Chapitre 7 - Pression

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Arrive la fin du trimestre et l'ouverture du bulletin. Célestine est sereine, elle a toujours eu de bonnes notes à l'école et le CE2 est une révision du CE1, facile. Pourtant, quand sa mère ouvre le papier, ses yeux trahissent sa surprise.

— Tiens ? Tu as des partiellement acquis en mathématiques.

— Ah bon ? demande son père en prenant le papier des mains de sa femme. Eh bien, Célestine, que se passe-t-il ?

— Je... L'évaluation était difficile, on a tous eu de mauvaises notes, ment-elle plus facilement qu'elle ne le pensait.

Ses parents froncent les sourcils de concert.

— Reprends-toi le trimestre prochain, d'accord ?

— Oui, papa. Oui, maman. J'ai fini mon dessert, je peux aller dans ma chambre ?

— Oui, range ton assiette et tu peux monter.

Célestine se hâte de débarrasser pour aller se réfugier au milieu de ses peluches. Elle se sent nulle, incapable. Comment-a-t-elle pu avoir des mauvaises notes ?

Son corps choisit pour elle de couper court aux pensées négatives qui se succèdent en la faisant partir au pays des rêves. A peine s'est-elle endormie que la voix tant redoutée la réveille brutalement :

— Et ces livres éparpillés !

Célestine se redresse avant de se précipiter au sol pour ranger les livres lus avant le dîner.

— Et comme ça, tu as des partiellement atteint...

Malgré la peur qui la traverse, Célestine entend la voix de ses parents au rez-de-chaussée. Cette fois, Parfaitement-Parfait est apparu plus tôt. Elle n'est pas seule éveillée, peut-être...

Elle ouvre la bouche et aussitôt le choc sous le menton fait vibrer sa mâchoire à plusieurs reprises.

— Ce n'est pas parfait des partiellement atteint, tu vas arranger ça, dit le monstre en avançant vers sa proie. N'est-ce pas ?

— Ou... Oui, souffle la fillette.

— Et vite ?

— D'...D'accord.

Le nuage doré remplace l'être d'ébène.

La fillette pleure abondamment avant qu'on ne vienne toquer à sa porte.

— Ma puce, je peux entrer ?

La blondinette sort un timide acquiescement et le battant s'ouvre pour laisser entrer son père.

— Ne te mets pas dans un état pareil, cela nous a surpris, c'est tout. T uferas mieux le prochain trimestre, ok ?

Elle hoche la tête.

— Tu trembles. Un cauchemar ?

Nouveau hochement de tête.

— Allez viens, on va installer le matelas dans notre chambre, mais demain tu dors dans ton lit.

— Merci papa.

Le dimanche Célestine est éteinte. Elle reste prostrée dans son antre à lire, dessiner et observer par la fenêtre. Le lundi matin, avant de partir à l'école, elle entend ses parents discuter dans la cuisine alors qu'elle enfile ses chaussures. Seul les mots "mal", "psy", "essayer" lui parviennent.

A l'école, elle essaie de se concentrer, sans y parvenir. Elle essaie de jouer mais reste finalement à l'écart.

Le soir en rentrant, sa mère lui explique sur le chemin du retour :

— Ma biche, avec papa, nous avons décidé de t'emmener un psychologue. Tes cauchemars ne passent pas, c'est sûrement lié au déménagement mais cela nous inquiète. Peut-être que tu pourras lui confier tes difficultés et que cela pourra t'aider à mieux les gérer.

Célestine n'y croit pas un instant, mais contredire signifierait sans aucun doute argumenter pour finalement capituler devant l'insistance parentale.

— Je veux bien essayer, concède-t-elle de mauvaise grâce sans toutefois le montrer.

— Il y a eu un désistement, nous y allons mercredi après-midi, juste après ton cours de dessin.

Plus le moment du coucher se rapproche, plus l'enfant angoisse. Son ventre devient lourd, sa gorge, nouée. Pendant sa lecture du soir, seule dans sa chambre, elle se mord légèrement le bras pour tromper son angoisse. A-t-elle suffisamment bien travailler aujourd'hui pour se prémunir de la visite nocturne ? A-t-elle fait quelque chose de maladroit qui pourrait justifier la venue de Parfaitement-Parfait ? Célestine est certaine que non mais le doute l'assaille comme un essaim de guêpes.

Soudain, elle a envie d'aller aux toilettes. La peur la cloue au lit. Et s'il venait plus tôt, comme la dernière fois ? L'envie devient pressante.

La chance lui sourit lorsqu'Ernesto entre :

— Céles', tu peux m'attraper un pansement, l'armoire à pharmacie est trop haute ?

— J'arrive tout de suite !

— Merci !

La fillette descend rejoindre son frère qui lui montre son entaille au doigt. Quelques gouttes coulent par terre.

— Vite, ça va en mettre partout, presse Célestine.

— C'est pas ma faute, c'est la feuille qui...

— On verra ça après, avance.

La blondinette s'improvise infirmière désinfectant la plaie avant de mettre le pansement.

— Garde le jusqu'à demain, le temps que ça arrête de saigner.

— D'accord.

— Qu'est-ce que vous faites ici ? demande sa mère en montant prendre sa douche.

— Me suis couper et Célestine m'a soigné, dit Ernesto rayonnant en mettant son doigt devant les yeux maternels.

— Ma biche, tu as désinfecté ?

— Oui.

— Bravo, une vraie petite infirmière ! Tu en as de la chance d'avoir une sœur pareille Ernesto !

Chacun retourne se coucher et Célestine finit par s'endormir avec le compliment de sa mère en tête. Cette nuit Parfaitement-Parfait la laisse tranquille, même si la petite fille est bien consciente que ce n'est pas fini.

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