La raison
Au milieu de la nuit, Askr, réveiller par du bruit, ouvrit les yeux et vit une silhouette sortir de la maisonnée, pourtant, ses camarades semblaient dormir. Il se leva, s’habilla rapidement et suivit la personne, elle s’arrêta devant un autel et se mit à prier. Souriant, le jeune Norrois attendait derrière la pieuse insomniaque. Une quinzaine de minutes passèrent puis la silhouette se leva et fit demi-tour avant de tomber sur lui et de sursautée, elle ne s’attendait pas à être suivie.
“Askr qu’est-ce que tu fais là ?! Tu vas être fatigué demain ! On ne suit pas les gens comme ça ! “
Il répondit en riant “ Pardon maman ! J’ai vu quelqu’un sortir, ça m’a intrigué, je ne savais pas que la fameuse fille d'Aphrodite se réveiller pour aller prier sa mère. “ .
Elle ne releva pas immédiatement puis se mit à rire doucement avant d’avancer en invitant Askr à la suivre et discuté sur le chemin.
“ Ce n’est pas toujours facile d’être une enfant de l’Olympe, même ma mère Déesse de l’amour n’a pas toujours le temps pour sa fille, et encore, j’ai de la chance. Alce’, elle, n’a pas la même chance que moi, d’ailleurs, elle m’a raconté la raison de votre embrouille... Même si je n’adhère pas à ta manière de lui dire, je te remercie pour ce que tu as dit à Alce’, il faut que quelqu’un lui rappelle qu’avant d’être la fille de la Déesse de la guerre, elle est elle-même, elle l’oublie trop souvent... Et j’ai l’impression que le charme rustique du beau demi-dieu du Nord, fils de la Déesse de l’amour fait son effet sur notre petite demi-déesse. Un petit conseil, quand elle s’énerve, parle-lui calmement, c’est une fille adorable... Elle est juste perdue, elle se bat en permanence contre elle-même. Elle essaie d’être forte en toute circonstance, elle n'a pas compris que ce n'était pas toujours nécessaire et que parfois, elle avait le droit d’être faible... Je compte sur toi pour lui apprendre. Je compte sur toi pour être fort pour elle.”
En disant cela, ils arrivèrent devant la tente. Dans un clin d’œil taquin, Amara lui souhaita bonne nuit et s’en vint rejoindre Alcestis. L’opinion qu’Askr s’était faite d’Amara avait énormément changé en l’espace de quelques heures. Il ne la voyait que comme une fille avec des étoiles pleins les yeux en permanence et s’embrasant à chaque fois qu’elle apercevait un beau garçon ou une belle fille. Après cette conversation, elle était devenue une jeune femme mature et intelligente presque maternelle, elle était devenue la grande sœur du groupe en quelques instants. Sur ces pensées, il se glissa dans les bras de morphée pour finir sa nuit. Une nuit courte, mais qui valait mieux qu’aucun sommeil.
“ Alcestis, Askr, debout ! “ la Dux les appela depuis l’entrée de la tente et fit signe aux autres de se rendormir. Le soleil n’était pas encore levé, elle leur pointa simplement les cuisines et partit de son côté.
Andhrimnir, le cuisinier des dieux, les attendait, déjà en train de travailler, il leur assigna des postes auxquels ils se mirent sans attendre, ils travaillaient dans un silence religieux. Le cuisinier divin fit appel à la jeune dame occupée avec la préparation du pain d’orge puis lui posa la question qui le taraudait depuis le début de cette matinée :
“Ça s'est arrangé ou pas ? J’ai du mal à déterminer, vous n'avez pas l’air en colère, mais y a un sacré malaise dans la cuisine ! Vous ne voulez pas vous sauter l’un sur l’autre et faire des choses sales dans votre case plutôt que de vous faire la tête sans vraiment vous faire la tête ? Je ne suis pas Loki, je ne vais donc pas vous mentir, cette ambiance ne m’amuse pas des masses...”
Elle, ne répondit pas, à la place elle se contenta de regarder le sol et de rougir au sous-entendu qu’il fit, avant de répondre :
“Ça va un peu mieux... Enfin, ce n’est pas tout à fait ça, mais au moins, on s’engueule plus...”
Puis, elle se retourna et reprit son labeur, elle n’avait pas d’autres réponses à apporter. Certainement, à cause du fameux Prométhée, mais allumé, un feu ne semblait pas faire partie des compétences d’une Olympienne. Par chance, Askr remarqua les difficultés de la demoiselle, passa discrètement derrière elle, et, usant de sa maîtrise de l’élément en question, il fit s’embraser les bûches. Comprenant rapidement ce qui avait causé ces flammes, Alcestis se contenta de sourire timidement à Askr. C’est peu après que les discussions reprirent entre eux, maladroite, mais sincère. Il ne fallut pas beaucoup de temps pour que les rires suivent les mots. Les choses avaient repris leur cours normal, enfin.
À force de conversations et de plaisanteries, le temps passa à une vitesse folle et avant qu’ils ne s’en rendent compte, il était temps de rejoindre les autres pour le déjeuner. Andhrimnir les libéra et ils partirent donc vers l’Agora.
Le petit groupe vint donc s’asseoir et commença à manger dans la joie et la bonne humeur... Jusqu’à ce que, derrière eux, la fille d’Eris apparaisse et demande timidement de se joindre à eux. Askr, Louis et Briccos ne la connaissant que peux, voire pas du tout, ne vit pas d’objections à l’intégrer au groupe, et il se trouvait justement qu’une place à côtés d’Askr était libre. Il l’invita donc à s’asseoir. Bien évidemment, cette action déplut fortement à Alcestis, mais également à Amara, elles connaissaient Kaliope et savaient pertinemment ce dont elle était capable, elle était la fille de la Discorde, et sa présence ne présageait rien de bon. Kaliope accapara le fils de Freyja durant le repas et lui fit part de ses difficultés, de sa vie, lui expliquant que quelqu’un de timide comme elle avait bien du mal à se faire une place parmi les Dieux de l’Olympes. Pour ne rien arranger, tous connaissaient sa mère et personne ne lui accordait sa confiance, et comment leur donner tort ? Si elle était à leur place, elle non plus ne ferais pas confiance à la fille d'Eris. Et évidemment, Askr, qui ne voyait rien, l’écouta, il compatissait et écoutait ses souffrances. Elle ne tarissait pas de compliment à son encontre, qu'ils soient sur son physique ou sa gentillesse, elle ne cessait de répéter qu'il était le premier à l'écouter jusqu'au bout, à ne pas détourner le regard.
À la fin du repas, elle repartit et laissa Askr seul avec lui-même. Il avait beau regarder autour de lui, il n'y avait personne, étrange. À la recherche de ses amis, il quitta la table et prit la direction des dortoirs, et c'est devant le sien qu'il les trouva. S'il s'attendait à trouver les filles contrariées, il ne s'attendait pas à ce que Louis et Briccos le soient, il ne comprenait pas ce qu'il se passait.
“ T’as fini ta discussion avec la fille d’Eris ? J’espère qu’on ne t’a pas coupé, ça me fendrait le cœur de savoir qu’on a interrompu une discussion des plus importante avec la fille de la Déesse de la discorde et du conflit. “
Il ne semblait pas bien comprendre ce qu’il se passait, mais manifestement Alce’, elle, savait, la fille de la déesse de la discorde ? Et donc ? La pauvrette n'avait pas choisi sa mère, Alcestis devrait le savoir mieux que quiconque.
“Écoute Askr, tu sais que je ne suis pas du genre à dire du mal des gens, mais elle, il ne faut pas t’en approcher, elle est dangereuse, sa mère a causé la destruction d’une civilisation avec une simple pomme. Rien de bon ne sortira jamais de sa bouche, si tu veux une autre preuve, elle est bonne amie d’Adonis, et si pour le moment, ils n’ont rien fait de mal, tu peux me croire, ça ne saurait tarder, prend le de la part d’une fille de l’Olympe, si les dieux du Nord sont plutôt droits, ceux de l’Olympe sont plus fourbe, méfie-toi d’elle.”
Les paroles de son amie résonnèrent dans sa tête et lui rappelèrent celles d’Andhrimnir la veille : “les Olympiens ont tendance à être tordu, plutôt le genre de Dieux qui manipulent et tout ce qui s’en suit d’habitude, fais gaffe à toi p’tit gars. “. Il se tourna donc vers Briccos et Louis pour chercher leurs avis. Après tout, comme elle l’avait dit elle-même, elles aussi étaient des filles de l’Olympe, elles aussi pouvaient mentir, Briccos et Louis eux avaient toute sa confiance.
“Elles ont raison Askr, ça ne sent pas bon cette histoire, tu devrais t’éloigner d’elle, ou l’éloignée de toi, les arbres parlent de ces deux-là, et pas en des termes élogieux, si j’en crois les bouleaux du coin, ils s’amuseraient à malmener les dieux de Panthéons inférieurs, ils auraient commis des actes... Peu recommandable, tu n’as pas remarqué qu’en quelques jours pas mal de nos compères sont partit ? D’après le Mélèze de Dahurie près des quartiers Slaves la fille de Belobog aurait quitté le Guðlanðr après avoir été violée par ces brutes, et d’après le Ceiba, ils auraient volé au fils de Tlaloc sa coiffe de plume, tu ne dois pas leurs faire confiance, surtout pas à elle. Je sais que demander au fils de Freyja de ne pas “ aimer “ quelqu’un n’est pas forcément simple, mais tu ne peux pas laisser cette fille te manipuler...D’autant que je connais une autre fille qui n’apprécie pas tout à fait la voir trainer autour de toi... Enfin ça, ce sont vos affaires pas les miennes.”
La dernière partie de cette phrase fit rougir Askr et Alcestis, mais ils ne relevèrent pas, le jeune homme prit quelques instants pour réfléchir à tout ce désordre, ils auraient violé une de leurs compères ? C’est plus grave que ce qu’il pensait...Les arguments de son ami Faune tournaient dans sa tête. Et si cela ne suffisait pas, Louis en rajouta une couche, expliquant qu’il avait lu dans son regard et dans ses paroles que celle-ci, n’était pas vraie, qu’elle ne pouvait apporter que de mauvaises choses, des disputes et des discordances.
Askr ne savait pas bien quoi penser, cette fille était-elle si mauvaise ? Elle n’en avait pas l’air. Mais après tout, ça paraissait logique, si elle voulait le manipuler, elle ne pouvait pas révéler ses intentions directement. Mais quel intérêt avait-elle à faire cela ? Elle devrait être l’alliée d’Alcestis et d’Amara, mais elle semblait être leur ennemie, c’était à n’y rien comprendre. Sans répondre, il partit se coucher. Ce soir son matelas bien que confortable, ne lui apportait pas les conseils habituels. En général, quand il ignorait que faire, il savait que son lit le lui disait, mais pas cette fois, s’il voulait suivre l’avis de ses amis, il ne pouvait se résoudre à haïr cette pauvre fille. Elle lui avait retourner le cerveau, il en avait conscience, mais il refusait de l’admettre, il était Askr, fils de Freyja, il n’était pas question qu’il doute de lui. Ce n’est que tard dans la nuit que le sommeil vint enfin le cueillir, un sommeil agité, le pauvre homme ne se reposa que peux ce soir-là.
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