Chapitre 5
Tous se dirigent vers un lit. Je fais de même et prends le dernier de libre se trouvant être le troisième à droite entre Alec, si je me souviens bien, et la fille de l'ascenseur.
Je m'installe, ouvre l'enveloppe, comme les autres, et commence à lire.
Stage au Centre de la Vie Extérieure
Bonjour à toutes et tous, nous nous sommes déjà vus tout à l'heure mais cela aurait été trop long de tout vous expliquer. Alors, moi, Charles Bowers, Chef d'État-Major des Armées, j'ai organisé ce stage. Comme chaque année depuis, maintenant, 15 ans, des jeunes comme vous sont choisis pour avoir la chance de participer à cette formation et de mieux comprendre la Vie. Il faut que vous sachiez comment va se dérouler ce stage alors je vous laisse lire la suite.
Déroulement des journées
Chaque jour, le petit-déjeuner sera servi très tôt dans le réfectoire, vous devrez donc être prêts. Par la suite, le tableau des répartitions vous indiquera quelle zone vous sera attribuée pour la semaine. À 7h, vous devrez être arrivés dans votre zone et vous mettre au travail d'après les ordres de votre dirigeant. À 12h, une alarme se déclenchera signifiant l'heure du repas. Vous reprendrez le travail à 14h et le finirez à 18h, le temps de vous changer pour le repas qui arrivera à 19h30. Par la suite, vous aurez du temps libre dans votre espace jusqu'à 20h30, l'heure du couvre-feu.
JE TIENS À PRÉCISER QUE VOUS DEVEZ BIEN VOUS TROUVER DANS VOTRE ESPACE ENTRE 19h30 ET 20h30.
Une fois celui-ci passé, si l'un de vous est à l’extérieur de ses quartiers, il sera sévèrement sanctionné dès la première heure le lendemain (voir, point « sanctions »).
Ci-dessous, se trouve une liste de 10 règles à ne pas enfreindre, dans le cas contraire, vous obtiendrez la peine maximale (voir, point « sanctions »).
Règlement au sein du centre de contrôle de la vie extérieure
Règle n°1 : faire tout ce que vous demande le dirigeant de votre zone affectée et le respecter. ♢
Règle n°2 : ne JAMAIS être en retard. ♧
Règle n°3 : ne pas lier d'affinité au-delà de l'amitié avec ses collègues. ♡
Règle n°4 : ne pas essayer de s'enfuir ou de se suicider. ♡
Règle n°5 : ne pas tenter d'assassiner une personne du Centre de Contrôle de la Vie Extérieure. ♡
Règle n°6 : ne pas enfreindre 3 de ses règles, sous peine de recevoir la peine maximale (voir, point "sanctions"). ♤
Sanctions
Il y a quatre sortes de sanctions possibles :
La peine de ♧ consiste à être privée de nourriture jusqu'à la fin du prochain week-end.
La peine de ♢ consiste à être enfermée dans la fosse jusqu'à la fin du prochain week-end.
La peine de ♡ consiste à être fouettée chaque soir pendant une semaine.
La peine de ♤ consiste à mourir.
Chaque règle comporte le signe de la peine qui lui est attribué, vous savez donc quelle peine vous attend si vous enfreignez l'une d'elles.
Sur ce, je vous invite à me rejoindre dans la salle principale pour plus de détails.
La peine de mort ?! C’est extrême et pas rassurant du tout.
Quand je relève la tête, je remarque qu'il ne reste plus que Noah, la fille de l'ascenseur et moi. Le Looser me regarde, me lance un regard compatissant puis se lève.
— Allez. Venez les filles, annonce-t-il doucement. Les autres sont réunis dans le salon. Ils nous attendent.
Il se lève de son lit et la fille, dont je ne connais toujours pas le nom, remet la lettre dans son enveloppe et la place sous son oreiller. Elle acquiesce, inspire comme pour retenir ses larmes et se lève. Je les vois se déplacer vers la sortie du dortoir, mais ne me lève pas pour les suivre. Je reste sans voix.
Ces sanctions sont juste dégueulasses ! Et après ça, ils veulent que l'on croie à cette "formation" ?! C'est... C'est horrible. Ce n'est pas la vérité. Je le sens au plus profond de moi. Je ne suis pas à ma place. Quelque chose me gêne.
— Bunny ? Tu viens ? demande Noah, appuyé sur le chambranle de la porte.
— J'arrive, je réponds en laissant la lettre en plan sur ma couchette.
Je me dirige vers la porte où se trouve le blond.
— Désolée, dis-je une fois proche de lui.
— Hey... Tu n'as pas à t'excuser, d'accord ? dit-il en enroulant son bras autour de mes épaules, me guidant vers la pièce à vivre. On va tous avoir besoin d'un temps d'adaptation à la suite de ce qui a été dit dans la lettre.
Nous nous installons là où il reste de la place. Noah sur le dernier pouf et moi dans le fauteuil à côté de...
— Au fait, moi, c'est Brook. Et toi ? demande la fille de l'ascenseur.
Je comprends qu'elle me parle à moi après que la pimbêche me donne un coup pour m'indiquer que l'on s'adresse à moi.
— On te cause à ta droite, là. Réponds qu'on n'entende plus sa voix.
Personne ne relève et je réponds à Brook tout en rigolant gênée :
— Je m'appelle Eliona, désolée.
Après un moment à attendre et discuter avec Brook, nous nous demandons, tous, ce que nous faisons là. Monsieur Bowers nous a dit qu'il nous attendait dans la pièce à vivre mais il n'est pas là.
Visiblement, il y a encore des menso...
Je suis coupée par un écran plat descendant du plafond ce qui a l'avantage de faire taire cette insolente qui jacasse.
Sur l'écran, nous apercevons Charles Bowers tout sourire malgré l'air mauvais que je perçois, sous ses épais sourcils.
— Rebonjour tout le monde ! J'espère que vous avez eu le temps de faire le tour de votre lieu de vie lors de cette formation. Normalement, si vous êtes tous ici, c'est que oui, rigole-t-il. Bien alors je vais pouvoir vous expliquer plus en détails ce qu'il va se passer.
Il prend un temps pour regarder ses feuilles qu'il finit par mettre en boule et jeter derrière lui. Nous sommes tous ahuris lorsque que l'on voit la poubelle se déplacer sous la boule de papier pour la rattraper.
Comment une poubelle peut-elle se déplacer toute seule ?!
Nous nous concentrons de nouveau lorsque le Chef d'État-Major des Armées, donc Charles Bowers, nous interpelle.
— Ne faites pas attention aux objets. Ici, ils sont configurés pour répondre aux besoins humains. Pour cette poubelle, nous l'avons configurée de sorte qu'elle aille partout où des déchets risquent de se poser, comme ça, elle optimise l'utilisation des robots de nettoyage. Bref assez parlé d'intelligence artificielle, se coupe-t-il. Reprenons le vif du sujet. Donc, comme vous le savez, chaque lundi matin, pendant 1 mois, vous vous réveillerez et trouverez une lettre à votre nom qui indiquera seulement une problématique. À la fin de votre semaine, le samedi soir plus précisément durant votre temps libre, vous devrez y répondre au dos, la remettre dans l'enveloppe et la déposer dans le tube qui vous est attribué à côté de votre lit. Celui-ci nous transmettra vos réponses. Ne négligez pas vos réponses puisqu’un système de classement sera affiché lors de votre affectation aux Blocs.
Il réfléchit un instant et reprend :
— Vous devez faire attention à votre comportement, votre travail effectué et votre implication puisque ce sont les éléments que nous évaluons. Plus vous êtes haut, plus vous aurez la chance de trouver à la clé de ce stage un travail haut placé mais également bien payé.
Il reprend son souffle pendant un moment, avant de poursuivre :
— Avez-vous des questions, jeunes gens ?
Certains d'entre nous semblent réfléchir et d'autres sont résolus, mais moi, moi j'ai une question pour lui.
— C'est quoi cette histoire d'épreuves ?
La fille aux cheveux blonds presque blansc vient de parler. C'est la deuxième fois que je l'entends, j'en suis étonnée. D'ailleurs, je ne connais toujours pas son nom, il faudrait que l'on prenne un temps pour faire les présentations.
— Les épreuves ? feint-il.
— Bah oui les épreuves ! C'est ce qu'elle vient de dire, ajoute la garce. C'est votre pote Carol qui nous a parlé d'épreuves.
— Ahh ! Veuillez accepter mes plus plates excuses envers Carol, elle est dyslexique. Parfois, elle confond les mots, dont « formation » avec « épreuve », se rattrape-t-il.
Personne ne dit rien. Un blanc s'installe mais est rapidement coupé par Monsieur Bowers.
— Bon sur ce, je crois que l'on s'est tout dit alors passez une bonne soirée et reposez-vous bien cette nuit puisque demain est un nouveau jour, finit-il par dire.
Puis il coupe la communication. Nous nous retrouvons dans un silence, digérant tout ce que l'on vient d'apprendre. Après un moment à ne rien faire, je me redresse, scanne la pièce et remarque que personne n'a bougé.
— Bon ! Et si on se présentait ? Que l'on connaisse un minimum les personnes avec qui nous allons cohabiter, proposé-je enthousiaste.
— Bonne idée, répond le gars à la cicatrice. Moi, c'est Alec Smith et j'ai 21 ans.
— Bien alors moi, c'est...
— Comment t'as eu ta cicatrice ? Elle est grave stylée, me coupe la garce.
Exaspéré, Alec ne répond pas directement.
— Euhh... Je ne m'en souviens pas, désolé.
— Ne t'excuse pas, tu n'es pas le seul à ne plus te souvenir de grand-chose, le rassuré-je. Bon sinon moi, c'est Eliona Shields, 19 ans.
— Ok. À mon tour ! s'excite Noah. Certains le savent déjà mais ce beau gosse ici présent se nomme Noah Sanders, 19 ans également, à votre service.
Je souris à sa présentation et je vois du coin de l'œil l'autre pouffiasse lever les yeux au ciel.
— Moi, euhh... c'est...
— Oh super ! En voilà une qui ne se souvient pas de son prénom. Finalement, je suis bien contente de me rappeler du mien, continue cette fille insupportable.
— Tu ne peux pas la fermer encore une fois, laisse-la finir ! m'écrié-je exaspérée. J'espère bien que tu te souviens de ton prénom puisque tu es la prochaine ! Vas-y, reprends Brook.
— Bon, bah, du coup, je m'appelle Brook. Brook Miller et j'ai 17 ans, se présente-t-elle gênée. À toi. C'est quoi ton nom ?
Je remarque à ces paroles un quatrième garçon assis à côté d'elle. Je ne l'avais pas vu avant. Heureusement que Brook était là sinon je l'aurais zappé. Montana a de la chance que Brook ait engagé la conversation envers ce garçon.
— Euh... Salut ? hésite-t-il. Je ... Je m'appelle Raphaël. Raphaël Whitacker, et euh... j'ai... j'ai 18 ans.
— Ehh ! Détends-toi mon pote, c'est cool ! réplique le blond aux cheveux mi-longs. Regarde, c'est simple, respire et lance-toi d'un coup. Salut, je m'appelle Liam Nelson, j'ai 20 ans et je ne sais pas ce que nous réserve cette formation, mais je vais m'éclater !
Nous éclatons de rire puis passons à la pouffiasse. J'aime bien ce surnom, ça lui va bien.
— Ouais, bon. Euh... Salut. Je m'appelle Montana Robinson et je sais pas ce que je fais là, mais je vais pas y rester longtemps je vous le dis, je me casse dès que je peux.
Elle a bien refroidi l'atmosphère, Mademoiselle-je-me-crois-supérieure-aux-autres. Bref, passons à autre chose.
Il ne reste plus que la grande blonde.
— Salut, sourit-elle. Je suis Aloïse Newman, j'ai 20 ans et je suis heureuse de vous rencontrer bien que ce soit dans des conditions douteuses. Pourquoi suis-je ici ? Comment suis-je arrivée ? Je n'en sais foutrement rien. Mais une chose est sûre, il faut être entouré pour pouvoir reconstruire quelque chose de bien. Alors j'espère que l'on s'entendra tous comme il le faut parce que passer 1 mois en cohabitation avec des personnes qui ne m'apprécie pas, ça ne va pas être génial, finit-elle en zieutant de travers la pouffiasse.
— Ouais, c'est totalement vrai, répondons-nous tous en cœur, excepté la pouffe.
— J'espère aussi que l'on s'entendra tous bien mais il va falloir que l'on aille se coucher, il est bientôt l'heure du couvre-feu, annoncé-je arrêtant les réjouissances de tout le monde excepté Montana qui ne rigolait en rien.
— Ouais, tu as raison, continue Alec. Allons-nous coucher.
Nous nous levons et partons dans le dortoir où des vêtements de nuit sont repliés sur chaque lit.
Chacun regagne sa couchette et se change comme il peut, tentant de dévoiler le moins de peau possible. Apparemment, il y a une exception dans le lot. Liam se change comme si personne n'était présent. Les filles et moi-même nous détournons le regard, gênées. Soudain, lorsque nous nous retournons pour accéder aux rangements sous notre lit, Montana et moi faisons face à un Alec à quatre pattes sur le sol en train de tâter les plinthes.
— Mais qu’est-ce qu’il fait lui ?
— Je vérifie qu’il n’y a pas de caméras ou de détecteur de mouvement, Montana.
— Oh.
— C’est pas bête, je dis rapidement en me m’allongeant au sol. Qu’est-ce que je dois chercher au juste ?
— Ne t’embête pas je vais le faire, dit-il en se relevant et en arrivant près de mon lit.
Après cinq minutes à avoir inspecter chaque mur, Alec rejoint son lit.
— C’est nickel, soyez peace, y’a rien à craindre.
Nous finissons par nous mettre au lit et nous endormir lorsque les lumières s'éteignent.
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