Le soleil se couche à l'horizon, ses rayons dorés embrassent l'océan. Le bruit des vagues estompe mes pensées. Un camping s'étend à mes pieds, des oiseaux dessinent des arcs gracieux dans le ciel. La fin d’un cycle approche, la vraie retraite se profile. Le grand voyage se prépare.

 Dans cette lumière crépusculaire, je retrouve des sourires. Celui d’un enfant, lumineux et innocent. Celui d’un amant, tendre et rassurant. Celui d’un ami, complice et fidèle. Et enfin, le rire éclatant d’un mari, joyeux et réconfortant.

 Tout défile. La rencontre avec mon premier petit-ami, la douceur d’un baiser volé. La remontrance de mon père, ses idées arriérées, mais son amour malgré tout.

 La première fois où j’ai fait l’amour, sur les dunes, la plage comme témoin. Le sable était chaud sous nos corps, l’instant intense et éphémère. Puis, le premier chagrin d’amour, dévastateur. Il m’avait quitté pour un autre, me laissant avec une douleur sourde.

 La rencontre avec mon compagnon de route, facilitée par mon ami de toujours. Ensemble, nous avons traversé les hauts et les bas, géré un camping, construit une vie.

 Puis, le cancer. Une épreuve, une peine, mais aussi un rappel de vivre intensément. Nous avons affronté cela ensemble, avec une force renouvelée.

 Le mariage pour tous a changé nos vies. Entourés de nos proches, nous nous sommes dit oui. Même mon père, autrefois outré, était là. Il avait fini par comprendre : c’était de l’amour, tout simplement.

 Et maintenant, le tunnel. Mon compagnon est là, sa main dans la mienne dans ma vie actuelle. Mon père est là, sa main sur mon épaule dans ma vie nouvelle. Ils m’accompagnent vers ma retraite, ma demeure ultime. Le soleil disparaît à l’horizon, emportant avec lui une vie bien vécue.