Chapitre 24

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— Réveillez-la moi, bon sang ! Ça fait déjà deux jours, je ne peux plus attendre. Cette pétasse va payer, j'entends lointainement.

***

— VOUS ÊTES VRAIMENT DES INCAPABLES ! DIX JOURS ! DIX PUTAINS DE JOURS QUE J'ATTENDS !

PAN !

Des bruits me font peur mais je ne peux ni bouger ni ouvrir les yeux pour voir ce qu'il se passe. Cette sensation est si frustrante et effrayante. J'ai juste besoin de savoir ce qu'il se passe et si nous avons réussi. Je n'arrive pas à identifier les voix qui me parviennent par vague. Quels jours sommes-nous pour que la personne soit si impatiente ? Qu'attend-t-il et pourquoi ? Qui est-il ? J'ai besoin de réponse, s'il vous plaît ?

***

— J'espère pour vous qu'elle est réveillée sinon je peux vous assurer deux morts de plus.

Encore cette voix. Mais qui est-elle ?

— Je vois.

PAN ! PAN !

— Elle réagit au tir. C'est déjà ça. Votre salaire du mois vous sera retiré.

— Mais Monsieur, nous n'avons déjà pas eu celui des deux derniers mois, comment allons-nous faire pour nourrir nos familles.

PAN !

— Trois. Trois morts.

— Tant que vous ne l'aurez pas réveillée comme ses amis, vous ne recevrez aucun salaire, me suis-je bien fait comprendre, entends-je plus clairement que les fois précédentes.

Je n'entends pas de réponse mais cette voix reprend aussitôt.

— Bien. Je vous conseille de vous mettre au travail le plus vite possible.

***

BIP BIP BIP BIP BIP BIP !

— Nous la perdons ! Appelez Monsieur Bowers en vi-

Monsieurs Bowers ?! Charles Bowers ?! Lui, le monstre ?! Non ! NON ! Ce n'est pas possible ! On s'est échappés ! On a franchi le... mur. L'explosion... Oh non... Oh non, non, non, non ! Putain, fais chier !

Je n'arrive plus à me concentrer sur les voix qui m'entourent mais j'ai une soudaine sensation de force qui m'envahit. J'ai comme l'impression de renaître. Cette agréable sensation de recouvrer toutes les sensations dans ses membres et de peu à peu retrouver la mémoire. Cette sensation de force qui m'envahit et me crie de me défendre et de tenter une évasion improvisée. Après tout, Charles a parlé que mes amis étaient déjà réveillés, donc si je les retrouve, nous pourrions avoir plus de chance de fuir une nouvelle fois. Ou je peux même trouver Matt. Allez !

Avec cette force inconnue, je me redresse et ouvre les yeux. Rapidement, je jette un coup d'œil autour de moi et me constate reliée par des fils à plusieurs machines qui doivent être connectées en Bluetooth aux tablettes des nombreux médecins dans la pièce. Tous se bousculent pour venir m'injecter des substances par intraveineuse et d'autres approchent avec un kit de défibrillateur. Lorsque je me suis redressée, ils ont tous été stupéfaits et ont stoppé leurs mouvements, ce qui me permet de tirer d'un coup sec sur les fils pour me débrancher et de l'entourer du premier médecin le plus proche. Il se débat assez bien mais je tien bon et il finit par tomber raide au sol. Je récupère la tablette qui se trouve sur ma droite et la balance sur un groupe de médecins qui tentaient d'approcher du téléphone. Je descends du lit pour récupérer une seringue tombée au sol et la plante dans la jambe d'un docteur qui arrivait avec une autre. Rapidement le sol est jonché de médecin mort ou évanouis.

Je sors de la salle avec prudence et assomme la garde qui se tenait devant la porte. J'enfile ses vêtements avec rapidité et me comporte comme tel dans les couloirs du niveau infirmerie. J'appelle l'ascenseur et me rends directement au niveau P qui, si je me souviens bien des indications de Matt, se trouve être la prison. Je suppose que mes amis y sont enfermés puisqu'il n'y avait pas la trace de l'un d'eux à l'infirmerie et je ne pense pas que Charles mettrait des personnes qui savent la vérité dans une chambre dans laquelle ils pourraient s'échapper et informer tout le monde de ce qu'il se passe réellement ici et au-dehors. Vous me direz, pourquoi la prison et pas la fosse ? Tout simplement parce qu'ils parlaient d'expérience sur l'une des tablettes que j'ai attrapées avant de sortir de l'infirmerie. Je sais également que Bowers a été prévenu de mon état dégradant, cependant, je ne suis plus dans la salle, ce qui signifie que je n'ai plus beaucoup de temps quand il découvrira que j'ai disparu en plus d'avoir assommé et tué ses médecins.

J'arrive à la prison et quand les portes s'ouvrent un garde approche alors je me cale de façon à ce qu'il ne m'aperçoive pas et je l'assome quand il ne s'y attend pas. Je longe les cages transparentes sans reconnaître mes amis jusqu'à arriver au bout du couloir où se trouve une porte blanche comme toujours et pour ne pas m'aventurer où je ne sais rien j'interpelle un prisonnier.

— Excusez-moi, qui a-t-il de l'autre côté de cette porte ?

Le vieil homme adossé au mur blanc de sa prison relève la tête et m'observe.

— Alors c'est toi ? C'est toi la fille de la prophétie.

— Euh... Oui. Oui, c'est moi et j'ai vraiment besoin de savoir ce qu'il y a de l'autre côté de cette porte s'il vous plaît Monsieur ?

— Ce sont les salles d'expérience humaine et de torture comme n'arrête pas de répéter ce jeune trois cellules plus loin depuis qu'il en est ressortit.

Je cours vers la cellule qu'il m'indique pour vérifier que ce n'est pas l'un d'eux mais je tombe sur un petit d'à peine 5 ans recroquevillé sur lui même en train de se balancer d'avant en arrière et de marmonner des paroles indescriptibles.

— Merci Monsieur pour ces informations, je le remercie en retournant le voir.

J'ouvre délicatement la porte qui me sépare de cette zone que tous ont l'air de redouter et je guette le couloir qui semble vide et étrangement calme. Lorsque je passe un pied dans le couloir blanc, je me fais attraper par derrière et étrangler. Je me défends tant bien que mal et répète mes entraînements avec Matt quand je vois ce détails qui changent tout. Leur tatouage. Son tatouage à lui avec son double grain de beauté au-dessus à gauche.

— Matt. Matt, c'est... c'est Eliona, je tente d'articuler avec son bras qui m'étrangle.

Il me lâche d'un coup et je me tiens la gorge en reprenant mon souffle.

— Eliona ? Mais qu'est-ce que tu fais ici ? chuchote-t-il.

Il se place face à moi et vient inspecter mon cou délicatement.

— Je viens chercher mes amis. Ils ne peuvent qu'être là vu ce que m'a dit le vieil homme, ainsi que ce que tu m'expliquais pendant nos pauses aux entraînements.

Il relève brusquement les yeux à mes mots et s'empresse de parler.

— En effet, ils sont ici mais tu ne peux pas les sauver, Eliona. Pas ici, je peux te le jurer. Mais je te promets de les prévenir que tu as tenté de les aider à ton réveil et de toute façon, nous essayons de trouver un moyen de vous sortir d'ici.

Il fait une pause ou je ne dis rien, déçue de ne rien pouvoir faire de plus. Mais je lui fais confiance, s'il me promet de trouver un moyen, c'est qu'il va le faire.

— Eliona, quand tu seras placée ici tu vas vivre l'enfer. Ils vont te faire croire plein de choses mais ce n'est pas vrai. Donne le moins d'informations possible, je peux te faire confiance ?

J'acquiesce et soudainement l'ascenseur se referme et remonte.

— Le temps presse, il faut que je fasse comme si je t'avais attrapé pour ne pas que ça éveille les soupçons. Je te promets que ça va aller. Je vais revenir pour vous, pour vous sortir de là. NOUS allons vous sortir de là !

Brusquement, il m'attrape le bras et me le bloque dans le dos tout en me retirant le casque. J'entends quelque chose qui s'enclenche et de nombreux grésillements retentissent dans le couloir blanc puis un autre bruit résonne avant que Matt ne s'exprime.

— J'ai retrouvé la fille. Elle est maintenue et je me trouve avec elle à la prison, à vous.

« Grrrzz... Bien reçu ! Nous vous rejoignons avec B, à vous. Grrz. »

— Bowers est avec eux, mais je te promets qu'il ne t'arrivera rien. Il faut que tu sois forte et que tu me fasses entièrement confiance, m'encourage-t-il.

Il enclenche une dernière fois le talkie placé sur son épaule et ajoute.

— Bien reçu, je vous attends.

Nous attendons toujours dans cette position bien désagréable, plutôt pour moi, et je commence à avoir une crampe à la jambe à rester à moitié accroupi.

— Ne pourrions nous pas attendre avant de nous mettre en scène s'il te plaît ? Je commence à avoir une crampe.

Il rit et je le sens par ses mouvements d'épaules.

— Tu vas devoir patienter un moment comme ça, nous ne pouvons pas nous permettre de baisser notre garde. À tout moment ils peuvent arriver et nous serons grillés.

Je souffle saoulée par le fait de devoir rester ainsi et tente de prendre sur moi. Aucun de nous deux ne parle et le silence devient pesant alors je ne peux m'empêcher de l'interroger.

— Ils vont bien ?

— Oui. Pour le moment, tout le monde va bien. Monsieur Bowers n'a rien commencé avant ton réveil, il voulait absolument que tu sois réveillée afin de pouvoir commencer les interrogatoires. Ce sera sûrement sous la torture par psychologie mais il faut que tu sois forte.

Je tressaille à ses dires mais je n'ai pas le temps de l'interroger davantage que nous entendons l'ascenseur arrivé et ouvrir ses portes.

— Bien, bien, bien. Ma chère Eliona. Quel plaisir de te voir bien vivante et bien réveillée. Nous avons cru te perdre quand tu as bu ce verre qui avait été empoisonné, je te promets de trouver le coupable et de le faire payer le prix cher.

Je ne dis rien, ne voulant pas divulguer d'informations et surtout ne voulant absolument pas répondre à ce monstre.

— Je vois, tu as perdu ta langue. Ne t'inquiète pas, tu vas la retrouver bien assez tôt. Matt, mettez-la dans la salle 1, et attachez bien ses liens, ordonne-t-il avec un sourire malsain tapissant ses lèvres.

— Bien Monsieur. Avance ! me cri Matt en me poussant vers le couloir. Ne tente pas de t'échapper ou les tasers te maintiendront assez bien au sol.

J'obéis et avance jusqu'à arriver au fond du couloir où se trouve une porte où est indiqué le chiffre 1. Le tatoué ouvre la porte à l'aide d'un trousseau de clés accroché à sa ceinture et il m'ordonne d'entrer ce que je fais suivi de près par Matt, Charles et un autre homme que je ne connais pas encore. Au centre de la pièce trône un siège incliné aussi blanc que le reste. Brusquement, je suis attrapée et presque jetée sur cette chaise aussi dure que de la pierre et attachée aux pieds, aux mains et à la taille.

— Parfait ! Appelons le médecin et préparons les salles pour le début des interrogatoires et des fameuses épreuves dont Carol vous a parlé, continue le Chef d'Etat-Major avec son éternel sourire malsain. J'ai hâte de voir de quoi vous êtes capable.

Au même instant, un androïde entre dans la pièce il est reconnaissable grâce à sa partie latérale droite qui est recouverte de métal ainsi que son œil robotique non recouvert. Sa blouse blanche prouve qu'il est médecin et un mauvais pressentiment me serre la gorge. En quelques secondes à peine, l'androïde est à côté de moi et je sens une légère pression sur mon bras puis je perds connaissance.

***

— Elle se réveille, Monsieur. Tout est prêt, j'entends faiblement en ouvrant les yeux rapidement éblouis par la lumière blanche.

Je referme aussi vite les yeux pour calmer le mal de crâne qui vient de m'assommer bien trop vite. J'essaie de me remémorer ne serais-ce qu'un léger souvenir de ce qu'il s'est passé et d'où je suis, sans y parvenir. Je tente de m'étirer afin de décontracter mes muscles encore engourdis par mon sommeil mais je n'y arrive pas, sentant quelque chose me maintenir les poignets et les chevilles et soudain tout me reviens par flash : la soirée, la tentative de fuite, l'explosion, le réveil dans l'infirmerie, ma tentative de retrouver mes amis, Matt, Charles Bowers et enfin son interrogatoire et ses épreuves à la con.

Mes yeux s'ouvrent en grand et je me débats dans le fauteuil inconfortable pour défaire mes liens mais très vite je suis maintenu par des androïdes et un liquide descend dans la perfusion qui m'a été faite et très vite je me sens détendu et engourdi. Un calmant. J'observe enfin ce qui m'entoure pour découvrir l'éternel monstre, le tatoué ainsi que Katia et l'homme que je ne connais toujours pas. Quelques androïdes médecins sont là également et me maintiennent avec une force surhumaine pour ne pas que je me débatte.

— Bien ! Maintenant que tout est près et que tout le monde est réveillé ainsi que vous très chère, nous pouvons enfin lancer les épreuves que j'aime tant ! se réjouie Bowers en se rapprochant en tapant sur son bracelet pour actionner un bouton.

Quelques minutes plus tard, un chariot toujours blanc apparaît par une ouverture qui s'est formée dans le mur. Dessus semble y avoir des sortes d'interrupteurs et intérieurement je ris. Oui, je ris. Je suis dans une position de faiblesse mais je ris. En même temps, qui s'attendait à voir des interrupteurs comme ustensiles de tortures.

Charles fait un signe à l'un des androïdes et celui-ci part chercher le chariot. Quand il se rapproche de moi et fini par s'arrêter devant moi tandis que le fauteuil se redresse, je remarque des plaques avec un écriteau gravé dessus. Je me concentre davantage afin d'y lire quelque chose jusqu'à finir par reconnaître les lettres qui se suivent : "A-L-E-C". Puis : "B-R-O-O-K". "A-L-O-Ï-S-E". "M-O-N-T-A-N-A". Sept interrupteurs, sept noms, sept amis. Un interrupteur pour chacun d'eux. Je les imagine dans la même situation que moi en train de réaliser qu'il y a des plaques avec nos noms reliés à des interrupteurs. Sur les leurs doit très certainement figurer mon prénom. Je ne sais plus quoi penser. A quoi peuvent bien servir ces interrupteurs ? Je crains le pire. Tout le monde se retire et Matt sort en dernier après m'avoir lancé un rapide coup d'œil qui se veut rassurant.

Je redoute les heures à venir mais j'en profite pour mieux analyser la pièce qui n'est pas intéressante du tout. Il est clair que rien ne m'aidera à m'échapper ici. La pièce est blanche du sol au plafond en passant par les murs. Tellement, que les coins de mur sont difficilement reconnaissables. Au centre où je me trouve, il y a ce fameux siège inconfortable aussi blanc et le chariot blanc également. Je ne vois pas bien derrière moi mais je crois me souvenir qu'il n'y avait rien à mon entrée. Rien d'intéressant donc.

Je sursaute quand un bruit de coulissement retentit. Devant moi descend une télé, également aux bords blancs pour changer. Au début, rien ne se lance alors je ne peux qu'attendre, toujours avec cette même appréhension qui me fait mal au ventre puis, comme toujours, Charles Bowers fait son apparition sur l'écran plat.

— Bien le bonjour à toutes et à tous ! J'espère que vous avez tous adoré votre petit somme artificiel parce que vous n'en aurez pas d'autre jusqu'à ce que j'obtienne ce que je veux, nous salut-il faussement joviale accompagné d'un sourire malsain. Nous allons devoir commencer vite, vite, vite si je veux des résultats rapidement alors, en résumé, j'ai besoin de savoir ce que vous avez appris, qui sont les taupes et comment avez-vous réussi à contacter les affranchis ! Ne dites rien maintenant, ce sera d'autant plus amusant sous mon interrogatoire spécial. Et sous les épreuves si vous ne parlez pas. Attention, je préfère vous prévenir tout de suite mais les épreuves peuvent tuer ! termine-t-il en rigolant comme un fou furieux quand l'écran s'éteint et se rétracte dans le plafond.

Je ne rigole plus du tout à présent.

Je n'ai qu'une envie : que Matt bouge son cul pour nous sortir de ce merdier ! J'espère qu'il est déjà sur le coup parce qu'il est hors de question que je crève ici. Ni moi, ni personne excepté lui, ce monstre.

Sans que je ne m'en aperçoive, un bras articulé sort brusquement du sol et tout aussi vite me plante une lame dans l'estomac ce qui m'arrache un hurlement de douleur qui se transforme assez vite en gémissement tandis que le bras a déjà disparu comme s'il n'était jamais apparu. Mon corps tremble légèrement tellement la douleur me tire dans l'ensemble du corps. La plaie saigne abondamment et je me demande s'il n'était pas prévu que je meurs dès maintenant, sans épreuves ni interrogatoires puis encore une fois, de l'autre côté cette fois-ci, un autre bras mécanique vient aussi rapidement me soigner. Seulement, il est tellement brusque qu'il ne fait qu'empirer le calvaire que j'endure déjà sans me donner ne serait-ce qu'un gramme d'antidouleur. Puis il repart comme il est venu : violemment. Quand je jette un coup d'œil, je ne vois qu’une blouse trouée et tachée de sang avec une peau parfaitement lisse où devrait se trouver une plaie.

Je n'ai rien compris à ce qu'il s’est passé, pourquoi m'a-t-on poignardé pour ensuite me soigner comme si je n'avais rien eu. Que va-t-il se passer après ça ? Le pire pourrait arriver. Pas le meilleur en tout cas.

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