Chapitre 2 - Nouvelle chambre

3 minutes de lecture

La journée du lendemain passe à la vitesse de l'éclair entre le parcours d'eau, la fourmilière géante, le cinéma de la Géode... Les enfants sont tellement happés qu'aucun des deux ne parlent, ne serait-ce qu'une seule fois du déménagement.

Par contre, une fois attachée dans la voiture, tout s'emballe dans la tête de Célestine. Cette fois, ce n'est plus dans la gorge mais au milieu du ventre que la boule douloureuse a élu domicile. Elle grandit à mesure que défile le paysage. Tous les cartons sont-ils bien arrivés ? Ses peluches ne se sont pas trop inquiétées ? Aura-t-elle son tableau de tigre promis par ses parents ? Ont-ils emmené la veilleuse ? Malgré son âge, la fillette est toujours terrorisée dans le noir.

La voiture passe le portail et les grands-parents s'arrêtent sur le côté, au bout de l'allée en cailloux blancs. Le cœur de Célestine accélère. Elle entend de loin son frère s'écrier :

— Elle est belle la maison ! Et mes dinos ? Papa, maman, ils sont collés mes dinos ?

— Bonjour Ernesto, d'abord une bise, je te rappelle qu'on ne s'est pas vu depuis hier. Ensuite, on t'emmène découvrir ta chambre.

Célestine ose un pied hors de la voiture puis s'arrête, la chaussure suspendue dans l'air. Les questions fusent de plus en plus vite. Elle se plie en deux de douleur.

— Célestine ? appelle sa mère.

Son père approche, l'attrape par la main et la tire en douceur.

— Viens ma puce, que vous découvriez vos chambres en même temps.

L'enfant rend les embrassades offertes et suit sans un mot. Papa ne lâche pas sa main tandis que maman reste avec Ernesto. A trois, la porte s'ouvre et Célestine découvre son lit mezzanine avec une cabane improvisée en dessous où sont installés ses doudous parfaitement alignés en trois rangées sur le petit canapé qui longe son espace de travail. L'estampe du tigre trône face à son lit ainsi qu'une une toute nouvelle armoire avec un immense miroir. La teinte vert d'eau sur le mur où est accroché le cadre est encore plus jolie que sur le modèle qu'on lui avait montré. Célestine entoure la taille de son père, frotte son visage contre le polo :

— Merci papa, c'est trop magnifique !

Il caresse sa chevelure blonde et lisse.

— Ravi que ça te plaise, ma fille.

Soudain, Ernesto déboule dans le couloir en sautillant partout :

— T'as vu Céles', on a chacun notre chambre et mes dinos c'est les plus beaux !

— T'as pas vu mon tigre, c'est pour ça, renchérit la fillette.

Le petit garçon s'apprête à répondre mais le commentaire maternel le coupe dans son élan :

— À table ! Fast-food pour tout le monde !

Les deux enfants explosent de joie, cela doit bien faire deux ou trois mois qu’ils n’en ont pas mangé. Ils dînent en terrasse profitant de l'air frais du soir et des cerisiers en fleurs. Célestine a hâte de voir les arbres rougir. Puis, avant d'aller se coucher, un petit tour dans le poulailler tout neuf où chacun choisit sa poule : la rousse pour papa, la noire pour maman, la grise pour Ernesto et la blanche pour Célestine.

— Tu t'appelleras Flocon, murmure la fillette en tenant l'animal sur ses genoux.

— Et moi, je vais l'appeler Grisouille ! s'exclame Ernesto.

— Pff, même pas original, lance Célestine.

— Toujours mieux que ton prénom trop nul ! riposte le garçon.

— Les deux prénoms sont parfaits pour chacune de vos poules tranche papa.

— Allez, hop au lit avant de vous dire des choses trop blessantes.

Célestine se couche rassurée, tout est à sa place et ses peluches vont bien.

Les jours suivants, la blondinette fournit de gros efforts pour garder sa chambre parfaitement rangée ! les peluches alignées, les quelques bibelots décoratifs dépoussiérés, le lit refait tous les matins, les jouets dans les placards. Mais comme tout enfant, le bazar finit par envahir la pièce et le samedi soir suivant, la fillette n'a pas le courage de ranger. Il sera toujours temps de ranger le lendemain.

Soudain, ne voix agressive et froide déchire l'air :

— Pourquoi tu as fait ça ?

Célestine ne comprend pas, est-elle déjà en train de rêver ? Pourvu qu'elle se réveille et vite ! Cette voix, elle ne l'aime pas. Pas du tout. Les battements de son cœur s'accélèrent. Elle se concentre "Allez, réveille-toi !" se répète-elle en boucle.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 7 versions.

Vous aimez lire Valériane San Felice ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0