Elle arrive chez Monsieur Peeters et sa femme. Les abords du chalet sont engloutis par les buissons fleuris, il y a un magnolia rose foncé, très rare, d’énormes rhododendrons, du genêt. Les branches débordent sur le petit chemin de dalles en béton qui mène à l’escalier vermoulu, sans compter les ronces et les orties qui gênent le passage. La haie de thuya atteint désormais dix mètres.

Il fait étouffant dans le chalet, ils ont ouvert la porte qui donne sur la véranda surchauffée par le soleil printanier. Il y a une vague émanation de gaz associée à une odeur de vieille soupe et de vieux pipi. Elle les salue avec un bisou claquant sur leur joue flasque, pour éviter l’effet ventouse. La vieille ne relève pas la tête et garde les yeux fermés, la bouche entrouverte sur son dentier flottant. Mais le vieux lui fait la fête comme un jeune chiot à son maître. Vous prendrez bien une jatte de café avant de commencer. Il est tout frais de ce matin. Alors quoi de neuf à Baulà ? Elle doit d’abord changer les draps de leur lit et mettre en route le lave-linge, comme ça, avec ce beau soleil, ils seront secs avant son départ.