Askr, Fils de Freyja

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En l’an 779, un jeune homme naquit, il portait le nom d’Askr, le premier des hommes. Un jeune homme destiné à changer le monde des dieux comme des hommes. Le nouveau-né fut retrouvé sur le pas d’une chaumière modeste un soir d’hiver. Les joues rougies par le froid il poussait des braillements auxquels les bêtes de la ferme réagissaient à l’unanimité. Attiré par le chaos extérieur et intrigué par l’excitation des bêtes, un homme sortit de la chaumière, une hache à la main, prêt à en découdre. Ce n’est que lorsqu’il mit le pied dehors qu’il entendit les cris de l’enfant jusqu’à présent caché par ceux des bêtes. Devant lui, sur le pas de sa porte, t posé sur un bouclier pour tout landau la tête posée sur le manche d’une hache se présentait un poupon braillard. L’homme observa la scène avec stupéfaction, jamais de sa vie il n’avait vu telle chose. Interpellé, il appela son épouse. Dans l’ouverture de la porte, une magnifique jeune dame qui devait avoir la vingtaine, des traits aussi doux que le satin et des cheveux blonds tel les blés tressés qui tombait le long de son dos. L’homme se baissa pour prendre l’enfant et son landau de fortune dans les bras. A peine ses bras touchèrent l’enfant que la foudre frappa la terre proche de lui et sous ses yeux il put voir trois personnes qu’il n'avait jamais vus auparavant. Malgré tout, il posa genoux à terre instinctivement.

Sous ses yeux ébahis, il pouvait enfin les détaillais. Au centre du trio se présentait une dame. Elle avait la peau blanche aussi blanche que la neige qui tombait ce soir-là et faisait ressortir à merveille sa chevelure de feu. Son regard aussi perçant que celui du légendaire Vidofnir ne quitta pas un instant l’enfant que portait l’homme. A ses côtés se tenaient également un autre personnage haut en couleur. Le premier, à sa droite, se tenait droit, inflexible. De la tête aux pieds il portait une armure de maille et de cuir, la chose sortant le plus aisément du commun étant le marteau qu’il tenait dans sa main droite. Son manche semblait trop court et handicapant, et pourtant, il dégageait une puissance impressionnante.

Les silhouettes dévisagèrent le couple de longs instants, pour eux, ce regard ressemblait à un défi. Et ces gens ne reculaient pas devant un défi. Se faisant violence, l’homme se releva, plongeant son regard dans celui de ces êtres venus d’ailleurs. Bien évidemment, il reconnut ces visiteurs inattendus, Freyja, Thor, que faisaient les dieux sur ses terres ? Pourquoi venir le visiter ? Nombre de questions se bousculaient dans tête. Des questions qui trouveraient rapidement leurs réponses. Après avoir jeté un dernier regard au bambin, Freyja prit la parole.

“ Gorm, toi et ton épouse Agatha, avaient été choisis par nos soins, cet enfant est le miens. Son nom est Askr, les Nornes lui ont réservé un destin unique. C’est pour votre dévotion à notre égard que vous avez été élu pour l’élever. Bien que voir mon enfant m’être enlevé me chagrine, nous autres Dieux ne pouvons-nous occuper d’un mortel. Ainsi, Asgard vous confie cet enfant, faites attentions à lui, élever le comme le vôtre, un jour viendra ou Yggdrasil aura besoin de lui. “

Ne laissant pas à l’homme le temps de répondre, les trois êtres disparurent, ne laissant derrière eux que la terre brûlée par la foudre et l’enfant. Gorm et Agatha, encore hébété par cette scène qui s’était déroulée sous leurs yeux, restèrent longuement sur le pas de la porte. Ils ignoraient s’ils avaient rêvé, ou s’il s’agissait de la réalité. Eux qui avaient vécus jusqu’à présent des vies modestes, se retrouvaient aujourd’hui en charge d’un demi-dieu. Cela leur paraissait grotesque, et pourtant, il était bien là. Cette soirée restera à jamais gravé dans la mémoire des deux jeunes parents comme le soir ou les Dieux leur auront offert un fils.

La vie n'était pas simple, pour ces simples gens. Le quotidien rimait avec labeur et chasse. Rares étaient les moments d'allégresse. Le climat était dur, les neiges ne fondaient que trois mois dans l'année et ils ne pouvaient en profiter. Quand les neiges fondaient, cela voulait enfin dire que les bateaux pouvaient quitter le port, qu'ils pouvaient enfin prendre la mer. Pour cette occasion, hommes, comme femmes s'équipaient de leurs quelques armes et se préparaient au combat.

Les bateaux de ces gens étaient aussi simples qu'eux, mais à l'image de leurs pilotes, ils étaient de véritables merveilles de la création. Ils étaient plus fins que le plus fin des oiseaux, mais pouvaient contenir jusqu'à soixante guerriers rageurs. Le plus surprenant chez ces navires n'était pourtant pas dans leur proue, mais leurs quilles. Celle-ci tenait en seul morceau, et son fond était plat lui permettant de naviguer sur n'importe quel court d'eaux ou mers, et ses planches superposées lui assurait une indéniable solidité et une flexibilité hors du commun. Ce peuple de peu de moyens avait mis au point l'engin de raid parfait, indéfectible.

Comme chaque été, ils prenaient la mer en direction de l'est. C'est là, que chacun s'y donnait à cœur joie. Certains commerçaient, d'autres pillés, les peuples de l'est ne pouvaient rien contre ces guerriers. Ces raids étaient pourtant réguliers, et à chaque année, les pauvres étaient préparer, mais aucune préparation ne suffisaient. Ces hommes et ces femmes qui avaient conquis la mer, comment de misérables mortels pourraient les arrêter ? Eux qui avaient la faveur des dieux. Tout ce qu'ils pouvaient faire, était prié. Prier qu'ils ne touchent pas leurs filles ou leurs femmes. Par chance, ces actes étaient boudés par ces guerriers sanguinaires. Ils venaient pour combattre, pour s'enrichir, par pour se déshonorer.

Gorm et Agatha faisaient partis de ceux qui venaient marchandé. Pour eux, combattre des gens qui n'avaient aucune volonté de se battre était sans interet et hautement insultant. Ils n'étaient que des paysans, mais ils n'en étaient pas moins des enfants d'Odin eux aussi. Ainsi, ils venaient échanger leurs quelques marchandises avec les gens de l'ouest. Ils y achetaient de l'or et autres matieres précieuses qu'ils revendraient en ville contre des vivres ou, en de rares occasions, des cadeaux pour les enfants.

Les raids étaient bien souvent rapides, éclairs même, ils ne duraient rarement plus d'une journée. Il était amusant de voir que souvent, ceux qui venaient vendre rentrait plus riche que ceux qui venait combattre. Mais ce n'était pas pour cela qu'ils évitaient le combat, ce n'était pas non plus par lâcheté. Tous connaissaient la fureur au combat de Gorm à la hache rouge, mais cela faisait quelques années qu'il ne tuait plus durant les raids. Il avait maintenant deux enfants. Et s'il était un bon guerrier, il n'était pas immortel. Il pouvait toujours être tué au combat, le jeu en valait il la chandelle ? Laisser sa douce Agatha s'occupait seul de la ferme et des enfants ? Non, ce n'était pas envisageable. Sa hache resterait accrochée au mur.

Le temps passa, et les saisons avec. Entouré d'une famille, aimante, l'enfant de Freyja poussa au milieu des bêtes à la manière d'un sapin, puissant et haut pour son âge. Neuf années, s'étaient écoulée depuis l'événement de Freyja, mais pour Gorm et Agatha, il leur semblait qu'Askr était arrivé hier. La vie était paisible et douce, le monde lui était offert, et il rendait magnifiquement hommage à ce cadeau, rare étaient les jours qu’Askr passait à l’abris sous le toit de la maison. Le temps passait si vite.

Alors qu’il marchait dans les plaines qui entouraient sa demeure, il aperçut une bête que les siens ne connaissaient que trop bien. Mothir, un ours massif que son peuple nomma ainsi en hommage à la plus ancienne des divinités. La bête semblait poursuivre quelque chose, une proie peut-être ? Non, les ours ne poursuivent pas leurs proies, ils préfèrent souvent les poissons ou les termitières, difficiles d’imaginé un ours, plus encore un ours de cette taille, pourchassé un cerf. Intrigué par le comportement de la bête, Askr la suivit de près, caché parmi les arbres de la forêt, il observait l’animal, cherchant à comprendre les raisons de sa précipitation.

Brisant le silence, résonnant parmi les arbres, deux cris se firent entendre. D’après la tessiture des voix, elles devaient provenir de fillettes, certainement avaient elles son âge ou celui d’Astridir. Tout devenait plus clair, il comprit enfin pourquoi Mothir se hâtait de la sorte. Les fillettes avaient dû s’approcher trop près de la tanière de la Mère. Armé de sa hache, bien trop grande pour son âge, il courut à leur rescousse, prêt à se battre, craignant de devoir mettre à bas la bête. Les fillettes étaient vêtues étrangement, de sortes de tuniques blanches qui descendaient de leurs épaules à leurs chevilles et laissaient voir leurs épaules et dos, à leurs pieds de drôle de brogues, faites de lanières de cuir. Le petit garçon ne sut que penser de ces étrangères, mais son instinct lui hurlait de les défendre et c’est ce qu’il fit. Il se jeta entre elles et le féroce animal. Le jeune homme prit une grande respiration, puis avec la force de mille ouragans, il poussa un rugissement bestial qui fit trembler les arbres, les bêtes et les ses protégées. L’animal, bien que puissant, ne sut que faire. Cet être était plusieurs fois plus petit que lui, mais il lui semblait être une montagne infranchissable. La queue entre les pattes, la bête prit la fuite s’en retournant au fin fond de sa grotte. Askr soupira, satisfait, il se tourna vers les étrangères. Elles étaient toujours là, l’une comme l’autre tremblant comme des feuilles. Il leur offrit un large sourire qui se voulait aussi réconfortant que possible, elles allaient bien, la première était égratignée, mais rien de plus. Il déchira la manche de sa tunique et accourut vers elle pour panser ses plaies. À l'approche du garçon, elle eut un mouvement de recul, ce garçon lui faisait peur, plus peur encore que la bête.

- Tu peux me faire confiance, montre-moi ton bras, il faut le couvrir avant que ça ne s’infecte, lui dit-il d’une voix douce et bienveillante.

À nouveau, il s’approcha, plus lentement cette fois, et ce changement d’attitude sembla rassuré la fillette qui se laissa enfin faire. Il semblait s’y connaitre un peu, avait-il toujours vécu au milieu des bêtes sauvages et de la foret ? Ou étaient les grands bâtiments de pierres blanches et les colonnades ? Enroulant le tissu autour de la plaie, le jeune garçon s’assura que celui-ci ne bouge pas en le nouant fermement. Il était un peu trop serré pour son petit bras, mais elle n’osa rien dire d’autres qu’un timide “ Merci “.

S’échappant de la bouche de leur sauveur, un rire puissant se fit entendre, le stress était enfin passé, et tout allait pour le mieux. Tendant une main, les invitant à le suivre, il leur parla d’un jeu bien de chez eux, le Draugr. Un jeu assez simple, leur dit-il, une personne était désignée pour pourchasser les autres, le premier à se faire attraper devenait le Draugr pour la partie suivante.

Ensemble, ils passèrent quelques heures à jouer et courir au milieu de la ferme familiale. Askr, qui jusqu’à présent était intrigué par les fillettes, finit par oublier qu’elle n’était pas des leurs. Pourtant, durant une partie de ce fameux jeu, elles disparurent sans laisser la moindre trace. Ils ne comprirent pas comment des petites filles habillées ainsi avaient pu se volatiliser, mais elles l’avaient fait. La dernière chose qu’Askr entendit de ses nouvelles amies, était son propre nom. Sa sœur, ses parents et lui-même passèrent de nombreux mois à les rechercher. Jusqu’à ce qu’enfin, Gorm et Agatha en arrivèrent à la conclusion qu’il s’agissait à nouveau d’un tour des dieux pour les tester, et que rien ne servait de continuer les investigations.

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