Chapitre 4 : Le clan Minamoto
- Kiso !
Elle ouvrit ses yeux aussitôt. Pouvant reconnaitre cette voix parmi toutes les autres. Un enfant portant un kimono bleu et armé d'un bâton à deux mains lui sauta dessus.
Instinctivement, Kiso arrêta le bâton à l'aide de ses deux paumes. L'enfant mesuré sa taille, elle le balaya sans soucis et le désarma en tapant avec ses phalanges sur ses doigts. Il était au sol, et en une fraction de seconde, Kiso récupéra le bâton en l'air et donna une tape sur le crâne de l'enfant.
- Ça suffit. Cria de nouveaux la voix
L'enfant grogna légèrement en se frottant le bout de sa tête. Kiso sourit d'un air triomphant puis l'aida à se relever. Le jeune homme la salua, puis s'assit à côté d'autres enfants assis en ligne. Tous portant les mêmes habits et tout ayant une coupe de cheveux similaire, courte et disciplinée.
- Viens, j'ai à te parler.
Kiso se tourna sur le côté. Elle se trouvait dans le dojo, comment oublier les murs fait d'un bois léger et laissant la lumière le transpercer. Ou encore la sensation du tatami de paille de riz sous ses pieds. Devant elle, petit et trapu, mais fort et au regard Inflexible se trouvait son père.
À la différence des autres personnes ici, la ceinture du Kimino de cet homme était noir.
Kiso s'approcha et dans un ensemble de geste coutumier, elle encra ses pieds fermement au sol, pressa ses deux poings l'un contre l'autre puis inclina la tête. Un Choc léger mais douloureux lui fit perdre la pose. L'homme venait de lui donner un coup de bambou sur son front.
- Tu es trop lente. Trop hésitante.
Il était rude, mais juste. Stricte, mais droit. Elle l'admirait, l'admire et l'admirera.
- Désolé père. Répondit-elle avec assurance.
L'homme gratta du bout de ses doigts sa courte barbe. Il se tourna et ouvrit une des portes battantes du dojo.
- Suis-moi.
Kiso s'exécuta. Elle lâcha le bâton qu'elle tenait encore puis sortit du bâtiment au côté de son père. En faisant un pas sur l'extérieur, elle sentait le sable fin blanc sous ses orteils ainsi que le vent marin caresser son visage. D'ici, on entendait le bruit des vagues s'échouer sur la berge, les cris des mouettes volant en rase motte ainsi que le sifflement du vent.
Elle marchait à côté de lui, il lui tendit la main, elle l'a saisi. Un sourire se formait sur le visage de la fille. Ils longèrent la mer d'un pas lent sans dire un mot durant un long moment. L'homme observait la mer qui s'étendait au loin, et par-dessus l'horizon. Kiso quant à elle regardait droit devant eux. Là où derrière une brume épaisse, une ville titanesque bordait l'eau.
Elle sentit que l'adulte s'arrêta, elle fit de même. Il s'asseyait en face de l'eau, elle l'imita aussitôt. Son père s'était mis à fixer l'eau. Et elle en fit tout autant.
- Tu sais Kiso pourquoi nous nous battons ?
- Oui père. Répondit-elle avec conviction.
- Très bien, alors récite-moi la voie de l'écume.
Kiso fronça ses sourcils et fouilla dans les vieux recoins de sa mémoire.
- L'écume est... puissante, et éternel et... Kiso l'avait sur le bout de la langue. Mais le dernier mot ne voulait pas sortir.
- Invincible. Rien n'arrête l'écume et tout fini par céder face à elle.
Son père regardait passivement les vagues se frottait contre le sable. Une mousse blanche apparaissant et disparaissant au contact. Kiso, elle, regardait avec attention son père.
- C'est au prix de la discipline et d'effort que tu suivras la voie de l'eau Kiso.
- Oui père ! Répondit aussitôt la jeune fille avec enthousiasme.
Il sembla sur le point de rajouter quelques choses, mais un événement bruit. Une sorte de vrombissement lointain. L'adulte se leva et se retourna. Kiso fit de même. Non loin, on pouvait voir un cortège de trois véhicules noirs, dont une limousine au centre.
Les véhicules se rapprochaient et soulevés un nuage de sable sur leur passage. Le cortège s'arrêta près d'eux. Une demi-douzaine d'hommes en sortait, des locaux avec des costumes noirs occidentaux.
Kiso discerna deux personnes qui descendirent quant à eux de la limousine : un vieillard portant une robe de soie rouge qui se tenait à une femme un peu moins âgée. Elle portait un costume et des lunettes de soleil. Kiso la trouvait classe.
- Viens. Ordonna son père.
Ils allèrent à la rencontre de l'escadrille. Une fois devant eux, la jeune fille eue l'étonnement de voir son père se prosterner devant le vieillard. Chose qu'elle fit également, après avoir assimilé l'information.
- Yoshinobu, je vous en pris, relevez-vous mon vieil ami. Demanda la voix étrangement légère de l'homme en soie.
- C'est un honneur empereur Naruhito, et 1ʳᵉ ministre Nishijima. Que puis-je faire pour servir
Kiso osa à peine relever le visage. Elle se sentait trembler de toute par mais garda sa pose. Elle sentait les yeux célestes de l'empereur sur elle. Kiso n'osa pas le regarder.
- Je ne te savais pas père, Yoshinobu. Comment t'appelles-tu ? Demanda-t-il.
Elle sentait que sa gorge était en feu, mais parvint toutefois à formuler des mots.
- Kiso, Monsieur l'empereur galactique. Répondit-elle avec sérieux.
La réponse de la jeune fille causa un petit blanc, suivie d'un fou rire général. Kiso tressaillit, elle regarda son père qui lui se pincer l'arête du nez, l'air exaspéré. Seul lui et la 1ʳᵉ ministre ne riaient pas.
- Fille unique, empereur. Répondit Yoshinobu. Je lui apprends encore l'étiquette, pardonnez cet écart.
Kiso était morte de honte. Elle avait envie de s'enfuir en courant, mais ses jambes étaient paralysées. Malgré tout, une étrange sensation de chaleur lui parcourut le ventre. Bizarrement, ce n'était pas désagréable.
- Oh ce n'est rien mon ami. Reprit l'empereur tranquillement. Je suis content que tu aies pu avoir ce bonheur.
Kiso aperçut l'ombre de l'empereur passer devant eux. Elle avait du mal à respirer et sentait une pression gonfler l'aire.
- Oui Empereur. Murmura Yoshinobu. Quelques choses... ne va pas seigneur ?
La fillette vue qu'à la question, les autres semblaient visiblement tendus. L'instant fut court, mais parus lui durer une éternité. Et d'une certaine façon, il durera une éternité, car le vieillard était sur le point de prononcer quelques choses qu'elle n'oubliera jamais.
- Non, la Fédération nous attaque.
Ces mots résonnèrent dans son crâne. Et cette fois-ci, en regardant son père pour la guider, son père, l'inflexible et tout puissant à ses yeux. Elle le vu tressaillir puis sur son visage pour la première fois, elle lut de la peur.
Un sentiment d'angoisse total l'envahit, insoutenable, Kiso se réveilla d'un coup en sueur. La réalité lui revenait peu à peu, ainsi que le calme de la pièce, ses pensées oppressantes s'effaçant rapidement.
Encore ce rêve. Elle s'était trop vite redressée. Une douleur dans ses côtes ainsi que un maux de crâne le lui fit regretter. Kiso prit sa tête dans sa main gauche, malaxa les articulations de sa mâchoire tendues et analysa la situation.
La guerrière reconnut l'endroit éclairé par des lampes artificielles et la pièce était entièrement métallique. Ses souvenirs s'avéraient encore frais. Mais si elle avait encore un souvenir vif de l'opération, quelques choses la perturba. Elle se sentait mouillée et ce n'était pas la sensation de sueur collante, mais tout juste comme si elle avait pris une douche.
L'autre chose qui la marqua, ce fut qu'à son réveil quelqu'un soit là. À son chevet, assis sur une chaise métallique rustique de façon inconfortable, elle était assise à côté d'elle... et sur elle d'ailleurs.
Le haut de son corps était couché sur le ventre de Kiso.
- Je sais d'où vient l'eau maintenant... murmura la blessée.
En effet, son œil non bandé remarqua la main de l'inconnue poser sur le bas de son cou. Elle tenait entre ses doigts une lingette encore fraiche. Kiso n'était pas fan d'avoir le corps de quelqu'un qu'elle ne connaissait pas.
« Au moins, elle a l'air inoffensive » pensa-t-elle. Le visage de Pauline était couché sur son bassin. Ses yeux clos semblaient la regarder et sa bouche était légèrement entrouverte. Kiso sentit la respiration légère de l'inconnue réchauffer son bassin. Et cela n'était pas désagréable.
La guerrière chassa les quelques mèches rousses qui cachaient le visage de Pauline. Elle avait le même teint que le sien, mais à la différence d'elle, ses joues et l'arrête de son nez étaient recouvertes de tâches de rousseurs. Son front n'était pas trop long, une petite frange sublimait le tout. Son visage ne paraissait pas angulaire : le bout de son nez, son menton ou même l'arrière de sa mâchoire étaient joliment dessiné. Oui, c'était le cas, elle se révélait plutôt jolie.
Tout en chassant les mèches du visage de Pauline, Kiso laissa son pouce caresser légèrement les pommettes de l'inconnue. Sa peau était lisse et douce. La guerrière s'était mise à sourire inconsciemment. Au contact de sa main contre sa nuque, Pauline se contracta légèrement.
Elle retira sa main lentement du coup de Kiso, grimaça légèrement en murmura quelques choses d'incompréhensible, puis ouvrit les yeux. Deux beaux yeux amandes la regardaient. Kiso regardait ces mêmes yeux pour lesquels elle s'était battue la veille. Et elle sut immédiatement qu'elle le referait sans hésiter. Sans pouvoir savoir pourquoi.
C'était la deuxième fois qu'elles échangeaient un regard, mais c'était vraiment spécial.
Pour Kiso, qu'une inconnue la regarde sans fuir le regard.
Pour Pauline, que le regard de quelqu'un soit si hypnotisant qu'elle en oublie d'être gênée.
La brute retira sa main de la nuque de la dame pour lui faire un petit geste de salut avec.
- Hey
- Hey... Répondit faiblement Pauline.
Kiso sourit. Au son de sa voix, c'était plus comme si c'était elle qui venait de se faire opérer. La guerrière entendit un grognement familier. La femme en face d'elle se mit à rougir légèrement, portant une de ses mains sur son ventre. Kiso comprit aussitôt.
- T'as faim ?
Pauline hocha timidement la tête, confirmant l'intuition de Kiso.
- Moi aussi, viens, on va manger un truc.
À ses mots, elle se leva du lit sans broncher. Oui, ses blessures lui faisaient un mal de chien, mais bon, hors de question de montrer signe de faiblesse à quelqu'un. Une fois debout, elle remarqua que le visage angélique de Pauline avait viré au rouge cramoisi, ses yeux river sur son torse. Kiso regarda le haut de son corps, à part quelques bandages, elle était torse-nue.
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