Chapitre 48
MATT
Lélia est partie au travail de bonne heure et je n'ai pas réussi à retrouver le sommeil alors que je suis en repos aujourd'hui. Je me redresse assis contre mon oreiller contre la tête de lit, tends le bras pour extraire de ma table de nuit, le reccueil de texte en velours de ma meilleure amie. Jusqu'à là, je n'ai jamais eu le courage de l'ouvrir pour prendre connaissance de ce qui s'y trouve. L'intervention a été suffisamment éprouvante et j'ai mis un temps fou pour m'en remettre et ne plus en faire des cauchemars.
Ce carnet est plutôt sympathique d'aspect, les pages avec un ancien papier, la couverture noire toute douce mais ce qui est à l'intérieur doit sans doute effacer cet aspect agréable au toucher. Je constate qu'un bout de tissu rouge fait office de marque page, peut-être l'a t-elle laissé sciemment pour que je démarre ma lecture sur cette page même ? Ou peut-être est-ce là où elle s'est arrêtée tout simplement ?
J'inspire profondément ne sachant pas trop à quel genre de texte m'attendre, je récupère la page où le bout de tissu est présent. La page a été brûlée au briquet et une écriture à l'encre de chine apparaît sous mes iris vertes.
" Mon coeur est brûlé,
Tout comme cette page qui à présent est bientôt terminée.
Au plus profond de moi j'espère avoir droit à un petit peu de bonheur,
Sans en faire votre malheur.
Un nouveau jour ne va pas tarder à se lever,
Lorsque je me serai élevée.
Plus rien ne sera souci,
Dans ce paradis.
Vous garderez mon histoire,
A tout jamais dans vos mémoires.
Ne culpabilisez pas de ma mort,
Ce n'est pas vous qui avez tord.
C'est ma décision, c'est mon choix.
Cela ne concerne que moi ''.
Ce texte n'est pas très long mais mon dieu qu'il est dur et terriblement efficace. J'ai beau savoir que ma meilleure amie est en vie grâce à mon acharnement, je ressens parfaitement la douleur à travers ses écrits, j'inspire profondément pour ne pas laisser la tristesse s'emparer de moi.
'' Remonte dix pages en arrière ''. J'éxécute ce qui est inscrit.
'' Mon meilleur ami,
Tu es un vrai trésor,
Que j'ai toujours porté dans mon coeur.
Depuis le premier jour où je t'ai rencontré,
Cela a tout de suite collé.
Tout a commencé aux jeunes sapeurs pompiers,
Où très vite on a progréssé.
Toi et moi avons galéré à outrance,
Lorsque le capitaine nous faisait des remontrances.
Timide, réservé, têtu, courageux, protecteur,
Sont des qualités qui font de toi un merveilleux sauveteur.
Sur toi j'ai toujours pu compter,
Lorsque j'étais peinée.
Un beau lieutenant,
Toujours partant.
Je t'aime mon meilleur ami,
J'espère pour toute la vie. "
Je continue de tourner les pages, je poursuis ma lecture.
" Ce jour est un véritable cauchemar, lorsque Lélia s'en empare.
Aujourd'hui mon meilleur ami m'a été volé,
Par cette fille qui n'en mérite même pas la moitié.
Je devrai être contente pour lui,
Mais je suis tombée amoureuse de lui.
Matt m'a oublié,
Pour une sale traînée.
Je suis que de jalousie,
Lorsqu'il s'agit de lui. "
Dur de voir la rancoeur et la haine qu'elle éprouvait envers ma femme en même temps, il y avait de quoi ! Je ne sais pas moi-même comment j'ai pu faire pour la laisser me prendre pour un con. Et en même temps mon amour pour Lélia a toujours été très puissant et je voyais bien qu'elle avait besoin d'aide. Heureusement ce temps est lointain, mais j'ai contribué à une part du mal-être de Mélody. Même si je sais que ce n'est pas ça qui l'a poussé à faire une tentative de suicide, j'ai fais que de culpabiliser et réfléchir à ce que j'aurai pu faire de travers qui sur le coup ne m'avait pas alerté.
'' Elle dit m'aimer,
Mais ne fait que de jouer.
Avec mon coeur, mes sentiments,
Comme ci rien de tout ça n'était important.
J'aimerai qu'elle ait le courage de prendre sa décision même si ça n'amènera rien de bon,
Qu'elle me quitte pour un con.
Plus vite ce sera fait,
Plus vite je serai en paix.
Pourvu qu'elle ne retrouve jamais ce qui était parfait pour elle avant,
Et qu'elle regrette amèrement.
Après un an de cassure,
J'espère que leur relation ne redeviendra jamais la même qu'avant leur rupture.
Comment peut-elle envisager ?
De prochainement me quitter ? ".
'' Quels genre de parents seraient inexistants ?
Pourquoi n'ai-je jamais de câlins de leur part ?
Ni même de compliment ?
Pourquoi passer leur vie professionnelle et leur apparence avant moi à mon détriment ?
Pourquoi m'ont-ils mise au monde ?
Puisque je semble embarrassante ?
Pourquoi me crient-ils toujours dessus ?
Pourquoi ne sont-ils jamais satisfaits de ce que je fais ?
Que de pourquoi sans réponse, qui m'amène à me poser la question sur ma propre existance.
Personne ne se soucie de moi de toute façon. ".
'' Pompier un métier pleins de valeurs, de ressources et de partages où je peux prouver à chacun mes qualités et mon sens du service. Un métier, une passion où je suis reconnue pleinement. J'ai su faire ma place en tant que seule femme et j'ai de la considération de la part de mes collègues, cela me revalorise et me pousse à donner le meilleur de moi même. Sauver des vies est devenu ma dose d'adrénaline au quotidien, un véritable but dans la mienne. Je me sens utile et vivante ! ''.
Les pages défilent, les textes aussi, certains sont joyeux et pleins d'espoir, les autres sont déprimants à mourir ! A vrai, dire il y a plus de textes qui foutent le cafard qu'autre chose. Je dois avouer que je commence à voir trouble à cause du contenu de ce recueil, clairement Mélody m'a mis les larmes aux yeux et il est hors de question que je partage son livret avec qui que ce soit, ce serait un manque de respect, elle me l'a donné car elle a confiance en moi et pas n'importe qui pourrait le lire et en prendre connaissance... Car dedans, un peu chacun de nous en prend pour son grade et ça faut pouvoir l'encaisser ! Si j'avais su, antérieurement j'aurai dû prendre le temps d'échanger avec elle sur ce qui n'allait pas, peut-être qu'elle se serait sentie un peu plus comprise mais au lieu de ça, nous avons essuyé pas mal d'embrouille ces dernières années notamment au sujet de Lélia...
J'arrive sur une autre double page colorée, cette fois ! Des photos sont collées sur ces pages, je les effleure du doigt et m'en rappelle très bien ayant les mêmes dans une boîte dans le placard chez mes parents. Ecrit en rouge et en gras avec des dessins de casques de pompiers, en plus de l'écriture, Mélody se débrouille bien en dessin figure la phrase suivante qui me fait sourire :
'' L'équipe de choc ! ''.
Je me souviens comme si c'était hier ! C'était comme ça que l'on appelait notre groupe que l'on avait l'année de nos dix-huit ans où nous avons été aptes à intégrer la vraie formation SP, les JSP à côté c'était de la gnognotte ! Mélody me tient l'épaule sur la première, vêtus de nos uniformes, un fier sourire d'avoir intégré cette formation dont on rêvait depuis nos quatorze ans ! Je souris en constatant nos visages de jeunes gamins tout juste majeurs ! Je n'étais pas aussi grand qu'aujourd'hui, je dirai comme Clément en taille, bien moins musclé qu'actuellement, et surtout très immature ! Patrick avait pris un mâlin plaisir à me re cadrer et m'en faire voir toutes les couleurs ! Oh ça je m'en rappelle très bien ! Mélody avait un carré pas très long à cette époque, elle manquait de confiance en elle car les filles du lycée la trouvait plate, il n'y avait que dans son métier qu'elle était à l'aise et elle aussi me raisonnait souvent lorsque je pétais des câbles.
Une autre photo, où elle me tient par le cou, ses lèvres sont appuyées sur ma joue, je tiens un de nos anciens collègues par l'épaule, nous avions finis première caserne de la ville lors d'un cross. Que de bons moments !!!
La dernière photo ajoutée est celle où figure Clément, celui-ci me fait un check alors que Mél se tient entre nous en nous faisant des oreilles de lapin. Nous avons eu des moments très intenses, très durs mentalement mais également des merveilleux souvenirs de rigolade à s'en péter le bide ! C'est ça qui fait tout le charme du métier.
Cela m'occupe une bonne partie de la journée qui est froide et pluvieuse. Ma lecture s'est terminée au coin de la cheminée où j'ai bien faillis m'endormir à la toute fin.
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