3. Premier sang

3 minutes de lecture

Je vois soudain un homme avancer dans la rue. Il tient un fusil. Il a l’air calme. Je voudrais sortir de mon bosquet de fougères et lui hurler de se cacher, mais je n’en ai pas le courage.

Par-dessus tout encore cette force instinctive qui m’empêche de le faire… il a déjà presque dépassé la maison du sniper et n’est pas tombé sous le feu de celui-ci. Je trouve cela suspect.

Je me demande s’il ne vient pas pour achever la cible ratée du sniper. Effectivement il oblique vers ma maison. Il porte une tenue noire genre commando, et sur son épaule je crois distinguer un blason que je ne connais pas. Son crâne est rasé et il a comme une barbe de légionnaire. Il porte aussi des grenades à la taille et un immense couteau sanglé sur sa cuisse. Enfin une oreillette me laisse déduire qu’il n’est pas solitaire.

Il fait penser à un militaire, il est d’un calme glaçant, comme si ce n’était pour lui qu’une promenade. En tous cas son visage ne me dit rien, j’ai une bonne vue et il ne fait pas partie de mes connaissances.

Je décide de repartir en sens inverse, Vite très vite je cours pour me retrouver devant la clôture que je franchis facilement et je me retrouve dans ma salle à manger puis dans mon entrée. Je l’entends remonter l’allée vers la porte d’entrée, la pousser doucement, constater les éclats de bois qui parsèment le sol suite au tir manqué du sniper.

Preuve de sa complicité, il ouvre la porte en grand et agite un pouce vers le bas en direction de la fenêtre du tireur, histoire de lui signifier son acte manqué.

Je me glisse dans la cuisine et saisis un long couteau. Je me surprends à être excité par la situation. Je vais le tuer, je vais lui trancher la gorge avant qu’il ne trouve l’entrée du garage et ne fasse un carnage avec son fusil.

Il passe devant moi. Il est toujours aussi détendu. Je me jette sur lui, le couteau en avant. Quelle surprise, d’un simple roulement d’épaules je me retrouve projeté dans le couloir, sonné.

Il me regarde avec un sourire empreint de mépris.

« Oh jeunot, tu crois vraiment que je ne t’avais pas senti arriver ? »

Il s’approche de moi, me tend la main :

« Tu es jeune, tu peux encore nous rejoindre si tu veux »

Voyant mon hésitation il s’accroupit près de de moi. Je suis terrifié par son assurance.

« Je représente, avec mes camarades, l’ordre nouveau. Nous avons besoin de jeunes recrues, mais nous éliminons les agneaux et les moutons ! »

Je lui souris. Il pense la partie gagnée et se met à glousser. Il se retourne, fier de son assurance et sûr de sa force.

Je me relève et alors lui plonge mon couteau dans la gorge, je trouve ça écœurant mais lorsque je vois son regard trop assuré disparaître pour laisser place à l’incompréhension de mon geste je lui souris exagérément.

« L’ordre nouveau ! mon cul oui ! »

Je dois faire vite. Je tire son corps dans une chambre, efface les traces de sang. D’autres vont venir c’est sûr. Je prends son blason et son fusil, toque à la porte pour descendre dans le garage. Un enfant m’ouvre, terrifié.

Je me faufile parmi les jambes des uns et des autres et repère mon père, qui semble dormir. Il me prend dans ses bras.

« Papa, on est dans la merde… il y a un sniper dehors, et j’ai récupéré ce blason sur un soldat dans la rue… tu sais ce que cela signifie ? »

Je baisse la tête, je ne veux pas lui avouer mon premier meurtre… le meurtre de mes 16 ans, jeune adolescent devenu tueur et pas si triste que ça d’avoir ôté la vie à un salaud qui aurait massacré les gens hébergés dans son sous-sol…

Mon père est en arrêt devant le blason.

Il a l’air hébété. Il me regarde et me demande :

« Où as-tu trouvé ça ? »

« Dans la rue, sur un soldat »

« Impossible » me-réponds-t ’il.

« Pourquoi ?? »

Il me regarde, perdu, et son regard traduit un désespoir intense.

« C’est le blason des FIEXD… » et ajoute « Ils n’existent pas…oh mon Dieu faites que cela soit un cauchemar ! »

Je ne comprends pas sa terreur. On a un ennemi identifié je trouve ça plutôt rassurant. On va pouvoir le dénoncer pour que le gouvernement le chasse, le réprime, l’anéantisse.

En plus je ne connais pas du tout ce sigle. « FIEXD »…que cela peut-il dire ?

Mon père réalise soudain que j’ai un fusil à la main.

« Tu en as tué un ? » me dit-il ?

« Oui papa je suis désolé »

Il me regarde, je suis surpris par son regard glacial.

« Alors nous sommes finis ! »

J’entends alors des cris. Je me retourne pour voir une grenade dévaler l’escalier, puis un soupirail exploser et une autre grenade tomber au sol.

Un éclat de lumière me rend aveugle, la fin du monde est là.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire TFE ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0