pensaient comme moi, ils n'en croyaient pas un mot.

On nous cache quelque chose et je vais le découvrir. D'ailleurs, je devrais commencer par ces jus de fruit au goût immonde.

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