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Mon bureau est à l'image de l'écriture à laquelle je me frotte : il faut se frayer un passage à travers les obstacles – les piles de livres, les revues, les classeurs, les papiers à trier… - et trouver la voie, le passage jusqu'au fauteuil ou la chaise. La voix de l'écriture à travers les lectures, le silence, le corps, le regard, est aussi emplie de pierres où buter, d'oiseaux sombres et de terre qui crisse entre les dents. Obstacles ou fantômes d'ombres qui se dressent devant soi, qu'il faut enjamber, traverser… Nous ne sommes qu'en suspens sur le seuil...
Pourquoi n'irai-je jamais plus loin que le seuil ? Cette phrase prend racine en moi, reste en attente et me tient éveillé comme un filet d'air froid. Elle se couche là entre mes tempes comme un bois flotté, abandonné près de la rive sur laquelle le soleil a glissé un de ses rayons. Presque trop lumineuse, mais si fragile encore qu'il ne faudrait pas la déchirer par des mains trop avides. C'est alors que lui répond en écho, venue d'un autre cri : Je ne suis moi-même qu'un seuil par lequel je passe.
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