Chapitre 5 : Bon Repas, Bonne Rencontre
"C'est rien je te dis. Dans les vestiaires on se voit nue tout le temps. Répéta Kiso
- Désolé ! Répondit aussitôt une voix gênée en dehors de la pièce.
La petite bourgeoise s'était précipitée de sortir de la salle. Dos contre la porte blindée, ses mains couvrant son visage rouge de honte. Ses joues étaient encore brulantes. Elle avait déjà vu des femmes ou des hommes nus en vingts quatre ans, mais certainement pas des inconnus. Mais pourquoi avait-il fallut qu'elle s'endorme ! Sur elle en plus !
- Ah, et merci pour la toilette. J'aurai galéré à me laver je pense. Déjà que j'ai déjà du mal à m'habiller là ahahah.
Et pourquoi avait-il fallut qu'elle la lave ! Son cerveau était en pleine éruption, mais heureusement Kiso ne la voyait pas. Elle reprit d'une voix balbutiante.
- Ce... Ce n'est rien. Et toi merci de m'avoir sauvée !
Pauline avait mal contrôlée sa voix et criait sur la fin. Malgré tout, la remercier lui fit un bien fou. Elle expira, libérée d'un poids. Kiso ne répondit pas. Elle regardait la porte en battants des cils deux fois rapidement. La sauver ? Pourquoi fallait-elle qu'elle le dise comme ça... elle a juste fais comme d'hab quoi, donner quelques coups puis péter des genoux.
- T'inquiète.
C'était au tour au tour de Kiso, d'être gênée. C'était pas courant qu'on la remercie de la sorte. La punk s'habilla en vitesse puis ouvrit la porte. Cela avait était un peu galère de se changer mais elle avait l'habitude d'être blessé. D'ailleurs, il devait y avoir autant de ses fringues ici que chez elle. « Heureusement que Sébastian est un maniaque, sinon j'aurai que des vêtements sales » pensa-t-elle.
Elle avait opté pour un style simple : Un T-shirt blanc un peu court collant au corps, ornant en caractère gras le mot « BADASS » au niveau de sa poitrine. Une veste en cuir noir posait sur ses épaules, un jean de même couleur et des baskets blanches. Pauline sourit en la voyant, la guerrière avait retiré la plupart de ses bandages et ne ressemblait plus à une momie. Quelques-uns dépassaient sur ses avant-bras, mais le reste était cachés par ses vêtements. Le visage de Kiso n'était plus qu'à moitié bandé, il y avait quelques bleues qui parsemés son visage, des cicatrices et petites marques anciennes. Ses cheveux étaient mi-long, rasé sur le côté droit, châtains clairs. Elle jeta d'une main des habits à Pauline, celle-ci lui lança un regard interrogateur.
- Tu comptais ressortir comme ça ? Se faire remarquer ici, c'est pas une bonne idée.
Pauline esquissa un petit sourire et haussa les épaules. Les souvenirs de la veille lui revinrent en tête, mais elle fit mine de rien.
- Allez, change toi qu'on y aille.
Kiso lui laissa la place pour qu'elle puisse se changer. Elle attendit que la porte se ferme pour masser son épaule droite. Ça faisait un mal de chien mais hors de question de le montrer. Elle s'assit tranquillement et fit défiler les infos sur son écran. « Cambriolage chez Jo n Cie » ; « 3 émeutes sanglantes » ; « nouvelles prothèse pour les livreurs »... L'actu n'avait rien de bien particulier cette semaine. Pourtant, un titre l'interpella
- Et merde. Grogna-t-elle
Ça faisait la 1ère page de l'un des journaux. « Le fils d'un des barons du crime retrouvé inconscient et tabassé. Le début d'une guerre des gangs ? »
A la vue de la photo, elle reconnut aussitôt le visage de requin de l'Homme en question. Son nez était bien cassé, et Kiso n'en était pas peu fière, même si elle risquait d'avoir des problèmes maintenant.
Elle posa son téléphone sur le coin d'un muret et remarqua qu'un sac y était posé. « ça doit être le sien » pensa-t-elle en remarquant le cuir belge du sac à main. De la marque sans doute. Du coin de l'œil, elle remarqua les quelques feuilles dépasser de son sac. Curieusement, elle s'apprêter à y jeter un coup d'œil mais la porte s'ouvrit au même moment.
Pauline ressortit lentement. ses cheveux longs tombaient sur ses épaules, elle portait un pantalon trop long couvrant des baskets rouges usés, un débardeur gris et un gilet bleu. C'étaient des fringues pour le taff, les vêtements étaient usés et trop grand, « mais bordel ça lui va mieux qu'à moi » pensa Kiso. Elle remarqua une petite chaine autour de son cou mais le pendentif était caché sous son haut. Son attention n'y prêta pas plus attention après avoir vu son buste avantageux.
- Ça me va comment ? Je n'ai pas l'habitude de sortir sans maquillage...
« Qu'est-ce que ça doit être quand elle est maquillée ! » ne put s'empêcher d'imaginer Kiso.
- Ça va pas le faire.
- Hein ? Mais pourquoi ?
- Même comme ça tu risque d'attirer le regard. Va falloir que je retabasse des gens. Annonça l'autre avec un clin d'œil.
- Oh je vois, je devrais me rechanger alors.
Elle comptait retourner dans la pièce mais Kiso l'arrêta en lui attrapant la main. Le contact la surpris un peu mais le regard stoïque et hypnotique de l'autre lui fit oublier les souvenirs de la veille.
- Non, c'est parfait. Allez on y va.
Le Duo quttièrent la demeure d'Anthony. Dehors, elles sentirent l'aire extérieur et inspirèrent toutes deux à l'unissons.
- Fais du bien. Murmura la punk les yeux clos.
- Oui, ça c'est certains.
Le soleil avait dépassé son point de zénith depuis un petit moment. Il faisait beau, et une radio posée sur un tonneau abandonné dans la rue passait des musiques pop. L'ambiance était agréable.
Elles marchèrent d'un pas non pressées. Kiso s'étirait tranquillement tandis que le regard de Pauline se déplaçait rapidement. Analysant son environnement.
Ses yeux passaient des bâtiments tassés les uns contre les autres, aux routes tortilleuses qui les entourées. Pauline se demandait bien comment elle avait pu atterrir ici : c'était totalement différent de chez elle. Des Favelas, des Taudis et bâtisses aux normes de construction... inexistante recouvraient le paysage. Les odeurs de charbons, d'huiles et de souffres étaient si fortes qu'elle devait s'en pincer le nez. Les routes étaient recouvertes d'Houilles et de graisses mécaniques.
Pourtant, la vue d'une gigantesque usine surplombant les alentours lui était familière. À la vue des vapeurs noirs sortant des cheminés de la structure monstrueuse, elle s'en souvint. Elle pouvait les percevoir de son balcon chez elle, mais chez elle l'usine était minuscule tant elle est éloignée.
Néanmoins, son attention ne resta pas concentrée bien longtemps sur cela. En effet, la vue des habitants tous plus modifiés les uns que les autres, c'était ça qui l'intriguait. C'était comme découvrir une toute autre facette de l'humanité pour elle.
La guerrière elle n'était pas intriguait. C'était chez elle après tout, rien de bien différent que d'habitude. La plupart des habitants la dévisageaient un court instant avant de fuir son regard et de s'écarter de son chemin. Ils avaient peur, elle le sentait bien mais c'était comme ça. Rien de bien intéressant. Néanmoins, les réactions de Pauline, elles, elles étaient plutôt marrantes à voir. Elle ne put s'empêcher de rire en la voyant sursauter face à un mineur qui utilisait un gobeur pour manger.
- Mais pourquoi il à une gueule dans son ventre ? Demanda-t-elle, curieuse.
- C'est un Gobeur. Ça remplace la bouche, les dents, la langue et même les trachées. Système hydraulique basique et surement fait de pièce de rechange son modèle. Il porte ça car il doit avoir la gorge tailladée ou la gueule écrasé... Là je partirai sur le 1er cas, regarde la cicatrice qu'il a au cou.
Pauline ne s'était pas rendu compte qu'elle avait posée sa question à voix haute. Mais elle était contente qu'elle lui ait répondu. Et ça sans lui jeter un regard du genre « t'es bizarre toi » qu'elle ne connaissait que trop bien. La bourgeoise hésita un peu, mais poursuivit.
- Je vois, merci. Et lui, c'est quoi qu'il a aux yeux ? C'est pour quoi faire ?
- Lui ? C'est Tyler, il est musicien. Regarde il porte toujours sa valise violette sur son dos, il y met son saxophone. Il est aveugle. Ah, et aux yeux c'est une visière de vision, ça capte les ondes je crois.
- Et... il peut voir avec ?
Kiso fronça légèrement les sourcils. Mais elle venait d'où ? Les premiers modèle de visière XT-3000 sont arrivés bien dix ans avant sa naissance, et cette bourgeoise semblait avoir le même âge qu'elle pourtant. Ceux de la hautes n'étaient quand même pas si arriérés, pas vrais?
- Pas vraiment, juste des silhouettes et ça marche mieux sous la pluie. Bon les derniers modèles doivent permettre de voir aussi les couleurs mais certainement pas le siens.
Pauline hocha hâtivement la tête tout en continuant son flux de question durant la marche. Kiso trouvait ça étrange, mais pas davantage que leur 1ère rencontre. Elle était bizarre et elle s'était faite une raison depuis un moment. Et puis, franchement? C'était agréable d'avoir quelqu'un qui pose des questions, et non pas quelqu'un à qui on doit arracher les réponses.
Sur le chemin, elles assistèrent à quelques spectacles de rues. Des danses en pleine rue où Pauline s'arrêta pour les regarder sans oser y aller. Des tournois de bras de fer où l'une des deux voulait y aller mais l'autre l'en dissuada car elle était trop mal en point. Ou pas mal de marchands de rue tentant de vendre tout et n'importe quoi à Pauline. Mais se ravisant aussitôt en sentant le regard inquisiteur de Kiso sur eux et leurs objets volés.
- Tu pues le fric c'est pas possible... soupira Kiso après avoir fait fuir un énième escroc.
- Désolé hihi. Ricana Pauline.
En fin d'après-midi, alors que la lumière du jour se faisait plus timide, la faim avait atteint son point culminant. Et ça autant pour l'une que pour l'autre. Elles s'étaient éloignées du centre du quartier F et avaient survolées les différentes parties de DownStreet.
Pauline reconnut le parc vu la veille mais ne raconta pas le fait qu'elle y avait vu Anthony et encore moins qu'elle l'avait dessiné. Ici, la concentration urbaine restait tout aussi impressionnante mais les rues semblaient mieux entretenues. Ici au moins il n'y avait pas de la suie et des résidus de charbon un peu partout.
- On est vers la fin du quartier. J'espère que t'as faim car on n'est pas loin de chez mon ami.
- Chez ton ami ?
- Yup, c'est le meilleur cuistot du coin.
Elles approchèrent d'une petite échoppe local. Le lieux semblait écrasé par des immeubles miteux mesurant 3 fois sa taille. Des tabourets étaient encrés fermement en face de la barraque. Presque la totalité étaient occupés sauf deux en face de la bâtisse. Kiso s'assit sur l'un d'entre eux.
- Allez viens j'ai faim.
- J'arrive. Répondit Pauline enthousiaste.
Elle jeta un coup d'œil tout en s'asseyant. Une sorte de bar faisait toute la longueur, mesurant environ cinq mètres. De l'autre coté du bar, l'intérieur était vraiment petit, pas plus de tois mètre carrés. D'ailleurs, l'échoppe était éclairée par des petites lumières artificiels, émanant des fours. Posés les uns contre les autres, les appareils de cuissons, les grills, les bacs d'huiles, les planches à découpés et même les petits frigos logeaient d'une façon stratégique mais bordélique. Une forte odeur de viande et d'épice venait de la cuisine, si forte que Pauline en eue la gorge nouée.
Malgré la petitesse du lieu, la propriétaire quant à lui était totalement différent. Elle le vu de d'abord de dos, chantonnant et dansant, ses bras robustes sortant habillement plats et couverts des tiroirs coincés en hauteurs. Le cuisiner se retourna, il était de leurs taille mais faisait bien trois fois leur largeur ! Il avait des cheveux bouclés bruns, il sué comme elle n'avait jamais vu quelqu'un transpirer et sa mâchoire inférieur était entièrement métallique. L'homme portait une belle salopette bleue, couverte de taches de gras et de viande.
Le cuisiner servi trois bols à des clients sur leur droites. Un bol dans chacune de ses mains, et un dans un bras robotique à trois pince servant de doigts, massif fait de cuivre et caché dans le dos du géant. A la vue de Kiso, l'Homme poussa un cri de joie et écarta ses bras d'un geste théâtrale. Risquant au passage de taper sur l'un des fours sous pression et donc l'explosion du quartier. Ce qui ne serait pas la première fois...
- Kiso !
- Linguine ! S'exclama-t-elle en retour.
Linguine passa ses bras par-dessus le bar et enlaça férocement la femme. Pauline voulut l'empêcher de brutaliser le corps de Kiso mais c'était trop tard. Un bruit de craquement sourd était audible. Elle regarda avec compassion Kiso qui lui lança une grimace de douleur. Après une bonne quinzaine de secondes, il la laissa retrouver le sol, la femme s'essaya de nouveau sur son tabouret et Pauline l'imita poliment.
- Ça fait une éternité que Linguine ne t'as pas vu ! Linguine pensait que quelques choses t'étais arrivée.
- Mais non, on s'est vu y'a à peine deux jours.
La remarque de Kiso fit glousser légèrement Pauline. Le caractère affectif de l'homme lui fit penser à C...
- Claire ! S'exclama Pauline tout d'un coup.
Kiso et Linguine échangèrent un bref regard dubitatif tandis que Pauline sortit hâtivement son téléphone de son sac.
- Linguine ne la connait pas. C'est ton ami Kiso ?
- Ouais, ouais, elle avec moi... dis, tout vas bien ? T'es blanche comme si t'avais vu un cybergarde.
Linguine explosa de rire à l'allusion, mais Pauline ne réagit pas, son visage inquiet était contagieux, et Kiso sentait qu'elle commençait à l'être. Sans savoir pourquoi.
- Pas vraiment... Aah non, j'ai oublier de le charger.
- AhAhAh ! Comme si elle avait vu un cybergarde. Répéta Linguine en s'accoudant dangereusement contre une machine à broyer.
Kiso fouilla dans l'une de ses poche rapidement et y sortit son téléphone fissuré. La bourgeoise lui lança un regard emplie de détresse.
- Prend le, passes ton coup de file.
- Merci beaucoup Kiso !
Pauline s'empressa de saisir le téléphone mais la punk l'en empêcha en le retirant de sa portée au dernier moment. Pauline la regarda sans comprendre.
- Mais tu fais vite, j'ai genre, faim.
- Promis! je veux juste prévenir que je vais bien.
Kiso lui tendit de nouveaux le téléphone qu'elle saisit. Elle composa rapidement un numéro puis commença à se ronger les ongles nerveusement. Les deux autres continuant de s'échanger des regards interrogateurs.
- Linguine se demande où tu l'as trouvé. Elle est bizarre.
- Oh si tu savais... je crois que j'ai pas trouvé plus étrange depuis Synthcity.
- Tu penses qu'elle vient de là ? Linguine se demande comment elle s'appelle.
- Vous pourriez arrêter de parler de moi comme si j'étais pas là ? Ah Claire, pardon je discutais avec des amis. Oui, c'est moi, c'est Pauline. Non je n'ai pas pu écouter tes messages je n'avais plus de batteries. De quoi ?....
Pauline s'éloignait, rendant la conversation inaudible pour Kiso et Linguine. Mais la guerrière ne s'en préoccupait pas.
- Pauline... murmura-t-elle l'air rêveuse.
Un joli nom, pour une jolie dame... Kiso la regardait faire les cent pas un peu plus loin. « J'espère que ça va s'arranger avec son amie Claire... quoi que c'est pas mes affaires » pensa-t-elle. Linguine la ramena à la réalité : elle entendit le léger bruit des bols en bois accompagnait de l'odeur de viande. Aussitôt, elle se mit à saliver.
- Son plat préféré pour ma cliente préféré. Et en plus d'être gratuit t'aura même pas à payer!
- Mais arrête d'offrir tes plats gratuitement Linguine ! C'est les meilleurs, puis c'est pas comme ça que ça marche un commerce.
- Linguine offrira toujours ses plats a ses amis. Et a des blessés. Tu es mon ami et tu es blessé donc tu as deux plats offerts. Logique, non ?
La logique imparable de Linguine eue raison du cerveau de Kiso. Puis de toute façon la faim l'avait déjà déconnecté. Et ça sentait foutrement bon !
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Lorsque Pauline avait terminé son appel, l'anxiété qu'elle avait ressentit la veille revint aussitôt. Elle avait inquiétée son amie. Néanmoins malgré sa boule au ventre, elle revint vers Kiso, et avec un sourire faux sur le visage.
- Désolé, j'avais totalement oublié de prévenir une amie que j'étais rentrer chez moi.
- Ché rien. Puis depuis quand tu choi préchenir tes amis ? Manche plutôt ton bol.
Elle se retourna au même moment. Le visage d'habitude stoïque de la cogneuse transpirait la joie. Ses joues étaient gonflés et la moitié d'un criquet à deux corps sortait de sa bouche.
- Choi po timide et manche ! Invita Kiso en parlant la bouche pleine.
Pauline déglutit à la vue de l'insecte rentrer dans la bouche de la femme. Elle regarda alors son bol et vu que son bol en était rempli. Criquet à deux corps, blattes gigantesques et même des lombrics-serpents. D'une certaine façon... le plat avait le mérite de remplir son rôle car elle n'avait déjà plus faim.
- C'est très gentil, mais je n'ai pas très faim.
Linguine voulut rétorquer mais un nouveaux client l'interpella, et son attention fu détourner aussitôt. Kiso quant à elle arbora un sourire narquois et prit le bol en face de Pauline.
- C'est toi qui vois. Moins pour toi, plus pour moi hehe.
Un air enfantin se dessina sur le visage rude de Kiso. Ça amusa beaucoup Pauline. Dur à croire qu'elle avait fracassé cinq personne la vielle. Même si les bandages cachés sous ses vêtements et celui entourant son front lui rappela que si.
- -onc, dis-moi qui t'es Pauline. Démarra Kiso en se léchant le bout de ses doigts et ses babines pleines de soupes.
- Heu... moi ?
La question la prit totalement au dépourvu. Qui elle était ? C'était une question bien trop ouverte ! Impossible d'y répondre par un simple oui ou non comme ce qu'elle faisait jusqu'ici. Elle ferma les yeux et commença a retenir sa respiration pour se concentrer.
De son point de vue, Kiso trouva la scène plutôt étrange. C'était comme si elle retenait sa respiration ou un truc du genre. « Ah ouais, du genre mal à l'aise j'en connais mais à ce point ? » pensa-t-elle. Elle hésita à la laisser peiner, mais se décida de l'aider un peu.
- Je commence si tu veux. Lança-t-elle
- Oh oui s'il te plait.
Le ton presque suppliant de Pauline était hilarant mais elle se préta au jeu. La mettre mal à l'aise n'était clairement pas ce qu'elle voulait.
- Okay, bah moi c'est Kiso. Pas Kizo hein, mais bon toi t'écorche pas mon nom donc c'est cool. J'ai vingts trois piges, je suis arrivé ici y'a neuf ans. Sinon je passe la plupart de mon temps au travail ou a la salle de boxe. Tu sais chez Anthony. Niveau musique je suis plus style déluge de parole style Emanim ou Shworby.
Kiso semblait fouiller dans les tiroirs de sa mémoire puis sortit d'un coup
- Oh, et j'étais Bikeuse avant, mais on m'a pété ma bécane y'a quelques mois. Puis impossible de la réparer sans le matos de Synthcity. Au moins celui qui a fait ça a bien morflé eheh.
Pauline écoutait attentivement son interlocutrice. Elle ne s'autorisa à parler uniquement lorsqu'elle lui fit un signe du menton.
- 'Ton tour la bourge. Termina Kiso
- Ah ! Heu... moi c'est Pauline et j'ai vingts quatre ans et... et... je passe la quasi-totalité de mon temps dans mon bureau. Mais j'aime mon travail ! Je suis architecte et....
- T'es architecte ? Genre tu gère une équipe de BTP ?
La question subite de Kiso la déstabilisa un peu, mais comme elle portait sur son travail, c'était son terrain. Elle pouvait assurer !
- Non, non je travaille pour plusieurs organismes. Enfin mon entreprise travaille pour plusieurs compagnies. Je veux dire, je travail en équipe mais en bureau, mais gérer une équipe ? Je ne pense pas que j'aimerai ça.
- Pourquoi ça ?
- Eh bien...
Kiso esquissa un petit sourire. Elle avait réussi à la décoincer un peu. La suite de la conversation fut bien moins tendue. Le duo marchait tranquillement le long des routes sans fin en discutant. Et on aurait presque l'impression que sur la fin, ce n'était plus un interrogatoire. Apparemment sa compagnonne était anxieuse socialement, et avec n'importe qui. Ce qui n'était pas bien difficile à deviner.
- Attends, ça te le fait même avec tes amis ? Aussi ta famille ? Questionna Kiso.
- Oui, c'est comme si mon corps tout entier refusait de répondre parfois.
- Wow, j'aimerais pas vivre dans ton corps. Déclara Kiso en ricanant.
Pauline haussa les épaules en souriant. Il n'y avait pas grand-chose à argumenter là-dessus. Qui voudrait troquer un corps athlétique contre un autre avec la batterie qui tombe en panne quand le stress ou la panique devient trop dense.
Ils ralentirent leur marche. Pauline regardait passivement les personnes encore dehors sous le crépuscule. Etonnement à part quelques mendiants et manants, peu sillonnaient encore les rues. Encore moins qu'hier soir. Sauf que si les odeurs industriel de la ville étaient les mêmes que la veille, Pauline n'avait pas peur. Elle se sentait en sécurité avec Kiso.
- On ferait mieux de rentrer pour aujourd'hui, la nuit va tomber. Annonça tranquillement Kiso.
Pauline écarquilla ses yeux et fixa sa compagnonne. Celle-ci fit de même, avant de finalement se frapper le visage avec la paume de sa main.
- Merde... tu voulais rentrer aujourd'hui, pas vrais ?
- Hmm... si je te dis oui tu promets de ne pas te frapper à nouveau ?
- J'avais complètement zappé que tu devais rentrer ! En plus il va faire nuit, je pense pas que le souterrain passe encore à cette heure. Continua la blessée en secouant négativement la tête.
- Kiso ! S'écria Pauline.
Le cri de la bourgeoise la surpris. Elle remarqua qu'elle la regardait en colère, sourcils froncés. « Bah qu'est-ce que j'ai dis ? » Pensa-t-elle.
- Je... écoute moi quand je te parle bon-sang ! Ton bandage est en train de se défaire. Attends, assieds-toi ici.
Pauline lui désigna un petit banc en pierre. Elle s'asseye sans discuter, sa compagnonne s'installant tout près, en face d'elle. Kiso était surprise que la proximité ne dérange pas Pauline, et encore plus qu'elle passe ses mains sur son front. Elle sentait ses mains légères glisser derrière son crâne, surement pour refaire le bandage.
- C'est malin, ça saigne de nouveau.
- Mais, hehe, Pauline c'est rien...
- J'ai dis quoi ?
Kiso obéit docilement et n'ouvrit plus la bouche. Elle la regardait l'aire interdite, observant l'expression de son visage si différente de tout à l'heure. Bien loin d'une femme timide, le sérieux de son visage reflétait une autre facette. Une facette tout aussi intéressante aux yeux de la guerrière.
- Je suppose que tu en as pas des propre sur toi.
- Des propres ? De quoi ? Demanda-t-elle un peu largué.
- Des bandages Kiso... S'exaspéra Pauline.
- Ah ! Non, j'y ai pas pensé.
Pauline soupira. Secouant négativement la tête à son tour.
- Très bien, alors retournons au... Refuge. Je me rappelle avoir vu ce qu'il fallait là-bas.
- Mais... tenta Kiso.
- Ne discute pas.
Kiso hocha la tête. Et comme ça, elles reprirent route afin de s'abriter. Pour cette nuit en tout cas.
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