Le cunni d'ta vie, avec ou sans culotte ?
A huit heures, nous sommes déjà au boulot pour peaufiner notre entrevue, avec le cabinet d'avocats "Miller&Brant". Et à dix heures, nous sommes fin prêts à nous mettre en route, pour rejoindre leur bureau situé dans le quartier des Grands Hommes. Je suis excitée à l'idée de réaliser un tel projet, mais en même temps, super nerveuse. Et si ce que nous avons à proposer ne leur plait pas ? Si nous nous étions trompés sur toute la ligne en ce qui concerne leurs attentes ? Et surtout, si je ne suis pas à la hauteur ? Putain, mon stress est à son comble. Nico, perçoit mon trouble, il prend ma main dans la sienne et la serre pour me rassurer.
Ouais, c'est à cause de toi, si j'suis dans tous mes états ! Fait chier !
On nous fait prendre place dans une salle de conférence avec des boissons. Une grande table en verre transparente trône au centre de la pièce avec des sièges luxueux tout autour. Les murs beiges en font un endroit très lumineux. Derrière le fauteuil principal, le mur est entièrement vitré, offrant une vue imprenable sur la ville. Madame Gauthier, se présente quelques instants plus tard, accompagnée de sa secrétaire. C'est une femme élégante, dans la cinquantaine, qui impose le respect, elle m'intimide un peu d'ailleurs. Nous nous levons à son approche mais elle nous fait signe de rester assis.
Elle prend la parole.
- Bon commençons, je n'ai que peu de temps à vous consacrer.
Nico, explique son projet. Il a axé l'évènement sur la Garden Party. Des fleurs, du champêtre, réception à ciel ouvert, un dimanche de mai. Je prie silencieusement pour que ça marche, puisque je me suis calquée sur lui, pour faire les différents croquis des pièces montées du dessert. Mes doigts pianotent sur ma cuisse et ma jambe tressaute, signe de mon état de stress. Le temps me parait très long, alors qu'elle regarde avec attention notre proposition.
J'vais finir par imploser ou me pisser dessus, au choix ! Mais pourquoi j'ai bu autant de café ce matin?
Au bout d'un temps qui me parait interminable, elle finit par relever la tête et sourire.
- Parfait, dit-elle, vous avez très bien cerné ce que voulait monsieur Miller, c'est un homme simple qui s’est fait tout seul et qui aime que l'on s'en souvienne. Il va adorer, j'en suis certaine. Quant à vous mademoiselle Dubois, que dire de vos croquis ? Ils sont magnifiques ! On m’avait fait beaucoup d'éloges à votre sujet, mais je vois que c'était bien loin de la vérité. Je vais opter, pour celui-ci qui, je pense, rassemble bien tous les critères. Pour ce qui concerne les parfums, vous revevrez demain par mail les choix définitifs.
Ouf ! Respire ! Une minute de plus et je manquais d'air !
Bon sang, entendre autant de compliments sur mon travail en une seule phrase me met en joie. Mon stress disparait instantanément, je suis même toute excitée. Pour la première fois depuis plusieurs jours, je me sens légère, j'ai l'impression que je pourrai déplacer des montagnes.
Elle se lève et nous la suivons jusqu'à la porte où elle nous serre la main et nous dit à dimanche.
Elle se retourne.
- Monsieur Miller tient à ce que vous assistiez tous les deux aux festivités.
C’est nouveau ça, depuis quand le petit personnel assiste au show ?
Nous nous regardons surpris. Nico, finit par mettre fin au silence.
- Nous en serons ravis bien entendu. Remerciez monsieur Miller de notre part.
Elle nous sourit et tourne les talons. Nous nous trouvons devant la porte de l'ascenseur en jubilant quand les portes s’ouvrent sur... Le sérial dragueur !
La journée avait pourtant si bien commencé. Putain, mais il me suit ou quoi ?
Encore plus sexy que jamais, dans son costume trois pièces bleu marine et sa cravate anthracite qui relève le bleu de ses yeux. Il doit les faire faire sur mesure, car il épouse parfaitement chacun de ses mouvements. Ses cheveux au style coiffé-décoiffé lui donnent un air rebelle. Il sourit de toutes ses dents en m'apercevant.
Je vais m'évanouir ou le frapper ! Ok, d'abord je le frappe, ensuite je m'évanouis ! Putain, c'est à croire qu'il m'a collé en GPS sur le cul !
- Ferme la bouche chérie.
Nico me regarde du coin de l'œil, réprimant un rire.
Reprends tes esprits ! Pourquoi, seule mon esprit fonctionne? Il m'a fait un truc, c'est pas possible !
Je suis pétrifiée, comme à chaque fois que je prends conscience de sa présence. Il est accompagné d'une magnifique jeune femme, aussi brune que lui, dont le visage m'est familier. A mieux y regarder, c'est la femme qui l'accompagnait samedi soir. Quelque chose se serre dans ma gorge, mais je le repousse aussitôt.
Non ce n'est pas de la jalousie ! De toute façon, c'est pas comme-ci je pouvais rivaliser avec elle !
Il s'arrête à notre niveau.
- Cassandra, c'est toujours un plaisir de tomber sur vous, dit-il avec un sourire. Monsieur Lamendin, ravit de vous revoir.
Il embrasse mes doigts et un courant électrique me parcourt, de part en part, et quand il me relâche pour serrer la main de Nico, je ressens comme un manque.
Il ne pouvait pas mieux choisir ses mots ! Putain, mais qu'est-ce que j'raconte?
La femme qui l'accompagne se racle la gorge. Il semble tout d'un coup se souvenir de sa présence.
- Laissez-moi vous présentez Sasha, ma petite sœur.
Sa sœur ! ouf... Quoi ouf, n'importe quoi ma fille !
Le nœud qui s'était formé dans ma gorge, disparait instantanément, mais je ne m'y attarde pas, ce n’est vraiment pas le moment.
- Sasha, laisse-moi te présenter, mademoiselle Dubois et monsieur Lamendin.
- Je suis enchantée, dit-elle en nous serrant la main.
- Moi de même, dis-je.
Putain ses yeux… Achevez-moi !
Quand il me regarde comme ça, j’ai l’impression qu’il peut lire au plus profond de mon âme et c’est une impression très déstabilisante.
- Veuillez nous excuser, dis-je mais nous devons partir.
On se tire d'ici vite fait ! Aux chiottes libido et conscience ! Putain, qui est-ce qui commande? Merde !
Il faut que je m’éloigne avant que mon cerveau cesse toute connexion. Je sais exactement ce qui finit par arriver quand nous sommes trop proches. Il est beaucoup trop canon et tellement sûr de lui que ça en est agaçant et moi, je semble parfaitement incontrôlable quand je suis en sa présence.
Il ne manquerait plus, que je finisse par lui demander de me baiser au milieu du hall ! J'ai dis, vos gueules toutes les deux !
Mickael se tourne vers Nico.
- Vous aviez prévu quelque chose pour le déjeuner ?
Ils me jettent tous les deux un coup d’œil rapide.
- Non.
Il est sérieux ? Nicole, ne me fait pas ce coup là ! J'ai enregistré le tuto de YouTube ! Je le jure !
- Alors, cela ne vous ennuie pas que je vous l'emprunte pour le déjeuner ? Je vous promets de vous la ramener avant quatorze heures.
Je vous en prie, faites comme si je n'étais pas là ! On se croirait à la foire à la viande ! Qui en veux de ma belle vache, elle est douce et docile !
J'écarquille les yeux, je suis en train de bouillir de l'intérieur, à la fois de colère de voir qu'il ne s'adresse pas à moi et d'envie en pensant au fait que je pourrais passer un moment avec lui. Nico, croise mon regard et répond.
- Pas du tout, si cela lui convient.
Tiens il se rappelle que je suis là !
Mickael me regarde, droit dans les yeux, il se penche vers mon oreille et y murmure :
- Juste un déjeuner, dites oui.
Jésus, Marie, Joseph, priez pour moi !
Son souffle chaud contre mon oreille me rend dingue. Il me regarde dans les yeux en attendant ma réponse, ce que je lis dans son regard me déstabilise, serait-ce de l’angoisse ? Du coup, je ne suis plus très sûre de ma faculté à le déchiffrer. Je me dis que j'ai sûrement mal vu. De toute façon, je ne pourrai pas vérifier puisque son expression est partie aussi vite qu'elle est arrivée. Une touche d'amusement passe dans ses yeux et comme je ne réponds pas...
- J'accompagne Sasha et je vous retrouve en bas dans cinq minutes.
Je suis encore complètement sous son charme, quand il s'éloigne avec sa sœur qui se retourne pour nous faire un signe de la main. Je lui rends son attention, après tout elle n'est en rien responsable du comportement obsessionnel de son frère. Quand je retrouve un semblant de contrôle de moi-même, je fais face à mon ami qui est toujours à la même place.
- Nico! Merde, pourquoi tu m’as fait ce coup-là ?
- Ecoute chérie, tu n'en veux pas ok, mais tu lui dis-toi même. Hors de question que je me mêle de ça, tu es grande assume. Tu as ton occasion, fais lui comprendre que ce n'est pas possible ou... Ce que tu veux exactement, enfin… Si tu arrives jusqu'au dessert.
Tu vas me le payer Nicole ! Je jure que je vais le découper en petits morceaux et le jeter à la Gironde !
Il tourne les talons et disparait par les escaliers en riant.
Lâcheur ! Vendu ! Ingrat !
Je prends l'ascenseur, j'ai déjà bien assez chaud sans descendre les trois étages à pied. Et en plus, je n’ai pas envie de me trouver avec mon ami pour le moment. En arrivant en bas, Je passe par la case toilettes.
Putain, il était temps !
Je rentre au labo, sérial dragueur devra se passer de moi pour déjeuner. Je ne suis pas une chose dont monsieur peut disposer comme bon lui semble.
Et toc... Va te faire foutre beau gosse !
Je sors quand un homme m'interpelle.
- Mademoiselle Dubois, veuillez monter s'il vous plait.
C’est qui encore celui-là ? Mon nom est écrit sur mon front ou quoi ?
- Pardon ?
- Veuillez m'excuser mademoiselle, mais monsieur Wilson m'a demandé de vous faire monter dans la voiture en l'attendant.
Il est sérieux !
Je commence vraiment à être agacée par ce monsieur Wilson, je crois que je perds patience, je sens cette colère monter en moi. Putain, moi qui suis en général assez calme, il me fait perdre tout contrôle sur mes émotions. J'ai l'impression d'être une boule sous tension perpétuelle, un fil tendu à son maximum prêt à casser sous le poids de mes craintes ou de mes envies… Ou des deux. Putain je n’en sais foutrement rien !
- Ecoutez, dites à votre patron que je ne suis pas intéressée, qu'il aille à la pêche s'il a besoin de se détendre.
Ou qu'il tente la branlette, ça marche aussi ! Mais ça je le garde pour moi !
Je tourne les talons et me heurte à Mickael. Il incline la tête, plisse les yeux, son regard est impénétrable.
Et merde ! Ce n'est définitivement pas ma journée, ça se confirme !
- Pardon monsieur, dit l'homme derrière moi.
Il lève la main.
- Ne vous en faites pas Serge, cette demoiselle passe son temps à essayer de me fuir.
- Et vous à me courir après ! Dis-je dans un murmure.
Il me regarde, un éclair passe dans ses yeux d'un bleu océan.
- On y va ?
Il met la main au creux de mes reins et me fait signe de monter en voiture. J'abandonne toute résistance. Il faut juste que je lui fasse comprendre que tout cela n'ira pas plus loin. Je ne coucherai pas avec lui, même si je dois bien me l'avouer, c'est plus que tentant.
- Un déjeuner, juste un déjeuner. Après vous me laissez tranquille.
Voilà c'est dit ! Mais j'aurai pu être plus convaincante ! Fait chier !
Il ne répond pas et fait signe au chauffeur qui m'ouvre la portière. Je prends place, pendant que Mickael fait le tour pour monter de l'autre côté. Il s'installe avec une telle aisance, que j'en suis admirative. Il me prend la main et embrasse mes doigts, puis il les entrelace aux siens. Il est si proche que j'en ai le tournis, il me rend dingue dans tous les sens du terme.
Lance-toi ! Si seulement c'était facile !
- Ce ne sera pas possible.
Je triture l'anse de mon sac à main, entre ma main libre, signe de mon anxiété. J'ai baissé les yeux pour qu'il ne voie pas la tempête qui fait rage à l'intérieur de moi. Je dois me protéger.
- Et pourquoi donc ?
Il se déplace pour me faire face, attrape mon menton dans sa main et le tourne vers lui pour plonger dans mes yeux. Je fais tout ce que je peux pour lui cacher mon trouble. Mais ce que je vois passer dans ses prunelles, me dit très bien qu'il n'est pas dupe, bien au contraire. Il est parfaitement conscient de l'effet qu'il a sur moi et en cet instant, je sais très bien l'effet que je lui fais aussi. Je pousse un profond soupir en fermant les yeux, brisant ainsi notre connexion tout en me dégageant de son emprise.
- Ma vie est déjà compliquée, je suis compliquée et je n'ai pas envie que ça devienne plus compliqué encore.
Et la palme de la stupidité est attribuée à... à... Cassie ! Moi, dans toute ma splendeur !
Je tourne la tête vers l’extérieur pour regarder les passants qui se hâtent pour aller déjeuner.
- Tu vois des complications où il n'y en a pas. Je tourne la tête vers lui et il me sourit. Tu en crèves d'envie, je le vois et tu le sais très bien. Je suis sûr que tu es trempée. Pourquoi ne pas vouloir succomber à ce qui te ronge de l’intérieur ?
J'écarquille les yeux et me tourne vers le chauffeur, complètement horrifiée qu'il ait pu entendre notre conversation. Je me rends alors compte qu'une paroi vitrée occultante est remontée, ce qui nous isole du monde extérieur. Tout à coup; je me sens soulagée... ou pas.
Entre les deux mon coeur balance !
Il se penche vers moi.
- Ho putain Cassandra, tu n'imagines même pas l'effet que tu me fais !
Qui moi ? La tempête fait rage dans ses yeux bleus. Il s'empare de ma bouche sans que je n'oppose de résistance. Sa langue est avide, il m'explore comme si sa vie en dépendait. Il déboucle ma ceinture, me hisse sur ses genoux, m'attrape le cou d'une main en faisant courir l'autre dans mon dos. Il m'installe face à lui, à califourchon, je sens sa queue tendre son pantalon et se frotter à ma fente.
- Regarde dans quel état je suis.
Je baisse les yeux sur son sexe qui a l'air d'être très à l'étroit dans son pantalon. Je sens la moiteur envahir ma culotte et mon bouton palpiter entre mes cuisses.
- Regarde-moi.
Je relève la tête et croise son regard où je lis de l'excitation.
- Ose me dire que je ne te fais aucun effet.
Ça va être difficile ! Je suis à deux doigts de la combustion spontanée ! Et merde, au diable les bonnes résolutions !
J'attrape son visage entre mes mains et l'embrasse à pleine bouche, elle est parfaite, comme si elle était faite pour moi, il est parfait, mais moi non. Stop ! Mon cerveau se met sur off, comme à chaque fois que je suis en sa présence. Je profite pleinement de la sensation de sa bouche sur la mienne. Je me dégage de ses lèvres, complètement hors d'haleine, pour reprendre mon souffle. Il parait dans le même état que moi.
- Tu me rends dingue !
Comme je ne réponds rien, il reprend ma bouche tout en me déplaçant et je me retrouve sur la banquette, contre la portière.
- J'ai envie de te gouter depuis le premier jour où je t'ai vue !
Je tente de protester, mais il est déjà sur moi et m'embrasse. Il passe la main sur mon ventre et fait sauter les trois boutons de mon pantalon. Sans que je comprenne comment, il me l'a déjà ôté je me retrouve en string, les jambes écartées.
- Magnifique, j'espère que tu ne tiens pas trop à ce petit morceau de tissu.
Il pose la main sur mon sexe et déchire ma culotte d'un seul geste. Je n'ai jamais ressenti, ni vécu un truc pareil. Je n’arrive pas à réfléchir, je ne pense qu'à une chose qu'il me baise. Il m'embrasse toujours et insère un doigt dans mon intimité.
- Bon sang, mais tu es trempée.
Il porte son doigt à sa bouche et le suce.
- Délicieux.
Comment fait-il pour pouvoir m'exciter en disant des mots aussi crus ?
Si, en fait je sais, j'adore ça, mais il est pas né celui qui me le fera dire à haute voix !
Il reprend ma bouche et me fait goûter mon excitation. Il descend, commence à m'agacer le clitoris avec la langue, je gémis en oscillant les hanches de bas en haut. Il enfonce son doigt, je me contracte, c'est divin, il sait y faire. Sa langue caresse le pourtour de ma fente pendant que ses doigts me pilonnent.
Oh putain ! Je ne suis plus que sensations, tout le reste semble ne plus exister. Il touche un endroit sensible tout en suçant mon petit bouton et en un rien de temps, il me propulse au septième ciel.
Putain, le cunni de ma vie !
Encore haletante, cherchant à reprendre ma respiration et à contrôler les spasmes de mon corps. Il se penche sur moi pour me donner un baiser très doux sur les lèvres.
- Il faudrait te rhabiller, nous sommes arrivés.
Quoi ?
Quand je reprends mes esprits, je vois que la voiture est stationnée devant le grand théâtre et le chauffeur attend à l'extérieur. Je suis à moitié nue, allongée sur la banquette arrière. Oh mon dieu !
Mais qu'est-ce que je fous ? Je suis définitivement bonne à enfermer !
- Je ne peux pas, je dois rentrer, je suis désolée mais je ne peux pas.
J'essaye de me rhabiller au pas de course, mes mains tremblent, je n'arrive à rien, les larmes me montent aux yeux. Qu'est-ce que je viens de faire ? je l'ai laissé me donner un orgasme avec sa bouche, à l'arrière d'une voiture, en plein jour. Il faut que je sorte de là. J'ai totalement perdu la tête. Et en plus, me voilà sans culotte. Le sang pulse à mes oreilles.
L’expression sur son visage est indéchiffrable, de la peine, de la colère, je n'en sais rien. Mais il faut que je parte au plus vite, que je m'éloigne de lui, avant que je ne sois définitivement bonne pour l' HP. Il tape un texto sur son téléphone et le chauffeur remonte en voiture pour s'engager dans la circulation. Mickael s'approche et m'aide à remettre de l'ordre dans ma tenue. Quand ce fut fait, il dépose le plus doux des baiser sur mes lèvres, me remet sur le siège à côté de lui et boucle ma ceinture.
- Je te ramène.
Ce sont les dernières paroles qu'il prononce, avant de détourner la tête et regarder par la fenêtre, tout le temps du trajet retour. Je ne dis rien non plus, de toute façon je n'ai aucune explication à lui donner, je ne lui dois rien !
Bravo ma grande, je suis très fière de toi !
Serge se gare devant mon lieu de travail, descend et m'ouvre la portière, je me retourne, il regarde toujours par la fenêtre.
Dis quelque chose !
- Je suis désolée, mais je ne suis pas ce que tu crois. Adieu Mickael !
Bravo, très spirituel !
Je remercie Serge et m'engouffre dans le labo, le plus vite possible avant de craquer.
Nico sort de son bureau et me prend dans ses bras, la voiture a déjà disparu. Je me love contre mon meilleur ami et je laisse aller mon chagrin. Putain mais qu’est-ce qui m’est passé par la tête ? Jamais je n’avais agi comme ça auparavant, je suis en train de perdre l’esprit, je ne vois pas d’autre explication.
- Putain ! T'as vraiment une sale tête, il s’est passé quoi exactement avec ton sérial dragueur ?
Rajoutes-en !
Entendre Nico parler de Mickael avec le surnom que je lui ai donné, me hérisse les poils.
Je décide de lui révéler ce qu'il s’est passé, je sais très bien que mon ami ne me jugera pas sur mon comportement. Après lui avoir tout raconté, je me rends compte que je tremble encore, mais je me sens un peu mieux.
- Chérie, c'est très bien que tu te sois lâchée, tu es sur la bonne voie.
Je pousse un profond soupir.
- Et comme toujours... j'ai paniqué !
Nico éclate de rire en entendant mes paroles, je le regarde avec un air interrogateur.
- Tu ne saisis pas l’ironie ? Tu as paniqué... Et du coup tu n'as pas niqué.
Et il repart dans un fou rire, je finis par l’accompagner quand je saisis son jeu de mots.
Plus pourri tu meures, mais au moins ça détend !
Nous sommes tous les deux pliés en deux et les larmes nous montent aux yeux. Bon sang que ça fait du bien. Nous finissons par nous calmer. Il me prend par les épaules et plante son regard dans le mien.
- Chérie, tu as fait un premier pas et tu as trébuché. Dis-toi qu'il faut apprendre à marcher avant de courir. Ça fait cinq ans, il est grand temps que tu te lances.
Je me frotte le front sentant poindre une migraine.
- Tu me connais très bien, je rentre j'ai besoin d'être seule.
- T'es sûre que ça va aller ?
- Oui t'inquiète, je te laisse la boutique. Je t'aime.
- Moi aussi je t'aime chérie, et ça me rend triste de te voir malheureuse.
Je m'en remettrai !
Il m'embrasse sur la joue et je prends la direction de la maison. En chemin, je m'arrête dans une épicerie pour acheter de la glace. La dépression me guette et c'est un remontant tout à fait acceptable. En sortant, je trouve Serge sur le bas-côté, je ne veux pas voir Mickaël, je décide de filer dans l'autre sens, même si ça me vaut un gros détour.
- Mademoiselle, s'écrie-t- il, voulez-vous que je vous ramène ?
Non merci !
Je me retourne pour lui faire face.
- Ca ira Serge merci, occupez-vous de votre patron, dis-je en indiquant la voiture.
- Il n'est pas là, je viens de le déposer à son bureau, s'il vous plait montez.
Je ne sais pas pourquoi, mais cet homme me plait bien, j’ai l’impression de pouvoir lui faire confiance.
- D'accord, mais je monte devant.
C’est à prendre ou à laisser !
Je n'ai aucune envie de me retrouver à l'arrière de la voiture et de revivre ce qu'il s’est passé un peu plus tôt, je dois oublier ça. Je dois l’oublier lui.
Rien de plus simple ! Et pouf, disparu. Si seulement c'était aussi facile!
- Très bien, me dit-il, en ouvrant la portière côté passager.
- C'est gentil à vous Serge, merci.
- Tout le plaisir est pour moi mademoiselle, me dit-il en passant la main sur le rebord de sa casquette.
Il prend la parole en s'engageant dans la circulation, il n'est que treize heures, mais il y a du monde pour un lundi.
- Vous savez, je connais Mickael depuis toujours, ça n'a jamais été un garçon facile, mais il a bon cœur. Il mérite d'être connu.
Je n'en doute pas une seconde, mais c'est toujours non !
Je le regarde, sans savoir trop quoi dire. Il se tait le reste du trajet et finit par se garer devant mon immeuble, Il m'ouvre la portière.
- Laissez-lui une chance.
- Je ne suis pas sûre d'être capable de faire ça !
Il me regarde d'un air interrogateur, mais ne pose pas plus de questions et je lui en suis reconnaissante. Il me salue, remonte dans la Jaguar et disparait dans le flot de circulation.
En regagnant mon appartement, j'ai un sentiment étrange, un pincement au cœur. Je n'ai pas su lui dire non et j'ai fui sans raison valable ! Je lui dois peut-être une explication, mais comment lui faire comprendre, sans me mettre à nu ? De toute façon, vu comment je me suis comportée, je doute fort qu'il essaie de me revoir. A cette pensée, je ne saurais dire si je suis soulagée ou bien triste.
Je n’ai pas envie de rester ici à me morfondre, j’ai besoin d’évacuer cette tension que je ressens. J’ai besoin de démêler mes sentiments et pour ça, je sais exactement ce qu’il me faut.
Un coup de téléphone plus tard et je suis prête à partir…
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