Les larmes de sang
— Hum !!
— Ferme là !
Mon père le frappe au front avec le culot de la bière vide. Je relis son identité et ce de quoi on l’accuse.
— Debout fils ! En face de lui !
Je tremble jusqu’à lui et derrière moi, John prépare les munitions. Mon père tire le crâne de Vincenté, comme un boucher prêt à l’égorger avec les débris.
— Annonce lui tout ce que tu as appris ! Et qui tu es !
— Oui père. Je m’appel Adrian, je suis du Service Secret Libérateur, le SSL au nom de nouveau gouvernement légitime en place depuis vingt ans. Vous, Vincenté Heil, vingt ans, être accusé d’avoir violé la jeune fille d’un premier ministre, âgée de quinze ans et avait tout fait pour faire condamné cet homme bon. Votre trace à souillé une belle âme et celle de la nation. Par conséquent, je vous accuse de ces méfaits et vous condamne à mort.
John m’a passé un texte à lire et j’ai tout lu sans émotion.
— Hum !!
— Chut ferme là ! Bon, fils, tueurs à gages dans ce système est rémunéré très cher. Tu as bien lu ce que la justice pourrait mettre en taule.
— Maman le sait tout ça ?
— Ta mère une bonne mère et bien sûr, elle est au courant. Ce n’est jamais facile de tirer mais c’est un job qui accentue la haine. Dans ce monde en perpétuel rébellion, les femmes sont dans l’administration, la bouffe, les gosses et le ménage en général. Les hommes, sont dans de grosses responsabilités, la guerre ou racler la merde. Chaque fils suit son père et chaque fille sa mère. Tu veux choisir ? Le SSL te crèveras les yeux. J’ai eu le loisir de le faire six fois en vingt ans pour des jeunes comme toi. Je ne veux pas te perdre. Tu comprends ?
— Oui père mais pourquoi tu m’as jamais raconté ça ? Ni même maman ?
— Pour nous, c’est obligatoire d’attendre la majorité. C’est le règlement.
— Il est bien sage ce fils de chien.
— Tant mieux John. Choisi une arme pour lui.
— Le fusil mon poulain. Je vais te montrer l’exemple en premier.
Il se prépare à viser pour envoyer une première balle dans le bas ventre. Le sang coule comme les larmes de souffrance. En fait, je ne sais pas si ce type à vraiment commis ce crime, mais je ne veux pas subir la torture, ni décevoir mon père. Et la société. Le SSL je connaissais son existence mais je pensais que mon père était un chauffeur de poids lourds. Et ma mère poissonnière. En revanche, j’ai tant de secrets à découvrir, moi qui est un garçon solitaire, ayant dû rester à la maison depuis ma naissance.
Plus sûr de moi, je me saisis de l’arme avec sa sueur moite pour viser. J’arrive bien à cerner :
— La tête ou le cœur ?
— Tel que ton instinct te dictes mon poulain. Un jour, tu seras un vrai étalon digne de ton père.
Les secondes passent jusqu’à dix pour enclencher la fin de vie. Les rires et la joie ce lient sur eux tandis que je fixe le mort. La balle à atteint son front, d’une telle violence, que de la cervelle s’en échappe.
— Boit à ton initiation mon fils ! Bienvenue au SSL ! Demain, on le fera aussi en te faisant rencontrer les autres membres et t’expliquer encore mieux notre organisation. Liquidateurs est notre nom exacte mais on préfère tueurs à gages car on a en vérité, parfois, en douce, quelques contrats privés. On a le droit à une vingtaine dans une année. Tout doit être déclaré au chef, à la fin de l’année, le pactole peut augmenter avec les primes correspondant à ces contrats. Enfin, bref, tu verras ça au fût et à mesure.
Il prend le fusil en échange que je prends une bière. John m’invite à signer l’acte de mort avec une photo du cadavre grâce au polaroid, remis au goût du jour depuis cinquante ans, plus pratique.
Une fois de retour la maison en le laissant sur place, ma mère est fier de moi, ce qui me choc encore plus. Tout cela n’a de sens….
— Au fait papa ?
— Oui mon fils ?
— Tu m’as pas dis quel service récupère les corps.
— Les petites mains. J’en fais partie.
Ma mère dépose le repas pour nous servir alors que mon père fume tranquillement en lisant des notes.
— Comment ça maman ? Vous savez quoi ?! Déballez tout par pitié ! J’en ai marre de vivre reclus ! Combien de gosses suivent les pas des agents du SSL ! Comment tu peux maman, récupérer les corps et où ils vont ! Combien de gens sont tués !? Et pourquoi ??
Ils se regardent pour une fois eux aussi surpris mais surtout pour la première fois, je ressens comme des regrets de n’avoir rien dit.
— Sert le ma chérie ! Autant qu’il prenne des forces, des bouleversements risquent fortement d’arriver.
— Je veux tout savoir maintenant !
— Fils ! Mange et ferme là ! Tu seras tout après !
— Maman ! Dit le que…
— Dépêche femme !
Elle se sent désolé et se soumet pour qu’on dîne en silence. À la fin du service, je veux l’aider comme à mon habitude :
— File au salon ! J’ai un appel.
L’ambiance est pesante, jamais je n’ai vraiment connu ça. Que se passe-t-il ? Pendant mon attente, entre la vaisselle et notre perroquet bruyant, je perçois la voix de mon père dans une maitrise de sa colère. Mon œil distingue au loin, la porte entrouverte avec ses pas mesuré aussi sur son tapis.
— Non Xavier ! Je le garde son contrôle c’est ce qu’on avait conclu depuis sa naissance ! Ecoutes moi ! Je suis le plus vieux du service ! Je connais les rouages et ces types feront tout pour lui en faire baver ! Quoi ?! Tu délires ! Tu oses me dire qu’ils t’ont achetés ?! Donne des noms ! Tu refuses ? Tu as peur ! Voilà tout ! Ils sont corrompus, vils et ils vont nous renverser ! Tu sais quoi ?! Je vais te protéger et tous les buter pour faire une bonne purge ! En échange, tu me laisses avec mon sang ! Parfait merci ! Au revoir !
La porte s’ouvre et je me dépêche de regarder mes pieds. Mon père se détend avec un verre de whisky en face de moi. Il en boit trois satisfait.
— Bien, ta mère est enfin là et l’heure des révélations continue. Pour commencer, nous tenons à nous excusez pour l’isolement. Au sein du SSL nous sommes à peine cinq cents et dans ce lot, tu es unique. J’étais au balbutiement de ce groupe, pour répondre à la demande du jeune gouvernement. J’étais deux ans dans la marine dès mes quatorze ans puis jusqu’à ma majorité, un garde du corps proche d’un haut gradé rapidement assassiné. La chute de la dictature à mener à une instabilité politique mondiale qui dure encore.
— En quoi je suis unique ?
— En tant que garde du corps, j’étais rapproché par Gérard Kloc, un ancien agent d’un service secret italien. Il a soufflé l’idée de fonde ce SSL. On était une dizaine pour éliminer pendant deux ans, du monde. Beaucoup de monde. C’est durant ces premiers mois que celui que je devais protégé fût donc tué. J’ai vu le meurtrier.
Les échanges de regard me perturbent, j’imagine qu’il va m’annoncer que j’étais adopté ? Et alors ? Ils m’aiment, hors, non, je suis unique, ça veut sans doute dire que…quelqu’un me recherche ?
— Lâche le morceau mon amour.
— Un peu à toi, fumer me manque.
J’accroche l’œil peiné de ma mère tout en voyant le sourire fier de mon père.
— Tu es protégé car tu es le petit fils de l’ancien dictateur Boris Hans. Alors, oui, ça fais beaucoup à encaisser et c’est une longue histoire. En résumé, l’homme que protégé ton père, était un ancien général ayant provoqué un coup d’état pour s’emparer du pouvoir. Il a assassiné toute sa famille et à menti en gardant le dernier, pour qu’il soit son propre fils. Le général à dévoilé son secret qu’à tres peu de gens et à ton père. Malheureusement, son fils découvre le secret par une note anonyme.
— Ok…et ? Comment je me suis retrouvé là ? On me recherche ?
— J’ai vu le meurtrier avant qu’il ne fuit. Par hasard, je devais passer voir le général pour une petite affaire tout en s’assurant qu’il allait bien. Je n’avais aucune idée de ce qui se tramé. C’était un soir comme un autre, il y a dix huit ans. Sauf qu’un coup à transpercer la nuit, mes sens en alerte, je suis rentré pour…faire déguerpir ton père. Son propre fils. Je crois qu’il devait te prendre en passant, il n’a pas eu le temps. Il a juste laissé le corps de son père adoptif, sa cervelle salissant le document top secret ainsi que cette fameuse note « Ton père n’est pas ton père, dossier T50, clé du coffre dans son cigarettier chez vous. Signé M, un ami qui veut la vérité ».
Il me laisse digérer sauf que d’autres questions me brûlent les lèvres autant que le mal de tête :
— Bon, donc, je suis descendant de ce Boris machin. Hors, enfin, la suite quoi !
— Il était hors de question de te laisser mort ou adopter. Mon chef, a accepté que je t’élève. Si on ne voulait pas que tu ailles voir les autres gamins dehors pour t’amuser ou étudier, on le regrette. On avait et on a peur qu’on te reconnaisse. Si tu verrais les photos, tu leurs ressemble. C’est flagrant. Et, ton père te recherches et continue d’agrandir son armée de rebelle. On essaye aussi d’instaurer une vrai justice comme auparavant, seulement, c’est impossible. L’ancien gouvernement fût pire que nous.
— Je…je vais me reposer. Merci quand même, de me protéger. Demain, je voudrais étudier cet ancien régime et savoir, depuis quand maman, tu travailles à….
— J’ai oublié de te répondre mais on tourne avec les épouses des agents. On a un planning pour ça. Demain, tu sauras depuis quand précisément. Et avant de te laisser dormir, sache que les crimes sont divers mais sont en majorité des meurtres, des viols et de la non-obéissance pour des membres des services du pays. On les incinèrent point.
— Combien ?
— En moyenne deux toutes les semaines. Notre Etat est presque mondial. Beaucoup de régions sont à nous. Dans les jours à venir, tu continueras d’en savoir plus. Encore navré de cette solitude, coupure du savoir. On t’aime et on te protégera quoi qu’il en coûte. Même si tu nous tues pour rejoindre finalement les valeurs de ton père. C’est la vie et la mort n’est qu’un passage pour un monde meilleur. Mes absences et ma dureté ne sont que des façades. Tuer par plaisir est aussi un masque. Je suis sensible et j’en ai marre de tout ce qu’il se passe, je fais avec, bien que j’aimerais qu’un camps gagne au final. J’ai choisi, à toi de faire de même et promis, comme ta mère et John, je ferais tout encore une fois, pour vous laissez en vie. Malheureusement, ç’est comme ça dehors, tant que personne n’arrivera à se parler calmement pour trouver un compromis.
Il accompagne ma peine et je me jette dans ses bras avant de faire de même avec mère. Dans ma chambre, dans la pénombre, dans mes yeux dansent, le corps en sang de Vincenté, ainsi que les larmes de mes parents. Je pleure rouge sans sommeil, voulant apprendre à supprimer mes émotions pour ma prochaine vie. J’ai encore beaucoup à savoir, je suis déterminé à aller jusqu’au bout.
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