Prologue

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Devant la pierre tombale de son amant, David se recueillait face à la photo agrémentant la stèle funéraire. Stéphane lui souriait, ses yeux pétillaient de bonheur. Ce cliché datait de leurs dernières vacances estivales, une promenade au bord de l’océan main dans la main, des rires, des baisers, l’insouciance. Il ferma les paupières afin de revivre ce moment. De Stéphane, ne demeuraient plus que les vestiges d’un amour perdu.

David soupira en détachant son regard sombre de celui qu’il avait tant aimé – qu’il aimait tant – pour le porter aux alentours. Ses pas le menaient ici chaque semaine pour saluer son compagnon et lui parler paisiblement. La sérénité avait vaincu la douleur au fil des jours et à la suite de bien des combats. Deux ans plus tôt, après l’enterrement et les condoléances d’usage, son chagrin avait transpercé le silence du cimetière. Sa peine exigeait des réponses. Pourquoi Stéphane l’avait-il si lâchement abandonné ? Pourquoi l’avait-il quitté si brutalement ? Le laissant seul, anéanti. Et après lui avoir lancé : « À ce soir, mon amour ». Une tendre promesse transformée en un funeste tête-à-tête avec un cercueil.

Concentré à nouveau sur la photo, David entreprit un monologue intérieur avec Stéphane : il m’en a fallu du temps et des larmes pour te pardonner d’un acte dont tu n’étais pas responsable. Un accident de la circulation. Un feu rouge brûlé par un chauffard. Un assassin qui m’a privé de toi. Qui me prive de toi ! Je t’en ai tellement voulu d’être parti de cette façon-là. Je t’ai demandé de revenir. Je t’ai supplié de revenir. J’ai espéré ton retour. Je t’ai attendu. J’ai prié tous les Dieux de la Terre afin que tu réapparaisses. Pourquoi mon vœu ne s’est-il pas exaucé ? Pourquoi ? J’ai cru devenir fou après ton décès. Je t’ai détesté. Haï même. J’avais si mal. Pourquoi n’es-tu jamais venu me consoler ? Pourquoi ?

Aujourd’hui, je me suis apaisé. J’ai apprivoisé ma souffrance. Elle s’est estompée, mais elle subsiste, tapie au plus profond de mon être, elle me rappelle ton absence et le manque de toi. Tu étais cardiologue. Tu soignais les cœurs. Tu as brisé le mien. Quelle ironie ! Désormais, des cicatrices l’enveloppent, gravées en moi pour toujours. Tu as été… Tu restes et resteras ma plus belle histoire d’amour.

Je t’avais vaguement parlé d’un voyage. Je pars demain rejoindre Julie et Angèle pour quelques semaines de vacances, les premières que je m’octroie depuis ta mort. Je suis exténué. Ces deux dernières années ont été éprouvantes. Je me suis écroulé. Relevé. J’ai besoin… Je ne sais pas. Je ne sais plus… Je ne te fuis pas. Là-bas ou ici, mon cœur bat pour toi Stéphane. À jamais.

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