La colère

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                La colère est dangereuse, et elle frappe sans prévenir. S’il y a des fois où je la sens monter et donc où je peux l’anticiper, il arrive aussi qu’elle déferle d’un coup sans prévenir, et alors tout est foutu.

                Dans ces moments-là, aucun traitement ne m’apaise et je suis monstrueux. J’ai n’ai que des horreurs à la bouche, je suis foncièrement mauvais et incapable de me calmer. J’ai un voile rouge devant les yeux, je suis incapable de réfléchir, d’aligner deux idées cohérentes, de prendre du recul ou de faire la part des choses.

                La seule chose que je peux faire dans ce cas, c’est m’enfermer tout seul dans mon coin pour ne pas m’acharner sur ceux que j’aime…

                J’en vois déjà se dire « Oh le pauvre, ça doit être un calvaire… ». Alors pensez deux seconde à ma famille, mon épouse et mes enfants, qui n’ont rien demandé et qui se retrouvent subitement avec une cible peinte sur le front…

                Puis d’un coup, tout retombe, me laissant vide d’énergie, honteux, et incapable de me rappeler de quoi que ce soit si ce n’est la colère… Un black-out total pendant lequel je sais simplement que j’ai fait du mal à mes proches, pendant lesquels mes enfants m’ont déjà dit avoir peur de moi…

                Après ça, je me demande à chaque jusqu’où ça pourrait aller, est-ce qu’un jour je ne risque pas d’avoir un geste malheureux… Je ne sais pas contrôler ma force dans ces moments-là, et je ne sais même pas si je saurais m’arrêter… Alors en plus de la honte vient s’installer la peur, peur de moi, peur pour eux… Quand ça arrive, je voudrais m’enterrer, disparaître, pour ne plus leur infliger ça…

                Je tâche de ne jamais me concentrer sur mon mal-être ou m’apitoyer sur mon sort, parce que s’il n’est pas enviable, le leur l’est encore moins… Ils ne méritent pas ça…

                Alors même si ces crises sont moins fréquentes, tant que je n’arriverais pas à totalement les juguler, j’aurais peur, parce que je vie avec la boule au ventre à l’idée qu’un jour s’échappe le monstre au-dedans…

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