Le trépas d'Alinar

4 minutes de lecture

Emprisonné en plein cœur de Dol’Oris, Alinar n’arrivait pas à toucher son pouvoir, la faute au collier noir autour de son cou. Une invention des premiers et des plus grands Thaumaturges pour pouvoir canaliser la Magie Blanche chez les plus jeunes et leur apprendre comment l’utiliser. Alinar connaissait cette invention sur le bout des doigts, pendant son apprentissage il avait tenté par tous les moyens de s’en dépêtrer, mais il n’avait jamais réussi. Aujourd’hui, alors qu’il contrôlait parfaitement la Magie Blanche et qu’il n’avait jamais été aussi puissant, il se retrouvait sans aucune capacité, condamné à pourrir dans l’une des geôles de la Cité Noire.

Enchainé, le moindre mouvement le faisait atrocement souffrir, si bien qu’il ne pouvait bouger que la tête. Les plaies à ses poignets saignaient, tout comme ses blessures au flanc et celle à l’arrière de la tête. Il ne se souvenait pas comment il avait atterri ici. Juste quelques bribes lui revenaient : il rentrait en compagnie de ses frères d’armes à Elebor pour retrouver les autres et faire leur rapport, une forêt d’arbres noirs, une attaque, du sang, beaucoup de sang, des hurlements. Et le voilà enchaîné dans la cité des démons, un Ol’hab autour du cou.

« Comment des démons ont eut accès à ce collier ? » se demanda-t-il alors qu’il regardait encore une fois autour de lui.

Les murs éraflés par les ongles des prisonniers passés, le sol poisseux de liquides dont il ne voulait imaginer ni la source ni la cause, des symboles et des mots écrits un peu partout dans d’innombrables langues et l’absence totale de fenêtre. L’angoisse lui comprima la gorge, d’habitude c’était lui le geôlier, lui qui posait les questions et torturait les démons.

Alinar ferma les yeux et tenta d’accéder à sa magie, mais il se heurta une nouvelle fois à un mur invisible qui le fit atrocement souffrir. Il réprima un haut-le-cœur face à l’ignoble migraine causée par les échecs successifs puis tomba à genoux par manque de force.

  • Voilà comment doivent-être les Thaumaturges : à genoux dans leur merde, à souffrir et à crever comme ils méritent !

La voix nasillarde appartenait à un démon de plus de deux mètres, la peau cendrée et une cicatrice barrant son torse musculeux. Ses yeux rouge sang fixaient Alinar avec une haine totale puis il cracha par terre.

  • Tu dois te demander ce que tu fous là, hein ? On a besoin de quelque chose et tu vas nous le donner, tout simplement. De gré ou de force. Je dois t’avouer, murmura-t-il en s’approchant dangereusement du visage d’Alinar, que j’aimerai que ce soit de force. Ah ah ah ah !
  • Je ne vous donnerai jamais le secret des Larmes Sacrées !
  • Fais-moi plaisir, pose la question.
  • Je… quoi ?
  • Pose la question !
  • Euh… pourquoi… pourquoi vous m’avez kidnappé ?
  • Pourquoi tu es ici ? fit le démon, feignant la surprise. Parce qu’on avait envie de s’amuser, voyons ! Pas besoin de connaitre votre secret, on a fini par trouver une petite parade et, si t’es encore en vie, c’est parce qu’on voulait te montrer ce que c’est, rien de plus.

Deux autres démons rentèrent dans la cellule et vinrent se positionner aux côtés d’Alinar. Trois démons, il aurait pu s’en débarrasser s’il n’avait pas ce satané collier et s’il n’avait pas les mains entravées. Celui qui avait parlé jusqu’ici passa derrière lui, détacha ses poignets comme s’il avait lu dans ses pensées et attendit le moindre mouvement.

  • Quel dommage ! Tu comprends que tu ne fais pas le poids…
  • C’est pas grave, maître ! siffla le démon à la droite d’Alinar, ses dents jaunis et ses cheveux à moitié carbonisés.
  • Il va souffrir comme les autres au final ! s’amusa celui à gauche, un œil et une main en moins.
  • Voyons ! Ne révélons pas tout maintenant, un peu de surprise !
  • Vous n’êtes que des créatures que l’on doit massacrer ! cria Alinar en essayant de toucher une nouvelle fois son pouvoir.
  • Sans pouvoir, tu n’es rien, petit Thaumaturge. Tu ne peux rien contre moi, je ne suis pas un simple démon, je suis… Et puis non, je n’ai pas envie de te le dire, c’est plus marrant comme ça ! Ah ah ah !
  • Tu ferais moins le malin si j’avais ma lame…
  • Ca tu veux dire ?

Le démon empoigna la Lame Sacrée, s’attarda sur les reliefs argentés et la garde gravée de symboles.

  • C’est vrai que vos épées nous empoisonnent et nous font cramer de l’intérieur… enfin, nous faisaient si je dois être plus précis.
  • Quoi… Comment…

Il ne laissa pas à Alinar le temps de finir sa question, d’un geste précis il s’entailla l’avant-bras droit. Il ne hurla pas, ne se décomposa pas. Alinar tremblait de tous ses membres.

  • C’est impossible ! hurla le Thaumaturge, horrifié.
  • Impossible n’est pas démoniaque !

Fier de sa blague, le démon à la peau cendrée fit signe à ses acolytes de faire avancer Alinar. Un long couloir se présenta à eux, des cadres en peau d’humains à première vue dans lesquels étaient représentés des créatures torturant des hommes, des femmes, des enfants. Après quelques mètres dans ce couloir de l’horreur, ils s’arrêtèrent devant une grande porte blindée à moitié ouverte.

Ce que vit Alinar lui retourna l’estomac et l’esprit. Attachés au plafond, des entailles de partout, des corps de Thaumaturges – vivant ou mort, il ne savait pas quoi en penser -, pendaient la tête en bas.

Alinar reconnut ses frères et sœurs d’armes, mutilés, la gorge parfois arrachée, des ecchymoses et des cicatrices recouvrant leurs corps nus. Parfois une poitrine se soulevait, parfois un râle trainait. Shila, Myorn, Pajas et compagnie, tous aux mains de l’ennemi.

Le sang tombait au goutte à goutte dans des fioles. Dans un coin de la pièce trônait un établi sur lequel reposaient une grosse quantité de seringue. Pleines pour la plupart. Non loin, un démon rachitique prit une seringue remplie de sang et se piqua la jugulaire. Ce fut la dernière chose qu’Alinar put voir, un gros coup à la tête lui fit perdre connaissance suivi d’un coup de lame en travers de la gorge.

Annotations

Vous aimez lire SeekerTruth ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0