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Comme le papillon passe de fleur en fleur, je regarde des photos sur mon ordinateur et j'hésite entre les laisser en couleur ou leur insuffler du noir et blanc. L'œil se pose, palpite et c'est un peu comme s'il se trouvait devant un texte en prose ou un poème : l'attente est différente, la lecture change de rythme, les ombres du noir et blanc creusent une question, s'inscrivent dans un désir, susurrent une émotion, voilent une réalité qu'il reste à chacun à révéler. Cela prend de la profondeur, ment un peu aussi, irrigue le rêve, opacifie les mots.
Comme des papillons ouverts, les livres posés sur ma table sont des dizaines, avec un marque page ou simplement retournés sur les mots en train d'être lus puis abandonnés ; ils sont là, cadavres d'un instant avant de se revivifier en un tour de main, de sortir de cette inertie factice et de délivrer à nouveau la manne nécessaire. Les mots reprennent alors leur travail d'oiseau et m’entraînent vers une fragile clarté où l'on voudrait retrouver la chaleur d'un soleil d'été. L'instant passe du gris au blanc, le jour s’agrandit, on respire à petit souffle, puis on lève enfin les yeux pleins de l'âme des autres.
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