Mercredi - La bulle (partie 3)

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 Cette fois, elle se figea, son cœur battant à tout rompre. La voix semblait émaner des murs eux-mêmes. L’écho se répercutait dans les vastes corridors. Une étrange angoisse monta en elle, oppressant sa poitrine.

 Elle tenta de se convaincre que ce n’était qu’un défaut du programme, une anomalie passagère. Peut-être un test des concepteurs pour ajouter du réalisme, songea-t-elle, essayant de se rassurer. Pourtant, la voix persistait, s’infiltrant dans chaque recoin de ce monde parfait. Marc avait parlé d’énigme, si je me souviens bien.

 De retour chez elle, Julie se sentait agitée. Les murmures continuaient de hanter son esprit, même en l’absence du casque de réalité virtuelle. Elle se mit à éviter les pièces sombres de son appartement, le silence devenant trop lourd à supporter.

 Lors de sa session suivante, la voix devint plus pressante. Elle se trouvait dans une nouvelle forêt enchantée, les arbres aux feuillages argentés brillant sous une lumière douce. Elle y croisa des fées, des lutins, qui disparaissaient aussitôt. Alors qu'elle avançait sur un sentier recouvert de mousse, la voix l'appela encore, plus proche, presque tangible.

 « Julie, tu dois revenir... »

 Elle se retourna vivement, son souffle court. L'inquiétude se lisait dans ses gestes brusques, son regard anxieux fouillant l’obscurité entre les troncs massifs. Elle fit un pas en arrière, trébuchant légèrement sur une racine.

 Les voix se multiplièrent, échos fantomatiques dans ce décor enchanteur. Des frissons glacés parcouraient sa peau, la faisant frémir, trembler. L'atmosphère, autrefois sereine, semblait maintenant imprégnée d'une aura malsaine, un malaise pour quiconque le vivrait.

Qu'est-ce que c'est que ce jeu ? pensa-t-elle, sa main tremblante agrippant un tronc d'arbre pour se stabiliser.

 Elle avançait prudemment dans une vallée baignée d'une lumière dorée, chaque pas étouffé sur le sol couvert de pétales. Les papillons qu'elle avait trouvés autrefois réconfortants semblaient maintenant voler de manière erratique, comme perturbés par une présence invisible. Sporadiquement, tout semblait s’éteindre. Une fraction de seconde, rien de plus, mais un micro-instant qu’elle pouvait percevoir, ressentir, presque goûter. Alors qu'elle s'approchait d'une cascade scintillante, une voix familière, douce mais pressante, l'interpella à nouveau.

 « Julie, tu peux partir... »

 Elle s'arrêta net, son souffle se bloquant dans sa gorge. Ses yeux parcouraient les environs, cherchant désespérément une source à cette intrusion auditive. Une ombre passa furtivement derrière les arbres et un frisson glacial parcourut son échine.

 La cascade, autrefois synonyme de tranquillité et de zen, semblait soudain dissonante, chaque goutte d'eau vibrant d’un éclat métallique. Julie porta une main à sa tempe, sentant une migraine naissante, son mal-être, peu à peu, se développait. C'est juste une erreur du programme, oui, juste une erreur, tenta-t-elle de se rassurer, mais la conviction manquait.

 Chaque nouvelle session dans « la bulle » amplifiait cette sensation de dérangement. Elle ne comprenait pas pourquoi elle y retournait, mais c’était devenu une véritable drogue, son héroïne. Les paysages idylliques se teintaient d'une couleur subtilement menaçante : plus fades, moins contrastées, voire abstraites. Lorsqu'elle se retrouva dans une clairière baignée de lumière, les arbres autour d'elle semblaient se rapprocher imperceptiblement, comme pour l'enfermer. Les voix devinrent plus fréquentes, presque incessantes, susurrant des murmures dont elle ne pouvait échapper.

 Assise au bord d'un lac serein, elle tenta de se détendre. L'eau reflétait un ciel sans nuage, mais son cœur battait à tout rompre. Chaque reflet dans ces eaux semblait danser de manière inquiétante, les contours flous et mouvants. Elle plongea une main dans l'eau qui semblait si pure, si belle, épargnée. Elle espérait y trouver une fraîcheur apaisante, mais le contact fut étrangement tiède, presque visqueux. Une ondulation anormale troubla la surface, formant des cercles concentriques qui semblaient se diriger vers elle.

 La voix résonna une fois de plus, cette fois plus proche, comme naissant de sa cochlée.

 « Julie, tu as mal... »

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