Accalmie

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Arrivé devant la porte de son foyer, Askr fit tomber le mur qui séparait la maisonnette et salua à nouveau Louis qui se mit à rire de cette scène.

-Tiens, un nouveau venu, dit-il. Enchanté, je suis Louis.

-Très drôle, dit Askr qui fit semblant de rire.

Louis, observa son nouvel ami avec un très large sourire avant de lui donner un léger coup dans l’épaule en riant.

« Déjà passé à l’assaut, vous ne perdez pas de temps Askr, il y a de quoi faire rougir Casanova lui-même moi ami, vous avez ça dans le sang »

Il s’amusait de la situation et Askr pouffa à la mention dans cet événement.

-Ah, que voulez-vous, c’est moi ça, un vrai charmeur…qui est ce Casanova dont vous parlez ? dit-il d’un air curieux.

-Ah, Casanova, un homme haut en couleur, il touchait à toutes formes d’art, principalement dans le but de s’attirer les faveurs des femmes. Vous êtes pas mal non plus dans le genre.

Ils rirent ensemble durant quelques heures jusqu’à ce que la Dux sonne l'heure du repas, ensemble, ils firent marche jusqu’à l’Agora. Au centre de la place, un immense feu de joie irradiait, les bûches qui craquait à intervalles réguliers, résonnaient tel un cœur qui battait entre les tables et les chaises de l’Agora. Les chaises et tables, entourant le brasier donnaient aux Demi-dieux une magnifique vue sur les flammes qui dansaient dans un ballet interrompu.

Askr et Louis prirent place, ils observaient le feu, leurs assiettes étaient déjà pleines et leurs boissons servies, comme si les responsables du service avaient deviné qui irait s’asseoir à quelle place. Face à Askr, se présentait un plat qu’il ne connaissait que trop bien, du ragoût de sanglier, d’odeur comme de visuel, il était en tout point identique à celui de sa chère mère. La viande de sanglier était marinée dans de la bière et des oignons, de l'ail, et du céleri durant cinq longues heures à feu moyen. Il en émanait une douce fragrance qui rappelait à Askr son enfance à la ferme de ses parents et des parties de chasses aux côtés de son père adoptif. Pour terminer le tableau, une corne était posée devant lui, remplie d’hydromel fraîche sortant tout droit des cuves d’Asgard.

Louis, avait face à lui de nombreux plats, chose qui cela dit surpris son ami, jamais de sa vie il n’avait vu autant de nourritures sur une seule tablée. Des plats de toutes sortes, du fromage comme il n’en avait jamais, de la viande, de la soupe et évidemment, une coupe de vin rouge. Ce dernier observait ces différentes assiettes avec la plus grande attention, examinant chaque plat, le peuple de Francie semble aussi tatillon sur la cuisine que l’on le disait. Il prit d’abord une première gorgée de sa coupe de vin pour en déterminer la provenance et fut ravis de sentir que celui-ci venait d’un grand Château et qu’il ne lui avait pas servi de la piquette.

Ensemble, ils dînèrent, appréciant les attentions du chef avant d’être interrompu par la voix joyeuse d’Amara qui venait de les rejoindre. Elle était bien évidemment accompagnée d’Alcestis qui ne semblait pas à son aise, mais qui vint tout de même s’asseoir aux côtés de son amie, en face d'Askr comme l’avait prévu la Fille d’Aphrodite. Ils entamèrent la conversation, échangeant les politesses ainsi que quelques traits d’humour.

-Vous voulez une anecdote rigolote ? Vous voyez notre petite Alcestis ici présente ? Un jour où, aux côtés de notre professeur, le philosophe Aristote, nous nous rendîmes dans la ville d’Alexandrie, nous fîmes la rencontre du très fameux Alexandre III. Un jeune homme charmant et fort bien éduqué qui avait su rester courtois malgré le fait qu’Athènes entière lui aurait mangé dans la main s’il le voulait. Ce dernier semblait nourrir une affection particulière pour notre jolie amie. Et alors qu’il tentait une approche, Alce’ ne lui prêta pas la moindre attention. Quand il eut décidé de se faire remarquer, elle lui lâcha un simple « Ah, euh… Désolé, j’ai déjà plus ou moins quelqu’un… Et vous n'êtes pas assez fort… ». Il était vert ! C’était hilarant ! Maintenant, que j’y pense en revanche, le pauvre garçon avait l’air vraiment déçu… M’enfin, tant pis. Il n'a pas à se plaindre, il est un homme remarquable aujourd'hui.

Tous ensemble, ils rirent de bon cœur à cette anecdote et, avec un amusement coupable ils se riaient du malheur du pauvre Alexandre.

-J’en ai une pas mal également. Alors que nous étions, mon ami Pierre et moi-même en train de manger durant un bal organisé par la couronne de France. Une demoiselle aussi forte que charmante, connue pour sa pureté, une certaine Jeannette du Duché de Bar, s’est retrouvée ivre à cause d’une plaisanterie de son bras droit le noble Gilles de Rais. Il avait échangé le verre de la dame avec une coupe de vin, celle-ci n’avait jamais bu et était jeune. Une fois ivre, elle se mit à danser devant tout le monde, mais un homme ivre mort gisait à terre. Elle trébucha et alla finir sa chute dans un tonneau de vin un peu plus loin. La pauvrette fut la cible de nombreuses plaisanteries ce soir-là, mais il faut dire que la scène était si drôle qu’il fût difficile de ne pas en rire. Je m’en souviendrais jusqu’à ma mort soyez en sûr.

Les conversations allaient bon train et chacun racontait une anecdote de son passé plus ou moins amusante jusqu’au tour d’Askr, chacun le regardait avec attention, il était en général souriant et rieur, ils attendaient une histoire a pleuré de rire.

-Mon histoire date de mes neufs ans. Durant une balade dans la forêt, j’entendis deux fillettes hurlées. Je me hâtai pour venir à leur secours, et ce n’est qu’après les avoir sorties de leur mésaventure que je les guidai chez moi. Ma famille entière les accueillit chaleureusement et avant même qu’elles ne s’en rendent compte, ma mère et ma sœur tentèrent de les dévêtirent pour leur offrirent des habits plus chauds. Nous, qui avons grandi en famille, n’avons jamais eu de problèmes avec ça, il était fréquent que je me lave avec ma famille, mais elles, apparemment non. Elles étaient rouges comme des pivoines et se débattaient comme des furies. Personne ne comprit pourquoi, mais finalement elles se sont changées à l’abri des regards. Ils ont gardé cette couleur pendant toute la journée. Puis, elles ont disparu, de drôles de fillettes. On les a cherchées quelques mois avant de supposer qu’il s’agissait de dieux qui venaient tester notre hospitalité. Ils n’ont pas dû être déçus ! Quand j’y repense, si je pouvais les voir aujourd’hui, je suis persuadé qu’elles seraient les portraits crachés d’Alcestis et Amara.

Louis était amusé par cette anecdote là où les Olympiennes elles, se regardèrent longuement, entre surprise et questionnement.

Amara ouvrit la bouche pour parler de cette anecdote à leur ami et lui confirmer qu’elles étaient les fillettes, de son histoire. Mais Alcestis l’arrêta, elle ne souhaitait pas que son amie n’en parle, pas maintenant en tout cas.

-Drôle d’histoire. Je suis sûre qu’elles te sont reconnaissantes pour ce que tu as fait. Si tu les rencontrées aujourd’hui, tu voudrais leur dire quelque chose ? Dit Amara.

- Je pense que je leur dirais quelque chose du genre : “ Content de voir que vous allez bien. Je me vois mal vous proposer de jouer au Draugr, mais si à l’occasion vous voulez passer en Midgard, vous savez où aller “. Probablement quelque chose comme ça. Je ne suis pas forcément le plus doué des hommes pour les retrouvailles émouvantes.

La soirée continua sans remous, ensemble, ils rirent et se lièrent d’amitié un peu plus. Même Alcestis qui était pourtant réticente à l’idée de manger tous ensemble fini par prendre part aux conversations, et pour la première fois depuis longtemps, Amara pu l’entendre rire de bon cœur. Ce rire lui réchauffa le cœur et elle remercia intérieurement ses nouveaux amis, elle avait tant espéré la voir ainsi. L’image de sa mère la hantait en permanence et l’empêchait de profiter de sa jeunesse, l’empêcher de s’amuser, de se faire des amis, de faire autre chose que se battre. Elle avait déploré cela et continuait de le faire, mais enfin, elle voyait un peu d’espoir, elle voyait que peut-être, son amie pouvait encore être une fille "normale".

La soirée se termina dans les rires et le groupe se sépara, les garçons et les filles retournèrent à leurs logements respectifs, espérant que demain serait aussi intéressant que cette soirée.

Trois jours passèrent et à chacun d’entre eux, les nouveaux amis se rapprocher un peu plus et se mirent rapidement à échanger sur leurs motivations. Askr cherchait à s’assurer que son peuple survive qu’importe le prix de cette survie. Louis voulait s’assurer de la défaite de celui qu’il considérait comme une menace pour l’équilibre. Amara, elle voulait simplement être sûre que ceux qu’elle aime soient saine et sauve. Quant à elle, Alcestis, elle, voulait être à la hauteur, elle voulait rendre fière sa mère, en être digne. Après un entraînement musclé les combattants se dirigèrent vers l’agora ou les tables à manger étaient installés. Tous, sauf deux, Askr et Alcestis étaient resté là.

C'est une Alcestis hésitante qui lui avait demandé de rester avec elle, ne serait-ce qu'un instant, elle avait quelque chose à lui demander, quelque chose d’important, de capital.

« Affronte-moi »

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