16. Les ailes du jugement
Blair agrippa la main de Curtis, le forçant à serrer son cristal à son cou afin d'unir sa foi et sa force avec leur Archange. Raziel se matérialisa de sa vive lumière dorée et les enveloppa de ses grandes ailes formant un bouclier cristallisé reflétant les couleurs de l’arc-en-ciel et ainsi les protégea des flammes.
Après plusieurs minutes à esquiver de justesse les bêtes démoniaques bondissant sur lui dans tous les sens, Ken haleta bruyamment en reprenant son souffle.
– ABADDON ! s’époumona-t-il.
Sa voix porta à travers le brouillard nuageux et atteignit enfin Abaddon.
Les créatures s’évaporèrent en un claquement de doigts sonore. En plissant les paupières, Ken repéra la silhouette de la démone.
– Pourquoi fais-tu ça ? Est-ce à cause de Cynethryth? hurla Ken en colère.
Elle laissa échapper un grand rire qui raisonna en écho. Soudainement, le battement de ses ailes noires résonna dans l'atmosphère annonçant qu'elle s'était téléportée vers la droite tout en dispersant les différents nuages gris qui l'entouraient. Ken regarda dans sa nouvelle direction, mais n'aperçut que son ombre à travers la brume épaisse qui continuait de prendre place dans le ciel.
– Tu veux dire à cause tes ordres! rectifia Abaddon d’un ton amusé.
Elle se précipita au loin derrière lui, à grande vitesse telle que ses yeux n’eurent pas eu le temps de la suivre.
– Mes ordres? se dit-il en fronçant les sourcils, choqué par sa réponse.
Ken secouait la tête, tentant d’effacer cette pensée et repris son interrogation.
– Avoue-le, c’est à cause toi si Cynethryth s’est voué au mal ! Je sais que tu étais là et elle s’est forcée à faire un pacte avec toi ! Elle est morte à cause de toi!
Le regard de Ken se concentra sur la silhouette irrégulière d’Abaddon cachée dans les nuages. Il se préparait à prendre son élan afin de la confronter face à face, mais elle s’esquiva en tournant autour de lui en apparaissant derrière lui, tantôt très proche de son oreille, tantôt à l’écart.
– Ce n’est pas moi qui l’ai tué… mais toi, lui répondit-elle en murmurant près de son oreille.
– Quoi, je ne comprends pas ? s’enquit Ken en se retournant vivement vers elle ou dans sa direction, mais elle n’y était plus.
– Tout comme tes parents et ton frère…ils sont morts par ta faute, ajouta-t-elle d’un ton qui retentit dans l’espace vide entre eux.
Ken était déboussolé par ses paroles tranchantes à son sujet. Ses mots résonnèrent profondément en lui, son cœur se mit à battre la chamade. Il pivota brusquement en tentant de garder les yeux sur Abaddon, mais elle était trop rapide, gravitant autour de lui.
– Non… ce n’est pas de ma faute, songea-t-il déconcerté.
– Tu ne t’es jamais demandé pourquoi tu étais une grande déception auprès de Lucifer et des autres anges ?
Les yeux de Ken s’écarquillèrent de stupeur, la poitrine serrée, il hésita à répondre pour finalement baisser son regard avec culpabilité. En quelques battements d’ailes, Abaddon vola directement à sa rencontre dispersant la vapeur des nuages sur son passage. Elle s’arrêta abruptement face à Ken lui projetant un regard malicieux, ce qui l’incita à lever les yeux.
– Pourquoi Lucifer est apparu devant Amelia avant son accident ? s’écria Ken scandalisé, en reprenant son courage.
Le sourire d’Abaddon s’élargit amplement et le regard encore plus menaçant, elle répondit :
– Tu n’as qu’à parler directement avec Lucifer, c’est lui qui te le dira.
– Quoi? commença Ken pris au dépourvu par cette déclaration, mais pourquoi lui faire du mal ? reprit-il en furie.
– Son amour va anéantir ton plan, Vehuel.
– Mon plan ? De quoi parles-tu ? projeta Ken, énervé par les réponses d’Abaddon qui l’étourdissaient.
– Je t’ai trouvé très intéressant comme ange la fois que tu es venu me rendre visite. Tu m’as suppliée de t’aider à faire disparaître l’espèce humaine.
Ken n’en croyait pas ses oreilles.
– Ce n’est pas vrai… jamais j’aurais l’intention de faire ça, répondit Ken toujours dans le déni déstabilisé par ces déclarations.
Ken repensa à la dernière discussion avec Angie qui n’osait rien lui dévoiler sur la véritable raison pour laquelle il avait perdu sa lumière intérieure. :
– Est-ce la raison pour laquelle je suis devenu un ange déchu? Je suis condamné à vivre avec des ailes noires…j’ai…j’ai vraiment détesté l’humain? songea-t-il perturbé par ses propres pensées.
– Là, tu deviens aussi pitoyable que ces humains. Tu te rabaisses à leur niveau vibratoire. C’est décevant.
Abaddon attrapa brusquement le collet du manteau de Ken, le tirant vers elle et lui chuchota sèchement près de son visage, méprisante :
– Tu voulais la justice. Tu m’as supplié de protéger cette terre contre le mal qui dominait dans chacun de ces pitoyables corps humains. Tu as accepté mon plan de manipuler la volonté et les pensées des humains pour leur faire croire que, s’ils se tournent vers le mal et me vénèrent, ils seront sauvés au prix de leur âme. En créant alors cette loi, ils se condamnent à vivre dans leur malheur avant de faire l’irréparable. Maintenant tu verras la nature les détruire…
— Non… jamais je n’aurais dit ça… Je ne suis pas un démon comme toi ! dit Ken d’une voix tremblante. Il ne voulait pas y croire, mais il laissait la vérité entrer tranquillement dans tout son être. Il acceptait ce qu’elle disait lui faisait du sens.
Insultée, elle lui arracha la tourmaline de son cou et la jeta en bas des nuages :
— Tu dois savoir que je refuse le statut de démon ! Je tiens à mon libre arbitre ! rétorqua-t-elle sévèrement, tout en retenant fermement Ken qui se débattait, affolé à l’idée de perdre sa pierre. « Le statut de démon me rendrait esclave des dieux. Je suis un Archange de l’abîme, de la destruction et du monde souterrain. »
Malgré la lumière restante d'Angie, Ken sentit le désespoir monter en lui. Abaddon profita de sa vulnérabilité pour siphonner son âme par fragment. Au fur et à mesure qu'il perdait de sa vitalité, les plumes blanches de ses ailes se dégradaient et devenaient grises. Abaddon le dévora du regard en l’enveloppant de sa noirceur, transformant complètement les ailes angéliques de Ken en plumes noires, comme elle. Un gémissement étranglé s’échappa des lèvres du garçon.
— Ce n’était pas de cela que tu craignais le plus… le libre arbitre des humains, déclara-t-elle se réjouissant de la torture que vivait Ken.
Il leva péniblement la tête et réussit à croiser les yeux d’Abaddon.
— Pourquoi mes ailes me font souffrir… ? se questionna Ken d’une faible voix agonisante.
— C’est ta noirceur qui te ronge de l’intérieur. Tu peux encore être sauvé et retrouver ta puissance grâce à moi.
Ken la fixa tentant de trouver un sens à sa proposition, c’est alors qu’Angie se propulsa hors de lui sous sa forme d’orbe fuchsia et repoussa Abaddon sauvagement. Il perdit ses ailes à cet instant même et chuta à travers les nuages en direction de l’océan, pour finalement frapper violemment la surface de l’eau de tout son poids. L’eau piquait comme des aiguilles frigorifiées pendant que l’obscurité rugissante se refermait au-dessus de sa tête.
À l'autre bout du monde, après qu’un séisme ait secoué la terre mexicaine de Veracruz, une adolescente hispanique se releva, déstabilisée, sans prendre la peine d’enlever le sable collé sur sa peau. Elle porta son attention sur les courants forts et irréguliers du Golfe du Mexique. Les vagues s’échouaient sur le rivage de la plage de sa ville, Playa Hermosa, pour ensuite retourner à la mer. Sous son regard horrifié, la mer devint moins profonde et l’eau se retira laissant un vide. Au loin, les vagues grandissaient en hauteur et en épaisseur donnant naissance à un tsunami. Les palmiers autour d’elle tanguaient sauvagement. Ses longs cheveux noirs prirent dans le vent et furent rejetés en arrière. Sa longue robe élégante, colorée en tissus amples, virevolta par les grands courants d’air. Les yeux ronds, effrayée, elle fixa le tsunami au loin, atteignant une hauteur de plusieurs mètres après avoir récupéré l’énergie de plusieurs vagues. Elle porta un regard furtif derrière son épaule en repérant sa petite demeure rurale dans le village située à courte distance de la plage. Elle savait que rien n’allait être épargné. Paniquée, elle se précipita vers sa petite maison pour retrouver ses parents.
En ouvrant la porte à la volée, elle s’écria de sortir immédiatement. En patrouillant toutes les pièces, elle ne les trouva nulle part. En se prenant le front, désemparée, elle s’efforça de penser à un autre endroit où ils pourraient se trouver. C’est alors qu’un brin de mémoire effleura son esprit :
— L’autel !
Elle se hâta à l’extérieur et courut à travers la foule affolée qui hurlait de manière hystérique. Se faisant bousculer dans tous les sens, elle réussit malgré tout à garder l’équilibre et sa vitesse. Lorsqu'elle arriva à la deuxième maison à deux rues de la sienne, elle fut soulagée de voir ses parents accroupis devant l'autel. Elle pouvait sentir de l’encens fortement parfumé à l'extérieur. Des portraits de membres de la famille décédés depuis longtemps étaient honorés sur la partie la plus élevée de l'autel. La table était tapissée de calaveras et de crânes en plastique pour la décoration avec le nom du défunt inscrit sur le front. En plus des bougies éteintes et des roses indiennes, des fleurs oranges occupaient le reste de la surface de la table. Son père tenta de réconforter sa femme, qui se concentrait sur sa prière, qu'elle récitait en espagnol, sanglotant les larmes de son corps.
Elle semblait inconsolable.
— On doit partir immédiatement ! s’alarma la jeune fille en s’approchant de ses parents.
— Ta mère ne veut pas, lui informa son père, en la regardant attristé.
— Mama ! cria-t-elle en agrippant son épaule.
— Non Mélina ! riposta sa mère en repoussant sa main.
Malgré les efforts de sa fille et les avertissements, elle ne voulait pas quitter l’autel. Mélina la supplia de la suivre, mais elle resta immobile. Sa mère ne voulait pas abandonner ce qu’elle avait bâti et acceptait la tragique situation. Mélina soupira, désemparée en s’éloignant de reculons. Soudainement, son regard fut attiré par sa petite sœur cadette de treize ans, recroquevillée sur le côté de la table à l’écart.
— Thalia ! s’alarma Mélina en se précipitant pour la rejoindre.
Elle s’accroupit en enlaçant ses bras autour de son cou.
— Tu vas bien ? s’inquiète-t-elle sans vouloir la brusquer.
— Je ne partirai pas, ça ne sert à rien, répliqua Thalia en anticipant l’intention de sa sœur de vouloir quitter les lieux.
— Non, ne dis pas ça ! On peut se réfugier sur la montagne si on part maintenant.
— Ramirez m’a dit que c’est ce qui doit arriver. L’humain est condamné.
— Quoi ? Notre frère t’a dit ça ? répondit Mélina outrée, tu sais Thalia ce n’est pas parce que c’est le plus âgé de nous deux qu’il possède toutes les réponses de l’univers, riposta Mélina emportée par la frustration.
Thalia tourna son regard marron en fronçant les sourcils, l’air boudeur.
— Et s’il avait raison ?
Mélina laissa échapper un grognement irrité.
— Papa ! Où est Ramirez ? cria Mélina en se relevant les poings serrés.
— Je ne sais pas, je n’ai pas été capable de le rejoindre.
Alors que la vague s’approchait et que les citoyens criaient en courant dans les rues, une dame septuagénaire au teint clair arrivait au seuil de la porte. Mélina porta rapidement son regard vers cette femme âgée à la courte chevelure blanche légèrement bouclée, au trait anormalement paisible.
— Isla ! cria Mélina avec espoir, aidez-moi ! Ma mère et ma sœur ne veulent pas bouger de là !
— Ne t’inquiète pas ma belle, je vais m’en occuper, fit Isla de sa douce voix rassurante en s’approchant d’elle pour ensuite se pencher vers sa mère.
— Je ne peux pas partir ! supplia la mère de Mélina.
— Ne t’inquiète pas, Lucia, je resterai ici avec toi, répliqua Isla en enlaçant ses bras autour du cou de son amie.
— Quoi ? rétorqua Mélina anxieuse et à la fois confuse.
Le grognement d’un tremblement se fit ressentir sous leurs pieds. Isla se tourna pour regarder Mélina calmement, l’air d’attendre quelque chose. Mais Mélina restait immobile, ne saisissant pas immédiatement ce que la vieille dame voulait.
— Rappelle-toi ce que je t’ai appris sur les énergies terrestres et la puissance des êtres célestes, finit-elle par ajouter.
Après un moment d’hésitation, la jeune fille se glissa par la porte. Elle courut en direction de la plage désormais déserte, puis quitta le sentier pour marcher sur l’accotement, un terrain vert bordé de fougères, de petits arbres et d’arbustes. Elle avait une vue parfaite de l’horizon situé juste en haut de la plage. Ses muscles se raidirent lorsqu’elle aperçut le tsunami plus haut que jamais, formant un mur d’eau imposant, qui allait engloutir sa ville natale tôt ou tard. Mélina secoua la tête pour fuir la peur qui montait en elle. Elle enleva ses sandales afin de bien ressentir l’herbe et la terre sous ses pieds nus. En prenant une profonde respiration, elle réussit à délaisser les tensions dans son corps. Elle ferma les yeux et, avec une intention positive, elle récita des phrases de bénédiction en guise de prière :
— Viens à mon secours, je t’en prie, avec tes légions célestes. Aide-moi à suivre ma destinée et apporter la protection pour ma famille et tous ceux qui me sont importants.
Instinctivement, Mélina leva ses deux mains devant elle, les paumes vers le ciel. La tête penchée vers l’arrière, elle pouvait sentir la chaleur des rayons du soleil se frayant un chemin à travers les nuages obscurs. Après quelques secondes, elle capta une vibration et sentit l'énergie d'un rayon rouge la laissant passer comme une flamme, puis une charge électrique traverser son corps. Elle continua ses respirations lentes et profondes afin de garder son calme malgré toutes ses nouvelles sensations qui la submergeaient. Elle ouvrit les paupières et s’agenouilla pour faire planer ses mains sur l’herbe comme si quelque chose l’appelait. Fascinée, ses yeux s’écarquillèrent alors que ses mains dégageaient une chaleur si chaude qu’elle avait l’impression d’être en feu. Un feu qui brûlait très intensément, mais ne détruisant rien et ne causant aucune douleur. Elle posa fermement ses mains sur le sol. Soudainement, elle sentit les vibrations souterraines trembler. Elles venaient de très loin, mais s’approchaient rapidement et s’intensifiaient. Quelques secondes s’écoulèrent et tout le Mexique fut encore une fois secoué par un tremblement de terre. Les bâtiments s’émiettèrent à leur base, résistant à peine à cause de cette intense agitation. Alors que les villageois perdaient leur équilibre sur les rues plus hautes fuyant pour se réfugier, Mélina restait immobile, bien ancrée sur le sol accroupi. Elle ne craignait plus le mouvement, mais restait attentive aux vibrations qui l’entouraient. En fixant le sol où étaient posées ses mains, une force invisible l’invita à pousser la terre. En exécutant ce mouvement sous un air ébahi, la terre sous elle s’illumina d’une lumière rouge vif. Elle leva les yeux devant elle et remarqua que tout le chemin de terre était bordé de cette lumière rouge qui atteignait même la plage, continuant d’éclairer le sable vers la mer pour, enfin, se fusionner avec l’eau et disparaître. Le séisme cessa finalement, mais le tsunami se dirigeait toujours vers elle. Mélina sursauta lorsqu’elle ressentit une étrange sensation de picotement sous sa main droite toujours plantée dans l’herbe. À sa grande surprise, quelque chose se matérialisa lorsqu'elle reporta son regard vers sa main enveloppée d'une aura rouge, pour découvrir une pierre d'ambre qui arborait une belle couleur jaune-orange translucide.
— Uriel… chuchota-t-elle hypnotisée par la beauté de cette pierre.
Pendant qu’Elena regardait angoissée les nouvelles à la télévision, Lora se précipita à l’étage pour aller dans sa chambre. En passant devant celle de Ken, elle remarqua que Miko, le chat, allait se réfugier sous le lit. En se penchant pour le rassurer, elle le découvrit, recroquevillé et apeuré, les pattes entourant une grande plume blanche.
— Ça va bien aller, Miko. Je suis là, n’aie plus peur, le rassura Lora en allongeant son bras, tentant de l’attirer vers elle.
Le chat, terrifié, ne bougea pas d’un poil. Lora s'étira un peu plus pour atteindre la plume. En l'approchant d'elle, elle vit Miko la suivre sans hésitation. Intriguée, Lora garda précieusement la plume et prit le chat, qui se laissa faire, dans ses bras.
Finalement dans sa chambre, Lora s’installa à son bureau en y déposant le félin ainsi que la plume. Miko s’y coucha aussitôt, la plume sous lui,en ronronnant très fort, les yeux fermés comme si elle lui apportait un réconfort. Pensive, Lora lui caressa la tête puis son regard tomba sur la plume. Elle l’effleura et eut envie soudainement de dessiner un Ange. Elle s’empara d’un papier blanc sur une pile déjà sur sa petite table et d’un crayon de bois noir dans son étui. Lora esquissait une forme masculine, puis de grandes ailes. Encore une fois, elle imagina que c'était Ken. Déterminant le trait d'une ligne définissant le pied, Lora leva son crayon, hésitant un instant sur ce qu'elle devait dessiner sous ses pieds. Devait-elle le dessiner dans les airs ou bien sur la terre ?
Lora se leva de sa chaise et se précipita vers sa petite table de chevet. En ouvrant le tiroir, elle s’empara d’une pierre citrine. Ce cristal de couleur jaune présentait toutes les nuances : claires, orangées et même de l’ocre brune. Elle retourna à sa chaise puis colla la pierre contre son plexus solaire juste sous son sternum. Après avoir fait quelques respirations, une lumière dorée apparut à sa droite et une voix en écho retentit.
— Tu as besoin de ma guidance ?
— Gabriel ? s’enquit Lora, familière avec sa présence. Elle se tourna vers l’orbe lévitant maintenant devant elle, je dois savoir où est Ken et s’il va bien.
Elle sentit une main lumineuse lui toucher le dessus de la tête et fut envahie par des visions telles que d’eau trouble et des bulles, accompagnées d’une sensation de suffocation. Aussitôt que ces images cessèrent, elle reprit son souffle, mais exprima sa peur :
— Oh non! Il est perdu dans l’eau, quelque part très profond… se dit-elle avec terreur, le souffle court après avoir fait le lien entre ses visions.
— Il est plongé dans les ténèbres… commença Gabriel.
— Sauve-le ! Aide Ken à remonter ! l’interrompit Lora, prise d’une immense émotion de panique.
Miko fixait la jeune fille et lâcha un miaulement. Elle frotta ses yeux pour effacer sa peine et chercha un feutre bleu dans sa boîte à crayons.Lora retourna à sa feuille et dessina un contour bleu autour de l’ange puis esquissa des ronds de différentes grosseurs sous les pieds qui représentaient des bulles. Elle changea son bleu pour du jaune, pour ensuite les remplir de cette couleur. En déposant son feutre, Gabriel apparut sous toute sa forme angélique derrière elle. D’apparence humble, il avait l’allure d’un homme robuste illuminé par son aura jaune.
— Je t’ai bien entendu et j’accomplirai ta demande, lui dit-il de sa douce voix en déposant ses mains sur ses épaules.
— Merci, répondit calmement Lora, les traits maintenant adoucis et le sourire aux lèvres.
L’énergie que Gabriel lui transmettait à travers ses mains résorba son tourment et procura à Lora un sentiment de confiance et une paix d’esprit.
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