Œ ; Première lettre

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C’était il y a quatre cents années

La Terre d’È allait sombrer

Les orques venaient par millier

L’Elu est apparu pour la paix

Les Hommes ont repris les cités

Les Orques les steppes insondées

Les Elfes leurs bois infinis

Et les Nains toutes les galeries

Harléan a bâti une grande ville

Au fond d’un ancien cratère

L’endroit devait marquer la Terre

Montrer toute l’harmonie

La ville d’Œ est ainsi née

Elle abritait des quartiers

Chacun dans son coin enchâssé

Un par peuple héritier

Le Roi des hommes

Assura la gouvernance

Ses larges épaules en soutenance

Et l’esprit forgé comme personne

Le Prince des elfes

Lui était discret

Mais son seul but reflété

Que les siens ne subissent de griefs

Le Directeur des nains

A laisser place au vote

Sa compagnie a choisi le chemin

De rester à la surface dévote

Le Chef orque des Braves

A fait quitter son Clan grave

Des steppes à la ville entière

Il fut des orques l’intermédiaire

Ceci alors que l’Elu

Subitement a disparu

La cohabitation resta sans démordre

Puis les quartiers s’ouvrirent en ordre

Les murs tombèrent

Tous se mélangèrent

Avec des amitiés, des histoires

Ainsi que des amours notoires

Les femmes gagnèrent en droit

Celui du mariage

Deux générations suffirent au maillage

On chercha alors l’étranger adroit

Avant elles, dit-on

Les hommes faisaient expériences

Pour une nuit, un jour, une action

Partageant la chose de convenance

Mais pour former un couple

Chacun à ses coutumes souples

Celles d’Œ ne disparurent au Ciel

A chaque peuple son cérémoniel

Un elfe est charmé

Lorsqu’on récite des chants

Ceux de sa famille vantés

Ou aux notes parfaites d’instruments

- Par ailleurs la musique fut

Découverte par l’Elu

Des tambours de guerres

Il montra d’autres airs -

Pour les orques

Il faut être fou

Des épreuves de force

Ou encaisser des coups

Chasser le loup des cavernes aux longues dents

Pêcher le poisson carnassier

Et avoir prise plus belle du Clan

Ou ramener l’œuf d’une autruche échassier

Payer mille pièces

Peut être la solution d’une espèce

Mais les non téméraires

Partent avec sang et bleus primaires

Quand on est une femme

Cela se passe différemment

Une nuit à passer avec le chef de Clan

Pour avoir le sésame

L’amour d’un nain

Est conquis dans la poussière

C’est la principale misère

Ce peuple a failli disparaitre un matin

Sous la montagne enfermés

Ils sont devenus stériles

Aussi sont-ils ouverts sans gêner

A l’idée de reproduction même vile

Les histoires racontent

Que charmer une naine

Est chose fort simple et prompte

Une phrase y amène

Il faut vanter l’objet

De sauver sa famille

Et chose sera aussitôt facile

Même mariée ; quatre cents après

L’harmonie était trouvée

Cette vie commune rêvée

Nombreux y ont adhéré

Peu y ont tourné le dos

Voici ce qu’une vie de fermière

Modeste même à mes yeux

M’a apprise sur la ville héritière

La grande ville d’Œ

Cela n’est pourtant pas

L’histoire que je vais conter

Elle commence justement

Pas des notes de discorde.

Lorsqu’un orque sans âge

Pénétra sur la place

De notre village

Et clama loquace :

« L’ombre rencontre l’épée

La griffe imposante épais

Se loge dans le brave appel

Afin qu’il ne protège de belle »

Aux pieds de la statue

De Ali, notre ancêtre témoigne

Celui qui a guidé l’Elu

Dans les montagnes.

Comme une silhouette sinistre

L’orque avait voix sombre et triste

Et il répéta ses mots

Une fois, deux fois appeaux

« L’ombre rencontre l’épée

La griffe imposante épais

Se loge dans le brave appel

Afin qu’il ne protège de belle »

Mon mari s’approcha de lui

Il se dressa plus petit

En face un vieil orque

Avec une dent médiocre

Il est le premier orque

Que notre région importe

Omar le questionne

Il redit ses mots fractionne

A la fin de quoi

Il se prend un coup froid

Sa dernière dent vola

Un second orque le stoppa

Celui-ci tenta

Que Omar se rassura

Mais il se méfia

Et l’incompréhension monta

Le ton aussi pénètre

Entre les deux êtres

La fierté n’aidant

Aucun des deux camps

Une ombre apparue

Derrière mon mari perdu

Il se retourna

Pour disparaitre au-delà

Je ne me souviens de rien

Que d’un flash vaurien

Qui laisse découvrir endeuille

Les deux orques seuls

J’ai alors criée

Les voisins sont venus

Les orques ont détalé

Nous avons monté une battue

Les hommes sont partis

Je suis restée à la maison ainsi

Une semaine j’ai attendu

Paraissant bien plus reclus

Jusqu’à ce qu’un beau jour

Omar revienne sur un cheval

Une main perdue balourd

Et aucun autre homme en aval

J’ai essayé de comprendre la réserve

Mais Omar ne faisait discours

Un jour, deux jours

Puis trois avant d’ouvrir les lèvres

Ce temps a suffi

Pour que nos voisines se méfient

E nous regardent comme des étrangers

Et comme la raison de l’infortune arrivée

Les enfants orphelins

Les champs non récoltés

Les vaches non traites jusqu’à la fin

La ruine autant que l’absence épuisées

La statue d’Ali abandonnée

Commençait à s’effriter

La couleur disparaissait

Des morceaux tombaient.

Omar a été transporté dans l’ombrage

Dans une sombre cage

Petit à petit après être clos

Ses yeux se sont ouverts sur le tableau

D’abord la solitude insensée

L’a envahi et abbattu

Puis une voix s’est avancée

Une forme dans les ombres repues

Elle s’est approchée

Avec elle un crissement comme un râle

Du métal contre du métal

Une étincelle de haine enchâssée

Une voix forcée

Un ton enragé

Mais pas inconnu

Juste transformée advenue

Un ancien ami d’Omar

Perdu lors d’un voyage par mégarde

Son œil était métal

Son corps était anormal

Omar était terrifié

Quel monde c’était

Qui capture âme justesse

Créé pareille horreur funeste ?

Mais l’horreur est l’erreur

S’attarder sur l’apparence terreur

Omar s’est laissé capturer

Et n’a pas reconnu la souffrance

Cet ancien ami aimé

Cherchait à retrouver

Une amitié disparue

Derrière son corps perdu

La haine qu’il avait

Envers ce qui n’est pas lui

Fit être différent d’autrui

Différent de tous les autres mauvais

Omar s’est laisser prendre

En cage, derrière barreaux

Les œillères du monde du beau

Son monde à reprendre

L’espace restreint

Celui qu’il tient

Ouverture sécurisée

Mais la vision l’a affligé

Griffe Noire

Ainsi s’appelait-il

Cet ancien ami

Qui loge l’obscur espoir

Et griffe portait-il

Il lacéra le membre habile

Omar a crié de douleur

En retour, rire sombre ampleur

Et la griffe a disparue

Laissant sa victime meurtrie

Ou bien est-ce lui

La victime réduit ?

Ô ma sœur lointaine

Je te demande conseils

Car je ne sais plus pareil

Quoi penser de nos vies vaines

Tu es bien éloignée

A la ville d’Œ

La merveille égale aux cieux

Perle de la Terre d’È

Toi qui vis là-bas

Dans ce monde remède

J’ai besoin de ton aide

De ta vision sans tracas

Omar est revenu changé

Je ne le reconnais qu’en dehors

Seulement son corps

Son esprit m’est étranger

Plus qu’étranger

Jamais vu

Jamais même imaginé

Une création qui me confus

Il reparle, agit, pense

Mais rien de ce qu’il dépense

N’est bon pour nous

Beaucoup m’est dégoût

Il a d’étranges commentaires

Il regarde la colline solitaire

Et se demande combien

En prévision, de gibets tient

Il regarde un enfant

Et me demande s’il vivra

S’il connaîtra

Le gout du sang

Quand je le questionne au passage

S’il sait ce qui est arrivé

Aux hommes du village

Il me regarde, étonné

Il se souvient d’une sensation

Celle de sentir une présence

Dans l’ombre de son attention

Mais il ne voyait aucune mouvance

C’était peut-être eux

Cela pouvait être autre nombreux

Cela ne le regarde plus

Ils sont morts, dit-il déplut

Je ne sais quoi faire

Ma sœur féconde

Je me sens seule affaire

Dans un sombre monde.

Les orques auraient-ils mauvais

Ramené dans ma vie à merveille

Une horreur comme elle ?

Qu’ai-je fait ?

Je n’ai pas souvenir

D’avoir fauté dans le passé

Sauras-tu me dire

Ce qu’il s’est passé ?

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