1 - En quête
"La recherche de l’impossible a pour châtiment la mélancolie et le désespoir."
Léonard de Vinci.
Ce soir-là j'étais en retard. Mon boss m'avait retenue pour travailler sur la dernière campagne de pub de Green Farm, une société qui commercialisait des produits 100% bio. Le client avait refusé tous les visuels proposés et avec l'équipe nous avions été obligés d'en produire de nouveaux en catastrophe. Après des heures de discussions, nous étions enfin tombés d'accord sur les alternatives alors qu'il était déjà vingt et une heures passée.
Ensuite, le petit graphiste stagiaire m'avait encore volé quelques précieuses minutes en pressant son mignon petit visage d'ange entre mes cuisses ouvertes. Il était si jeune, mais pourtant déjà bien expert dans le sexe oral. Il fit la moue lorsque j'abrégeai nos ébats sans le laisser jouir à son tour. Je lui promis une revanche pour plus tard avant de filer.
Je débarquai donc chez Marjorie, l'une de mes amies proches, sans être passée me changer. A peine avais-je eu le temps de me remaquiller un peu. La semaine de folie que j'avais vécue avait laissé des traces, mais les cosmétiques masqueraient bien tout cela. Il fallait dire que la base n'était plutôt pas mal : brune coupe au carré, de taille moyenne, mince et de grands yeux noisette illuminant un visage avenant aux ascendants méditerranéens.
Notre hôtesse fit mine de ne pas être fâchée de mon retard, même si je savais pertinemment qu'elle devait bouillir intérieurement. Nous avions autrefois été ensemble, à l'époque de la fac, et je me souvenais des crises terribles qu'elle me faisait lorsque j'avais quelques minutes de retard à l'un de nos rendez-vous. Je sentis sa froideur lorsque je l'embrassai et lui tendis un cadeau pour la remercier de son invitation. Je saluai peu après, son compagnon, Louis, avant de gagner le buffet où je retrouvais Mina, une autre de mes amies. Cette dernière, déjà bien avinée, se goinfrait de petits pains surprises tout en devisant avec un couple d'invités.
Autant Majorie était classique et élégante, autant Mina était excentrique et débraillée. On ne pouvait faire plus différentes, mais elles étaient pourtant amies depuis l'enfance. Si la première avait abandonné les attirances sexuelles de sa prime jeunesse, la deuxième vivait à fond sa différence. Cette dernière fréquentait assidument le milieu lesbien et militait même au sein d'une association LGBT anti-discrimination. Je la voyais, à chaque fois, au bras d'une fille différente qu'elle rencontrait dans des bars ou lors de réunions. Curieusement, cette fois-là, elle était venue seule.
- Sophia n'est pas venue ?
- C'était Stéphania. Et non, elle n'est pas venue, car nous ne sommes plus ensemble !
J'étais confuse face à la mine renfrognée de mon amie. Je n'osais lui demander ce qui n'avait pas fonctionné, mais ce fut elle qui mit les pieds dans le plat.
- Cette salope m'a fait cocue avec une meuf rencontrée à la gay pride ! Oui, je sais, je suis pour l'amour libre, mais là il se trouve que c'était une militante pro anorexie et je ne supporte pas ces putes !
Je souriais intérieurement songeant aux touches que j'avais moi-même faites dans ce genre de manifestations. Je fis semblant de compatir à son malheur avant de changer de conversation.
- Aurélie n'est pas venue ? Je ne vois pas Chloé non plus.
- Chloé roucoule quelque part avec un de ces petits snobinards que Marjorie a invité. Quant à Aurélie, elle s'est foulée une cheville. Mais, je la soupçonne, cette pingre, de ne pas être venue pour ne pas dépenser un kopeck en cadeau.
- Depuis qu'elle est au chômage, ce n'est pas simple pour elle.
J'aperçus à l'instant la jolie Chloé qui s'avança vers moi, après avoir lâché le jeune homme brun BCBG qui lui tenait la main.
- Julia, te voilà enfin ! Majorie était furieuse, tu la connais. J'ai tout fait pour la calmer. Elle est toujours aussi anxieuse lorsqu'elle organise une soirée. Mais, il faut dire qu'elle pense à tout. Même aux beaux garçons pour ses copines.
Ses jolis yeux bleus pétillaient de malice à l'idée de finir la soirée avec l'un d'eux. Indécrottable romantique, la jeune femme rêvait toujours au prince charmant même si elle cumulait les échecs sentimentaux. J'avais bien essayé de la draguer il y a quelques années, mais, bien que curieuse, elle n'avait jamais osé sauter le pas. Je la pris par la taille et lui collai une bise sur la joue, respirant son parfum délicat.
- Je suis certaine qu'ils vont tous se battre pour une danse avec toi.
- Quel gâchis ! Tu mérites bien mieux que ces petits bourg' ! Viens voir Mina, la reine des minous.
Cette dernière avait mimé avec ses doigts un cunilingus d'une façon très vulgaire, faisant grimacer notre amie hétéro. Je m'étais toujours demandée comment une fille aussi quelconque et grossière que Mina pouvait emballer autant de jolies filles. Sans doute avait-elle des qualités cachées, mais je n'avais jamais chercher à découvrir lesquelles. Cette fille avait des côtés sympathiques, mais elle ne m'avais jamais attirée physiquement.
Peu après, je rejoignis Marjorie qui s'empressa de me présenter l'un de ses amis célibataires. Elle n'avait jamais désespéré que je gagne le droit chemin, bien que me sachant définitivement bisexuelle. Mais, je n'avais jamais voulu choisir une orientation plutôt qu'une autre, même si l'hétérosexualité m'aurait facilité la vie.
J'entamai donc une aimable conversation avec l'ami de l'hôtesse qui dégénéra assez rapidement à mesure que je lui balançai des informations sur mes goûts et mes relations passées. Le type était surexcité à l'idée d'emballer une lesbienne. Comme pour beaucoup, c'était un fantasme absolu pour lui de convertir une de ces brouteuses de gazon qui l'attiraient tant. Mais, après lui avoir provoqué une érection en lui caressant l'entrejambe, je le repoussai assez fermement avant d'aller draguer une petite rousse à forte poitrine qui me faisait de l'oeil de l'autre côté du salon.
Je quittai les lieux une heure plus tard avec la rouquine aux gros seins que je consommai peu après être arrivée chez elle. Ses tétons imposants n'avaient pas quitté ma bouche pendant que je fouillai avidement son intimité avec mes doigts agiles. Elle jouis assez vite, accompagnant son orgasme de bruyants cris de plaisir. Peu après, pour ne plus l'entendre, je positionnai mon sexe sur sa bouche et la laissait me lécher bien profond. La fille était assez maladroite, mais j'étais suffisamment excitée pour m'abandonner tout de même en m'aidant d'une de mes mains.
Je sortis quelques minutes plus tard après avoir dit adieu à ma conquête. Sur le chemin du retour, je reçus un message du type de la soirée. Encore brûlante d'un feu mal éteint, je lui proposai de le rejoindre. Il m'envoya son adresse par SMS. C'était à deux pas. Etonné, mais heureux de me voir, il m'ouvrit avec joie la porte de son appartement et de sa chambre. Là, je le poussai sur le lit avant de venir le chevaucher avec frénésie. Il se laissa faire tentant tant bien que mal de contenir son érection sous mes allers et venues. Bientôt, je succombai à un nouvel orgasme auquel il ne put résister à son tour. Epuisée, je m'effondrai sur son torse imberbe et je restai comme cela un moment, le temps de reprendre mon souffle.
Même si cette fois, j'étais vraiment vannée, je décidai tout de même de rentrer chez moi. J'habitais à deux rues de là. Je passai le reste du week end en abstinence et en repos. La rouquine et le BCBG m'avait laissé des messages, mais je les ignorai. Ils m'avaient déçue autant l'un que l'autre. N'y avait-il aucun être en ce monde qui pouvait me satisfaire toute entière ? Quelqu'un que je pourrais aimer et respecter. Quelqu'un qui me donnerait du plaisir, mais qui pourrait aussi nourrir mon esprit et mon imagination. A ce jour, je ne l'avais pas encore trouvé. Mais, je ne désespérais pas.
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