Chapitre 12
Une fois le rendez-vous terminé, je rejoignais Alix dans la salle d’attente. Elle était avachie dans un fauteuil le nez sur son écran.
- T’en as mis du temps ! se plaignait-elle en se relevant. Je lui lançais un regard revêche. Mais ce n’est pas grave, je me suis occupée. Rajouta-t-elle en se démoulant du siège d’époque au rembourrage épais.
- Le chauffeur doit nous ramener à l’hôtel.
- Ça y est tu t’es libérée de tes obligations ? Les vraies vacances vont enfin pouvoir commencer ?!
- Pas tout à fait…dis-je en ouvrant la petite bouteille d’eau que l’on m’avait offerte dans la salle avant d’en boire une gorgée.
- Comment ça ?! s’étouffa Alix avant de me prendre l’eau des mains et en boire à son tour.
- Je t’expliquerais tout ça à l’hôtel, je suis crevée laisse-moi plonger dans un bain bouillant.
- Ok… et qui c’est alors ? Quelqu’un de célèbre ?
- Je ne peux rien te dire.
Alix regarda la femme à l’accueil puis me fit un clin d’œil.
- J’ai compris…
- Non Alix.
Nous arrivâmes rapidement à l’hôtel, j’ouvris la porte de notre suite et fus plus que conquise une nouvelle fois… nous rentrons directement dans un salon spacieux ou les murs entièrement vitrés, offraient une vue panoramique et vertigineuse sur la toute ville et en particulier sur Central Parc. Il y avait aussi deux grandes chambres aux lits extra large et une salle de bain avec douche et baignoire spa ; le tout décoré avec gout.
J'empoignai ma valise déposée dans l’entrée et la fis rouler jusqu’à l’une des chambres. Je pris quelques affaires et filai me laver en prenant soin de fermer la porte à clef derrière moi en prévision d’une intrusion certaine d’Alix.
J’avais besoin de me retrouver seule un moment pour réfléchir à tout ça.
Je choisis dans mon téléphone une playlist pas trop rythmé quand une notification apparut pour me demander si je voulais basculer la musique sur les enceintes de la salle de bain. Je répondis oui et la musique surgit alors des quatre coins de la pièce, dans des baffles subtilement dissimulés. Une nouvelle notification apparut pour me demander si je souhaitais accéder à tous les services intelligents de ma suite en téléchargeant une application. Je répondis oui et attendis quelque seconde que celle-ci se télécharge. L’interface me proposa de choisir la pièce à contrôler, j’appuyais sur l’icône salle de bain et fis dérouler une multitude d’action qui s’offrait à moi. Je pouvais contrôler jusqu’à la chasse d’eau des toilettes ce qui me fis rire tant je trouvais cela ridicule en pensant que certaine personne l’utilisait réellement.
J'appuyai sur l’icône jacuzzi et réglai la température de l’eau, la lumière et la pression des jets avant d’appuyer sur Start. L’eau jaillit soudain du robinet et les lumières se tamisèrent. Le volume de la musique augmenta automatiquement et couvrit le bruit de l’eau se déversant dans la grande cuve ovale encastrée sur l’estrade avec pour paysage, les buildings éclairés. Une fois celle-ci remplit, je plongeais mon corps dans l’eau tiède jusqu’à mes oreilles, laissant la magie de ce bain faire disparaitre mes tensions et détendre mes nerfs à bout.
Une demi-heure plus tard, la sonnerie de mon téléphone m’extirpa de ce moment de plénitude. Je tendis le bras et pris mon portable qui se trouvait sur le parquet. Lorsque je vis s'afficher le nom d’Adam sur mon écran. Je passai de la léthargie à l’exaltation en moins d’une seconde et hésitai à décrocher un instant avant de finir par céder.
- Allo ?
- C’est encore moi. fit Adam d’un air détaché.
- Oui…
- Je ne te dérange pas ?
- Non je suis dans mon bain. Pourquoi je lui raconte ça, me demandais-je en posant la paume de ma main sur mon front.
- La vue te plait ?
- Oui elle est à couper le souffle, j’ai l’impression de dominer le monde de ma baignoire royale. Et la suite est juste… waouh.
- Waouh c’est tout ? Tu sais que tu peux tout actionner à distance sans bouger de ton lit ?
- Oui j’ai téléchargé l’application.
- Tu n’as pas fait connaissance avec Heidi ?
- Qui ?
- Tu la rencontreras bien assez tôt. Je passerai te prendre à dix heures si cela te convient ?
- Oui parfait. Et on est censé faire quoi ?
- Tu verras bien…
- Ok…
- Bye Oriane.
- Bye Adam.
- Et n’oublie pas de dire bonjour à Heidi de ma part. finît-il avant de raccrocher.
- C’est qui ça Heidi ? m’interrogeais-je à voix haute.
- Bonjour, je suis Heidi. Une voix se manifesta aux travers des hauts parleur.
- Bonjour…
- Je suis votre intelligence artificielle, je serais à votre service toute au long de votre séjour. Vous n’avez qu’à me demander ce que vous désirez et je ferais mon possible pour vous l’obtenir.
- Merci Heidi, mais je n’ai besoin de rien pour le moment.
- Puis-je au moins vous suggérer de sortir de votre bain. Vous risquez de vous déshydrater.
- Je comptais sortir de toute façon, peux-tu tirer les rideaux ?
- Oui tout de suite. Les rideaux se fermèrent dans l’instant.
J’attrapa une serviette et rejoignis Alix dans le salon.
- Cette suite est paradisiaque ! dit-mon amie surexcitée. Je veux vivre ici. Je ris.
- Nous n’avons pas la même définition de ce mot alors, mais je dois avouer que c’est plutôt cool.
- Cool tu rigole imagine plus besoin de faire le ménage, la vaisselle, la cuisine…
- Je viens de faire connaissance avec Heidi et je t’avoue qu’elle m’effraie un peu… marmonnais-je par crainte qu’elle nous écoute.
- Heidi ?
- Oui ?
- Es-tu une cochonne perverse ?
- Non je ne crois pas, mais je peux le devenir si vous le désirez.
- Tu vois, une vraie Sainte…
- Tu crois qu’elle nous observe à travers des caméras ?
- Mais non, c’est juste des capteurs… Je viens de lui commandais le diner de ce soir d’ailleurs, elle nous le livre pour dix-neuf heures !
- Tu aurais pu me demander ce que je voulais manger.
- Inutile, j’ai commandé absolument tout ce qu’il y avait au menu.
- Alix !
- Ben quoi j’ai la dalle et ils ne mettent quasiment rien dans les assiettes.
- C’est toi qui vas payer la note ?
- Ça ne risque pas, au vu du prix...
- Arrête s’il te plait, je me sens assez redevable pour que tu en rajoutes.
- Ok je ne le ferais plus…, maintenant raconte ?
Je fis un résumé rapide à Alix de mon petit jeu avec Adam en lui cachant à contre cœur son identité. Cela l’aurait rendue verte de jalousie et folle de savoir que j’arrivais à lui résister. Mais au lieu de ça, elle en conclu à une balade de santé avec un petit vieux gâteux pleins aux as et s’en amusa toute la soirée.
Nos entrées furent livrées pile à l’heure avec un service digne d’un grand restaurant. Les plats et desserts étaient servis les uns après les autres orchestrés par notre nouvelle amie Heidi à qui nous demandions absolument tout ce qui pouvait nous passer par la tête. Je n’avais jamais aussi bien mangé de toute ma vie et savourais pleinement ce moment avec ma meilleure amie en oubliant presque toute la rancœur que j’avais pu avoir envers elle par rapport à toute cette histoire.
Le lendemain matin, Heidi me réveilla en douceur en laissant entrée progressivement la lumière dans la pièce.
- Bonjour croqueuse de diamant.
- Bonjour Heidi ? pourrais-tu effacer de ta mémoire ce surnom débile et m’appeler Oriane s’il-te-plais ? soufflais-je
- C’est réglé Oriane.
- Merci.
Je choisie dans la penderie une robe noire toute simple et fila me préparer dans la salle de bain. J’attachais mes cheveux en chignon haut et laissa pendre quelques mèches quand un coup sur la porte me fit sursauter.
- Quoi ! criais-je sous le coup de l’émotion.
- Il faut que tu me laisses la place.
- Hors de question je suis déjà en retard pour rejoindre mon petit vieux.
- Laisse-moi entrer ou tu vas avoir une surprise devant la porte ! s’empressa Alix
Ayant fini, je lui laissais la place sans trop me presser. Je m’agenouillais sur le canapé du salon et regardais en bas du building les gens vivre à cent à l’heure avec l’envie irrésistible de me mêler à eux.
- Heidi ?
- Oui ?
- Peux-tu tirer la chasse s’il-te-plait ?
- Bien sûr.
Je tendis l’oreille
- Ah ! hurla Alix au loin.
J’éclata de rire un moment en l’imaginant le cul trempé. Lorsqu’elle sortit. Je m’efforçais de cacher ma joie.
- Qu’est-ce qu’il t’est arrivée ? il ne fallait en aucun cas qu’elle le sache sous peine de déclencher une guerre des toilettes.
- Cette putain de chasse d’eau s’est déclenchée toute seule alors que j’étais encore sur le trône ! j’éclata de plus belle.
- Ma pauvre. Dis-je hypocritement fière d’avoir trouvé une utilité amusante à cette option.
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