14 - Le jeu de l’ombre
J’avais laissé mariner le beau Quentin pendant quelques jours avant de le rappeler. Je l’avais invité chez moi. Entretemps, j’avais eu l'opportunité de lui préparer une surprise qu’il n’oublierait pas.
Il ne lui fallut que peu de temps après mon appel pour débarquer au pied de mon immeuble. Il était survolté à l’entendre dans l’interphone. Il avait ensuite monté les escaliers quatre à quatre jusqu’à mon appartement. Puis, un peu essoufflé, il était entré tout timide dans les lieux.
A peine avait-il franchi la porte que je le poussai contre la porte :
- Es-tu prêt pour ton nouveau châtiment ? lui avais-je demandé en plongeant mon regard dans ses magnifiques yeux clairs.
Il avait ensuite bredouillé un petit :
- Oui, maîtresse.
Avant de baisser la tête.
- Va te laver, et quand je dis te laver, je dis te laver.
Je vis à ses yeux enjoués qu’il avait compris ce que je voulais dire, puis je lui désignai la salle de bain où j’avais déposé sa tenue de la journée : un joli collier de chien en cuir. La panoplie du parfait soumis.
Il ressortit quelques minutes plus tard parfaitement propre et net, ainsi que dûment paré. Je lui montrai du doigt un lieu où patienter en attendant mes ordres. Après quelques instants, on sonna à la porte et j’ouvris. C’était Axel. Il faisait partie du scénario que j’avais imaginé.
Je le fis entrer dans le salon et il prit place sur le canapé. De là, il observait son meilleur ami qui semblait un peu stressé dans le fond de la pièce. Peu après, j’ordonnai à ce dernier de s’approcher de nous à quatre pattes, de se positionner le flanc en parallèle du canapé et de maintenir son dos bien droit. Dans la foulée, je quittai les lieux pour me rendre dans la cuisine où j’ouvris une bouteille de champagne, la plongeai dans un sceau en argent et ramenai le tout sur un plateau accompagné de deux flûtes en cristal. Je positionnai l’ensemble sur le dos de Quentin. Ce dernier était si mignon en table de salon.
Axel jouait le jeu et il trinqua avec moi, même s’il jetait par moment des coups d’oeil gênés vers son ami qui ne bronchait pas. Après quelques dizaines de minutes à bavarder de tout et de rien, je débarrassai le plateau et remportai le tout dans la cuisine. De là, j’entendis les garçons chuchoter sans que je ne comprenne réellement le sens de leurs paroles. Je revins m’installer près d’Axel que j’embrassai goulûment sur la bouche :
- Toi, tu dois faire ce que tu m’as promis, sinon…
- Oui, Julia… Enfin, maîtresse.
Alors que Quentin était toujours à quatre pattes, Axel se plaça derrière lui et dégrafa son pantalon. Je lui tendis alors un flacon de lubrifiant. Comprenant, ce qui allait se passer Quentin commença un peu à paniquer. Mais, je m’adressai bientôt à lui avec douceur pour le rassurer :
- J’ai pensé que ce serait préférable avec lui plutôt qu’avec un parfait inconnu.
Il voulut parler, mais je posai un doigt sur ses jolies lèvres puis, je vins m’installer face à lui en lui caressant les cheveux. Ensuite, je fis signe à Axel de commencer.
- Non ! s’écria Axel. Tu ne peux pas exiger ça de nous !
Ce dernier se releva et quitta rapidement l’appartement sans plus un mot. Au moment où la porte d’entrée claqua, j’éclatai de rire et m’affalai sur le canapé. Comprenant que le jeu semblait s’être achevé plus tôt que prévu, Quentin souffla de soulagement. Il s’assit sur ses talons et me fixa :
- Tu ne croyais tout de même pas qu’il allait faire ça ? Même si c’était pour te récupérer. Il me respecte trop pour ça !
- Décidément, je fais une bien piètre Domina ! Bougonnai-je en posant ma joue sur ma main.
Son sublime visage me détaillait d’un air amoureux. Il me sourit et murmura en s’approchant de moi :
- Tu es la maîtresse de mes rêves. C’est dans ta nature profonde. Ne te bride pas. Laisse-toi guider par tes ombres.
Je tendis une main pour caresser ses beaux cheveux noirs épais, les yeux perdus dans son regard magnifique. Peu après, il posa sa tête sur mes genoux et nous restâmes ainsi silencieux, en totale adoration l’un de l’autre.
- As-tu rapporté la clé ? Lui demandai-je d’une voix douce.
Il se leva et alla fouiller sa veste et me tendit l’objet au retour. J’ouvris le petit cadenas et je libérai le sexe de Quentin emprisonné si longtemps :
- Je ne veux plus que tu t’infliges ce truc.
Alors que je caressais son membre si doux, je le sentis durcir sous mes doigts. Je souris :
- Super, il fonctionne encore. Tant mieux, tu en auras bientôt besoin.
Puis, après avoir glissé un baiser tout doux dans son cou de marbre, je lui demandai de partir.
Il fila se rhabiller et quitta l’appartement avec discrétion. La tension nerveuse relâchée, je m’endormis sur le canapé. Ce ne fut que la sonnerie de mon téléphone mobile qui me réveilla. C’était Axel :
- Pardon ! Je me suis dégonflé. Je n’arrive pas à t’être aussi soumis que Quentin.
Après un instant de réflexion, je lui balançai vertement :
- Non, tu n’as pas assez de courage pour ça ! Tu n’es qu’un simple jouisseur. Tu ne regrettes que le plaisir que tu as pris avec moi, mais en aucun cas ma personne. Adieu !
Je raccrochai avant qu’il ne réponde. Je connaissais déjà ses arguments. Il avait échoué à la simple épreuve de soumission demandée et c’en était bien fini pour moi. Je n’avais pas de temps à consacrer à des hommes ordinaires.
Quant à mon fidèle soumis, il ne perdait rien pour attendre. Je lui préparerai d’ici peu un rendez-vous d’anthologie. Décidément, ce jeune homme avait peut-être raison. Ce jeu obscur me plaisait bien plus que je ne l’aurais imaginé.
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