Chapitre 4 - Incomprise

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Célestine reste encore un long moment les yeux fixés sur la porte à l'endroit où le monstre se trouvait peu de temps auparavant. Elle a l'impression d'être une statue de pierre victime de la Gorgone. Sa gorge semble s'être resserrée car chaque fois qu'elle avale sa salive un petit élan douloureux lui pince la gorge.

Puis elle ose un pas. Un autre. Devant le silence manifeste et en l’absence d'yeux brillants, la fillette ose monter à l'échelle même si une étrange impression colle à sa peau tout le long de la courte ascension. Une fois arrivée, elle se pelotonne au plus vite sous le drap, la respiration irrégulière. Le temps passe, son corps reste tendu. Elle tente de se raisonner : tout est en ordre, la bête n'a donc plus de raison d'être là. Il lui faut plusieurs heures avant que son cerveau et son corps n'accepte l'absence de danger et qu'elle finisse par se rendormir.

Célestine se réveille à neuf heures. Descendue, elle retrouve son père en cuisine, sa mère en train de mettre ses chaussures et son frère devant la télévision.

— Ma biche, tu as dormi longtemps, la salue sa mère dont la voix est teintée d'étonnement.

— As-tu bien dormi ? s'enquiert son père.

— Je...

Célestine réfléchit. Peut-être pourront-ils l'aider ? Lui expliquer ce qu'il s'est passé cette nuit.

— J'ai vu un monstre dans la chambre, avec des yeux jaune brillant.

— Un cauchemar, ma pauvre chérie. C'est normal avec tous ces changements. Dans quelques nuits ça ira mieux, lui dit sa mère pragmatique avant d'ouvrir la porte extérieure. Je vais faire les courses, à toute à l'heure.

— Tiens, j'ai préparé des pancakes et on a du sirop d'érable. Ça te réconfortera. Et que faisait-il ce monstre dans ton rêve ? demande son père.

— C'était pas un rêve. Il m'a obligé à ranger ma chambre.

— Pourquoi insistes-tu sur le fait qu'il ne s'agit pas d'un cauchemar ?

— Parce que ce n'en était pas un. J'ai essayé de me réveiller.

— Le principe d'un rêve c'est de paraître vrai.

— Oui, mais...

— Célestine, arrête, ça devient fatigant. Et tu vas finir par faire peur à ton frère avec tes bêtises. Je comprends que ce rêve t'a fait très peur et c'est normal mais arrête avec ce discours.

— Je...

Son père fronce les sourcils et intime d'une voix ferme :

— Stop.

Si elle va plus loin, Célestine le sait, son père s'emportera. Il est d'un naturel assez calme mais l'insistance l'énerve rapidement. La blondinette s'installe, sert du sirop et commence à découper son pancake.

Son père s'est attelé à la confection de lasagnes pour le déjeuner, il aime toujours préparer les plats de bonne heure pour terminer par quelques parties de cartes sur ordinateur afin de se détendre. Ernesto, de son côté, reste focalisé sur l'écran. La fillette retient un soupir.

C'était bien réel. Personne ne veut la croire. Donc, personne ne l'aidera. Après tout, ce n'est pas bien compliqué de garder sa chambre rangée pour éviter les réprimandes du monstre.

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