Chapitre 12 : RETOUR À KINSHASA
*Chapitre 12 : Retour à Kinshasa*
Cela faisait plus de dix ans qu’il avait quitté la ville, une décennie d’émotions, de découvertes et de sacrifices. Nzinga était revenu, mais cette fois, pas comme le jeune homme qui partait en quête de ses rêves. Non, il était désormais un homme accompli, un écrivain de renommée internationale, un nom qui résonnait à travers les continents. Le monde entier le connaissait, mais à Kinshasa, son cœur battait au rythme de son pays natal, de sa terre, de ses racines. Il avait vu le monde, il avait fait des tournées, des conférences, et maintenant, il revenait dans cette capitale qui l’avait vu naître, mais il devait réconcilier son succès international avec ce qui faisait de lui ce qu’il était : son identité africaine, congolaise, et surtout Kongo.
La guerre, qui avait ravagé la capitale pendant tant d'années, n'était plus qu'un souvenir lointain. La ville avait repris son souffle. Les rues étaient animées, les gens se croisaient avec cette énergie propre à Kinshasa, une ville vibrante, en perpétuelle renaissance. Mais pour Nzinga, il n'était plus simplement un jeune homme d'hier, il était le symbole d'une génération qui avait vécu des tumultes, qui avait résisté et qui aujourd'hui, avait des histoires à raconter. La question qui le hantait maintenant était simple : comment trouver sa place entre son passé et l’avenir qu’il avait contribué à écrire ?
Lorsque l’avion atterrit à l’aéroport de Kinshasa, il n’était pas simplement un auteur rentrant chez lui. Il était accueilli en héros. Les micros étaient déjà braqués sur lui, comme une mer d’objets scintillants, attendant son moindre mot. C'était comme une scène digne d’un film, mais la réalité avait un goût bien plus amer pour ceux qui l'avaient vu grandir, alors que Nzinga ne vivait plus sur les mêmes conditions qu’autrefois.
À ses côtés, Léna, sa femme, avait les yeux grands ouverts. Elle ne s'attendait pas à une telle foule, une telle effervescence. Elle qui avait passé sa vie dans l’élégance et la tranquillité de Paris et plus tard du Canada, n'avait jamais vu une vibe aussi intense. Kinshasa était un choc pour elle, mais un choc auquel elle s'adaptait avec courage et sourire. Il fallait voir son visage marqué d'émerveillement, d’inquiétude et de curiosité en même temps. Elle observait cette ville bouillonnante, pleine de vie, mais aussi marquée par une histoire de lutte.
Les gens autour étaient devenus fous de joie, au point où des panneaux étaient affichés dans les communes et les rues de Kinshasa :"Le fils du Kongo est de retour". Les visages de Nzinga et Léna étaient désormais des stars, photographiés par des dizaines de paparazzis, comme si l’Afrique était prête à se rappeler au monde entier qu’elle avait aussi ses héros.
Lorsque sa mère, Maman Nzinga, l’aperçut au loin, ses yeux s’illuminèrent. C’était une reunion émotive, cette maman qui l’avait vu naître, qui l’avait vu grandir, et qui aujourd’hui, retrouvait son fils après dix longues années d’attente. Elle le serra contre elle, avec une telle force, comme pour ne plus jamais le laisser partir. Elle prit aussi Léna dans ses bras, l’accueillant comme une nouvelle fille, une *fille* venue des terres lointaines mais prête à vivre dans l’âme du Congo.
Les tantes, les oncles, les voisins d’antan qui avaient un jour ri de ses rêves et de ses ambitions, étaient là aussi. Ils se tenaient debout, les yeux écarquillés, ne comprenant pas comment ce jeune garçon qui avait un jour quitté le pays, sans un sou en poche, pouvait être celui-là maintenant. Le doute s'était transformé en admiration, et les rires d'autrefois étaient désormais des sourires d’admiration.
Mais il y avait un autre invité de marque : Monsieur Mboa, ce Camerounais au grand cœur, celui qui, dès le début de son aventure littéraire, avait cru en lui. Et ce n'était pas tout : Monsieur Lemoine, le grand éditeur blanc, celui qui avait été réservé et même sceptique quant à la venue de Léna en Afrique, avait accompagné Mboa pour être là à ce moment historique. Le vieux Monsieur Lemoine se tenait là, sous les regards des Congolais, observant tout ce qui l'entourait avec une certaine émerveillement. L'Afrique n'était plus un mythe pour lui. Il avait trouvé une amie et même peut-être une petite amie, une âme soeur en Afrique. Son opinion avait changé, et il n'était plus aussi catégorique à propos de la terre de ses ancêtres.
Dans un élan de joie partagée, les membres de la famille de Nzinga s’étaient retrouvés dans cette explosion d’amour et d'émotion. La maman de Nzinga ne put s’empêcher de dire à son fils, dans une lueur de sagesse africaine : "Je suis née ici, et c’est ici que je resterai. Mais n’oublie pas, mon fils, de revenir me voir, avec des enfants peut-être. Nos mères africaines ont ce pouvoir-là, celui de dire à leurs fils, n’oubliez pas d’où vous venez."
Les rires et les paroles échangées faisaient entendre un écho d'unité, mais aussi d’une nouvelle ère. Un changement, une transition entre l'ancien et le nouveau. Nzinga savait qu'il allait devoir trouver son équilibre ici, entre ses racines africaines et son statut international, mais il était prêt. Prêt à réécrire l’histoire de son pays, prêt à incarner cette nouvelle génération d’Africains modernes, fiers de leur passé et avancés dans l’avenir.
Dans la chaleur et le bruit de Kinshasa, au milieu de la foule, entre les sourires et les larmes de joie, Nzinga et Léna comprenaient que, plus que tout, cette terre d’Afrique les avait façonnés. C’était le début d’une nouvelle aventure.
Annotations
Versions