Sérial dragueur, le chat et la souris !
Au réveil, dimanche matin, j'accuse un sacré mal de tête. J'ai réussi à rentrer sur mes deux pieds, sans aide extérieure et j'en suis fière. J'ai beaucoup trop bu pour essayer de me le sortir de la tête. Malheureusement, je n'y suis pas parvenue, ma nuit a été rythmée par des yeux bleus océan me donnant des rêves érotiques. Du coup me voilà une nouvelle fois excitée comme jamais. Je mets mon oreiller sur ma tête, pour tenter de calmer les bûcherons qui ont élu domicile dans mon crâne en me protégeant de la lumière du jour. Je serre mes cuisses l’une contre l’autre, histoire de faire passer la pression qui pulse à leur jonction, mais sans succès. Je suis complètement trempée, je porte un mini short et il me colle à la peau. J'ai tellement la tête dans le sac, que je n'ai même pas le courage de sortir mes compagnons d'infortune. Putain !
Un verre de plus et tu finissais dans le coma !
Il faut que je me souvienne que l'alcool ne résout rien. Je n'ai parlé à personne de mon entrevue avec mon sérial dragueur, je n'ai pas envie d'entendre leurs réflexions, sur le fait que je refuse d'avoir une relation normale avec quelqu'un. Je connais leur refrain par cœur. Et puis franchement, je ne suis pas certaine que ce soit le genre de mec pour ça ! J’en viens donc à la question suivante, pourquoi moi ? Je suis d’une banalité ennuyeuse, alors pourquoi, je semble intéresser un mec aussi beau ? C’est toute la question. Je roule sur le ventre pour consulter l’heure sur mon portable en me levant.
Il est quatorze heures trente, je me dirige vers la cuisine en ne rêvant que de retourner dans mon lit.
L'alcool c'est mauvais... Il faut juste que je m'en souvienne !
- Salut chérie, y'a un paquet pour toi.
Il me désigne le comptoir de la cuisine. En y jetant un coup d’œil, j’aperçois une petite boite entourée de papier kraft. Bizarre !
- Un paquet, Un dimanche ?
- C'était un coursier indépendant, dit-il en haussant les épaules.
J'embarque ledit paquet, jusqu'à mon lit et l'ouvre. Ce que j'y découvre me fait sourire, et me fout la trouille en même temps. Une boite de doliprane, accompagnée d'une carte.
Pour le mal de tête. M. Wilson Industrie, recherche et développement.
Il est sérieux là ?
Bon sang, mais où a-t-il trouvé mon adresse ? Je commence vraiment à flipper. Mes idées partent dans tous les sens. Et si c'était un sérial killer ou autre chose. Putain, de bordel de merde. Je reprends la carte et m'aperçois qu'il m'a laissé un indice: son nom de famille. Je sais que je devrais laisser tomber mais ma curiosité l'emporte.
J'attrape mon ordinateur portable pour faire une recherche sur Wilson industrie. Richard Wilson, cinquante-huit ans, a fondé sa société après avoir fait de bons placements en bourse, 30 ans plus tôt, cinquième plus grosse fortune de France. Il est marié depuis toujours à Francesca, a trois enfants, Justin, Mickael et Sasha. Je clique sur image, tout un panel de photographies se met en place sous mes yeux, prises pour la plupart lors d'évènements mondains. Une photo me saute aux yeux, c'est lui ! Indéchiffrable dans son costume trois pièce qui doit couter plus cher que notre loyer mensuel, en légende est écrit : Mickael Wilson, fils cadet de Richard Wilson créateur de la filiale Wilson industrie, recherche et développement.
Merde !
- Putain de merde !
Sans m’en rendre compte je viens de crier !
- Qu'est-ce qu'y t'arrive chérie ?
Nico est sur le seuil de ma porte, appuyé contre l'embrasure. Je referme mon ordinateur d'un coup sec et m'allonge sur mon lit. Je ferme les yeux en me frotte le front, sentant poindre une migraine. Je n’arrive vraiment pas à y croire.
- C'était quoi ce paquet ?
Il me faut une excuse et plus vite que ça, mon cerveau turbine à plein régime. Enfin... Aussi vite que mon degré d'alcool restant me le permet.
- Oh, rien d'important, c'est pour le boulot.
Oh la vilaine menteuse, sauf que je ne sais vraiment pas mentir !
Il fait mine de me croire, mais je le connais bien et il me connaît bien.
Change de sujet ma poule, avant qu'il ne soit définitivement convaincu qu'il y a anguille sous roche !
- Tu fais quoi aujourd’hui ?
- Je pense aller me balader un moment au Miroir D'eau, tu viens ?
Même pas en rêve, je vais hiverner !
- Sûrement pas, il fait beaucoup trop chaud et j'suis complètement vannée. Je vais faire la larve et ranger un peu, cet appart est une véritable porcherie.
- Ok, je te laisse alors et… Ne force pas trop sur le ménage.
- Si je ne le fais pas, qui va s'en charger? Toi peut être ?
Ma vie est pourrie, je sais ! J'aurais dû m'installer avec une fille c'est sûr ! Homo ou pas, les mecs sont tous des porcs !
Il tourne les talons et sort en levant les mains au-dessus de la tête. Je reste là, immobile à me poser tout un tas de questions sur cet homme. Il semble me vouloir moi, alors que je suis à mille lieues de son monde. Il doit fréquenter des femmes superbes à longueur de temps, alors qu'est-ce qu'il peut bien me trouver ? D'ailleurs, il était bien accompagné hier soir si mes souvenirs sont bons. Je pousse un profond soupir en me maudissant intérieurement d’avoir autant bu.
J'entreprends de faire un peu de ménage, Nico n'est pas une fée du logis et moi je déteste vivre dans le désordre. Je lance plusieurs machines, range le salon, la cuisine, j'allais m'attaquer à l'aspirateur quand la sonnette retentit.
Ce mec va me rendre folle !
- Putain Nicole, t'as encore oublié tes clefs ? M’écrié-je en marchant vers la porte. Tu mériterais que j'te laisse à la porte pour m'infliger le ménage seule un dimanche.
J'ouvre sur ces bonnes paroles. Je me fige quand, je découvre que mon sérial dragueur, est sur le pas de ma porte. La bouche ouverte, je le détaille des pieds à la tête. Il porte un bermuda noir et un t-shirt blanc. Putain qu'il est sexy.
Ferme la bouche Cassie, un peu de tenue ! Libido de merde !
- Je peux entrer ?
Bonjour, à vous aussi !
J'ai perdu toute crédibilité en cet instant. Je suis toujours en pyjama, mini short et débardeur, les cheveux emmêlés remontés sur le haut du crâne et une paire de gants en caoutchouc aux mains.
J'ai un sex-appeal de compète, y'a pas à dire ! Plus bandante, tu meures ! Si avec ça, il part pas en courant !
Je m’écarte de l'entrée en retirant mes gants, ne sachant pas trop quoi faire d’autre. Il s'approche et plante un baiser sur mes lèvres en claquant la porte d'un coup de pied. Je sens les mêmes étincelles que j'ai ressenties à chaque fois que je l'ai vu. Encore une fois, mon cerveau semble être parti en vacances sans moi. Son baiser, quoique fugace m'a complètement électrisée.
J’ai chaud ! C'est moi ou cette maudite clim est en panne ?
Je sais que je devrais me méfier, après tout, je ne sais pas grand-chose sur lui, mais je ne sais pas pourquoi, j’ai la sensation qu’il n’est pas dangereux, qu’il ne me fera aucun mal.
Et depuis quand, je suis devenue une experte pour cerner les gens au premier coup d’œil ? Je sais très bien que je suis nulle pour ça, y’a qu’à regarder en arrière pour s’en apercevoir. Bon revenons à nos moutons !
- Qu'est-ce que vous faites là ?
Ne rien montrer, ne rien lâcher ! Camper sur ses positions ! Il ne m'excite pas, mais alors pas du tout ! En continuant de me le répéter, je finirais peut-être par y croire !
Il faut que je me ressaisisse, que j'arrive à l’affronter, que je stoppe tout, tout de suite. Il est hors de question que je sois la prochaine, qu'il va accrocher à son tableau de chasse. A mon avis, ce n'est pas le genre de mec qui a l'habitude qu'on lui dise non. J'ai l'impression d'être sa pulsion du moment, un défi à relever, mais, je ne lui ferai pas ce plaisir. Même si, je ne peux pas nier non plus qu’il m’attire.
Si je peux, oui je le peux ! Putain, je prendrais bien un coup de queue, vite fait, bien fait ! Ta gueule, conscience de merde !
- Je vous avais dit que l'on se reverrait !
- Et moi, il me semblait avoir été claire sur le fait que je n'étais pas intéressée et puis de toute façon je dois sortir.
Rentre chez toi, que je puisse rejoindre Laurel et Hardy ! Navrant? Ouais, je sais !
Son regard me détaille des pieds à la tête sans aucune retenue. J’ai l’impression d’être complètement à poil devant lui quand il me regarde comme ça.
- Dans cette tenue ? Je sais qu'il fait chaud, mais à sortir comme ça, va vous allez vous attirer des ennuis.
Oups !
Je me rappelle soudain de ma presque-nudité. Je mords ma lèvre inférieure cherchant désespérément quelque chose à dire pour me sortir de cette situation.
Rien ne me viens, ma conscience à bien choisie son moment pour se tirer. Tant qu'a faire, elle aurais pus embarquer ma libido avec elle ! Salope !
Il m'attrape par le poignet et me plaque contre lui, me tenant les bras dans le dos avec une main. De l'autre, il me prend la nuque et m'embrasse. Il profite de ma surprise pour insinuer sa langue dans ma bouche, il la caresse puis son baiser se veut plus profond. Il lâche mes poignets et m'empoigne les fesses. Il me soulève et j'enroule mes jambes autour de sa taille et mes bras à son cou. Mon cerveau vient de partir en vacances me laissant seule avec ma libido débordante. Il se dirige vers le canapé, m'y dépose et s'allonge sur moi sans jamais avoir quitté ma bouche. Toute envie de résistance vient de me quitter au moment où ses lèvres se sont posées sur les miennes.
Une main passe sur mon débardeur et m'attrape un sein, il gémit dans ma bouche. Mon cœur bat plus vite et je prends peur, s'il lève mon t-shirt… Je n'arrive plus à réfléchir ni à savoir ce que je veux, qu'il continue, qu'il arrête. Je suis totalement perdue et abandonnée sous ses baisers. Mon cœur s'emballe, mon pouls s'est accéléré et une moiteur est en train de s'installer dans mon entrejambe. Il embrasse ma mâchoire et dépose une pluie de baisers le long de mon cou et plus bas jusqu'à trouver mon sein, qu'il prend dans sa bouche. Il en aspire la pointe par-dessus mon débardeur et une onde de plaisir parcourt mon corps.
Retrouver mes esprits, retrouver mes esprits ! Ho putain !
J'ai la tête embrumée, je veux qu'il arrête, je veux qu'il continue. Mon cerveau est complètement déconnecté du reste de mon corps. Son téléphone sonne, il étouffe un juron et décroche.
- Wilson, dit-il d'un ton sévère. Merci Serge. Il raccroche.
Il se lève et s’éloigne en direction de la porte, je me relève à mon tour et lui fait suite.
- Votre colocataire est en bas, on va devoir remettre à plus tard ce que nous avons commencé.
Sauvez par le gong! Comment ça à plus tard ?
- On ne va rien remettre à plus tard, allez-vous-en.
En prenant de la distance, mon cerveau semble avoir de nouveau envie de faire ce que je lui dis, enfin à peu près. Il se rapproche de moi, il est trop près, bien trop près pour que j’arrive à me concentrer !
- Cassandra pas de mensonge, dit-il sur un ton cassant. Dites-moi que vous n'en avez pas envie, dites-moi que vous ne me désirez pas.
Son regard est implacable, il semble lire en moi comme dans un livre et cette pensée me déstabilise. On ne se connait pas et pourtant j’ai la sensation de n’avoir aucun secret pour lui... C’est vraiment flippant !
Je fais quoi maintenant ? Mentir? Des cours sur le mensonges, ça existe ça?
Autant se la jouer honnête, de toute façon ça risque d’être compliqué de lui dire qu’il ne m’attire pas, y’a qu’à voir comment, je viens de me comporter il y a quelques instants. Je lui tourne le dos.
- Je n'ai pas dit ça, mais il n'empêche qu'il ne se passera rien de plus, allez-vous-en.
Nico passe la porte, je me retourne et il se fige sur le seuil, son regard passe de lui à moi et de moi à lui.
- Il se passe quoi ici ? Vous êtes qui ?
- Monsieur Wilson allait justement partir ! Je le pousse vers la sortie.
Nico fronce les sourcils. Mickael tourne les talons et le salue avant de disparaître.
Super, maintenant je vais avoir droit à tout un tas de questions, auquel je n'ai aucune envie de répondre. J'essaie de faire pédaler mon cerveau à tout allure pour trouver une explication plausible. Malheureusement rien de cohérent ne me vient, je vais devoir me contenter de la vérité... Fais chier !
- Chérie tu peux m’expliquer ? C'est bien le mec qu'on a vu au bar jeudi ? Qu'est-ce qu'il foutait là ?
Je lui raconte toute l'histoire de hier soir, jusqu'au paquet de ce matin, mes recherches sur internet et sa petite visite d'aujourd'hui. Nico m'écoute sans rien dire, plus j'avance dans mon récit, plus il ouvre de grands yeux ronds.
- Non mais t'es sérieuse ? Bon soit dit en passant il est... Plutôt beau gosse.
Je pense qu’il est urgent que mon meilleur ami aille consulter pour faire vérifier sa vue !
- Plutôt beau gosse ? Non mais tu l’as bien regardé, c'est un vrai canon oui, son corps est un appel au sexe. Bordel, comment je vais me sortir de cette situation ? Et puis il a réussi à trouver mon adresse c'est flippant quand même!
Il y a moins de dix minutes cette question n'avais pas l'air de beaucoup me perturber ! Libido1/ Cassie 0
Je suis en train de faire les cents pas dans l’appartement en agitant les mains en l’air. J’suis complètement paumée, plus je le repousse, plus il me court derrière. Et cette situation commence vraiment à m’épuiser !
- Attends chérie... Wilson c'est bien ce que tu as dit?
Je m'arrête net au milieu de la pièce pour le regarder. Il a sa tête du "je réfléchis".
- Oui, Mickaël Wilson pourquoi?
- Un lien avec Richard Wilson?
Je me demande bien où est-ce qu'il veut en venir. Il semble connaitre son père, bizarre!
- Oui, d'après mes quelques recherches c'est son père... Putain accouche Nico, tu sais quoi au juste?
Bon sang, mais qu'est-ce qu'il m'énerve quand il tourne autour du pot comme ça!
- Et bien, Richard Wilson a une société immobilière, il possède plus des trois quart de la ville, c'est notre propriétaire chérie! Je te rappelle que nous sommes tous les deux sur le bail de l'appartement!
Et bien, voilà qui me donne au moins une réponse aux questions que je me pose! Mais cela ne m'avance à rien, sur le fait que je me demande toujours ce qu'il peux bien me vouloir!
- T'es dans la merde chérie, dit-il en riant.
- Franchement ? Ce n’est vraiment pas drôle, il n'a pas l'air de vouloir laisser tomber l'affaire et à chaque fois que je suis trop près de lui, c'est comme si mon cerveau se mettait sur off.
- Et bien chérie, c'est peut-être le moment de laisser parler ta libido, franchement ce doit être un vrai tas de poussière là-dedans.
Mouais, c'est vrai, sans mes joujoux, les toiles d'araignée déborderaient à coup sûr !
Et nous partons dans un fou rire. Tout un tas de pensées envahissent mon esprit, j'aimerais pouvoir m'abandonner à la sensation et au plaisir, sans penser aux conséquences, mais je n'y arrive pas. La peur m'assaille de toutes parts quand l'idée me traverse simplement, alors comment arriver à la surmonter dans la vie réelle ? J'ai bien trop peur de sa réaction quand il verra ce que je cache, quand il me verra moi. Est-ce que je suis prête à prendre le risque ? Est-ce que je suis prête à lâcher du lest et cesser de contrôler ma vie sur tous les points ? Je n'ai pas de réponse exacte à toutes les questions que je me pose. Ce que je sais par contre, c'est qu'il éveille en moi de nouvelles sensations. Des choses que je pensais avoir enterrées à tout jamais. Je m'assois sur le canapé et m'effondre sur l'épaule de mon ami, je suis épuisée de cette journée, épuisée de le fuir alors qu'il n'a de cesse de me courir après.
Et un tantinet frustré, il faut bien le dire !
Quand j'ouvre les yeux, il fait nuit, Nico est dans la cuisine, une odeur me chatouille les narines. Je m'étire en faisant une prière silencieuse pour que mon ami n'ait pas eu l'idée saugrenue de nous faire à diner. Je ne tiens pas à mourir ce soir. Il a beaucoup de qualité, mais la cuisine n'en fait vraiment pas partie. Je me redresse, en clignant plusieurs fois des paupières pour finir par me lever pour le rejoindre.
- Ne me dis pas que t'as fait la cuisine.
Ce n'est vraiment pas ma journée ! Quelqu'un m'en veux c'est sûr !
- Non j'ai commandé. D'ailleurs, ces fleurs sont arrivées pour toi en même temps que le diner.
Des fleurs, voilà encore autre chose !
Je m’approche du comptoir et aperçois un magnifique bouquet de fleurs des champs, mes préférées, j'adore les fleurs de saison. Je les utilise beaucoup dans les compositions de mes gâteaux, je trouve que ça apporte une touche de romantisme et de classe au wedding cake. J'en fourre partout, même dans le petit salon à l'entrée de la boutique. Je détache la carte qui l'accompagne.
" Avec toutes mes excuses " M Wilson Industries, recherche et développement"
- Il s'excuse pour ? Etre arriver à l'improviste? Avoir faillit me baiser? Me rendre dingue? Ce mec est une énigme.
Nico éclate de rire.
- Bon, tu comptes faire quoi ?
Bonne question ! Dans un premier temps, jouir avec Laurel ou Hardy ou peut-être même les deux !
Je retourne vers le canapé et me laisse tomber dessus en poussant un gros soupir.
- Je n'en sais rien, il finira peut-être par se lasser ? Beau comme il est, il doit avoir une horde de chiennes en chaleur prête à écarter les cuisses pour le satisfaire. Je n’ai vraiment pas besoin de ça en ce moment et puis tu m’as regardée ? Franchement tu me vois avec un mec pareil ?
Le Ying et le yang ! Le couple du siècle !
Moi si banale et lui si exceptionnel. Il a une certaine assurance où moi j'ai tendance à être gourde. Il sait exactement ce qu'il veut, alors que moi j'hésite sans arrêt. Je décide d'arrêter là le comptage de mes défauts, ce n'est pas la peine d'en rajouter sinon, je vais sombrer dans la dépression.
Nico vient me rejoindre, il me tapote la cuisse pour que je lui fasse une place à côté de moi puis il s’assoit avant de reprendre.
- Je t'y vois tout à fait oui. Ecoute chérie, c'est n'est pas parce qu'un connard t’a complètement démolie que tu ne mérites pas d'être heureuse.
Sortez les violons ! Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants ! C'est maintenant que je dois rire? C'est ça?
- Mais bien sûr, le mec il est riche à millions, il est encore plus beau qu'un dieu grec et il s'intéresse à moi ? Alors qu'il n'a qu'à se pencher pour ramasser. Je suis juste sa pulsion du moment, il a peut-être envie de se taper " une fille normale" pour voir ce que ça fait et je ne suis pas sûre d’en être capable.
Et ça n'arrivera pas, je ne ferai pas partie de son tableau de chasse ! Mais c'est pourtant pas l'envie qui m'en manque !
Je me fais violence pour lutter contre mon envie de passer un peu de bon temps. Je dois garder le contrôle de ma vie, continuer à jouer selon mes règles. J'ai bien peur qu'il ne me réduise en poussière si je cède et je refuse de revivre ça, jamais !
- Tu me désespères chérie. Sylvain était un connard prétentieux qui ne te méritait pas, mais tes actes de tous les jours ont toujours un lien direct avec ce qu'il s’est passé.
Il se prend pour mon psy maintenant ?
Entendre le nom de celui qui m'avait mise au fond du trou, me mets au bord des larmes. Je sens ma lèvre inférieure commencer à trembler, je sens la boule dans mon ventre, remonter, pour se loger dans ma gorge.
Il vaut mieux qu'il n'insiste pas, sinon je l'étrangle ! Oui, j'ai fais des recherches sur YouTube et j'ai trouvé un tuto !
- Stop Nicole, je n'ai pas envie de parler de ça maintenant.
- Il va pourtant bien falloir en parler un jour, tu as vingt huit ans bordel. Tu ne crois pas que ça fait assez longtemps que tu te morfonds en te pourrissant la vie ?
La réalité de ses paroles me touche en plein cœur. Mes larmes se mettent à couler sans que j'arrive à les retenir. Je sais qu'il a raison, je sais qu'il a peur que je me réveille un matin en regardant en arrière et que je regrette de ne pas avoir vécu, d'avoir juste survécu. Nico me regarde, il sait qu'il a touché un point sensible. Il lève les mains comprenant qu'il vient d'aller trop loin. Je décide de voir ce que demain me réserve. Je n'ai pris aucune décision, entre suivre mon instinct de survie ou bien suivre ma libido comme le dit si bien Nico. Ce que je sais en revanche, c’est qu’il provoque en moi des choses dont j’avais complètement oublié l’existence et que ça me plait vraiment.
Et une trouille bleu, par la même occasion !
Nous passons la soirée devant la télé, à picorer dans les plats chinois qu'il a fait livrer sans revenir un seul instant sur notre conversation.
Je m'endors ce soir-là dans les bras de mon ami pour me réveiller le lendemain dans mon lit, lui à mes côtés. Il y a longtemps qu'il n'avait pas fait ça. A une certaine époque, il dormait régulièrement avec moi pour m'éviter de faire trop de cauchemars. Sa présence était mon réconfort et ses bras ma protection. Le voir là, allongé près de moi me ramène plusieurs années en arrière. Toutes ces années sombres qu’il a traversées avec moi, sans jamais se plaindre, tout le temps qu’il m’a consacré pour me remettre debout.
Il m'exaspère parfois, mais putain qu'est-ce que je l'aime !
Je suis terrorisée à l’idée de laisser rentrer quelqu’un dans ma vie, je panique en imaginant de me retrouver nue… J’ai peur, peur de me faire rejeter encore une fois, je ne suis vraiment pas sûr de pouvoir y survivre !
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