Chapitre 18
LELIA
Je gémis tout en m'essuyant la bouche avec un peu de papier wc, mes genoux crispés sur le carrelage des toilettes me font mal et mes jambes flagellent violemment tout comme ces sueurs froides qui me font trembler toute entière. Ce goût désagréable et nauséabonde me répugne, je me relève puis tire la chasse avant de ressortir.
Je sursaute lorsque je me retrouve face à mon beau brun qui s'est positionné en face de la porte des sanitaires pour me dévisager inquiet. Je passe délicatement ma main sur les coins de ma bouche pour être certaine de n'y avoir laissé aucune trace et je fuis son regard.
- Ma chérie qu'est-ce qui cloche chez toi ? Me demande mon lieutenant.
- Rien, ça va Matt, ne t'inquiètes pas.
- Justement, si je m'inquiète ! Rétorque t-il. Cela fait plusieurs matins que tu rends ton petit déjeuner ! Forcément que ça m'alerte.
- Je ne suis pas dans mon assiette, il y a de quoi tu ne crois pas ? Demandai-je. Rappelle-toi que nous sommes le quinze novembre. C'est aujourd'hui que Naïs va être fixée sur son diagnostic. Je fais que d'y penser Matt, cela me brise le coeur pour elle et pour toute la famille ! Regarde la dernière fois dans quel état elle s'est mise en rentrant à la maison à son retour de l'hôpital ! Alors si ils lui annoncent un cancer, je n'imagine pas comment ça va l'anéantir ! Naïs a eut assez de merdes il serait temps que ça s'arrête ! Et je ne m'en remettrai pas Matt !
- Je sais bien Lélia, cela me fait beaucoup de peine aussi mais quoi qu'il arrive on s'en sortira d'accord ? On va tout faire pour que tout aille au mieux et pour le mieux ! S'exclame Matt en m'embrassant la joue, je le repousse, je ne dois pas sentir bon. Puis c'est peut-être pas ça du tout ! Il n'avait pas l'air sûre de ce qu'il a vu ! On va croiser les doigts ok ?! J'ai une petite question, tes vomissements et tes ballonements, tu ne crois pas que tu ne serais pas enceinte par hasard ?
- EN QUOI ? ! Dis-je choquée. Pourquoi serai-je enceinte ?! Je suis certaine d'être stressée pour Anaïs !
- Ben c'est quand même bizarre que tu sois malade comme ça TOUS les matins ! Bien sûre que l'on peut vomir à cause du stresse mais là plusieurs jours de suite c'est étonnant... As-tu pris ta pilule tous les soirs ? Tiens tu devrais faire ça ! Déclare t-il en me tendant un test de grossesse tout droit venu de la pharmacie. J'avais quelques doutes alors je suis allé acheter ça hier matin...
- Tu as raison c'est bizarre oui... ok je vais le faire, donne-le moi ! M'exclamai-je encore dans les vapes.
Je m'enferme aux toilettes, baisse mon jeans, mon string, passe ma main sous mon sexe pour positionner le bâtonnet afin d'uriner dessus. Je fixe le test pendant de longues minutes, la main tremblotante en attendant le résultat.
J'étouffe mon sanglot de manière bruyante en voyant apparaître une deuxième barre derrière la première, le test s'avère positif. Je n'en crois pas mes yeux ! Voilà que je me retrouve en cloque ! Sans même l'avoir prévu ! A croire que c'est de famille.
- Qu'est-ce qu'il se passe bébé ? Demande Matt en grattant contre le bois de la porte.
Comment vais-je lui annoncer ça ? Que vais-je faire de ce bébé ? Et si je n'en voulais pas ? Et si Matt n'en voulait pas ? Et si Naïs ne peut jamais avoir d'enfant ? Comment va t-il le prendre ? Quelle gourde quand j'y pense, j'ai complètement oublié de la prendre à un moment donné ! Et si il me quittait ? Qui me dit que j'en voudrai de cet enfant ? Trop de questions me viennent en tête, tout se bouscule, ce n'était pas dans nos plans actuels, nous avions dit plus tard. Plus tard c'est plus tard ! Ce n'est pas maintenant !
Je ressors en pleurs et m'écrase contre le torse de Matt d'une manière violente qui ne m'est pas habituelle. Mon homme me frictionne le derrière de la tête en froissant mes cheveux bruns ondulés. Je lui tends le test en le fixant dans les yeux.
Matt se décompose, ses sourcils presque noirs se froncent, il se mord la lèvre avant de me le rendre.
- Tu es sérieuse là ?... Dit-il d'un ton un peu sec au début puis plus aigu sur la fin de sa phrase, mon coeur manque un battement.
- Oui, mon coeur, je suis vraiment désolée, je ne l'ai pas fais exprès ! Je n'ai pas pensé à prendre ma pilule (je cours chercher ma boîte, extrais la plaquette de celle-ci et constate que j'en ai loupé cinq). J'étais tellement inquiète par rapport à Anaïs qu'il m'en manque cinq... Et comme on fait beaucoup crac crac ces temps... ça a pris... Je suis sûre que tu m'en veux grave ! Et puis je ne suis pas prête pour avoir un enfant ! S'il te plait ne me quitte pas ! Je vais avorter ça n'a pas d'importance ! On avait dit pas tout de suite ! M'écriai-je en pleurant. Dis quelque chose Matt ! Oh je m'en veux tellement de ne pas avoir été très prudente ces temps ! Je vois bien que tu es déçu ! Et tout ce que je ne veux plus faire, c'est de te décevoir !
- Bébé, calme-toi enfin ! La décision te revient à toi parce que c'est ton corps et c'est toi qui le porte cet enfant même s'il est de nous deux. Mais sache que je serai ravi si on le gardait, je suis fier de toi ma chérie et je l'aimerai autant que toi ! Après si tu ne veux pas, c'est ton choix, je respecterai ! Déclare Matt en me gardant dans ses bras musclés.
- Tu n'es pas en colère contre moi ? Rétorquai-je surprise en faisant de grands yeux.
- Pourquoi serai-je furax contre toi Lélia ? C'est la plus belle chose qui puisse arriver à un couple, et aujourd'hui, je suis un homme différent, je me sens prêt pour que notre enfant arrive dans notre vie ! J'aimerai tellement ressentir cette joie, ce bonheur et cet amour d'être papa ! Affirme Matt en m'embrassant tendrement le front. Si tu veux bien le partager avec moi ?
Je me mets à trembler telle une feuille secouée par le vent vivifiant d'automne, je plonge mes lèvres dans le cou de mon chéri et redouble davantage mes pleurs. Je suis complètement choquée de savoir qu'un petit-être pousse en moi.
- Matt... S'il te plaît... Laisse-moi le temps marmonnai-je avec la gorge nouée.
Je l'entends soupirer et mes cheveux se soulèvent au contact de son souffle chaud, Ma poitrine ralentit le rythme de ma respiration et je me colle bien plus à lui.
- On devrait y aller, Matt ! Dis-je d'un ton préssé en attrapant mon sac à main que je positionne sur mon épaule droite.
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