Je m’appelle Alyssa, j’ai 17 ans et je vais commencer ma dernière année au lycée de Sombreval. Je suis une personne calme et réservée, même si je suis assez intuitive et sensible à l’émotion des autres. De longs cheveux bruns me tombent jusqu’aux épaules et.. non attendez. Avant de parler de moi, laissez-moi vous présenter où je vis.

Bienvenue dans la petite ville pittoresque de Sombreval, figée dans le temps, aux routes pavées et aux bâtiments d’une époque révolue. Avec seulement deux rues, elle dégage une atmosphère unique qui transporte les visiteurs dans un passé lointain.

En empruntant l’une de ces rues, l’église qui domine l’horizon attirera immédiatement votre attention. Sortie tout droit du Moyen Âge, cette imposante structure gothique se dresse majestueusement avec ses flèches pointues et ses vitraux colorés. Les gargouilles grimaçantes ornent les façades, témoignages des siècles et des légendes qui entourent la ville. Une aura de mystère émane de ce lieu sacré, où les prières murmurées semblent résonner encore aujourd’hui.

De l’autre côté de la cité se trouve le lycée. Mais attention, ce n’est pas une école ordinaire ! C’est plutôt un manoir digne du docteur Frankenstein qui se dresse fièrement. Les murs en pierre délavés et partiellement recouverts de lierre racontent des récits anciens tandis que les fenêtres aux volets usés gardent les secrets des générations passées.

À l’arrière du bâtiment s’étend une dense forêt, sombre et inquiétante. Des arbres plus que centenaires abritent des histoires oubliées depuis longtemps. Des légendes évoquent des enfants disparus, des fantômes et des loups-garous. Réalité ou fantasme ? En tout cas, peu de gens s’aventurent vers ce bois.

Cette ville semble figée dans le temps, comme si toutes les horloges s’étaient brusquement arrêtées il y a plus de 500 ans. Les habitants résident en harmonie avec le passé, préservant l’authenticité et le charme d’une époque révolue.

À chaque coin de rue, vous pouvez presque sentir l’histoire qui se dégage des bâtiments centenaires. La sensation d’être transporté dans un autre temps est palpable, créant une ambiance qui invite les visiteurs à explorer les mystères qui se cachent derrière chaque façade.

C’est dans ce drôle d’endroit que j’ai grandi. Le qualificatif le plus adapté pour mon enfance et mon adolescence dans cette ville serait solitude. Les rues pavées et les bâtiments empreints d’histoire étaient mes compagnons pour me créer des aventures, mais j’avais du mal à trouver des camarades avec qui partager ces moments.

Je me souviens des après-midis passées à explorer, seule, la forêt derrière le lycée, me perdant dans ses sentiers mystérieux, cherchant un réconfort dans la nature. Les arbres majestueux du bois étaient les uniques confidents de mes pensées les plus profondes.

Malgré mon désir de se lier d’amitié avec les autres enfants, je restais souvent en retrait, observant mes semblables avec du recul. Finalement, je m’évadais dans mes livres et laissais vagabonder mon imagination. J’aimais mieux cela plutôt que d’avoir des conversations superficielles avec des filles de mon âge, dont l’univers tourne autour des garçons. Surtout un. Ethan.

Il était, et demeure à ce jour, celui qui attirait le plus mon attention. Il me fascinait. Au-delà de son physique, il avait ce petit truc qui rend quelqu’un irrésistible. Il l’a toujours d’ailleurs. Mais je garde mes émotions bien enfouies au plus profond de mon être, effrayée à l’idée de partager mes émois et de mettre en péril le semblant d’amitié que nous avons. Peut-être qu’un jour, j’aurais assez de courage pour lui avouer mes sentiments ?

À présent, je repense à mon enfance avec une pointe de mélancolie. Je vais entamer ma dernière année au lycée, l’an prochain, je partirais probablement à l’université hors de cette ville que je n’ai jamais quittée. La grande satisfaction que j’ai, c’est que j’ai réussi à ne pas révéler mes secrets. Outre mon amoureux caché,

ce que personne ne sait, c’est que je possède un don. Des flashs prémonitoires. De temps à autre, je ressens des picotements le long de mes bras, je ferme les yeux, cela fait comme des éclairs dans ma tête. Une forte lumière blanche. Des images qui défilent rapidement. Puis plus rien. Ces instantanés qui m’apparaissent me permettent de voir le futur. Cela fait des années que je vis avec ce don. Je le cache pour ne pas attirer l’attention des autres. Seule ma mère connait mes capacités. Elle m’a encouragée à apprendre à le contrôler depuis ma petite enfance. Elle m’a également mis en garde sur le danger de posséder un tel pouvoir. Je devais me montrer très prudente quant à la façon dont je l’utiliserais : la plupart des gens ne comprendraient pas comment je peux avoir des visions du futur. Je ne voulais pas risquer d’être écartée parce que je dispose d’un don mystérieux. Et encore, heureusement que de nos jours les foules ne brulent plus les sorcières.

Je pensais que ce serait facile d’aller au lycée Sombreval sans trop attirer l’attention sur moi, mais j’ai rapidement découvert que c’était plus difficile qu’espéré. Chaque jour apporte son lot de surprises dans cet endroit. Ce matin, je commence mon ultime année dans cet établissement. Après, je quitterais cette ville. La sonnerie retentit. Cette année scolaire démarre, ma dernière année. J’inspire un grand coup, j’entre dans le sombre bâtiment tapissé de lierre. Je dépose mes affaires dans mon casier. Je file jusque dans ma classe, et m’assois au fond. Le professeur principal commence son discours de rentrée, quand Ethan pénètre à son tour dans la salle. 24 paires d’yeux le scrutent. Mais cela ne semble pas l’incommoder. Les autres filles chuchotent entre elles. Il se dirige vers la table à côté de moi, sans se défaire de son petit sourire. Je remarque que cela lui dessine une fine fossette. Je tourne vivement la tête et fixe maintenant le tableau, j’ai trop peur qu’il me voie en train de le dévisager. Je sens que je rougis. Il me fixe bizarrement. Je dois être en train de virer cramoisi. L’année risque d’être mouvementée...