Pour triompher des boucs, Laurent et Opale imaginèrent un plan imparable : ils partiront deux par deux et iront trouver les clés des caves, s’il le fallait.

« Je vais vous prendre! »

Ça commençait bien. Dans les yeux de son père, il était sûr de voir une arme.

Le père lui présenta une arme.

« Mais… vous n’êtes pas armé? »

Oui, dans la réalité, Laurent n’était pas armé.

« Ah bon?

– Laisse-moi faire! »

Les deux garçons étaient déjà partis. Et comme ils étaient au milieu d’un village, ils avaient beau se taire, tout le monde les observait.

Laurent et Opale se précipitèrent à l’épicerie.

« Je vais vous prendre! »

Il s’approcha de Laurent. Opale remarqua alors la petite queue qui dépassait du pantalon du père. « Attention, Laurent ! s'écria-t-elle. Ton père est un bouc ! »

Quand elle fut partie, Laurent regarda l'homme qui n'avait pas parlé et qui s'était détourné. Il fut bouleversé. Il avait des yeux de miel et il lui semblait que son visage avait éclaté.

« Décidément, ils ont leur petit tourbillon d'une femme », dit-il avec fierté.

Et comme il n'y avait pas d'autre endroit où se tenir, il s'assit près du feu et se mit à faire des frites.

Quand il rentra, ses parents étaient au lit. Il les regarda en silence et ce qu'il vit le surprit. Le père se tenait debout et se tenait devant sa femme qui avait les yeux rouges. L'air d'une bête qui a avalé un énorme chèvrefeuille.