Chapitre 8 : LE COUP DE FOUDRE
La maison d’édition Équinoxe vibrait d'une énergie nouvelle, comme une bouffée d’air frais après des mois de silence et d'incertitude. Les ventes de "Prose Religion" avaient lentement, mais sûrement, commencé à décoller. Les chiffres qui avaient failli tuer le rêve de Nzinga étaient maintenant une lueur d’espoir.
Ce jour-là, la maison d’édition accueillait une séance de dédicaces. Nzinga était installé à une table en bois, entouré de piles de livres. Il était habillé avec élégance, dans une veste bleu marine en laine, légèrement cintrée pour souligner sa silhouette. Sous la veste, il portait une chemise blanche bien repassée, ouverte au col, et un pantalon noir sobre, mais chic. Ses chaussures en cuir noir, bien polies, brillaient sous les lumières du salon. Il avait choisi une tenue qui inspirait à la fois la confiance et la discrétion, le genre de style sobre qui attire l'attention sans en faire trop.
Il était concentré, signant les livres avec une dévotion presque religieuse, chaque signature étant une petite victoire sur la vie, sur les doutes, sur les obstacles qui s'étaient dressés devant lui. De temps en temps, il levait les yeux, s’adressant à un lecteur ou répondant à une question, son regard toujours intense, mais profondément calme.
C’est alors qu’elle entra. Lena, la petite-fille de M. Lemoine, se glissa dans la salle, portant une robe noire simple mais élégante qui tombait juste au-dessus de ses genoux. Elle était blonde avec les cheveux lâchés, légèrement ondulés, et ses yeux clairs semblaient capter la lumière comme un miroir. Elle avait cette grâce naturelle, une sorte de douceur à la fois innocente et pleine de confiance. En entrant, elle avait jeté son manteau en laine beige sur le porte-manteau, mais au milieu de la foule, elle s’aperçut qu’il avait disparu.
Lena s’approcha de la table de dédicaces, un léger sourire sur les lèvres, mais l’air un peu perdu. Elle passa devant les autres lecteurs, mais son regard se fixa directement sur Nzinga. Il leva les yeux de son livre et, instantanément, leurs regards se croisèrent. Il y avait quelque chose de magnétique dans l’échange. La pièce sembla se vider autour d’eux, comme si le monde avait suspendu son souffle pendant quelques secondes.
Elle s’avança timidement, un peu nerveuse, son cœur battant un peu plus vite. Nzinga la regarda un instant, puis lui sourit doucement, mais avec une profondeur qui ne laissait pas place à l’indifférence. Il se leva alors, d’un geste fluide, et tendit la main pour prendre son livre, tout en murmurant avec une voix basse, mais ferme :
"Bonjour, Lena. Je suis ravi que mon livre vous ait touchée."
Elle le regarda, se sentant un peu perdue dans la situation, comme si un éclat inattendu venait de traverser son monde. Elle lui tendit son livre avec un sourire timide, mais ses mains tremblaient légèrement. Elle aurait voulu dire quelque chose de plus, mais ses mots se perdaient dans l’instant. Elle n’avait pas prévu cela.
"Merci à vous pour ce livre," répondit-elle d’une voix douce, les yeux toujours plongés dans les siens. Elle attendait qu'il lui rende son livre dédicacé, mais un petit incident vint troubler l’atmosphère.
Elle chercha son manteau, mais ne le trouva pas parmi les autres manteaux accrochés. Elle soupira doucement, un peu embarrassée, se mordant la lèvre inférieure. Nzinga, observant le regard de confusion sur son visage, comprit immédiatement la situation.
"Vous avez perdu votre manteau ?" demanda-t-il avec un sourire compréhensif, tout en posant délicatement son stylo. Elle hocha la tête, légèrement gênée, puis se tourna pour regarder autour d’elle.
Nzinga ne perdit pas une seconde. Il ôta sa propre veste bleu marine, la posa sur le dos de sa chaise, et, sans un mot, la prit et la lui tendit. Le tissu soyeux de la veste se posa doucement sur ses épaules. Elle sentit la chaleur de l’étoffe, et une bouffée de chaleur s’épanouit dans sa poitrine. C’était un geste simple, mais incroyablement chargé de sens. Elle le regarda dans les yeux, presque surprise par sa gentillesse.
"Merci," murmura-t-elle, une lueur d’étonnement et d’admiration dans ses yeux.
Nzinga haussait les épaules, un sourire timide sur les lèvres : "C’est rien. Vous en avez bien plus besoin que moi."
Elle se sentit envahie par une étrange chaleur à ce moment-là, une chaleur qui n’avait rien à voir avec la veste. Quelque chose passait entre eux. Quelque chose qu’elle ne pouvait pas expliquer. Il y avait une connexion instantanée, comme si leurs âmes s’étaient reconnues.
Leurs mains se frôlèrent alors qu’elle prenait la veste. Le contact la fit frissonner, et elle se sentit, pour la première fois depuis longtemps, comme si le monde s’était soudainement aligné autour d’eux.
Elle releva les yeux, rencontrant de nouveau son regard. Le monde autour d’eux semblait disparaître. Nzinga se sentit étrange, presque vulnérable, mais aussi curieusement en paix. Il n’avait pas l’habitude de se laisser emporter par ses émotions, mais en cet instant, il n’avait plus envie de se retenir.
Le silence s’étira entre eux, lourd de sens. Puis, Lena se haussant légèrement sur la pointe des pieds, lui souffla à l’oreille : "Je suis désolée pour la confusion. Mais je crois que je vais passer un très bon moment ici."
Nzinga sourit de plus belle, et d’un regard complice, il répondit :
"Moi aussi, je crois."
L'atmosphère était désormais chargée d'une énergie palpable, comme si tout, dans l'univers, s'était aligné pour eux en cet instant précis. Rien n’était dit, mais tout était ressenti. Le coup de foudre était né, subtil, mais puissant, et même si l’issue de cette rencontre restait incertaine, leurs cœurs, eux, semblaient déjà s’être trouvés.
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