La noce
C’est le grand jour, ce soir l’union d’Esther Gregorio et de Mathias Norton va être célébrée.
Esther vêtue d’une robe immaculée s’avance au bras du grand maître. Auprès d’un autel provisoire installé pour cette occasion, le colonel Norton et son fils Mathias attendent patiemment.
Mathias est plus grand que son père, il a le visage carré, un menton volontaire et le nez aquilin. Son physique correspond parfaitement à celui d’un futur militaire. Arboré de son nouvel uniforme, il a cependant beaucoup de prestance.
Esther évite son regard. Ne la quittant pas des yeux, elle fixe la statue installée derrière le prêtre. . « Comme elle a l’air serein avec cet enfant dans les bras pense-t-elle ».
Malgré la douce clarté des lieux, la statue semble auréolée d’une incandescente lumière. La vierge sourit à la jeune fille qui se sent rassurée par son indulgente complicité.
Les vœux sont échangés.
Le colonel Norton est ravi et heureux pour son fils.
Le grand maître fixe sa fille avec bienveillance, son unique fille qu’il abandonne à cet homme pour le bien de sa cité.
Mais si le mariage s'est déroulé sans problème, la jeune fille redoute la suite. C’est la fête, de nombreux Acuit et militaire sont invités. Des groupes se forment, tous s’enivrent et discutent gaiement de cet évènement exceptionnel, l’hymen d’un militaire et d’une Acuit. Aussi loin qu’ils puissent se souvenir, ils ne pouvaient se remémorer qu’une telle union a eu lieu dans le passé. Esther est silencieuse, elle sent sur elle les regards de Mathias et les pensées, les désirs du jeune homme lui soulèvent le cœur.
La soirée touche à sa fin, Esther se dirige vers la suite nuptiale, l’union doit être consommée.
Bien qu’elle soit toujours vierge, elle n’est plus une enfant et elle sait ce que cela signifie.
Elle a accepté de s’unir à cet homme. À présent, il va prendre son corps, et elle ne doit pas lui résister, elle doit s’offrir à lui.
Elle n’a jamais écouté les sermons du prêtre, mais elle se met à genoux et prie la madone de lui donner le courage de faire ce que l’on attend d’elle.
Quand Mathias entre dans la pièce, elle est allongée sur le lit, seul un drap la dissimule à ses regards, il se dévête rapidement, et prend place auprès d’elle.
Quand son père lui a annoncé qu’il serait uni à la fille du grand maître,
Il n’en revenait pas. Pourtant il s’en méfie, aussi jeune et innocente qu’elle soit c’est une Acuit et elle a le don.
Mais, « se dit-il » maintenant, elle est mienne.
Il l’a observé une bonne partie de la soirée, se réjouissant par avance de pouvoir enfin la toucher et la posséder, il la trouve belle quoiqu’elle ait encore les traits d’une enfant. Quand il la fixait, elle détournait le regard, mais il avait vu briller dans ses yeux des éclairs de révolte. C’était à n’en pas douter une vraie sauvageonne qu’il soumettrait à ses caprices sexuels.
Il la déleste du drap qui la couvre, elle est complètement nue. Mais à son cou elle porte ce foutu pendentif, son œil rouge l’observe d’un air narquois.
D’un geste brusque, il lui arrache, et se couche sur la jeune fille qui tourne la tête refusant ses baisers. Mais peu importe, il la pénètre et prend son plaisir.
Sur le sol de la chambre, le médaillon abandonné vibre discrètement.
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