Bamburgh

9 minutes de lecture

Encore une fois, ils prirent l'avantage de l’obscurité pour lancer une attaque surprise. Ils se déplaçaient tel des fantômes, torches éteintes, invisible et silencieux parmi les ténèbres de la nuit. Les Hommes marchèrent longuement, autour d’eux, la vie foisonnée, malgré la nuit, nombreux étaient les yeux posés sur cette troupe.

Enfin arrivé, ils virent le château se dresser fièrement au sommet d’une arête rocheuse. Il devait se trouver à une trentaine de mètres, mais ces quelques mètres pourraient se révéler être cruciaux pour cet assaut.

“Ils se pensent malin à avoir placé leur Skàli sur une colline. Elle sera leur tombe. “

Lâchant sa hache Askr fit se lever un vent puissant qui effaça l'odeur de la troupe. Discrètement, ils traversèrent les quelques mètres qui les séparaient de la muraille. Askr posa sa main sur les pierres du mur protecteur de la cité. Il inspecta la roche, baladant sa main sur celle-ci avant d’y poser l’oreille. L’opération dura plusieurs minutes, derrière lui, les hommes et femmes trépignaient et avaient bien du mal à se contenir, le combat les attendaient. À nouveau, Askr se servit de sa maîtrise sur les éléments. À ses pieds, se forma un tunnel, il était assez large pour y faire passer la troupe entière, et assez profonde pour que même le plus grand des hommes ne se cogne pas la tête contre son plafond. Un à un, empruntant la blessure de la terre, ils pénétrèrent dans la citadelle. Leur mission était de causer le plus de panique possible afin de détourner l’attention de l’ennemi loin de la mer et ainsi de permettre aux autres l'accès au château. Une fois que chacun se trouvait enfin dans les rues de Bamburgh, Askr leva sa hache vers le ciel avant de hurler « Valhöll ! » et de charger. Ils détruisirent tout ce qui leur passait sous les mains, lançant des feux de partout à travers Bamburgh, la mission était une réussite, la panique s’était emparée des habitants. Les gardes se ruèrent dans les rues cherchant la source de ce chaos. Un groupe malchanceux tomba sur le corps expéditionnaire. Il fut massacré sans sommation, aucun n’en ressortit. Tout ce qu’il resta de ces pauvres hommes était l’expression de frayeur sur leurs visages figés. Profitant de la panique, le deuxième groupe fit tomber les portes du château. Hurlant, leurs armes tranchant les têtes des hommes et des femmes sans distinctions, ils se ruèrent dans la cité. Pris en tenaille, les Saxons étaient pris au piège. Mais l’attaque n’était pas terminée, loin de là. Sous leurs pieds, la terre se mit à trembler. Les murs des maisons churent et s’écrasèrent au sol. Nombreux furent les fidèles de l’Unique furent au piège sous les décombres de leurs propres maisons, leur agonie serait longue et rien ne pourrait l’empêcher. Askr s’était mis au travail. Sa hache plantée dans le sol, il donna tout ce qu’il avait. Rarement dans sa vie il n’avait autant sué. Trente mètres, cela lui paraissait petit, et pourtant, il ressentit le poids de la colline sous ses pieds. Il mit toute sa force dans cet effort herculéen. Ses vaisseaux sanguins éclatèrent, ses yeux étaient injectés de sang, il sentit ses dents qui menaçaient de se briser tant il les serraient, son nez saignait abondamment et ses gencives assumaient difficilement l’effort qu’il exigeait d'elles. Pour la première fois de sa vie, son corps était mis à l’épreuve. Lui, qui avait toujours manipulé la terre avec aisance, n’imaginait pas que cet exercice pourrait être un tel supplice. Il ressentait le poids du Midgard, comment avaient-ils fait ? Odin, Vili, Vé ? Les dieux, étaient-ils si puissants ? Le corps du géant de glace, comment l’avaient-ils porté ? Ymir lui vint à l’esprit, il était mort, mais son esprit était bien présent au cœur de cette terre. L’ennemi des dieux. Sa rancœur éternelle se battait contre l’enfant de ses meurtriers. C’est dans un dernier effort qu’Askr parvint à atteindre son objectif. Sous les yeux ébahis de tout ce jour-ci, la colline imitant la gueule du loup hróðrsvitnir s’ouvrit largement. Dans son ouverture, la gueule de la colline engloutit nombre de Chrétiens. Tous dirent de ce jour, qu’Ymir combattait aux côtés du Nord.

À l’aube, les envahisseurs avaient complètement détruit la citadelle. Seul le bâtiment principal était resté debout. Askr reprit son souffle difficilement, sa respiration était lourde et rapide. Astrid, qui avait été à ses côtés du début à la fin, faisait de son mieux pour le soutenir, mais il semblait sourd à cet instant. Elle ne put qu'observer impuissante, son frère qui se remettait difficilement de cet effort surhumain. Il lui fallut plusieurs minutes, mais il se remit, et se redressa, observant le bâtiment qui attendait sa venue. Marchant lentement, son corps ayant assez mal encaissé le choc, il prit la direction du monument qui lui faisait face. Les portes étaient fermement fermées, ce fut ses frères d'armes qui la forcèrent à l'aide de haches normande aussi grande que des hommes.

À peine eurent ils faits un pas entre ces murs qu'ils purent en comprendre toute la richesse. À leurs pieds, les pierres étaient d'un blanc immaculé et au centre, courant sur ces pierres se trouvait un long tapis d’un rouge écarlate brodé dans un tissu qu’ils ne connaissaient pas. De chaque côté de la pièce, soutenant la voûte se trouvait de larges piliers formé d’une drôle de manière, ils étaient rond, composé d’une base de drôle de forme, une courbe en bas, une sorte de boudin posé dessus, une autre courbe puis à nouveau un boudin. Posé sur cette base, se trouvait le corps de la colonne, aussi long que les plus longues poutres des plus grands skàli et bien plus épais. Ces colonnes cylindriques étaient creusées à intervalle régulier pour former des sortes de gouttières le long du fut. Ce corps se finissait sur un chapiteau magnifiquement travaillé, sur celui-ci, tous pouvaient voir la forme d’une femme, enveloppée d’un halo, portant un enfant dans ses bras. Les traits de la dame étaient doux et incarnaient à la perfection l’image de la Mère, elle était vêtue d’un foulard qui couvrait ses cheveux et lui donnait une allure humble. Dans ses bras, l’enfant irradié d’une lumière douce, Askr ne comprenait pas ce qu’il voyait, mais il comprit sans difficulté l’importance de cette scène pour ces gens. Lui et ses frères ne comprirent que peux l’objectif d’un tel effort pour une simple poutre, mais ils devaient en reconnaître l’indéniable beauté. Au-dessus de leurs têtes, pendait un incroyable objet. Il se balançait au bout d’un large chaîne. Semblait coulait à la manière de d’innombrables goûtes d’eau de nombreuses larmes de cristal, et posé sur d’étranges support se trouvaient de nombreuses bougies, dont la lumière se reflétait à l’intérieur de cette multitude de goûtes de cristal. L’objet était incroyablement complexe, et contrastait énormément avec la sobriété des colonnes qui soutenaient cette pièce. Mais encore une fois, ils ne purent que s’émerveiller devant ce travail de maître qui se présentait à eux.

Impressionné par cette vue, nombres des guerriers du Nord s’arrêtèrent net, l’un d’entre eux prit la parole.

“Alors là, vraiment, l’imposant le dispute à la majesté. “

Aucun ne releva et ils continuèrent leur marche. Ils suivirent le tapis rouge qui montait un escalier dont même les garde-fous avaient été travailler par ce qui devait être un artisan expérimenté. Ce qui pourtant n’était autre que du fer forgé imitait à la perfection les branches d’une vigne qui escaladaient ces escaliers d’un blanc pur. En face d’eux, se dressait un formidable tableau, il représentait un homme qui se dressait fièrement. Sous le portrait de cet homme, se lisait un nom, seul Askr pus le lire, lui qui avait observé ces gens, il lut “ Alhred, Roi de Northumbrie “.

Tournant sur la droite, ils entrèrent dans un couloir, de chacun de leurs côtés, des mannequins affublés d’armure grandioses se tenaient droit comme des piquets, armes en main et bouclier dans le dos. Ceux-ci se tenaient de chaque côté d’autres portraits de Roi et des Reines de ce royaume ancien.

Rapidement, ils entrèrent dans une nouvelle salle, la salle du trône, ils la trouvèrent par hasard en ouvrant toutes les portes qui s’offraient à eux. Et si ce qu’ils avaient vu jusqu’à présent était grandiose, tout cela faisait pâle figure en comparaison.

À droite de la pièce se trouvaient de nombreuses fenêtres donnant une vue imprenable sur la mer et les bateaux qui avaient accosté sur la côte. Entourant les fenêtres, se trouvaient d’impressionnants rideaux bordés d’or manifestement cousu dans la même matière que le tapis. À l’opposé de ces ouvertures, se trouvait une sublime cheminée surmonter par un miroir aux dimensions cyclopéennes. Il était parcouru de motifs imitant les feuilles d’un arbre et à son point le plus haut siégé une couronne d’or. Les étrangetés pendantes au plafond étaient au nombre de quatre en cet endroit, et ils étaient dominés par un cinquième qui trônait au centre de ceux-ci. Les murs étaient d’un rouge identique à celui du tapis sous leurs pieds et régulièrement entrecoupés par de sublimes dorures qui remontaient jusqu’à la voûte. Suivant ces dorures, ils virent le fameux plafond de la salle du trône. Elle dépassait tout ce qu’ils avaient pus voir jusqu’à présent. Sur celle-ci, se décrivait une scène de bataille opposant les forces de ce qui devait être l’Unique à celles d’un être immonde. Les forces de l’Unique se battaient avec férocité et semblaient repoussées cet être maléfique, celui dont la tête et les jambes étaient celles d’un bouc et le corps celui d’un homme. Cette fresque lui inspira malgré sa haine, un grand respect pour les artisans de ce peuple.

Terminant le tableau, au fond de la pièce, se trouvait le trône, il était magnifique et en parfait accord avec la pièce. Tout de rouge et d’or, à sa tête se trouvait une pomme et posait sur celle-ci une couronne.

Sur celui-ci, se trouvait le Roi de ces contrées, Alhred. Il se leva, et d’un mouvement de la main, il ordonna à ses gardes de combattre, de mourir pour leur Roi.

Les hommes hésitèrent, puis, ils se jetèrent dans la bataille. Les pauvres hommes ne purent rien faire, ils perdirent rapidement la vie et leur Roi les observa avec mécontentement.

“ Barbare du Nord ! Vous venez crier vengeance pour vos frères morts au sud ? Ces terres nous appartiennent ! Ces terres m’appartiennent ! Je les ai gagnées par le droit de mon sang ! Vous ne pouv- “

La hache d’Askr interrompit la phrase de l’homme. Traversant la pièce avec la vélocité d’une flèche elle vint se planter dans le torse du Roi déchu, se fichant dans son trône, détruisant le signe de ce régime. Crachant au sol, il s’en alla récupérer l’arme qui avait pourfendu le souverain. Posant son pied sur l’abdomen de l’homme, il tira d’un coup, arrachant la lame de la hache au bois et souillant le tapis. Le corps chut au sol, et Askr se retourna vers ses Hommes. Levant sa hache en l’air en signe de victoire, il prit la parole.

« Mes frères et sœurs, aujourd’hui est un grand jour, la première étape de notre conquête est atteinte, les Saxons viennent de subir une blessure qui ne se refermera pas de sitôt. ! » Cette journée serait une journée de festins et de joies, chacun dansait, les cuisines du château furent pillées et les meubles furent utilisés pour lancer un grand feu autour duquel les discussions fusaient. Askr qui avait pris place sur le trône du souverain s’exprima à nouveau.

« Quelle journée qui se termine ! Mes amis, festoyons ! Que l’hydromel coule à flots ! Vidons ces cuisines et remplissons nos panses ! Santé ! »

À peine eut-il fini sa phrase qu'il se leva et se saisit de la tête du souverain qu’il projeta dans les airs avant de la réceptionner avec le plat de sa hache. Tous rirent devant cet ultime acte de désacralisation. Ce fut la première journée de répit depuis maintenant trois longs mois pour les suivants d'Odin.

Notre héros, lui profita de ce petit moment de répit pour se reposer, une corne d’hydromel à la main. Il faisait bonne figure devant les hommes, mais ne s’était pas encore parfaitement remis de son effort de plus tôt. Venant s’asseoir à ses côtés, Astrid s’amusait des blagues et moqueries qui volaient autour d’elle.

Ils discutèrent un long moment. Astrid s’inquiétait de son état et lui, lui répondait que tout allait bien, qu’elle n’avait aucune raison de s’en faire. Pour finir de balayer les inquiétudes de la fille, Askr se leva et avec un large, il tendit sa main à la demoiselle, l’invitant à se joindre aux festivités. Sans attendre un instant, elle se saisit de la main tendue et frère et sœur se mirent à danser.

Malheureusement, le temps des festivités ne dura pas. Le lendemain ils se levèrent aux aurores et reprirent leur route en direction de la Mercie.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 3 versions.

Vous aimez lire Le Professeur ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0