La chute du Winchester

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La chute de Bambourgh fut rapidement connue de tous et ils se préparèrent en conséquence. Les défenses saxonnes augmentèrent, des milices furent formées et des patrouilles établies. Plus les Normands s'enfonçaient dans les terres, plus la résistance était féroce, plus ils avançaient, plus leurs ennemis étaient nombreux. Mais cela ne les empêcherait pas d’atteindre leur objectif, la route était longue et ils ne pouvaient ralentir le pas.

De combats en combats, de prises d’assauts en prises d'assauts, les fils du Nord mirent pied sur Winchester, l’ultime étape de leur long voyage.

Les forces du Nord étaient épuisées par ces derniers mois et furent obligées d’envoyer des hommes demandés des renforts. Ils envoyèrent un contingent d’hommes qui prirent la mer traversant la Germanie et l’île de Skadi entière pour trouver la moindre aide disponible. Et comme ils s’y attendaient, les hommes et femmes de Germanie, loin d’avoir été effrayé par le récent massacre, répondirent à l’appel et furent rapidement suivi par l’île de Skadi. La Grande armée du Nord se levait comme un seul homme.

Bravant les dangers du domaine du serpent-monde, ils traversèrent la voie des cétacés pour rejoindre leurs frères et sœurs toujours au combat. À peine étaient-ils revenus qu’ils mirent leurs cerveaux les plus brillants se mirent à l’œuvre et établirent une stratégie.

Le siège serait long, mais ils avaient confiance, une cité comme celle-ci était particulièrement vulnérable face aux stratégies telles que le Strandhögg. Durant la première semaine, ils se feraient discrets, se contentant d’épier les faits et gestes des Saxons. Ils noteraient leurs tours de garde, à quels endroits ils étaient vulnérables, quand ils l’étaient. Ils enverraient des espions pour se renseigner, pour semer le doute et la zizanie, lançant des incendies qui ressembleraient à des accidents, affaiblissant petit à petit leurs opposants. Puis, au moment opportun, ils lanceraient l’assaut, frappant fort et vite.

Cette manœuvre durera un mois entier, un mois durant lequel les Saxons verraient leurs forces les quittés progressivement, leurs apports en matière première et nourriture régulée par leurs ennemis. Jusqu’à ce qu'enfin, le jour arrive.

Askr, Astrid et l’armée du Nord se levaient à nouveau, ils firent marche jusqu’aux portes de Winchester contre lesquelles leurs haches vinrent s’abattre. Les armes des guerriers vinrent rapidement à bout des portes saxonnes qui vinrent s’écraser dans un vacarme assourdissant.

Le combat faisait rage, de tous les côtés, les hommes et femmes tombaient comme des mouches. Les vies rejoignant l’autre monde furent nombreuses, très nombreuses. En ce jour, la neuvième Hall se gorgerait de guerrier tombés.

Et si Askr s’attendait à voir les ennemis perdre du terrain, il n’en était rien. Les défenses n’étaient pas les mêmes que celles des autres cités. Loin de là, malgré les efforts fournis pour épuiser leurs ennemis avant le combat, ces derniers semblaient empreints d’une force nouvelle. L’Unique les soutenait, les guerriers Saxons illuminaient de la force de leur Dieu. Les rangs des Nordiques eux en revanche semblaient de plus en plus clairsemé. C’est avec terreur qu’Askr s’en rendit compte, le désespoir s’installait petit à petit dans son cœur. Et c’est alors qu’il cherchait une lueur d’espoir qu’il aperçut. Mais les desseins des Nornes sont parfois bien cruels et la vision qui s’offrit à ses yeux ne fut pas celle de l’espoir. Sa sœur était aux prises avec de nombreux guerriers de l’Unique. Plus ils échangeaient de coups, moins la jeune fille ne semblait pas être de taille. Ses opposants prenaient l’avantage de plus en plus certainement. Les coups de lames la tailladée et elle ne savait plus ou donné de la tête. Et c’est l’une de ces lames qui vint lui ôter la vie. Au sang des ennemis comme des amis vint se joindre celui d’Astrid. Au plus profond de sa poitrine, vint s’enfoncer une lame ennemie. La lueur que l’on pouvait voir dans le regard habituellement pétillant et plein de vie de la demoiselle s’éteignit en un instant. Alors que la vie lui était arrachée, elle prononça ses derniers “Valhöll”. L’ultime supplique d’une fillette cherchant à rejoindre les dieux.

Les enfants de l’Unique prenaient du terrain et Askr semblait cédé au désespoir, la fin était-elle arrivée ? Était-ce pour lui le moment de rejoindre les dieux ? Le Nord, n’était-il pas de taille contre l’Unique ? Ces questions se bousculaient dans sa tête, jusqu’au moment où il vit des ailes noires passaient au-dessus de sa tête avant de se poser devant lui. L’oiseau de jais croassa. Ce simple son rendit à Askr la force de se battre, les dieux ne les avaient pas abandonnés. La Bête d’Or reprit la charge et ne s’arrêtera qu’une fois que ses ennemis seraient tous allongés dans la poussière. La bataille fut longue et à chacun des pas du Sanglier la terre semblait trembler. La foudre frappait le sol et les flammes de la ville s’animaient. La fureur du Nord s’était éveillée sur le champ de bataille.

Dans un baroud d'honneur, hommes et femmes du Nord se levèrent à la suite de la Bête d'Or. Dans sa charge, Askr emportait tout ce qui passait, il semblait ne faire qu'un avec la terre qui se soulevait à chacun de ses pas. La rage causée par la mort de sa sœur bien-aimée l'avait changé. Ceux qui l'avaient vu se battre auparavant chanté sa férocité, mais aucun n'avait vus cette facette du guerrier. Il était la Fureur du Nord, la colère des éléments. La terre tremblée et sous les pieds de ses opposants prirent vie les sources d'eaux qui gisaient sous le foyer des taupes et insectes. Ceux qui n'étaient pas emportés par le flot des eaux souterraines furent happés par la terre qui dévorait les hommes à la manière d'une gueule gigantesque.

Balayant ses ennemis sans la moindre difficulté, le jeune combattant faisait marche vers le château qui siégeait au cœur de la ville. Cette fois-ci, il ne s'embarrassa pas d'escalier ou de hall. De toute sa force, il vint écraser son poing contre la structure du bâtiment qui vola en éclats. La moitié du château s'écrasa au sol sans faire de manière, il ne restait que la salle du trône. Se servant de sa maîtrise de la terre sans même s'en rendre compte, Askr fit léviter la roche, ce faisant, il s'improvisa des escaliers jusqu'au trône.

Debout devant celui-ci, seul, le Roy se dressait devant le guerrier. Contre toute attente, il tenait son arme en main, prêt au combat. Il savait qu'il ne pourrait pas vaincre, mais au moins, il combattrait. Pour l'honneur.

Levant sa lame au-dessus de sa tête et poussant un cri de guerre, le Roy chargea le guerrier. Mais c'était sans espoir. Inspirant profondément, Askr relâcha un rugissement brutal qui résonna au travers du champ de bataille. Ce simple rugissement fut si puissant, que nombre de guerriers sur le champ de bataille perdirent connaissance, et sans surprise, la lame du Roy quitta ses mains pour finir sa course dans son trône. Il n'avait aucune chance, mais il chargea à nouveau, à main nue cette fois. S'il était son ennemi, Askr devait lui reconnaître une chose, son esprit combatif. C'est pourquoi, Askr jeta ses armes à terre et s'approcha du Roy. Il esquiva sur le côté le coup de celui-ci et serra son poing qui vint se briser sur les côtes du monarche. Le pauvre homme, sous la puissance du coup ne put contenir son repas qu'il vomit sur les dalles en pierre. Mais il n'était pas vaincu. Se relevant à nouveau, il se remit en garde. Levant ses pauvres poings en face de son visage, il approchait lentement, titubant. Il n'avait évidemment plus la force de se battre, mais il le ferait tout de même, jusqu'à la mort. Levant son poing droit, il fit pivoter tout son buste et vint assener à Askr un direct puissant qui, bien qu'incapable de blesser le guerrier, l'impressionna tout de même. Il n'avait rien à voir avec le précédent suzerain qu'il avait décapité. Celui-ci, méritait le respect. Mais Askr ne connaissait qu'une seule façon de respecter un guerrier. Il se mit à son tour de nouveau en position et délivra à son opposant une véritable tornade de coups de poings. À chaque coup, et malgré sa défense, le Roy ressentit toute la puissance des bras du Norrois. Rien ne pourrait l'arrêter. Les bras du Monarche étaient brisés, bleus à force d'encaisser, et que ce soit ses côtes ou son visage, le spectacle n'était pas glorieux non plus. Il était impuissant, mais il souriait. Ce combat était glorieux. Il résonnerait à travers les âges. Épuisé, il laissa tomber sa garde et vit la mort s'approcher. Le poing d'Askr vint finalement mettre fin aux souffrances du pauvre homme. Alors que le poing d'Askr venait briser le crâne du Roy, il sentit celui-ci qui n'avait pas dit son dernier mot. Comme un pied de nez à cet adversaire invincible, de nombreux fragments osseux vinrent témoigner de sa pugnacité et se plantèrent dans la peau du vainqueur.

Du haut de la salle du Trône, Askr posa ses yeux sur le champ de bataille. Et quelle vision. La mort de leur Roy les avait mis en déroute et les guerriers ne savaient que faire. Et bien évidemment, les Norrois en profitèrent. Ce fut un bain de sang. Les troupes désorganisées de l'Unique furent abattues comme de simples porcs.

Les fidèles de l’Unique étaient tous tombés, le chaos de la bataille s’était calmé. Askr s’avança vers le cadavre de sa sœur, il le souleva et partit vers la mer. Elle semblait si frêle, si légère dans ses bras qu’il ne lui semblait pas porter bien plus qu’un chaton. Arrivé sur la cote, il posa le corps sur l’un de ses navires, un Langskip qu'il emplit de fleurs, de victuailles et d’or avant de la poussée au large. Dans un ultime rugissement venant de ses tripes, la foudre s’embattit sur le navire et l’embrasa. Il resta longuement à regarder sa sœur rejoindre le Valhöll.

Mais le temps n’était pas à la tristesse. Ces morts ne furent pas vaines, et il s’était interdit de les pleurer, ils festoieront bientôt aux côtés des dieux. Quel plus grand honneur que celui-ci ?

 La terre du dieu unique avait été reprise, et ensemble, ils devaient la reconstruire, la rendre à leurs propriétaires. Ce ne serait pas une œuvre aisée, mais ils devaient le faire. Pour leurs dieux, et pour leurs morts.

Ensemble, ils passèrent les deux prochaines années à labourer la terre, détruire les fortifications bretonnes, à rendre à la terre, sa place.

Faisant usage à outrance de son attribut, Askr faisait avancer les travaux à une vitesse ahurissante, et rapidement, les terres reprirent leur apparence originelle. Elles n'étaient plus celles qui avaient accueillis les fidèles de l'Unique, elles avaient retrouvé leur vrai visage.

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