Pile ou face
Je suis la pièce sur l'ongle du joueur,
Quelque peu usée de trop tournoyer,
Et qui pourtant ne cesse d'interroger,
Cette dualité qui lui est un odieux leurre.
Lorsqu'inéluctable s'achève mon périple,
Inconscient je comble toutes les attentes,
De ces étrangers qu'un rien mecontente.
Savent-ils seulement comme je suis multiple ?
Sonne face, et résonne le grand rire sonore,
Qui à ma table rassemble les oreilles curieuses,
D'ouïr le récit fantasmé de ma vie aventureuse,
Tous persuadés que le héros y voyage encore.
Sonne pile, du bruit feutré de celui qui cache,
Le coeur beaucoup trop large d'un solitaire soucieux,
Des autres, de lui même et de la couleur des cieux,
Si souvent bouleversé que d'un rien sa bonde lache.
Qu'il est dur d'ignorer qui l'on est !
Tantôt loquace, l'ami sociable au sourire radieux,
Tantôt silencieux, à la tristesse au fond des yeux,
Sans cesse malmené par sa sensibilité.
Je suis la pièce sur l'ongle du joueur,
Quelque peu usée de ne pas réaliser,
Qu'une pièce qui tournoie n'a qu'un seul côté,
Et qu'il est inutile d'en avoir peur."
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