Aujourd'hui j'ai fait de mes mains…

J'aurais aimé pouvoir dire que mes mains ont cousu, peint, découpé, scié, épluché, bâti, pétri, mais il faut se rendre à l'évidence il n'y aura rien de tout cela… Mes mains ne touchent que les bas-fonds de ce qui serpente en moi, cueillant puis exhibant ce qui nait dans les méandres des respirations qui me tiennent debout. Elles ouvrent le chemin pour des mots qui se forment et se posent sur le clavier, lettre par lettre, et créent petit à petit, ces boules de texte que l'on pourrait froisser sans que personne ne s'en soucie. Mains de riens !

J'erre, ébouriffé, dans les arabesques sombres de mon cerveau où les images des mots se mélangent, emmêlent leurs lettres, les entraînent dans une danse vers un désert fertile où il reste à trouver et à assembler les bons grains de sable entre eux pour recréer le mot, le mot juste, celui qui m'est nécessaire pour participer à la conversation, et non ce mot bizarre qui va surgir d'on ne sait où, parfois avec des sonorités jumelles ou un nombre de syllabes équivalents ou encore empreint d'une teinte secrète de moi seul connue, et colorer ainsi mon propos d'une touche d'étrangeté.