Y a-t-il beaucoup de boucs à Lisbonne ? Et, surtout, comment a-t-on pu leur arriver des balles dans le dos?

C'est ce qui est vraiment déroutant. Nous avons de l'eau, des moyens de vie, mais les boucs continuent de venir à nous faire la guerre.

Où sont-ils?

Dans leur nid.

Dans leur nid?

En ce moment, ils sont plus nombreux qu'à l'accoutumée. Ce sont des migrants et ils vivent dans les rues, les parcs, les stations de métro, les entrepôts, les hôtels, les petits magasins, les cours d'éducation...

Et ces boucs ne se font pas prier?

Au moins, ils font attention aux enfants. Ils ne les attaquent pas.

Au début de l'ère lumineuse, les boucs, toujours plus nombreux, faisaient leur nids par millier dans la cité. Ils faisaient la guerre à l'humanité. Ils pondaient des œufs, comme la Terre. Ils envoyaient des déchets dans les cieux. Ils accrochaient leurs chutes avec des cordes. Ils roulaient leurs carcasses par les rues. Ils se fourraient sous les voitures. Ils s'étalaient au milieu des bancs de béton, à l'ombre des arbres. Ils couraient à perdre haleine, à perdre pieds, à perdre temps. Ils étaient une plaie à côté de l'humanité, une goutte d'eau à côté des sept jours.